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18/06/2008

La crise de l'Europe est une crise des valeurs

...explique l'un des principaux théologiens du Saint-Siège :


En écho au débat sur l’avenir de l’Europe : l’analyse de l’abbé Nicola Bux, consulteur de la Congrégation pour la doctrine de la foi, professeur d’ oecuménisme à l’Institut de théologie de Bari :

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<< La grande « méprise » de la culture occidentale, une méprise qui a eu son  berceau aux États-Unis et qui, delà, s’est transférée en Europe, découle de l’idée que les droits de l’homme sont établis positivement par les institutions d’État. La confrontation qu’il faut faire porte sur cette question. Et si l’on se livre à une confrontation sérieuse, on découvre qu’il existe des droits qui précèdent les États, et qui précèdent aussi la personne. Nous vivons dans un monde où ce qui est désir est devenu un droit, et c’est là une perversion aussi vieille que le monde, aussi vieille que l’homme [...] C’est la tentation de toujours de l’histoire de l’humanité, une tentation d’orgueil. Le péché ne se désigne plus par le terme exact, « mal », et l’on cherche à recouvrir tout du vêtement de la légalité. La chose la plus terrible c’est qu’une Assemblée s’arroge la tâche de décider d’une chose de ce genre.

<< ...l’orgueil le plus grand engendre l’aveuglement, il ne permet pas de voir ce qui va arriver. C’est ce qui se passe quand une personne est aveuglée ; la conséquence c’est qu’elle ne voit plus tout près d’elle. Il faut aussi considérer quelles forces sont à l’œuvre derrière les décisions de ces Assemblées ; les centres du pouvoir et d’intérêt qui pilotent ou qui voudraient piloter ce type de décisions.

Comment change et pourra changer la société européenne, en considérant la crise de la natalité et l’échec du renouvellement des générations ? De quoi cela provient-il ?

De l’absence d’espérance, qui est essentielle à la nature de l’homme. Cette absence a, comme retombée, le repli sur soi-même, ne pas engendrer, ne pas faire d’enfants, ne pas même ressentir le besoin de faire des enfants équivaut à l’instinct de la mort. Benoît XVI a écrit dans l’Encyclique  Spe Salvi  au § 11 : « … D'une part, nous ne voulons pas mourir; surtout celui qui nous aime ne veut pas que nous mourions. D'autre part, il est vrai que nous ne désirons pas non plus continuer à exister de manière illimitée et même la terre n'a pas été créée dans cette perspective. Alors, que voulons-nous vraiment ? Ce paradoxe de notre propre attitude suscite une question plus profonde: qu'est-ce en réalité que la « vie » ? Et que signifie véritablement « éternité » ?

Que doit-on comprendre par évangélisation de l’Europe ?

Aider l’homme à prendre conscience de soi, et comprendre que tout part du «moi» de l’homme. S’il y a conversion, elle engendre une nouveauté. S’il n’y pas de conversion, nous savons bien ce qui peut arriver. Évangélisation signifie éduquer, amener l’homme à prendre conscience de son « moi ». Le problème de fond est un problème éducatif, et veut dire donner à l’homme la possibilité de redécouvrir le sens de son existence dans le monde. Cela doit être le cœur, le noyau central de la pastorale ecclésiale. Le Magistère de l’Église, en particulier avec Jean-Paul II et Benoît XVI, est tout entier tourné vers ce caractère essentiel. De ce point de vue, on voit bien, alors, que les racines de l’Europe sont faites par la personne, et qu’il est plus que jamais nécessaire, dans le temps que nous vivons, de proposer le sens de la valeur de la personne. >>

(source : vatican.va, via eucharistie-miséricor.free)

 

Commentaire

« Le sens de la valeur de la personne »: une valeur qui la précède, et qui n’est pas à la disposition de l’arbitraire – celui de l’individu ou celui des pouvoirs. Là est la solution au débat sur la notion de « sens », terme ambigu selon qu’on l’entend dans l’acception dominante ou dans celle de la foi catholique.

D’autre part, le théologien Bux désigne le moteur actuel de ce nihilisme européen : les forces de « l’intérêt », le tout-économique et le tout-commercial qui dominent l’époque. Pour faire profit de tout, il faut que tout désir devienne droit, donc il faut tout rendre légal : c’est la logique dans laquelle nous sommes. Et c’est ce que l’évangélisation doit apprendre à contourner…

 

11:54 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

BÛCHER DES VANITES

> L'homme est le chemin de l'Eglise, disait un pape. La nouvelle évangélisation consiste à suivre ce chemin, avec respect et délicatesse envers chacun. Non à lui balancer les mots de la tribu et à lui enjoindre d'épouser les petites traditions sociologiques de tel milieu qui n'est pas le sien. Travaillons à la nouvelle évangélisation, et cela suppose de commencer par un "bûcher des vanités" : de nos propres vanités, de caste ou de clans. Alimentons le feu.

Amicie T.


[ De PP à A. - De toutes nos vanités, oui. Discerner les nôtres est ce qu'il y a de plus ardu !
Il faut s'y aider les uns les autres. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Amicie T. | 18/06/2008

@ Amicie

Je crois que la phrase que vous citez : "L'homme est le chemin de l'Eglise" est du Pape Jean-Paul II dans "Redemptor Hominis" ; ailleurs il dit : "le service de l’homme est le chemin de l’Eglise".
Sur ce thème, et plus précisément sur le chemin que sont les Béatitudes, vous trouverez une belle homélie de Mgr ANTONIO CAÑIZARES LLOVERA, Cardinal-archevêque de Tolède et primat d'Espagne
http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=2802084_beatitudes
En voici un extrait :
"Les béatitudes sont le chemin de réalisation de l'homme qui marche dans la vérité de l’être et qui vit comme étant de Dieu, en appartenant à Dieu, en s'appuyant sur Dieu, en se confiant en Lui ; elles nous montrent le chemin de la liberté, laquelle n'est pas dans l’avoir et dans l’accumulation mais dans l'être homme, créature de Dieu ; elles nous montrent le chemin de l’espérance : il y a un avenir pour l'homme, la vie a un sens. Dieu et l’homme, la vérité de Dieu et la vérité de l'homme, inséparables, l'union de Dieu et de l'homme chemin et objectif de bonheur, de liberté, d'amour, de miséricorde, de justice, de réconfort, de véritable richesse humaine, de paix, de pureté de vues et de vérité et de bonheur qui devient éternel."

Écrit par : Michel de Guibert | 18/06/2008

SEULE L'EVANGELISATION

> Oui, seule l’évangélisation permettra d’établir des droits (au sens véritablement noble du terme). Car au vu de ce qu’a donné, ces dernières décennies, l’utopie libérale qui prétendait établir la justice au moyen de droits positifs prétendument neutres, on est en droit d’être pessimiste. Le résultat constaté, c’est la surenchère des désirs et les rapports de force. Même Habermas semble perdre confiance, lui qui a reconnu, lors de son entretien avec le Pape, l’intérêt d’ancrer ces droits dans une tradition religieuse. L’homme sans Dieu n’est plus rien. Parlant des humanismes athées, le Père de Lubac déclarait : « En réalité, il n’y a plus d’homme, parce qu’il n’y a plus rien qui dépasse l’homme. » Et plus tard Gaudium et Spes, « le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. » Tout est dit.
Ce n'est pas parce que telle législation défend les droits de l'homme que ces droits sont justes. Tout dépend du sens que vous donnez à l'expression « droits de l'homme ». Certains veulent, en France, interdire le droit d'objection des médecins, au nom des droits de la femme (tout en oubliant les droits de l'enfant).Ce qui prouve que la prétendue objectivité des droits est un mythe.Les nazis défendaient le droit des allemands de se protéger contre la menace juive; ils défendaient aussi leur droit à un sol vital (que leur refusaient méchamment les polonais). Tous ces droits proprement délirants, qui se succèdent et qui s'opposent, ont pour particularité d'appartenir à des idéologies coupées du Christ. Sans Sa Lumière nous ne savons plus désirer, nous tombons dans la confusion et l'irrationalisme.

Écrit par : Blaise | 18/06/2008

MOMENTS DIFFICILES

> En parlant des droits qui précèdent les États, et qui précèdent aussi la personne, l'auteur fait une référence remarquée à ce que l'on apelle la Morale naturelle. Nous touchons du doigt aujourd'hui ce que le détournement systématique de cette loi entraîne, puisque c'est toute la Création qui en pâtit, non seulement l'Homme mais tout ce qui l'entoure. Hors toute considération religieuse ce détournement est devenu lui-même naturel, c'est ce qui explique que nombre de nos contemporains sont dans l'absurde et ne s'en rendent pas compte. La conséquence en est que la religion catholique est si décriée, parce qu'elle proclame des vérités incopréhensibles pour la plus part. Les consciences sont plus que jamais obscurcies parce que les états ont tout fait pour les anihiler et pouvoir gouverner sans dommages...Mais ils se trompent. Pourquoi ? parce que l'homme est capable de se révolter contre un ordre qu'il ne comprend plus, mais sans savoir pourquoi il ne le comprend plus et cela peut mener au pire.
Oui je crois que nous allons passer par des moments très difficile : In crux Ave spes Unica.

Écrit par : Gilles | 18/06/2008

PLUS DE MORALE NATURELLE

> En effet, Gilles a raison : De même que la nature humaine a perdu son évidence, la morale naturelle est devenue obscure pour la majorité de nos contemporains. Je me souviens d'un propos d'un lecteur du Monde, qui était particulièrement éclairant : celui-ci s'indignait de ce que l'Eglise fasse de la vie quelque chose de sacré et du coup interdise l'euthanasie. Il ne comprenait tout simplement pas qu'on puisse considérer la vie comme sacrée, car elle était pour lui fondamentalement absurde, cruelle et pleine de souffrances. Donc je reprends mon propos de tout à l'heure : dans une conception athée, l'homme est annihilé, il perd toute dignité. Et comme il n'y a plus d'ordre de la nature, de projet de Dieu pour l'homme mais uniquement des rapports de force matériels, il ne peut y avoir de morale naturelle.

Écrit par : Blaise | 18/06/2008

MOBILISER L'INTELLIGENCE

> Le problème de la stagnation du projet européen traduit l'épuisement de l'idéologie des Lumières qui sert de référence au système de pensée occidental depuis plus de deux cents ans.
Sa logique est à l'origine du modèle mercantile qui engendre pollution, consumérisme, exploitation de l'homme, gaspillage des ressources, mépris de la vie, des normes, cynisme. Il a inspiré tous les régimes qui se sont succédés, témoignant chaque fois d'une impasse, parfois dramatique.
Le sens des appels de Benoît XVI sur le modèle économique ou l'écologie peut s'interpréter comme un appel de 'Eglise lançant un défi à la communauté internationale. Celui de trouver une alternative replaçant l'homme et son environnement au centre de la réflexion. La foi s'affirme comme un médium pour mobiliser l'intelligence, la raison.

Écrit par : Annie | 24/06/2008

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