Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/10/2007

Béatification des victimes espagnoles : la presse parisienne plus « zapatériste » que… Zapatero

Mais elle ne sait pas ce qu'est une "béatification", ni un "martyr" :


Depuis huit jours, les journaux parisiens surenchérissent à propos de la béatification  – ce 28 octobre –  de prêtres espagnols tués avant et pendant la guerre civile. Le Monde avait titré sur le « lugubre cortège » de Benoît XVI (ici, note du 24.10). Le Figaro d'hier matin laisse entendre que ces victimes n’avaient pas été honorées sous Jean XXIII et Paul VI parce que ces deux papes « détestaient Franco » : interprétation qui confond deux choses très différentes*. Le quotidien de droite ajoute que les premières béatifications ont eu lieu sous Jean-Paul II « grâce à qui le fondateur de l’Opus Dei a été canonisé », ce qui est à nouveau confondre deux choses**.  Et il croit devoir s’étonner que l’Eglise espagnole n’ait pas demandé la béatification des seize prêtres basques fusillés par les franquistes***… Visiblement la journaliste n’a pas lu les travaux des historiens contemporains sur la République, la guerre civile et les relations Madrid-Vatican ; et elle ne sait pas ce qu’est la définition canonique du martyre. Visiblement aussi, l’affection de nos médias pour Zapatero commande le contenu de leurs papiers.

 

Or Zapatero lui-même met nos journaux en porte-à-faux. Au lieu de considérer la béatification vaticane comme un casus belli, il y envoie son ministre des Affaires étrangères Moratinos. De même, le président socialiste de la Catalogne (José Montilla) et six conseillers socialistes catalans seront présents. Explication : l’un des béatifiés faisait partie de la famille de Montilla… 

Tout ceci renverse l’échafaudage de surinterprétations – et de méconnaissance historique et religieuse – dont font preuve plusieurs médias français… Record du demi-week-end : France Info ce matin.  Ne sachant pas ce qu'est une béatification ni quelle est la définition (strictement religieuse) du martyre,  le journaliste a souligné que l'Eglise ne béatifie « que les victimes d'un seul camp ». Il avait l'air de trouver ça discriminatoire, donc illégal, voire passible d'un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.

 

____

(*)  Les prêtres tués ne l’ont pas été parce qu’ils auraient été franquistes, mais en tant que prêtres, et les meurtres ont commencé avant qu'il ne soit question de Franco. Tous les historiens le savent. Mais pas Libération du 27 octobre, qui titre sur la béatification de "prêtres franquistes". Même désinfo le 28 en page d'accueil de Yahoo Actu  ("problème : les béatifiés sont tous franquistes").

(**)  L’Opus Dei n’est pas une organisation politique, fondée sous Franco (et encore moins à son instigation), mais un mouvement d’apostolat, fondé neuf ans avant la guerre civile et qui n’a nullement pris part à celle-ci. Quant à la question des ministres opusiens du commerce ou de l’industrie dans les années 1960-70, elle n’a rien à voir avec les atrocités de la guerre civile ; elle est plutôt liée à l’évolution de l’Espagne vers la transition démocratique.

(***)  Leur absence tient aux raisons de leur mort. Ces courageux prêtres basques (cf le personnage  joué par Terzieff dans le film  Fiesta tiré du roman de feu Villalonga) ont été tués pour des motifs de guerre civile, non "en haine de la foi chrétienne" comme l'exige le canon de l'Eglise pour ouvrir un procès en béatification de martyr. L'Eglise ne peut modifier une règle pareille pour faire un rééquilibrage politique. Mais comme l'aspect religieux des choses n'intéresse pas les médias (y compris à propos d'événements religieux), on ne peut pas leur donner cette clé, qui est pourtant la réponse exacte.

 

 

 

Commentaires

ZERO

> Donc un zéro pointé aux hyperdroitiers qui crient "arriba" devant ces béatifications.

Écrit par : Oriamendi | 28/10/2007

FRANCE INFO

> Ah, France Info est toujours bien fidèle à elle même d'après ce que je lis . Comment ai-je pu l'écouter tant d'années ? Peut-être est-ce à cause de toutes ces années que je ne peux plus l'entendre : le subjectivisme de ses reportages, choix d'actualités et prises de positions est affligeant.... Professionnalisme, où es tu passé mon ami ?

Écrit par : Gégé | 28/10/2007

INFORMATION

> Soit, on connaît la valeur de l'information religieuse en France.
Mais que dit la presse "chrétienne". Où est-elle ?
C'est surtout cela qui est gênant.
Ce lamento permanent sur la presse laïque, c'est bien, mais cela n'a rien de nouveau.
Ce qui serait bien c'est un journal qui dénonce cette désinformation et la démontre. Ce que ne fait pas La Croix.
Et si on lançait une souscription ?

Qwyzyx


[De PP à Q. - Il ne s'agit pas de lamento mais de ré-information. Ce qu'ils ne disent pas, nous le disons. Avec les moyens qui sont les nôtres...]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Qwyzyx | 28/10/2007

FRANCO

> "L'Opus Dei a été fondé bien avant qu'il ne soit question de Franco" : oui si on veut parler du Franco antirépublicain ; mais quand l'Opus Dei prenait naissance (début des années 30), on parlait de Franco en tant que bras armé du gouvernement républicain, et massacrant sur son ordre les mineurs insurgés des Asturies ! (L'Opus Dei n'était pas plus franquiste à ce moment-là qu'après, d'ailleurs, si j'en crois les historiens et le livre de PP).

Écrit par : Zumalacarregui | 28/10/2007

> La mujer de Paco Franco
rumba la rumba la rumba la...

Écrit par : aycarmela | 28/10/2007

Sur ZENIT

Espagne : Béatifications de 498 martyrs

Un dossier historique étoffé

ROME, Jeudi 27 septembre 2007 (ZENIT.org) - Ce sont 498 martyrs assassinés pendant la Guerre d’Espagne qui seront béatifiés le 28 octobre.

La conférence des évêques espagnols présentera à Rome, à l'Institut pontifical augustin, le 5 octobre, un dossier historique sur le contexte de leur martyre.

Ce dossier s’intitule : « Le siècle des martyrs et la persécution religieuse en Espagne (1934-1939) ».
L’historien italien Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, et spécialiste des martyrs du XXe siècle, avec son livre « Le siècle des martyrs » interviendra lors de cette présentation, ainsi que Mgr Vicente Cárcel Orti, historien de l'Eglise d'Espagne, et le P. Juan Antonio Martínez Camino, jésuite, et secrétaire général de la conférence des évêques d’Espagne qui présentera le dossier biographique de ces 498 futurs bienheureux.

Rappelons que pour qu’un catholique soit déclaré martyr, il faut une enquête sur l’héroïcité de ses vertus et qu’il soit mort pour sa foi dans le Christ, et non pas pour des motifs politiques.

C’est en effet le cas des martyrs catholiques assassinés sous le couvert de la Guerre civile espagnole, pour le seul fait qu’ils étaient fidèles au Christ et non pour leur appartenance à un parti.

http://www.zenit.org:80/article-16267?l=french

Écrit par : Michel de Guibert | 28/10/2007

A PROPOS DE LA GUERRE D'ESPAGNE

Il se trouve que ma belle-famille est d'origine espagnole, et, des récits que j'ai entendus, je peux apporter un modeste écho permettant un peu de recul par rapport à tous les manichéismes qui s'expriment.

Deux épisodes :

Mon beau-père était dans l'armée républicaine, "chez les Rouges" donc...
Un jour, après un rude combat et la conquête d'un village "ennemi", ses hommes, très excités, avaient rassemblé toute la population, femmes, enfants et vieillards compris, et voulaient tous les tuer.
Il s'y opposa, pointa son arme sur le plus excité d'entre eux, lui disant qu'il ne pourrait pas tout seul les empêcher de le tuer et de massacrer ensuite les villageois, mais qu'avant cela il serait la première victime...
Cela calma les esprits... et sauva tous ces malheureux villageois réputés "fascistes".
A la fin de la guerre, il fut fait prisonnier et passa 10 ans de sa vie en prison, personne n'ayant voulu signer "l'aval" qui aurait permis de le libérer (une sorte de caution morale) ; le curé, sollicité, refusa en arguant qu'il ne savait pas ce qu'il avait fait pendant la guerre...

Un frère de ma belle-mère était lui aussi dans les rangs républicains, mais dénoncé comme "fasciste" par une lettre anonyme adressée à son supérieur, il dut passer dans les rangs adverses sur les conseils de ce supérieur qui l'estimait et ne pouvait plus garantir sa sécurité.
Il finit donc la guerre dans l'armée franquiste et fut ensuite sollicité pour être maire de son village, les phalangistes espérant de lui une épuration vigoureuse.
Mais lui, avec l'appui du gouverneur de la province qui n'était pas un "va-t-en guerre", ne l'entendait pas de cette oreille et, pensant que la guerre était finie et qu'on avait besoin de tous les bras, donna, au grand dam des extrémistes, "l'aval" pour tous les hommes du village, qui rentrèrent tous au village.
Les blessures se cicatrisèrent plus vite qu'ailleurs, et la vie reprit au village.

Il y a eu des salauds dans les deux camps et des justes dans les deux camps.

N'instrumentalisons pas les bienheureux martyrs !

MG

Écrit par : Michel de Guibert | 28/10/2007

BENNASSAR

> Grace à cette affaire j'ai commencé la lecture du livre de Bartolomé Bennassar "la guerre d'Espagne et ses lendemains".
Comment faire pour reconstruire mentalement et moralement une nation après une tragédie comme une guerre civile qui a vu la moitié d'un pays se dresser contre une autre, une moitiée être vaincue, les deux moitiés s'infliger des grandes souffrances qui ont frappé des personnes qui n'ont souvent rien demandé que de vivre tranquilement?

Écrit par : Thierry | 28/10/2007

Martyrs espagnols :
une béatification pour la « réconciliation »

Le ministre espagnol des affaires étrangères commente le message de vie des 498 bienheureux

ROME, Lundi 29 octobre 2007 (ZENIT.org) - Le ministre espagnol des affaires étrangères et de la coopération, Miguel Ángel Moratinos, a souligné samedi soir, lors d’un dîner à l’ambassade d’Espagne à Rome « le caractère noble » et « réconciliateur » de la béatification des martyrs espagnols du XXème siècle.

Le ministre a rappelé les paroles de Jean-Paul II « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon ». « Le pardon, quelle grande et noble expression, quelle grande manifestation de réconciliation ! » a-t-il affirmé.

Tout en expliquant que cette « béatification solennelle est le résultat de plusieurs années de préparation », il a souligné les trois raisons fondamentales de son importance.

« C’est la première fois que plusieurs causes ont été coordonnées par le Bureau pour les causes des saints de la conférence épiscopale espagnole », a-t-il expliqué. « Tous les diocèses espagnols participent à cette célébration et jamais autant de personnes n’avaient jusqu’à présent été béatifiées en une seule et même cérémonie ».

Le chef de la diplomatie espagnol, a rappelé les paroles de la Conférence épiscopale espagnole : il s’agit d’une célébration qui « ne va contre rien, et contre personne » et souligné l’importance d’un tel événement « non seulement pour la communauté des fidèles, mais pour la société espagnole dans son ensemble ».

http://www.zenit.org:80/article-16511?l=french

Écrit par : Michel de Guibert | 30/10/2007

> voilà un article bref qui donne l'essentiel des élements pour comprendre cet évenement qui a fait couler tant d'encre. Au milieu de cette avalanche de désinformation, merci de nous donner des repères.

Écrit par : emdsi | 02/11/2007

UN SOMMET ?

> Le sommet de la malhonnêteté intellectuelle dissimulant mal une vaticanophobie devenue chronique est atteint dans ce qui fut jadis le quotidien belge catholique : http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=379474

hildebrand


[ De PP à H. - J'ai lu pire ailleurs... Par exemple sur l'Opus Dei, la "Libre" fait allusion à sa persécution par la Phalange, ce qui est un effort d'objectivité louable si l'on se souvient de la façon fantasmatique dont la RTBF traite habituellement l'Opus. Pour le reste, l'article me paraît surtout conformiste. Y compris lorsqu'il s'agit de faire exister cette espèce mythologique : les "catholiques engagés dans le camp républicain" ! Evidemment il n'y en a pas d'exemple connu, puisque la persécution sanglante sévissait contre les catholiques en zone républicaine... La "Libre" cite donc - comme le veut le rituel - les seize prêtres basques ; mais c'est un mauvais exemple, dans la mesure où ceux-ci s'étaient engagés, non dans le camp "républicain", mais pour la cause nationale d'Euzkadi : ce qui n'était absolument pas la même chose. ]

Écrit par : hildebrand | 05/11/2007

Les commentaires sont fermés.