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21/01/2008

Les jésuites français peints par Le Monde

De deux choses l'une : ou l'article est lacunaire, ou la Compagnie retarde sur Benoît XVI :


 

Dans Le Monde du 20 janvier, Stéphanie Le Bars parle des jésuites français. Selon la journaliste, la Compagnie se replierait sur les grandes écoles… Fâcheux élitisme,  en contradiction avec les ambitions sociales des jésuites de naguère ?

 

Mais le point le plus singulier est la fin de l’article, que voici :

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<<…Parallèlement, la Compagnie de Jésus tente de développer une présence auprès d'étudiants moins privilégiés. Avec la création en 2001 du Centre d'initiatives et de services des étudiants de Saint-Denis (Cised), qui héberge l'aumônerie de l'université Paris-VIII, elle illustre "l'apostolat social" prôné par ses cadres dans les années 1970 et 1980.  Dans un pavillon juste en face de l'université, des jésuites et une cinquantaine de bénévoles aident chaque année quelque 360 étudiants dans leur travail universitaire. 90 % des jeunes qui fréquentent le Cised sont étrangers et, parmi eux, la majorité est musulmane ; les 10% de Français sont presque tous d'origine étrangère.

"Nos activités sont traditionnellement liées à la connaissance, mais l'intérêt de la Compagnie n'est pas que d'aider les futurs cadres de la nation", souligne Christian Mellon, un religieux impliqué dans ce projet. "On n'est pas dans l'annonce de la foi, précise aussi Lucien Descoffres, directeur du Cised. Mais on estime qu'à l'heure actuelle offrir un lieu où des gens de religions différentes peuvent avoir des relations humaines, c'est déjà ça."

Selon lui, "on montre aussi que les chrétiens font gratuitement des choses pour des non-chrétiens, en espérant que cela dise quelque chose à ces jeunes et qu'ils ramènent ce message dans leur pays d'origine". "Dans notre mission d'évangélisation des cultures, on appuie les musulmans modérés engagés dans une dynamique d'échanges", développe-t-il.

Au premier étage est installé un oratoire sommaire, où viennent aussi prier les musulmans. Un centre semblable au Cised vient d'être créé à Lyon et des projets similaires sont en cours à Grenoble et à Marseille. >>

 

 

Personne ne niera que les bonnes relations humaines soit un devoir pour les chrétiens en général, et les jésuites en particulier. La question qui se pose touche la pertinence de l’article de Mme Le Bars (déjà connue pour son goût des fausses perspectives). Car si vraiment l’activité des jésuites français se réduisait à ce qu’en dit ici Le Monde, ce serait très loin de répondre aux directives du pape à la Compagnie (notes de ce blog des 13 et 20.01.08)…  On ne saurait imaginer que les jésuites soient à ce point en retard sur le Saint-Siège ; c’est donc l’article qui est incomplet.

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NB - Le P. Adolfo Nicolas, 71 ans, a été élu le 19 janvier comme préposé général de la Compagnie de Jésus. Âgé de 71 ans, il est Espagnol et a passé la plus grande partie de sa carrière en Asie. Il succède au P. Kolvenbach, "crédité", dit l'AFP, "pour l'amélioration des relations souvent tendues entre l'ordre et le Vatican". On aimerait savoir par quel prodige des religieux qui prêtent un voeu spécial de fidélité au pape, finissent par avoir avec lui des "relations tendues".

 

 

 

Commentaires

L'éloge funèbre.

> Je ne crois pas avoir lu un article dans la presse quotidienne française depuis longtemps qui soit exact à propos de l'Eglise ou ne prête à caution par une présentation approximative. On peut s'interroger sur la cause de ce phénomène. Le soucis de ménager la susceptibilité du Gentil Organisateur de la pensée dominante ? Eviter de désespérer les Français qui s'inquiètent dès qu'ils apprennent qu'un catholique croit en Dieu ?

Écrit par : Qwyzyx | 21/01/2008

ON AURA TOUT VU

> Un jésuite qui "n'est pas dans l'annonce de la foi", on aura tout vu ! Saint François Xavier doit se retourner dans sa tombe... Une évangélisation de ce type reste de l'ordre de l'indicible, elle sonne forcément creux.
Quant à ces fameux "musulmans modérés", voilà encore un mot piège. Comment adhérer sincérement à l'islam et accepter un pareil adjectif? J'entends une petite voie qui susurre : soyez musulman, mais pas trop : l'abus d'identité nuit à la santé...
Finalement, qu'il s'agisse des évangélisateurs de l'indicible" ou des "musulmans modérés", les deux types de croyants qui nous sont proposés comme modèles dans cet article du Monde, ont tous les deux en commun l'exaltation de la médiocrité. Le surmoi journalistique est là qui veille...
Quant à savoir si le propos est déformé ou non, sur ce sujet mieux vaut ne pas porter d'accusation.

Écrit par : Blaise | 21/01/2008

JANSENISME

> Vous venez de parler du pape des jésuites et des difficultés à harmoniser l'Eglise. Je viens d'expliquer le jansénisme(1) dans le cadre de l'oeuvre de Racine.

Benoît XVI est un pape qui paraît être"conservateur" pour les uns et trop "moderne" pour d'autres. In medio stat virtus.


(1) Le jansénisme lie le salut de chacun à la Grâce, c'est-à-dire au bon vouloir de Dieu seul. Il s'opposait à l'Humnaisme de la Renaissance et aux thèses du jésuite Molina conciliant le libre arbitre de l'humain avec les dons de la Grâce (Dieu veut sauver tous les humains à condition qu'ils le veuillent).En préchant la toute puissance de la prédestination divine et une austérité morale très sévère le jansénisme revenait sur l'optimisme humaniste et le triomphe de l'individu qui caractérisaient la Renaissance.
C'est une tentative de réforme à l'intérieur de L'Eglise catholique préchant une vision de l'homme proche du calvinisme et s'opposant à la Contre Réforme préchée par les jésuites. Il est une réaction à la vision optimiste de l'homme et de ses capacités (Thèse de Molina).
Nhésitez pas à me corriger, sachant que cette synthèse en quelques lignes participe à la présentation de l'oeuvre de Racine.

Écrit par : Qwyzyx | 23/01/2008

@ Qwyzyx

> Il me semble que la position de Luis Molina flirte avec le semi-pélagianisme en voulant faire résulter de la liberté du consentement humain l'efficacité de la grâce.

Écrit par : Michel de Guibert | 23/01/2008

UNIGENITUS

> Raison pour laquelle le jansénisme fut condamné (ou plus précisément la bulle Unigenitus de 1713 condamner des propositions du Père Quesnel, janséniste notoire)... mais aussi pour laquelle le molinisme fut fortement nuancé par la doctrine de la Grâce Efficace qui présuppose la liberté de Dieu dans le don de Sa Grâce et la coopération de l'Homme à l'oeuvre du Salut

Écrit par : ST | 23/01/2008

Homélie du P. Nicolas, nouveau préposé général de la Compagnie de Jésus


« Servir, c’est tout ce qui compte : servir l’Église, le monde »


ROME, Mardi 22 janvier 2008 (ZENIT.org) - « Servir, c'est tout ce qui compte : servir l'Église, le monde », or, « le service désintéressé, inconditionnel, trouve la source de sa force en Dieu seul », a déclaré le P. Adolfo Nicolas, nouveau préposé de la Compagnie de Jésus, dans son homélie du 21 janvier, lors de la messe d'action de grâce en l'église - « mère » - du « Gesù », à Rome, au cœur de la 35e Congrégation générale, qui l'a élu samedi dernier, 19 janvier 2008. Il disait aussi : « Ce qui compte, c'est la santé, le salut, la joie des pauvres. »

Le P. Nicolas évoque un épisode significatif d'une rencontre avec une femme des Philippines émigrée au Japon.

Rappelons qu'après avoir été provincial du Japon, il a passé quelques années, vers 2000-2004 au service d'immigrants philippins et autres au Japon. Et, avant d'être provincial, il était également, aux Philippines, à l'Institut pastoral qui dessert toute la région. Il est particulièrement sensible à la réalité des « plus pauvres en Asie ».

Homélie du P. Nicolas, sj

Par dessus tout, je voudrais dire qu'il ne s'agit pas d'un message au monde entier. Il s'agit plutôt d'une simple homélie; une réflexion, dans la prière, des lectures de ce jour pour nous, jésuites, ici présents en cet après-midi.

La première lecture, du prophète Isaïe, nous donne, à nous chrétiens, une brève description de notre mission dans le monde. Le prophète Isaïe nous dit que nous avons tous été appelés à servir, et que nous sommes ici pour cela précisément : servir. C'est un message clair, concernant notre mission en tant que jésuites, chrétiens, peuple de Dieu. Dieu fait de nous des serviteurs, et ce faisant, Dieu y trouve son plaisir. Dans la version espagnole de cette première lecture, nous lisons que Dieu est fier du serviteur, alors que la version italienne nous dit que Dieu « est satisfait ». Je crois que la version italienne est plus proche du sens biblique. Plus nous devenons serviteurs, et plus Dieu y trouve son plaisir. Je pense que nous devons conserver cette image lorsque nous retournerons chez nous aujourd'hui.

Les journaux et les magazines de ces derniers jours ont repris un bon nombre de clichés, notamment autour du Pape noir, du Pape blanc, du pouvoir, des rencontres, des discussions... Tout cela est si superficiel, artificiel ! Ce ne sont que les miettes pour ceux qui ont faim de jeux politiciens, pas pour nous.

Le prophète Isaïe dit que le service plaît à Dieu. Servir, c'est tout ce qui compte : servir l'Église, le monde, les hommes et les femmes autour de nous, et l'Évangile. Saint Ignace a aussi écrit, de manière plus concise, sur notre vie : en tout aimer et servir. Et notre Saint Père, le Pape Benoît XVI, nous a rappelé que Dieu est amour ; il nous ramène à l'essentiel de l'Évangile.

Un peu plus loin, le prophète Isaïe nous décrit la force du serviteur. La seule force du serviteur, c'est Dieu. Nous n'avons pas d'autre source de force : ce n'est ni dans la force extérieure que l'on peut trouver en politique, dans les affaires, dans les médias, dans les études, dans les honneurs, ni dans la force intérieure de la recherche. En Dieu seul. Comme pour les pauvres. Il y a peu, je parlais à l'un d'entre vous concernant quelque chose qui m'est arrivé alors que je travaillais auprès des immigrés. C'est une expérience qui m'a profondément marqué. Il s'agit d'une Philippine qui a eu beaucoup de difficulté à s'adapter à la société japonaise, une femme qui a beaucoup souffert. Une autre Philippine est venue lui demander conseil, et lui dit : « J'ai beaucoup de problèmes avec mon mari, et je ne sais si je dois divorcer ou essayer de sauver mon mariage... » En d'autres mots, elle voulait un conseil sur un sujet plutôt banal. La première répondit : « Je ne sais quoi vous conseiller en ce moment. Cependant, venez avec moi à l'église, que nous puissions toutes les deux prier, car Dieu vient vraiment au secours du pauvre. » Cette déclaration m'a touché car elle est vraie. Le pauvre n'a que Dieu pour trouver sa force. Pour nous, Dieu est notre force. Le service désintéressé, inconditionnel, trouve la source de sa force en Dieu seul.

Le prophète Isaïe, dans la lecture d'aujourd'hui, parle ensuite de santé. Notre message est un message de santé, de salut. Un peu plus loin, il met l'accent sur ce qui m'a le plus frappé, notamment que notre Dieu, notre foi, notre message et notre santé sont si grands qu'ils ne peuvent être enfermés dans une boîte, dans un groupe ou une communauté, fût-elle une communauté religieuse. L'enjeu concerne la Bonne Nouvelle du salut pour toutes les nations. C'est un message universel parce que le message est d'une ampleur énorme, un message que l'on ne peut ramener à des dimensions plus modestes.

Aujourd'hui nous avons toutes les nations réunies ici. Tous et chacun sont représentés ici. Cependant, des nations continuent à surgir. Je me demande aujourd'hui qui sont ces « nations », ces communautés non géographiques, ces communautés humaines, qui réclament notre aide : les pauvres, les marginalisés, les exclus. Dans notre univers mondialisé, le nombre des exclus absolus augmente. Les exclus sont diminués, car notre société n'a de place que pour le grand, pas pour le petit. Tous ceux qui sont désavantagés, manipulés, tous ceux-là sont peut-être pour nous ces « nations » : Les nations ont besoin du message prophétique de Dieu.

Hier, après l'élection, une fois passé le premier choc, il y eut le moment de l'aide fraternelle. Vous m'avez tous salué avec beaucoup d'affection, manifestant votre soutien et votre aide. L'un d'entre vous m'a murmuré à l'oreille : « N'oubliez pas les pauvres ! » C'est peut-être là la salutation la plus importante, comme lorsque Paul s'adresse aux Églises affluentes de son temps, leur demandant leur aide pour les pauvres de Jérusalem. N'oubliez pas les pauvres : ce sont eux, nos « nations ». Ce sont les nations pour lesquelles le salut est encore un rêve, un souhait. Il est peut-être au milieu d'elles, mais elles ne le savent pas.

Et les autres ? Les autres sont nos collaborateurs, s'ils partagent notre perspective, s'ils ont le même cœur que celui que le Christ nous a donné. Et s'ils ont un cœur encore plus grand, et une vision encore plus vaste, alors, nous serons leurs collaborateurs. Ce qui compte, c'est la santé, le salut, la joie des pauvres. Ce qui compte, c'est le réel, l'espoir, le salut, la santé. Et nous voulons que ce salut et cette santé soient une explosion de salut pour tous partout. C'est de cela dont parle le prophète Isaïe : Le salut doit atteindre et toucher tout le monde. Un salut selon le cœur, la volonté et l'Esprit de Dieu.

Nous allons continuer avec notre Congrégation générale. C'est peut-être de cela que nous aurons à discerner. En ce moment de notre histoire, où devons-nous focaliser notre attention, notre service, nos énergies ? En d'autres mots, quelle est la couleur, la tonalité, l'image du salut aujourd'hui pour ces nombreux peuples qui en ont besoin, ces nations humaines non géographiques qui réclament la santé ? Ils sont nombreux, ceux qui attendent un salut que nous avons encore à comprendre. Nous ouvrir à cette réalité, voilà le défi, l'appel du moment.

Et nous nous tournons vers l'Évangile. C'est ainsi que nous pouvons être de vrais disciples de l'Agneau de Dieu, Celui qui prend nos péchés et nous conduit à un monde nouveau. Et Lui, l'Agneau de Dieu, s'est révélé Serviteur, celui qui accomplit les prophéties d'Isaïe, le message des Prophètes. Son identité en tant que Serviteur en sera le signe, l'empreinte de notre propre mission, de l'appel auquel nous essayons de répondre ces jours-ci.

Prions ensemble pour cette manière de sentir la Mission de l'Église, afin que cela profite aux « nations » et non pas à nous-mêmes. À ces « nations » qui sont encore au loin, non pas géographiquement mais humainement, de manière existentielle. Que la joie et l'espérance qui viennent de l'Évangile soient une réalité avec laquelle nous pouvons œuvrer graduellement, avec beaucoup d'amour et de service désintéressé.

Traduction en français distribuée par le Bureau de Presse de la curie générale des Jésuites


http://www.zenit.org:80/article-17099?l=french

Écrit par : Michel de Guibert | 23/01/2008

LE P. NICOLAS

> Il semblerait que le Pere Nicolàs ne fasse pas l`unanimité, certains de ses discours ne peuvent effectivement que susciter quelques interrogations .
Pour ceux qui lisent l`italien voci ce que l`on peut lire sur le site "Segni dei tempi", tenu par un missionaire au Japon, qui connaît donc bien le Père Nicolàs.
J`ai lu les mêmes perplexités ailleurs.


http://www.kerygmaterzomillennio.splinder.com/

Écrit par : Luisa | 26/01/2008

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