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19/01/2008

L'économie-casino menace la société, avertit un professeur d'économie de Berkeley

Robert Reich ne dissimule rien :


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Intéressant entretien dans Le Monde  (19 janvier) avec Robert Reich, professeur d’économie à l’université de Berkeley en Californie. Confirmation supplémentaire d'un désastre annoncé, celui du système financier ultralibéral... Comme dit Stiglitz : le capitalisme est en train de devenir fou. Extraits :

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<< Comment expliquez-vous que personne ne mesurait il y a encore six mois l'ampleur de la crise du crédit immobilier américain (subprimes) ?

 

Personne ne pouvait imaginer que les banques, qui investissaient autant d'argent, étaient aussi mal informées des risques qu'elles prenaient. Les agences de notation n'ont pas fait leur travail et ont mal mesuré les risques. Sans parler de leurs conflits d'intérêts. La façon dont les rémunérations sont déterminées dans les établissements financiers est aussi en cause. Elle encourage les prises de risque et pénalise peu les stratégies hasardeuses.

 

Vous mettez en garde, dans votre dernier livre, contre l'opposition grandissante à la mondialisation dans la population américaine. Est-ce un phénomène lié à la conjoncture ou plus profond ?

 

C'est bien plus profond. C'est un rejet d'un système certes très favorable, depuis de nombreuses années, au consommateur et à l'investisseur, mais qui, en contrepartie, dépouille le citoyen du contrôle d'une partie de sa vie et affaiblit la démocratie. Les Américains sont aujourd'hui inquiets pour leur emploi, pour leur assurance-santé, pour leur retraite, pour la valeur de leur maison.

 

Ce que nous voyons aujourd'hui dans la campagne électorale présidentielle est un retour de bâton contre la mondialisation, le commerce international et l'immigration. C'est la première fois depuis la seconde guerre mondiale qu'aucun des deux partis n'a un candidat se disant favorable à une plus grande liberté du commerce. Nous voyons les prémices d'un retour de l'isolationnisme aux Etats-Unis.

 

N'est-ce pas lié aussi aux erreurs commises par l'administration Bush ?

 

Bien sûr, mais c'est le rejet d'un phénomène qui existe depuis trois décennies et qui se traduit notamment par le creusement des inégalités. Le salaire moyen aux Etats-Unis ajusté à l'inflation est à peine supérieur à ce qu'il était en 1970. La mondialisation a seulement bénéficié aux nantis. Le un pour cent d'Américains les plus riches accapare aujourd'hui 20 % du revenu national, quand la moitié de la population ayant les revenus les plus faibles n'en reçoit que 12,6 %. Pour employer un terme français, cela est en train de miner notre "contrat social" et aussi notre démocratie. >>

 

 

 

 

Commentaires

DERRIÈRE LE MARCHE, LE SOCIAL

> Le problème est que le commerce, et par ricochet l'économie, reposent sur la confiance, l'information. et la rapidité. rien ne sert d'arriver après les autres. L'inconvénient des NTIC est d'avoir supprimé le contact humain et reporté le facteur confiance sur la vitesse. Tout ne se joue plus que sur la validité présumé de l'information, qui est elle-même un produit que se vend et s'achète. Nous entrons dans un cercle vicieux.
Je rappellerai seulement le coulage de la Barings (nous en avons connu aussi en France), le scandale Enron, qui sont une illustration du mauvais emploi de l'information ou de l'emploi d'une mauvaise information dans la précipitation induite par les NTIC sur les marchés.
Il y a une réflexion intéressante sur les marchés vus par des socioéconomistes dans le dernier numéro de Sciences Humaines. Un frémissement semble naître dans la réception de la doctrine sociale de l'Eglise par la sociologie, en titrant notamment que derrière les marchés, il y le lien social.

Écrit par : Qwyzyx | 19/01/2008

REDUCTIONNISME LIBERAL

> Robert Reich n'est pas le seul à dénoncer la logique implacable du libéralisme et les Etats Unis n'ont pas le monopole de la pensée en ce domaine.
L'Homme Nouveau présente le dernier ouvrage de Jean-Claude Michéa "L'empire du moindre mal". L'article commence avec ce chapeau : " Ayant chassé toute notion de bien et de mal, la société et la science ont entamé une stratégie du moindre mal et une lutte constante contre la nature réelle de l'homme, être de relation. Jean-Claude Michéa démontre les postulats de cette anthropologie de mort."
"L'anthropologie libérale est un réductionnisme : l'homme réel n'est pas un individu mu par son seul intérêt, mais un être de relations, uni aux autres par la logique du don, pour peu - du moins - que l'éducation l'ait arraché à son égoïsme initial en li donnant le sens d'autrui."

Extraits de l'article :

"La hantise de la guerre civile héritée des guerres de religion et le nouvel idéal de la science débouchent sur une stratégie du moindre mal qui consistent à remplacer la vertu des individus par des mécanismes impersonnels et amoraux."

"Loin de s'opposer, le libéralisme économique et le libéralisme politique, la droite et la gauche, ne sont que les deux portes d'entrée de cet empire du moindre mal qui doit libérer l'humanité de la volonté d'instituer le règne du bien (...)"

"L'optimisme technologique et la religion de la science conduisent les libéraux cohérents à renouer avec le projet constructiviste, qu'ils dénonçaient jadis comme l'apanage des totalitarismes."

("La civilisation selon Michéa", p. 4 & 5 l'Homme Nouveau N°1413 19-1-2008)

nb : dans le même numéro, page 6, brève présentation de deux autres ouvrages développant une réflexion convergente à celle de JC Michéa :

- L'homme économique de Christian Laval chez Gallimard
- L'économie des singularité de Lucien Karpik chez Gallimard

Ces trois ouvrages alimentent l'idée de l'homo oeconimicus issu" de la subversion de l'anthroologie chrétienne" en nous renvoyant à la sociologie des religions. Un grand débat en perspective se fait sentir de chaque côté de l'Atlantique.

Écrit par : Qwyzyx | 21/01/2008

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