13/02/2008
L'enfant à naître : le Pr Claude Sureau met en cause les catholiques. Pourquoi ?
À propos de la note à lire sur http://www.genethique.org/revues/revues/2008/fevrier/20080211.1.asp Un
m
La réaction du Pr Claude Sureau à l’arrêt de la Cour de cassation (sur l’état-civil des enfants à naître) pose plusieurs problèmes intéressants. Elle révèle, une fois de plus, le malaise du corps médical à propos de l’avortement.
La seule corporation qui ne se pose aucun problème à ce sujet semble être celle des journalistes : pour eux il y a le camp du Bien, c’est-à-dire le Planning, et l’axe du Mal, c’est-à-dire les catholiques.
Mais à propos de catholiques, le Pr Sureau fait cette allusion hostile et incongrue : « A l'heure actuelle, l'absence de statut juridique de l'enfant à naître est déplorable. Le fœtus et les embryons vivants pour le corps médical ont une réalité : ce sont des patients. Ils ont également une réalité pour les parents. Je suis en faveur d'une réflexion législative sur le statut de l'être prénatal. Mais on comprend que le législateur ne souhaite pas ouvrir la boîte de Pandore avec une nouvelle remise en cause de la loi Veil, sachant très bien que les associations catholiques militantes se préparent à le faire ».
Ce que le Pr Sureau sait « très bien » (puisqu'il le dit ici), c’est que les associations catholiques, aussi « militantes » qu’elles soient, n’ont aucune chance de faire abolir la loi Veil par la classe politique. Donc leur militantisme ne présente aucun danger pour l’avortement et ses propagateurs. Alors pourquoi cette allusion, dans un discours médico-juridique qui n’en avait aucun besoin ?
00:00 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : avortement, ivg, cour de cassation
Commentaires
PROBLEME
> Il a trop peur de l'amour que l'on porte à tous les hommes...
et ce dès qu'ils sont conçus;
et puis flute, même si son opinion est très clairement en faveur d'une définition de l'être vivant dans le ventre de la femme, ça lui pose un problème grave :
la doctrine de l'Eglise catholique aurait encore raison sur le fond !
la question c'est plutôt : "mais pourquoi c'est toujours la vérité qu'elle exprime?"
Écrit par : jean christian | 13/02/2008
TROMPEURS
> Dans la querelle juridique pour déterminer le "début de la vie", les mots sont trompeurs. En effet, scientifiquement parlant, les spermatozoides et les ovules sont des cellules vivantes. Dès lors, il ne faut pas parler de "début de vie" à partir d'un certain nombre de semaines, jours, heures... mais de continuité de la vie.
Ainsi, on éviterait peut être les débats stériles sur le poids minimal ou le nombre de semaines pour qu'un embryon soit reconnu comme une personne.
Écrit par : Alexandre Calendreau | 13/02/2008
PAS UN REVIREMENT ?
> Je suis avocat. Je suis également totalement convaincu du bien-fondé de position de l'église sur la question de l'avortement. Par contre, il me semble difficile de soutenir que ces arrêts soient des revirements dans la mesure où ils se contentent de dire qu'une circulaire avait une interprétation allant au-delà des dispositions de la loi.
H.
[ De PP à H. - Si vous le dites. Mais il me semblait que la Cour de cassation procédait toujours ainsi pour impulser quelque chose (et par force, puisqu'elle est censée ne pas statuer sur le fond ?) ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : HAWADIER | 13/02/2008
Pourquoi ?
> Il doit bien y avoir quelque chose entre la fascination pour une science toute puissante, la volonté pour l'homme d'être maître de la vie des plus faibles et l'opportunité financière que représente les embryons et foetus, en particulier pour les fabricants de cosmétique...
Tout cela converge dans le matérialisme mercantile.
Écrit par : Ludovic | 13/02/2008
POURQUOI
> Pourquoi une telle allusion? peut-être une manière subtile de décourager ceux qui auraient la velléité de rejoindre le même camp que les catholiques. Il ne fait pas bon d'être dans "l'axe du mal".
Dans son article, Jean-Marie Le Méné est particulièrement pertinent, en faisant remarquer que « depuis le droit romain, il existait deux catégories : les personnes que l’on doit respecter et les choses dont on peut disposer ».
Nous voilà replongés en pleine antiquité. A quand la préhistoire ?
En tout cas, du statut de l’embryon que l’on fera dépendra tout un choix de société. Acceptons-nous comme les romain un pareil clivage ? Il ne s’agit pas seulement des embryons… Sommes-nous par exemple pour le rétablissement de l’esclavage comme institution structurante de la société ? Les deux sont liés. C’est la personne humaine elle-même qui est en jeu ici.
Enfin je ne croirais que le foetus est un animal que le jour où une femme donnera naissance à un babouin. Attendons. Qui sait?
Écrit par : Blaise | 13/02/2008
MAUVAIS BOUT
> Ils raisonnent par le mauvais bout de la ficelle ! Comme dirait Rouletabille : Partants de la conclusion (l'avortement doit être légitimé), ces personnes en arrivent à un postulat faux (l'embryon n'est pas une personne).
Le commentaire suivant recueilli sur le site d'un média montre pourquoi ils ne veulent pas ouvrir un débat :
"Emile G.
08.02.08 | 13h02
Reconnaissance de la vie à moins de 3 mois sera suivi de reconnaissance de la vie dès la conception. L'IVG = un crime ! Et voilà, le tour est joué:les cathos intégristes prennent pied dans l'espace public. Si cela n'est pas le début de la fin de la laïcité, je voudrais qu'on m'explique..."
Écrit par : Genuyt | 13/02/2008
LA QUESTION
> Si je comprends bien, le professeur Sureau souhaite une réflexion juridique, concernant ce qu’il appelle « l’être prénatal ». Mais il ne souhaite pas une réflexion scientifique.
Cet « être prénatal » est-il ou non un petit d’homme ? Voilà la question.
Acquiert-il ses gènes petit à petit au fil de sa vie intra-utérine ? Ou bien, tout au contraire, est-il en possession de l’ensemble de son capital génétique dès le début de la vie intra-utérine, ce capital génétique qu’il gardera, on le sait, intact tout au long de sa vie sur terre.
Question bien embarrassante, n’est-ce pas ?
Écrit par : Sophrone | 13/02/2008
n'est-ce point simplement de la lâcheté?
> Dénoncer le militantisme de groupes catholiques en majorant leur influence, n'est-ce point une manière de légitimer sa position - désir de voir le statut juridique de l'embryon clarifié - en s'écartant de l'axe horrible du Mal... sur lequel le titre "catholique" traîné dans la boue semble plaire au planning?
Écrit par : Paulo | 13/02/2008
DES VERROUS SAUTENT
> L'air devient plus respirable, des verrous sautent sur les questions de société: progrès dans les recherches sur les cellules non embryonnaires, déraillement du train de l'euthanasie autour de l'affaire Humbert et, maintenant, possibilité de faire droit à la "souffrance interdite" des parents qui perdent leur enfant avant la naissance.
D'autres questions sont encore bien verrouillées (le mariage homosexuel...); qui sait ce que la Providence amie de la vérité nous réserve ?
Écrit par : B.H. | 13/02/2008
DEPRESSION
> Epicure stigmatisait les mots vides et vains qui troublent l'âme, c'est à dire les mots sans réelle consistance signifiante ou à signification faussée.
Dire que "Le fœtus et les embryons vivants pour le corps médical ont une réalité : ce sont des patients" a au moins le mérite de faire comprendre que "le fœtus et les embryons" ne peuvent que subir puisque le patient par définition est celui qui subit l'action de l'agent. Avec cela rien n'avance car le statut de l'embryon n'est toujours pas défini, le mot patient occupe un espace sémantique mais ne dit rien. Nous nous trouvons bien devant un mot vide et vain.
Accepter l'embryon comme une personne, et rien d'autre mais totalement une personne, c'est accepter une double vocation: celle de se réaliser comme personne et celle d'accueillir l'embryon comme une personne, il s'agit d'une réciprocité à égalité de statut ce qui est tout le contraire de la relation agent-patient. Mais c'est surtout, à la suite de saint Thomas d'Aquin définir la personne "par l'amour comme puissance d'union avec ce qui est au-delà de soi: en lui là où je me perds, là où je m'oublie dans l'aimé, je deviens véritablement vivant" (Emmanuel Housset, La vocation de la personne. L'histoire du concept de personne de sa naissance augustinienne à sa redécouverte phénoménologique, PUF, 2007, Paris, p. 465). Or "La personne humaine est sa relation à Dieu et elle n'advient à elle-même qu'à rendre cette relation substancielle en elle, qu' à l'exister" (E. Housset, op. cit. p. 500).
Autrement dit refuser de reconnaître l'embryon comme une personne est non seulement nier ce qu'il est mais c'est aussi nier ce que l'on est est puisque cela revient à refuser de faire exister la relation à Dieu source de la vie. Il y a ainsi une double négation celle de l'altérité (à Dieu et à l'autre) mais aussi de soi en refusant la relation transcendentale qui fonde et "anime" toutes les relations. Bref c'est un refus de la vocation humaine qui conduit à la mort.
S'étonner ensuite de la dépression du monde ocidental?
Écrit par : Albert E | 13/02/2008
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