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05/04/2008

Evêques de France : « Empêcher la société de sombrer dans la fascination pour la mort »

Discours d'ouverture et de clôture du cardinal Vingt-Trois / Entretien avec le président du groupe de travail des évêques sur la bioéthique (Mgr d'Ornellas) :


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<<  Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a conclu le 4 avril les travaux de l’Assemblée plénière de l’épiscopat français. Il a d’abord souligné que cette session avait été « un moment fort de prière commune par l’Office quotidien, la célébration de l’Eucharistie et par le chemin du Jubilé que nous avons suivi comme le suivent les pèlerins de nos diocèses ». Le cardinal André Vingt-Trois est revenu en particulier sur la bioéthique, dossier qui avait été préparé par le groupe de travail présidé par Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes.

Il a indiqué « qu’il ne s’agit pas pour nous de revendiquer une reconnaissance de nos croyances particulières à l’encontre d’autres approches ou d’autres conceptions de l’homme et de sa vie, moins encore de les imposer. Mais l’éclairage que nous apporte la Sagesse chrétienne (…) a un contenu et une méthode raisonnables que nous pouvons proposer et soumettre à la discussion avec des arguments qui ne relèvent pas de la seule Révélation. Loin de nous situer dans la perspective d’un particularisme confessionnel, nous souhaitons mettre notre patrimoine au service de la société tout entière ».

Le président de la Conférence des évêques de France a précisé que la volonté des évêques est de « contribuer à empêcher notre culture et notre société de sombrer dans la fascination pour la mort. Notre société doit être tout entière mobilisée pour favoriser et soutenir la vie, et la soulager quand la souffrance l’envahit. (…) Nous voulons contribuer à briser les tabous qui enferment trop de nos contemporains dans un conformisme du renoncement devant les défis de la vie. Nous voulons que la liberté de conscience soit non seulement affirmée formellement, mais encore qu’elle soit effectivement possible et respectée dans les domaines de la recherche comme dans les services de soins. Tout ce qui est techniquement possible n’est pas nécessairement bon pour la personne qui le subit ou la société qui  l’autorise ».

Les évêques poursuivront donc leur travail sur la bioéthique « pour apporter une contribution utile aux débats que va connaître notre pays à l’occasion de la révision des lois dites de bioéthique ». >> m

 

 

Le discours d'ouverture de Mgr Vingt-Trois

 

Dans son discours d'ouverture de la conférence, Mgr Vingt-Trois avait dénoncé en termes très fermes l'offensive organisée en faveur du meurtre légal :

" Une récente campagne a été orchestrée, une nouvelle fois, pour faire passer dans l'opinion le sentiment qu'il y aurait urgence à délivrer légalement un permis de disposer de sa vie. En réalité, il s'agirait d'un nouveau permis de disposer de la vie de son prochain, disons-le simplement : un permis de tuer...  Sournoisement, le travail admirable des équipes de soins palliatifs a été discrédité. Honteusement, des milliers de personnes gravement atteintes ont été soupçonnées de ne pas avoir le courage de la 'dignité'. Frauduleusement, la requête de reporter la décision de sa mort sur la société a été présentée comme un progrès humain... Or, la société n'a pas vocation à organiser la mort : ni celle de l'enfant à naître, ni celle du grand malade en phase terminale, ni celle des vieillards en fin de vie ! "

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Entretien sur la bioéthique avec Mgr Pierre d’Ornellas, président du groupe de travail :

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<<  Qu’en est-il de la première étape des travaux du groupe que vous présidez ?

L’objectif de cette première étape était d’informer les évêques. Pour cela, nous avons d’abord auditionné six personnes des milieux juridique, politique et scientifique et nous avons rassemblé une vingtaine de catholiques qui travaillent dans le domaine bioéthique d’une manière ou d’une autre. Cela nous a aidés à constituer un dossier en vue de cette Assemblée plénière. Ce dossier comprend seize fiches renseignant sur des questions de bioéthique dans leurs aspects scientifique, juridique et éthique, et ce de façon aussi précise que possible. Nous avons également inclus une déclaration de l’Académie pontificale pour la vie sur la production et l’usage scientifique et technique des cellules souches embryonnaires humaines.
 

Comment se sont déroulées les séquences de travail de l’Assemblée consacrées à la bioéthique ?

Pour introduire nos échanges, j’ai d’abord présenté aux évêques une nouveauté. Celle-ci est mise en œuvre par l’encyclique Evangelium Vitae (« L’Evangile de la vie »). Il s’agit en effet d’un document hors du commun que Jean-Paul II a écrit après avoir consulté les évêques du monde entier et dans lequel il a engagé son autorité de successeur de Pierre. De même que la doctrine sociale de l’Eglise est née à partir de 1891, c’est-à-dire avec l’industrialisation, le corps de doctrine sur la vie s’est développé à partir des années 1970, soit au moment où sont inventés les termes « bioéthique » et « acharnement thérapeutique ». Dans sa réflexion, le Pape s’est appuyé notamment sur l’encyclique Humanae Vitae (1968), sur l’exhortation apostolique Familiaris consortio (1981) et sur une instruction de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur le respect dû à l’embryon (1987). Il a aussi pris appui sur l’article 27 de la constitution pastorale du concile Vatican II Gaudium et Spes. La deuxième partie de cette introduction a porté sur la manière d’aborder ces questions dans l’espace public.

A ce propos, notre groupe de travail a souhaité attirer l’attention des évêques sur quatre points :

premièrement, il nous faut établir un dialogue avec tous ceux que ces questions intéressent parce que, tout simplement, le principe de la dignité intangible de la vie humaine est accessible à la raison humaine.

Deuxièmement, le statut de la loi civile : celle-ci ne peut pas contredire des valeurs de la démocratie. Or, si des législateurs autorisent la suppression de la vie, cela veut dire qu’ils ne croient pas en l’homme et en ses ressources devant la souffrance. N’ayant pas confiance, en quelque sorte, en leurs électeurs, ils perdraient eux-mêmes leur confiance. Ainsi, le fondement de la démocratie – la confiance entre les citoyens et leurs représentants – serait mis en danger.

Le troisième point d’attention concerne précisément la souffrance : celle de la stérilité, du handicap, de la vieillesse, de la maladie, comme celle de ceux qui ont vécu les traitements de l’aide médicale à la procréation. Il y a aussi celle des personnes qui sont handicapées ou ont un enfant handicapé. Car ceux-là se sentent parfois jugés, insultés par le discours ambiant. La souffrance, c’est aussi la douleur, la peur, l’angoisse.

Le dernier point, c’est la recherche, la question étant de savoir comment aider les chercheurs à être libres et responsables, à vivre selon la dignité humaine. De fait, la recherche est aujourd’hui le lieu d’une immense tentation : celle de vouloir percer le mystère. Connaître le commencement, ce n’est pas maîtriser l’origine. La vulnérabilité et la limite sont constitutives de la dignité humaine. Les évêques ont également travaillé en carrefours à partir du dossier. Nous savons d’ores et déjà qu’ils souhaitent que notre groupe de travail approfondisse certains sujets, comme l’articulation entre la loi civile et la loi morale. Ils nous demandent aussi d’être informés de ce que pensent les autres pays européens et les autres religions sur ces questions de bioéthique.

Un véritable débat vous parait-il possible, aujourd’hui en France, sur les questions de bioéthique ?

Cela me semble non seulement possible, mais souhaitable ! Et, bien sûr, ce sera un vrai débat si on laisse parler tout le monde. Pour prendre un exemple, pour le moment, les spécialistes des différentes disciplines n’échangent guère entre eux. C’est ce que nous avons voulu faire entre évêques : prendre le temps de réfléchir ensemble. Car le temps est un don qui permet d’être sérieux et la précipitation est une faute qui laisse infantile. Or les enjeux sont sérieux parce qu’ils engagent la solidarité entre tous et en particulier envers les plus souffrants, et qu’ils promettent de vrais progrès thérapeutiques. >>

Source : http://www.cef.fr/catho/assplenavril2008/ornellas.php

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Commentaires

DEJÀ PIE XII

> Mgr d'Ornellas dit : De même que la doctrine sociale de l’Eglise est née à partir de 1891, c’est-à-dire avec l’industrialisation, le corps de doctrine sur la vie s’est développé à partir des années 1970, soit au moment où sont inventés les termes « bioéthique » et « acharnement thérapeutique ».
Il ne serait pas tout à fait juste de passer sous silence l'apport considérable sur ces questions bio-éthiques du Pape Pie XII, je pense en particulier à son discours aux anesthésistes sur la réanimation et l'acharnement thérapeutique et à son discours aux sages-femmes sur la procréation et l'accouchement sans douleur.
Ses successeurs s'en sont du reste largement inspirés, notamment Paul VI et Jean-Paul II.

Écrit par : Michel de Guibert | 05/04/2008

ARNAQUE

> Reproduisant les propos de Mgr Vingt-Trois, Le Monde (3 avril) rappelle que "selon un sondage Ifop réalisé les 6 et 7 mars auprès de 959 personnes, et publié le 22 mars dans La Croix, 65 % des catholiques pratiquants estiment que 'les autorités religieuses ne devraient pas prendre position publiquement sur les grands enjeux de société'".
Ce qui prouve, au choix :
- que 65% des catholiques pratiquants ne sont pas des... catholiques pratiquants,
- que les sondages sont une arnaque.

Écrit par : mariella | 06/04/2008

DANS MA PAROISSE

> Ce dimanche matin 6 avril dans ma paroisse, un laïc a pris la parole à la fin pour présenter l'encyclique Spe Salvi et appeler toute l'assistance à venir participer à l'étude en commun de ce texte de Benoît XVI. Voilà la seule réponse efficace à la marée du relativisme et du ramollissement cérébral qui monte en milieu catho depuis des années. Toutes les paroisses devraient en faire autant. Est-ce le cas ? Urgence ! Urgence !

Écrit par : Michel Malvy | 06/04/2008

EN QUOI CONSISTE L'ARNAQUE

> L'arnaque des sondages, quand arnaque il y a, n'est pas tant la manipulation des résultats (de vagues "fourchettes" transformées en chiffres choc, arrondis en plus ou en moins) que la composition des panels pseudo"représentatifs". Leurs "catholiques pratiquants" ne sont souvent même pas des catholiques du tout, puisque leur désignation ne se fait pas d'après les convictions mais d'après la réponse (?) à une question genre : "assistez-vous à des messes ?". Forcément la réponse est oui : tout le monde va à des mariages ou des enterrements. Sans y croire. Résultat, ces "catholiques pratiquants" qui disent que l'Eglise devrait se taire et ne se consacrer qu'aux petites cérémonies familiales. Ils ne veulent pas de prêtres, ils veulent des druides pour faire joli. Voilà le genre de chrétiens qui servent de référence aux médias ! Elle est pas belle, l'info ?

Écrit par : Chantal Thépot | 06/04/2008

@ MICHEL MALVY

> "Ramollissement cérébral", c'est dur mais excellent. Je n'aurais pas osé le dire. Bravo.
C'est vrai que le problème est de cet ordre : un ramollissement cérébral confondu avec de "l'écoute", une ignorance prise pour de la "tolérance", une aphasie prise pour du "dialogue". Et continuellement ce réflexe symptôme: tirer sur le pape et les évêques. Au nom de quoi, pauvres ramollos ? De votre addiction aux médias ? Désintoxiquez-vous, si vous avez encore une étincelle au fond de vos âmes grises !

Écrit par : Girolamo | 06/04/2008

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