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15/06/2008

Une vraie théologie de la libération ?

C’est un appel ancré dans la Révélation :


« Pourquoi souhaiter une nouvelle (mais cette fois authentique) théologie de la libération ? » se demande l’un de vous.

Un chapitre de L’Ecologie de la Bible à nos jours s'emploie à répondre sur le plan concret : les appels du monde d’aujourd’hui, le devoir envers les générations futures, la solidarité avec les peuples pauvres. Donc : la doctrine sociale de l’Eglise.

Mais pourquoi l’idée de libération ? (Ce mot en déconcerte quelques-uns).

Parce que la doctrine sociale de l’Eglise est là pour libérer les hommes de la servitude, qui prend aujourd’hui la forme du matérialisme mercantile*.

Et, à la source, parce que Dieu se révèle aux hommes d’abord comme Celui qui libère.

Les lectures de ce dimanche le disent : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, comment je vous ai portés sur les ailes d’un aigle pour vous amener jusqu’à moi… » (Exode 19,4). « Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a fait et nous sommes à lui » (psaume 99,3). « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs » (Romains 5,8). « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » (Matthieu 9,8).

L’exégète dit : « En même temps qu’ils proclament le Royaume, les envoyés du Seigneur sont donc invités à en donner les signes. Et la meilleure des proclamations du Royaume, c’est la victoire sur le mal sous toutes ses formes. Mais pour cela il faut être pris aux entrailles par le spectacle des douleurs du monde. » Vaincre le mal consiste à guérir les hommes, ce qui prend des formes multiples : non seulement individuelles, mais sociales, en aidant les hommes à se libérer des « structures de péché » – et c’est là que naît une théologie de la libération.

Elle s’enracine dans la Révélation : « Le premier article du Credo d’Israël n’est pas ‘je crois au Dieu Créateur’, mais ‘j’entre dans l’Alliance’. C’est parce qu’on a découvert le Dieu libérateur que, plus tard, on en viendra à comprendre que cette œuvre de libération n’a pas commencé avec nous, mais qu’elle dure depuis la Création du monde. Dans la Bible, la réflexion sur la Création est inspirée par la foi au Dieu qui libère… »**

La foi unit inséparablement tous ces aspects. En exclure un serait opérer un choix subjectif parmi les devoirs du chrétien. Choix, en grec se dit αρεσις : « hérésie ». Oui, la libération fait bien partie de la théologie.

__________

(*)  Perseverare diabolicum… On serait absurdes de s’obstiner à voir l’adversaire sous la forme du socialisme d’Etat, alors que les Etats (presque partout dans le monde) ont abdiqué au profit du marché, et que les ténors du PS s’avouent eux-mêmes libéraux.

(**) M.-N. Thabut, L’intelligence des écritures, t. 2. http://www.laprocure.com/livres/marie-noelle-thabut/l-intelligence-des-ecritures-comprendre-parole-dieu-chaque-dimanche-paroisse_9782903242565.aspx

Commentaires

NOMBRIL

> D'accord là-dessus : c'est essentiel. Dieu se révèle en intervenant dans l'histoire, et c'est l'origine de la Bible. L'Alliance et la libération d'abord. La théologie naît ensuite. Cet ordre de priorités est vital. C'est par lui que se fera la nouvelle évangélisation. Pour cela renonçons à nos passéismes de toute sorte, ou alors avouons que ce qui compte à nos yeux est notre nombril. Mais ceci est une autre religion.

Écrit par : Girolamo | 15/06/2008

ECONOMIE SABBATIQUE

> C'est dans le Décalogue lui-même que nous trouvons le commandement : « observe le jour du sabbat pour le sanctifier » (qui n'est autre que l'exigence incombant à Israël d'imiter Dieu qui s'est reposé après la création du monde).
Le Sabbat, qui s'étend aussi à l'esclave, et qui abolit par conséquent les barrières sociales, est clairement relié à la libération :
« Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte et que Yahvé ton Dieu t'en a fait sortir d'une main forte et d'un bras étendu; c'est pourquoi Yahvé ton Dieu t'a commandé de garder le jour du sabbat.»
L'Alliance avec Israël, sa libération du travail servile en Egypte, et la libération sociale que procure le repos hebdomadaire du sabbat forment un bloc. Les logiques aliénantes du profit, bardées de tous leurs raisonnements fallacieux, en s'en prenant aux libertés et aux droits des travailleurs s'en prennent donc ipso facto à la foi commune des juifs et des chrétiens.

Écrit par : Blaise | 15/06/2008

LIBERATION D'ABORD

> J'aime beaucoup vos développements sur l'antériorité de la libération de son peuple et de l'entrée dans l'Alliance dans l'histoire sainte, et je pense qu'il est bon de regarder la pédagogie divine dans l'économie du salut.
Oui, le point de départ est le regard de Dieu sur son peuple, un regard qui voit la misère de son peuple, un regard qui libère.
"J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J'ai entendu son cri devant ses oppresseurs; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et grasse, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel."
(Exode 3, 7-8)

Écrit par : Michel de Guibert | 16/06/2008

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