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04/04/2008

"Racines musulmanes de la culture européenne" : que montre réellement l'histoire ?

Dans Le Monde, un livre du médiéviste Sylvain Gouguenheim fait le point : http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/04/03/sylvain-g...

19:12 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : islam, europe

Commentaires

PAS DEMAIN

> Enfin un peu de vérité historique. On peut lire aussi 'l'Histoire assassinée' de Jacques Heers. c'est un livre qui remet les pendules à l'heure sur nombre d'idées reçues et d'erreurs véhiculées depuis des lustres. Le mythe d'Al Andalus, paradis perdu du multi-culturalisme serait aussi à revoir. C'est pas demain que les manuels scolaires tiendront compte de tout ça;

Écrit par : vf | 04/04/2008

VERITE HISTORIQUE

> Oui, ça fait vraiment plaisir de voir la vérité historique rétablie. Je m'étais d'ailleurs demandée comment il était possible que les pays musulmans aient connu un tel rayonnement pour se replier ensuite sur eux-même. Le repli étant dû à la religion, comment cette même religion avait-elle pu préalablement avoir l'effet inverse ?

Écrit par : Barbara | 05/04/2008

EXEMPLE

> Un bel exemple de comment l'imposture sur ces questions se propage dans la société:
http://www.youtube.com/watch?v=LBZ3uKugGm8
si ce n'est que ... cette fois là ... il y avait qq'un de compétent pour rectifier le tir.

Écrit par : Mathatias | 06/04/2008

PREMIER DIGEST

@ Barbara

Livre acheté hier, fini aujourd'hui.
Nous savons combien d'idées reçues circulent sur ce mythe des racines musulmanes de l'Europe.

Je recommande ce livre pour ses références nombreuses à des figures médiévales aujourd'hui oubliées qui ont parcouru l'Occident en tout sens à la recherche ou pour la sauvegarde d'un savoir philosophique antique. Elles ont participé dans l'Europe médiévale d'une puissante soif de savoirs auto générée et autorisée par les Evangiles, bâtant ainsi en brèche l'idée "d'âge sombre" alors même que cette époque fut traversée par plusieurs 'renaissances'.
Je recommande ce livre pour la distinction qu'il opère entre Arabes et musulmans, distinction indispensable lorsqu'on parle du Moyen Orient de l'an mil où les chrétiens représentaient "la moitié de la population locale" (!).
Je recommande ce livre pour l'éloge faite aux Arabes chrétiens syriaques.
Je recommande ce livre pour sa deuxième partie plus ouvertement critique sur l'Islam (religion) et sur son incapacité à adapter les textes philosophiques à son 'crible'.
Ceci pour répondre à Barbara.

J'espère qu'un jour on finira par remettre définitivement à l'honneur cet Age qui n'eut de Moyen que le nom, et qui correspondit à un long et lent pétrissage en profondeur de tous les ingrédients qui composent notre originalité d'européens.
J'espère qu'un jour on remettra à l'honneur ce Moyen-Age qui sait si bien faire rêver les enfants.

Écrit par : Sombre héros | 06/04/2008

VERITE HISTORIQUE

> Il semble que le but de ce livre est bien plus d'affirmer une vérité historique à des européens qui se fourvoient eux-mêmes sur leur propre histoire, que de nourrir une opposition qui ne fait que servir ceux qui luttent contre les religions - y compris la religion catholique (cf rubrique "cathophobie").
Ce livre précise la connaissance de l'histoire et de la culture européenne mais pas la connaissance de l'islam, qu'il n'est possible d'acquérir que par la fréquentation des musulmans. Les propos de Frédéric Lenoir illustrent les limites d'une connaissance exclusivement livresque d'une religion.
C'est pour cette raison que l'Eglise encourage le dialogue avec les autres croyants (rencontre d'Assise, rencontres inter religieuses) y compris au sein même de la chrétienté, pour découvrir que ce qui nous unit et bien plus fort que ce qui peut nous opposer.
La véritable opposition du monde ne situe pas entre les différents croyants, mais entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, ou croient dans l'argent, le succès, le cliquant, le "bling-bling".
L'occident témoigne de la mansuétude pour certains musulmans que pour d'autres, n'ont pas qu'ils professent un islam plus tolérant, mais parce qu'ils sont riches et ne sont pas réticents à jouer le jeu du libéralisme économique. Il fait de même pour les droits de l'homme comme nous le prouve la crise du Tibet.

Pour Barbara :
L'islam s'est replié rapidement sur soi du fait de la radicalisation du monde musulman après la mort de Mahomet, pour des raisons politiques plus que religieuses. L'élan de modernité de l'islam a donc été interrompu par l'affirmation de l'intangibilité du texte du Coran se traduisant dans l'interdiction d'émettre des interprétations nouvelles (connu chez les musulmans par l'expression : "fermeture des portes de l'Ishtihâd" - s'écrit aussi ichtihad et signifie "recherche du savoir" - je ne me souviens plus de la date).
Je m'interroge, à ce propos, si la motivation véritables des critiques contre Tarik Ramadan n'est pas la crainte de le voir réanimer cette"ischtihâd". Le réveil d'un mouvement de modernisation de l'islam priverait ainsi ses contempteurs de leur principal argument, confortable, fondé sur un anachronisme apparent. Il peut être aussi une conséquence des réalités économiques qui touchent certains pays musulmans.

Écrit par : Annie | 07/04/2008

AÏE AÏE AÏE !

@ Annie

> Bien sûr que nous connaîtrons mieux l'islam (culture) par le biais des musulmans que nous rencontrons et ce n'est pas parce que l'Islam (religion) est une erreur que nous devons condamner les musulmans.
Mon amie est marocaine.
Cependant ces musulmans ne contiennent pas l'Islam de même que Bigard et Sarkozy ne contiennent pas la catholicisme.
Berk ! (pour la dimension publique de ces personnages, je précise.)
Bigard et Sarkozy et même Mère Theresa ne me dispenseront jamais d'une analyse doctrinale du christianisme, analyse que l'Islam cherche continument à esquiver.

Je suis au regret de noter beaucoup d'approximations dans vos propos, dus très certainement à ce que le Père Jourdan note comme redoutable dans son livre "Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans" : Les faux semblants, les concepts qui semblent être les mêmes mais ne sont pas identiques.
Je voudrais juste prendre l'exemple de l'idjtihâd que vous citez. En bonne chrétienne européenne, vous supposez qu'il s'agit là d'une "recherche du savoir" et vous tombez dans le panneau décrit par le Père Jourdan. En mots musulmans, l'idjtihâd n'est rien de plus que la recherche d'une libre interprétation juridique, qui ne concerne que le domaine du droit musulman et son infinie jurisprudence.
Al Ghazali a fermé la porte de cette interprétation juridique, la réouvrir ne signifira nullement une éclosion de la Raison musulmane (autre mythe).
En tout cas, pas de recherche d'un savoir comme nous l'entendons nous.

Aïe aïe aïe, méfiez-vous de Tariq Ramadan, non pas parce qu'il présente bien, mais parce qu'il ne dit rien de neuf et qu'il nous laisse comprendre ce qu'on veut.
Comment peut-on suivre quelqu'un qui propose un moratoire sur la lapidation des femmes et qui, en quinze pages, réussit la prouesse de ne pas en condamner le principe !?
http://www.tariqramadan.com/article.php3?id_article=258

Amicalement, je vous conseille d'acheter le livre de Gouguenheim et de lire la deuxième partie.
Pour finir, j'ai lu "Le christ philosophe", et lorsque Frédéric Lenoir demande qu'on se méfie d'une connaissance exclusivement livresque d'une religion, je me demande s'il a les intentions que vous lui prêtez.

Écrit par : Sombre héros | 07/04/2008

LES PORTES

@ Annie et @ Sombre héros

> Le problème de l'Islam est celui de l'ouverture à la critique textuelle et historique du Coran, fermée depuis le IX-Xème siècles et la fin brutale mise aux tentatives des mutazilites ; elle devra se faire ailleurs (quelques rares penseurs musulmans oeuvrent dans ce sens, la plupart du temps en Occident).
Pour mémoire, les mutazilites sont les disciples d'une école de pensée musulmane qui a fleuri aux VIIIème-IXème siècles et qui, devant les contradictions internes du Coran, voulait concilier la foi et la raison.
En particulier, ils refusaient la notion d'un "Coran incréé descendu du ciel dans une pure langue arabe" ; pour eux, la notion de Coran éternel et incréé mettait en cause l'Unicité de Dieu et ils voulaient faire du Coran une livre inspiré certes, mais créé et donc ouvert à l'exégèse historico-critique, s'opposant en cela à tous les fondamentalismes.
Combattus, les mutazilites disparaîtront après le XIème siècle.

Écrit par : Michel de Guibert | 07/04/2008

QUAND LES CONCEPTS S'AFFINENT

@ Michel de Guibert

> En général, les chercheurs et universitaires de tous bords sortent du bois pour rectifier des idées reçues uniquement lorsqu'ils en sentent un impérieux besoin, ou lorsque bien sûr leurs recherches sont poussées assez loin pour amorcer un changement de cap.
Dans le cas qui nous occupe, je pense que des contingences actuelles font que Rémi Brague, Sylvain Gouguenheim, ou le père Jourdan dans un autre registre, sortent du bois pour secouer nos certitudes.
Mu'tazilisme, idjthihad, falsafa, char'ia, sont autant de jolis mots auxquels j'aimerais croire, parce que ce sont des mots "verticaux" qui peuvent donner le vertige, des mots aux sonorités riches et pleins d'harmoniques et que peut-être effectivement certaines harmoniques peuvent entrer en "raisonnance" avec nos propres mots.
De plus, le poète du dimanche que je suis aime qu'on les lui susurre à l'oreille.
Mais hélas, la traduction de ces mots en concepts tout nus les rend beaucoup moins harmonieux en même temps qu'ils redescendent sur Terre.
En ce qui concerne le Mu'tazilisme qui est encore un "faux-semblant" parce qu'il s'agit d'un mouvement religieux rigoriste, je vous renvoie aux pages 151 à 156 du livre de M. Gouguenheim pour rectification.
Je vous en extrais le dernier paragraphe :
"On comprend donc que les Mu'tazilites ne s'opposèrent pas au dogme d'un Coran incréé par réaction rationaliste, au sens occidental du terme, mais par piété. On se tromperait en voyant en eux des théologiens "thomistes" avant la lettre, des annonciateurs du rationalisme cartésien, voire des libres penseurs. Eux-mêmes se voulurent parfaitement fidèles à la lettre du Coran."
Et, parce que les chausse-trapes sont nombreuses, je suis obligé de préciser ce que veut dire le mot "piété" en Islam : Il ne s'agit pas de la notion occidentale que vous trouverez dans votre premier dictionnaire, mais du respect rigoureux de la Loi, la trop fameuse char'ia. (Là encore, c'est Gouguenheim qui apporte cette précision).
A nous d'aider ces "rares penseurs musulmans" dont vous faites mention, et surtout les femmes musulmanes qui peuvent avoir une parole beaucoup moins académique ; en pleine vérité, avec amour et respect.
Il faut relire la déclaration de Magdi Cristiano Allam à ce sujet.

Écrit par : sombre héros | 08/04/2008

@ SOMBRE HEROS

> Merci ; je n'ai pas encore lu le livre de Gougenheim, ni du reste ceux de Rémi Brague ou du Père Jourdan, mais j'avais lu en son temps des ouvrages passionnants de Roger Arnaldez, fin connaisseur de l'Islam et je pense qu'un Rémi Brague (je connais moins les deux autres) n'y trouverait pas à redire.
Vous avez raison sur un point : les mutazilites ne furent certainement pas des "enfants de choeur", ce qui du reste a contribué à causer leur perte...
Faut-il pour autant rejeter en bloc leur effort de concilier la foi et la raison, comme vous le dites en citant Gougenheim ? Je ne sais, cela dépasse mes compétences... Mais j'avais lu des choses plus nuancées à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, le livre de Gougenheim aura au moins le mérite de rappeler que ce sont les chrétiens syriaques (notamment les "nestoriens") qui traduisirent les philosophes grecs en syriaque d'abord, en arabe ensuite !

Écrit par : Michel de Guibert | 08/04/2008

NUANCE

> Que mes interlocuteurs m'excusent, mais la rencontre, la fréquentation et le dialogue avec les musulmans m'amènent à tenir des propos plus nuancés.

Écrit par : Annie | 08/04/2008

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