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04/04/2008

Face à l'OTAN : un hommage de gauche à de Gaulle

917323783.jpg…qui montre une évolution dans les esprits :

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< Le discours de Phnom Penh.

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Extraits de l’éditorial de Denis Sieffert, Politis, 3 avril :

 

 « …Grâce à [de Gaulle], nous nous sommes tenus pendant une bonne quarantaine d’années hors de la sphère d’influence américaine. Nous en étions sortis, non d’ailleurs sans brutalité, un certain 7 mars 1966. […]  Un an plus tard, toutes les bases américaines sur le sol français étaient fermées. Puis, c’est le grand discours de Phnom Penh, qui sonne comme un défi à l’empire englué dans la guerre du Vietnam. […] 

 À l’heure où vous lisez ces lignes, un président français s’apprête, lui, à brader ce qu’il y avait de plus précieux dans l’héritage gaullien. Depuis Bucarest, où il participe à un sommet de l’Otan, il va nous expliquer le pourquoi de ce subit rapprochement fusionnel avec l’hyperpuissance américaine.

[…]  Nous voici au moment du passage à l’acte, à l’instant de la dissolution politico-culturelle dans l’univers anglo-saxon. […] C’est au Premier ministre britannique, Gordon Brown, que Nicolas Sarkozy a annoncé l’envoi de mille soldats supplémentaires en Afghanistan, obtempérant ainsi à l’ordre américain. Ce n’est pas le Parlement français qui en a eu la primeur ; celui-ci n’a eu droit qu’à un débat improvisé et privé de vote. Pourtant, plonger un peu plus encore notre armée dans une guerre vécue par tout un peuple comme une occupation n’est pas anodin. D’autant qu’il ne s’agit pas seulement de considérations de politique extérieure. Tout va de pair : l’engagement sous le commandement américain et l’admiration non dissimulée pour le modèle de société anglo-saxonne façon Reagan-Thatcher. Si les syndicats français avaient encore des illusions sur le caractère politique des affrontements que leur impose le pouvoir, l’exaltation du système « social » britannique, l’autre jour à Londres, les aura édifiés.

On devine les arguments : « le monde a changé » ; « nous ne sommes plus comme de Gaulle au temps de la guerre froide entre les deux blocs américain et soviétique ». Raison de plus ! Dans un monde unipolaire, il est plus urgent que jamais de garder ses distances. […] L’idéologisation du terrorisme procède du même refus de la complexité et du même déni des causes. L’illusion que seules la force et les bombes peuvent payer n’a guère changé. Certes, l’Afghanistan ou l’Irak ne sont pas le Vietnam. Les talibans ne sont pas le Viet Minh, et Moktada Sadr n’est pas Ho Chi Minh, mais les peuples bombardés, eux, se ressemblent tous. Et leur tendance à aller vers ceux qui résistent à l’envahisseur n’est guère différente. Autrement dit, il y a beaucoup plus de raisons aujourd’hui de garder à bonne distance des États-Unis une diplomatie qui devrait être européenne qu’au temps du général.

Que ferait de Gaulle ? […]  Il transgresserait des interdits. Surtout décrétés par la seule puissance américaine à partir de ses intérêts et des fantasmes de sa classe dirigeante… »

[Fin de la reproduction d'extraits de l'éditorial de Politis).

 

Commentaires

ARF, ARF

> Déjà Régis Debray (il y a onze ou douze ans, avant qu'il n'augmente en volume) avait manifesté sa régénération philosophique avec un petit livre intelligent et musclé, "À demain de Gaulle". Au seuil de célébrer Mai 68, alors que déjà les ex-jeunes de la Sorbonne devenus croulants radoteurs à prébendes nous racontent leurs campagnes dans des émissions sinistres ("c'est grâce à nous que vous avez l'IVG, heureuses coquines, arf, arf"), force est de constater que le rebelle était de Gaulle, et que les jeunes de 68 (futurs sénateurs pdg publicitaires eurodéputés) étaient les garçons d'ascenseur de la société de consommation made in USA qui allait tout envahir.

Écrit par : Sept-Epées | 04/04/2008

MUTATION

> Le plus important est la mutation de L'OTAN survenue dans les années 1990, et passée inaperçue des citoyens. A l'origine, il s'agissait d'un traité défensif. L'article 5 du traité de 1949 était (et est toujours...) explicite à cet égard. Rien n'aurait donc dû permettre par exemple, qu'en 1999, au nom de l'OTAN, on bombardât la Serbo-Yougoslavie. Cet état n'avait agressé aucun membre de l'OTAN. Dans cette opération offensive, on s'est servi de "protocoles d'opérations" d'ordre strictement technique, conclus après l'éclatement de l'URSS, et dont je ne suis pas sûr que leur ratification ait jamais été autorisée par le Parlement (contrairement à ce qui s'était passé en 1949). De même pour l'Afghanistan, où l'on traque un ennemi assez peu identifié - réédition des "Kroumirs" tunisiens de 1881 - dont on se demande au juste quand et où il a attaqué un Etat membre de l'OTAN... car on sait maintenant que la filiation entre l'ectoplasmique Ben Laden et le 9/11 est assez douteuse.

Écrit par : L. Chéron | 04/04/2008

POSTURE

> S'il ne reste rien de la morgue gaullienne que la posture, c'est que notre indépendance de pure forme était bâtie sur du sable. Les grands discours n'ont rien donnés, sauf à planter un jalon "neutre" dans les annales historiques.
Les dérives de l'OTAN signalées par L. Chéron sont moindre danger que la politique actuelle de boursouflure qui attaque de front l'empire russe sur ses marches millénaires. Peut-être que si la France était demeurée partie prenante (et majeure) du commandement intégré (alors à Rocquencourt-Yvelines) elle aurait sû barrer la voie à ses dérives, mais alliée "à la carte" il n'a l'oreille de personne dans l'Alliance. Et le retour de Sarkozy est simple agitation.

Écrit par : Catoneo | 05/04/2008

OTAN BABEL

> D'accord avec les deux précédents posts, mais j'y ajoute que les chrétiens doivent opposer leur objection de conscience à deux idées véhiculées par la nouvelle conception de l'OTAN :
- la "tour de Babel" (l'humanité unifiée autour de la puissance technique et de la puissance tout court) est le contraire de toute vision biblique de l'histoire, si on relit le livre de la Genèse (et je serais curieuse qu'on me démontre que l'OTAN actuelle correspond à autre chose qu'à ce rêve babélien digne de l'Antéchrist de Soloviev),
- de même, la conception amorale et technoïde de la guerre "préventive" (!!!) est antibiblique, malgré les efforts artificiels faits ici et là pour nous dire que bombarder les mariages afghans est une juste punition du Camp du Bien contre les Amalécites !!!
Rappelons-nous que Dieu a séparé l'humanité babélienne en nations et langues nombreuses et cela pour le bien de l'humanité, comme l'expliquent les commentaires rabbiniques... Tout ce qui va dans le sens du multipolaire aujourd'hui va dans le sens de la Genèse, en dépit de l'hérésie néo-impériale bâtie par les néoconservateurs "chrétiens" étatsuniens et leurs suiveurs français.

Écrit par : Madeleine Tournant | 05/04/2008

@ CATONEO

> S'il ne reste rien de la géopolitique gaullienne, c'est tout simplement qu'elle a été bradée, dès Pompidou, puis sous Giscard ("Foutriquet" comme disait Boutang), etc, par des gros notables atlantistes qui avaient dû rengainer leurs intérêts et leurs obsessions durant la phase dite d'"indépendance nationale". Alors parler de morgue et de posture pour stigmatiser de Gaulle, pardon,vous y allez un peu fort, j'ai l'impression d'entendre mon feu grand-oncle resté enlisé dans ses pétaineries giraldiennes reconverties en larbinat SHAPE.

Écrit par : buzenval | 05/04/2008

LE GENERAL

> Je ne suis pas d'accord avec Catoneo. L'indépendance d'un pays n'est bâtie que sur la volonté et la force de caractère de ses gouvernants. Sans être un admirateur assidu du Général, force est de lui reconnaître qu'il est l'homme qui su dire non quand il fallait.
Si cette indépendance a disparu, la raison est à chercher dans la personnalité de nos hommes politiques. Quant à penser que la France aurait pu changer quelque chose en étant dans l'OTAN, c'est le même raisonnement qui consiste à penser que Mme Boutin va influencer le gouvernement dans un sens conforme à la doctrine sociale de l'Eglise. C'est du rêve.
Il est certain que l'OTAN, vestige de la guerre froide, aurait du suivre le même chemin que l'URSS. Ce n'est pas le cas car les Européens sont des lâches qui ne veulent pas se battre et attendent que les GI'S le fassent à leur place. Ils ont donc accepté la survivance de l'OTAN avec un changement important: d'alliance défensive, il devient l'empire américain car les Américains ne font rien pour rien. ll y a une période historique qui peut nous apporter bien des enseignement, il s'agit de la Méditérrannée du IVe s. au IIe s. av.JC.

Écrit par : vf | 05/04/2008

POLITICIENS

> Le style de nos politiciens est assez bizarre : on fleurit la tombe du général de Gaulle pour mieux trahir son héritage, on exalte la force française pour mieux la diminuer, on exalte le rôle des religions pour mieux dire que sur un sujet aussi sérieux que l'euthanasie on se passe de leur avis....
La communication qui consiste à dire haut et fort une chose, pour mieux faire le contraire (sorte de méthode Coué?) aura - à plus ou moins long terme- des effets désastreux.... Et il n'y a pas besoin de cela, puisqu' entre les français et leurs politiciens, c'est déjà la crise de confiance....

Écrit par : Gégé | 05/04/2008

DE GAULLE

> Revoilà donc de Gaulle... peut-on en discuter sereinement ?
Oui, la posture années 60 était et reste l'exemple : la France est alliée aux EU face à l'empire qui nous menace "à deux étapes du tour de France de Strasbourg", mais l'armée française ne sera pas caporalisée 24 h sur 24 par le Pentagone.
Quant au passé (Pétain, Giraud...) voir, voir... "Varius, multiplex, multiformis..." (comme Hadrien d'après l'Epitome), le général qui a dit tout et le contraire de tout, s'est en 1943 tout simplement comporté en condottiere gérant d'abord ses intérêts propres. II a ainsi tout fait pour rogner le meilleur instrument de puissance qu'avait alors la France combattante, c'est-à-dire l'armée d'Afrique puis d'Italie, qui avait le grand tort de n'être pas gaulliste... et puis Giraud pesait pour un débarquement dans les Balkans, ce qui ne plaisait pas à Staline, or de Gaulle attendait beaucoup de M.M. Grenier et Billoux. Dans le marigaud algérois de 1943, Giraud "soumis aux Américains", ce fut surtout un slogan de la propagande du général préparant son "Brumaire".
Certes, je ne sais pas si Giraud (ou un autre) aurait jamais siégé à Yalta. Mais il est sûr que de Gaulle n’y a pas été non plus. De même n’eut-il droit d’être informé du D Day que la veille, et on sait que le « spectre de l’AMGOT » ne fut enfin écarté qu’à l’automne 1944… une fois que les opérations militaires eurent quasiment quitté le territoire français (sauf Metz et Strasbourg, je sais).
Bref, si l’on veut empoigner des références flatteuses du passé national, mieux vaudrait éviter de plonger à tout moment la main dans le cafouillage de 1939-45… où aucune grande (ou moyenne) figure ne fut vraiment à l’honneur.

L. Chéron


[ De PP à LC - Je dois vous dire que je suis en désaccord avec vous dans ce domaine. Certes l'histoire est faite d'ombres et de lumières chez tout le monde ; mais renvoyer dos à dos Vichy et la France Libre comme deux "cafouillages" égaux est une fausse symétrie, pour ne pas dire plus. (Je ne souhaite pas engager une controverse qui serait fatalement abrupte à propos de cette période : j'adhère de longue date à ce qu'en a dit Bernanos. ]

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Écrit par : L. Chéron | 05/04/2008

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