Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/01/2008

Le feuilleton Kerviel / Société Générale : Mme Lagarde contredit Nicolas Sarkozy

…qui disait une chose exacte :


Les médias :

<<  La pression est montée mardi sur le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, poussé à la démission par plusieurs dirigeants politiques, alors que le gendarme de la Bourse a ouvert une enquête après d'énormes ventes de titres par un administrateur de la banque.

L'attention se porte désormais sur le PDG de la banque, Daniel Bouton. Nicolas Sarkozy a lancé la charge lundi soir, estimant qu'une telle crise ne  pouvait  "pas  rester  sans  conséquences". Il a constaté : "On est dans un système où, quand  on  a  une  forte  rémunération qui est sans doute  légitime,  et  qu'il  y  a  un fort problème, on ne peut pas s'exonérer des responsabilités."

Le président de la commission des Finances du Sénat, le centriste Jean Arthuis, estime que Daniel Bouton "ne peut pas faire autrement que partir".

La ministre de l'Economie, Mme Christine Lagarde, déclare qu'elle n'est "pas convaincue" qu'il faille "changer de capitaine" à la tête de la Société Générale. A son avis, les problèmes de la banque ne doivent être réglés que par les administrateurs de la banque.

Par ailleurs, des soupçons de délit d'initié sont venus s'ajouter aux critiques sur le management depuis que l'Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé d'énormes ventes d'actions par un des administrateurs de la banque : Robert A. Day a vendu pour 85,7 millions d'euros d'actions le 9 janvier, puis pour 40,5 millions d'euros le 18 janvier, le jour même où les premiers soupçons de "fraude" sont apparus.  L'AMF a ouvert mardi une enquête sur les échanges d'actions Société générale. L'Association des actionnaires minoritaires (Adam) avait réclamé dans la matinée l'ouverture d'une enquête pour "éventuelles opérations d'initiés" et "informations trompeuses".

La Société Générale a affirmé que M. Day, comme les autres membres du conseil, "n'était pas informé des pertes de trading de J. Kerviel" avant de vendre ses actions. >>

m

Commentaire :

La phrase de Nicolas Sarkozy est pertinente  (quoique la légitimité des hyper-revenus patronaux français ne saute pas aux yeux, dans des cas comme celui de la Société Générale ou d’EADS, etc. Ces salaires et parachutes indignent des millions de gens. Ont-ils tort d’être indignés ? Bien sûr, répondront les théoriciens ultralibéraux).

Christine Lagarde contredit Sarkozy, et semble juger que l’Etat ne doit pas se mêler de l’affaire de la Société Générale. Cet avis n’étonnera personne.

 

Commentaires

UNIVERS PARALLELE

> Il est clair que la situation est grave cependant il convient de relever que Daniel Bouton a donné sa démission que le Conseil d'Administration a refusé. Il faut comprendre que d'un pur point de vue gérance, il n'est sans doute pas bon d'ajouter une faiblesse à la banque quand elle se fragilise déjà dans cette crise. Si le conseil d'administration a refusé sa démission c'est bien parce qu'il juge que M. Bouton n'est pas la cause de cet évènement. Il faut, je pense regarder la situation avec doigté.
Ce qu'il faut surtout critiquer c'est le système dans son ensemble. Laurent Joffrin le disait très bien ce matin sur France Info, le problème n'est pas l'existence de la Bourse mais "l'excroissance spéculative" qui s'y est développée.
Quand la spéculation ne repose plus sur rien de réel c'est là que le système se pervertit. Les modèles de "prévision" des traders sont devenus d'une telle complexité qu'ils ne reposent plus sur quelque chose d'incarnée mais bien sur cet univers parallèle que la Finance mondiale a créé.
En salle de marchés, on fait plus qu'anticiper, on anticipe l'anticipation...
Cette crise a du bon, espérons qu'on en tire les leçons...

Écrit par : Vincent | 30/01/2008

J'EN DOUTE

> Nicolas Sarkozy a toujours des choses pertinentes à dire sur tous les sujets, alors que de mon point de vue son crédit soit largement entamé par l'indignité de sa conduite, et à partir de là son poids devient insignifiant.
De plus s'appliquera-t-il la sanction qu'il espère pour Mr Bouton quand il n'aura pas à la fin de l'année obtenu le point de croissance supplémentaire auquel il s'était engagé. J'en doute.
Il semble que l'administrateur en question ait exercé ses droits en toute transparence et il a déclaré qu'il était prêt à répondre de tous les reproches, ce qui ne ressemble guère à une fuite.
Qui a intérêt à charger la mule? Est-il vraiment nécessaire que tout le monde se prononce avant d'avoir laissé le temps à la justice de faire son travail ???et de décortiquer le système? Même la CGT est pour le maintien de Bouton, c'est dire!!!

Écrit par : Nicolas Journé | 30/01/2008

CONSUBSTANTIEL

> C'est assez juste, en fait une bulle artificielle a été construite et elle doit éclater.
Je ne pense pas que cette affaire suffira, car elle serait interprétée au niveau mondial comme une erreur de français pas sérieux... Alors que cela est ridicule puisque consusbtantiel au système (cf. Enron, les subprimes...).
C'est pour cela qu'ajouter des contrôles ne sert à rien. Car cela ne change pas le système en profondeur, mais consiste à mettre une rustine.

Quant à l'intervention des politique, je dois dire qu'il n'y a pas besoin d'être un ultra libéral pour dire qu'elle est déplacée lorsqu'elle dicte ce que doivent faire les administrateurs de la banque. C'est contraire à la séparation des pouvoirs et en fait démagogique.

Mais cela ne veut pas dire que le politique ne doive pas avoir de rôle. Je pense qu'en l'occurence le rôle est de faire appliquer le principe de responsabilité, mais bien au delà de demander la démission de Bouton qui de toute façon ne va tarder. C'est aussi vérifier que Bouton ne touche pas un parachute doré ou ne soit recasé dans un organisme étatique, faire que toute la hiérarchie au courant soit punie en conséquence, empêcher que des positions trop spéculatives soient prises (il y a des organismes de contrôle pour cela)...

Écrit par : Ludovic | 30/01/2008

CASSEE

> M. Bouton a été déjugé par le CA d'aujourd'hui puisqu'il est exclu de la commission tripartite de surveillance.
L'ingérence du pouvoir politique qui montre sa nullité de gestion chaque semaine, a été mal reçue par le CA qui a reconduit M. Bouton et Citerne dans leurs fonctions.
Aux USA ils auraient été remerciés pour clarifier la situation et nettoyer les rémanences. De toute façon la chaîne hiérrachique de la Bqe d'investissement est cassée.

Écrit par : catoneo | 30/01/2008

LES FOUS

> Mais si, il faut juger ce système dans son ensemble. On ne voit pas comment une "excroissance spéculative" pourrait ne pas se développer quand l'argent est devenu notre dieu.
Les fous peuvent bien s'en remettre à la valeur morale des banquiers. Pas moi, ni moi, ni moi.
Et il est fort réjouissant de voir les artisans du libéralisme à tout crin, infatigables assassins de l'Etat, venir, dès que la situation se corse, pleurer dans les bras dudit Etat, comme dans ceux d'un père, qu'il les sauve des méchants OPA-istes d'à-côté.
Elle est bien bonne.

Écrit par : JG | 30/01/2008

L'Etat devrait se limiter à son rôle régulateur, mais le faire bien

> M. André Kaas, les victimes d'Outreau, la veuve du juge Borrel, les familles de victimes de l'Yonne, de Mourmelon etc. doivent s'interroger ou se trouve cette bulle spéculative qui contraint l'action de l'Etat au point de faire aussi mal son boulot.

L'Etat est bien mal placé pour donner des leçons. Mr Hauriou parlait de la morale administrative. Quand elle est aussi malmenée et qu'on entend le président vouloir la faire respecter ailleurs, c'est se moquer du monde et prendre les Français pour des idiots.

Écrit par : Qwyzyx | 31/01/2008

A QUEL TITRE

> On ne voit pas bien à quel titre s'exprime M. Sarkozy lorsqu'il intervient pour juger du comportement du dirigeant d'une grande banque privée.

Du reste, je doute que les milieux politiques soient les mieux placés pour donner des leçons de dignité ou de responsabilité. Et j'aurais la délicatesse de ne pas évoquer le chapitre des compétences.

Il semble que M. Sarkozy ait été particulièrement vexé de n'avoir été informé des difficultés de la Société générale que le mercredi 23 janvier 2008, soit trois jours après le Gouverneur de la Banque de France et le Secrétaire général de l'Autorité des Marchés financiers. Ne serait-ce pas d'abord cela qui a motivé l'attaque de M. Sarkozy contre M. Bouton ?

Je rappelle que Daniel Bouton n'a informé les pouvoirs publics de la "fraude" découverte au sein de sa banque que le mercredi 23 janvier à 8h 00 du matin, en téléphonant la "nouvelle" au Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi.

Le pouvoir politique, qui se croit incontournable et omnipotent, a été scrupuleusement tenu en lisière de cette affaire avant que l'ensemble des positions "frauduleuses" accumulées par le trader Jérôme Kerviel n'aient été liquidées par la Société Générale. Il en a été tenu à l'écart non seulement par le Directeur général de cette banque, mais aussi par le Gouverneur de la Banque de France et par les responsables de l'Autorité des Marchés financiers, ces deux organes ayant visiblement pris très au sérieux (trop ?) l'indépendance que leur accorde leur statut.

En lisant le rapport adressé par le Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi au Premier Ministre à propos des "événements … survenus à la Société Générale", l'on perçoit assez bien l'amertume que le pouvoir politique a éprouvé vis-à-vis de cette situation. Il a vraisemblablement été demandé à Mme Lagarde de s'interroger, dans le cadre de son rapport, sur la mise à l'écart du Gouvernement, non seulement par les dirigeants de la Banque, mais également par les deux autorités de régulation. Le Ministre consacre ainsi tout un chapitre à cette question. Mme Lagarde écrit notamment : "Le déroulé des faits (…) montre une bonne communication entre la Société Générale et les autorités concernées, à savoir la Banque de France et l’Autorité des marchés financiers. La coopération entre les deux autorités fut immédiate et très étroite. La question se pose de savoir si, eu égard à la nature exceptionnelle des événements, le Gouvernement aurait dû être informé avant le mercredi 23 janvier au matin."

Après s'être interrogée sur les raisons de cette "mise à l'écart", elle conclut : "Eu égard au caractère exceptionnel de la situation et des conséquences qu’elle aurait pu avoir sur la stabilité du système financier, il aurait sans doute été souhaitable que le Gouvernement fut informé avant le mercredi 23 janvier 2008. A l’avenir, il sera opportun de préciser l’articulation entre les autorités de contrôle et le Gouvernement dans ce type de situation afin d’éviter toute incertitude sur les modalités d’information, les délais de cette information et les règles de confidentialité absolue qui s’imposent."

En l'espèce, on voit mal de quelle utilité aurait été le Gouvernement dans cette affaire. On peut même imaginer les risques qu'aurait présenté l'association immédiate des pouvoirs publics à cette affaire (c'est-à-dire dès le dimanche 20 janvier), sachant qu'elle requerrait tact et confidentialité.

Personnellement, je ne vois vraiment pas quelle expertise l'Etat aurait pu apporter à la Société Générale dans le cadre du débouclage de ses positions, sachant que le dernier rapport de la Cour des Comptes souligne assez bien l'incompétence de l'Etat-actionnaire.

On sourit à la lecture de passages de ce type :

"3 - Un manque de réactivité face aux signaux du marché

Lorsqu'il a mis sur le marché 36 % du capital de la SANEF en mars 2005, l’Etat a appliqué une décote de12 % par rapport aux évaluations des analystes, alors que la demande exprimée était très forte et aurait, au contraire, justifié un relèvement du prix, sans craindre de se placer sensiblement au-dessus du prix plancher fixé par la commission des participations et des transferts." (Source : Rapport public annuel de la Cour des Comptes - p. 30).

Il a donc un petit côté ridicule cet Etat aboulique, avide de tout contrôler et pourtant tellement impuissant à conduire correctement les missions qui relèvent pourtant de sa compétence traditionnelle.


David

Écrit par : David | 07/02/2008

Les commentaires sont fermés.