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26/10/2007

Le "Grenelle" va-t-il porter des fruits ?

0872e09f7c690eafbd2b9ccc26e041ce.jpgLe ferroutage (photo), premier engagement de Jean-Louis Borloo :


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Selon le ministre de l'Ecologie, "dans trois-quatre ans il n'y aura plus un camion sur les autoroutes sur les longues distances". Ce sera grâce au ferroutage : "On met directement le camion sur un train, on construit des trains spéciaux. Ce sera absolument obligatoire",  promet le ministre. En principe tout y gagnera :  le confort des conducteurs, la durée matérielle des camions, la vitesse d’acheminement du fret, la sécurité routière, et le paysage français (qui ne serait plus menacé de bétonnage autoroutier). Les seuls à y perdre seront les intérêts privés à qui l’Etat a vendu les péages ; ce qui risque de consterner Jacques Attali.

A condition bien entendu que le projet se réalise, et que le gouvernement trouve les 800 millions d’euros nécessaires à la construction des wagons de ferroutage.

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Commentaires

FERROUTAGE

> Excellente idée dont on parle depuis 25 ans! Pour cela, il faudrait réorganiser le transport ferroviaire et "casser" la cgt qui bloque ce secteur depuis des lustres (pour une fois je vais faire figure de capitaliste ultra-libéral). En dehors de la souplesse d'utilisation, une des raisons qui poussa les industriels vers le transport routier est la récurence des conflits sociaux qui paralysent la SNCF. Une entreprise peut faire faillite si elle n'est pas livrée à temps. Cela repose le problème du service minimum. Mais la solution écologique au transport routier passe par là.

Écrit par : vf | 26/10/2007

FERROUTAGE

> « Le Grenelle va-t-il porter des fruits ? Premier engagement de Jean-Louis Borloo » : dites-vous. Vous citez une mesure et ajoutez : « Tout y gagnera». Tout apparemment, sauf qu'on ne voit pas mentionnée la baisse de la température atmosphérique planétaire. Je croyais que c’était le combat prioritaire…
Quant aux 800 millions d'euros dépensés, j'imagine que c'est une bagatelle.
Bizarre tout de même.

Sophrone


[ De PP à S. - J'ai pris le cas du ferroutage parce que c'est l'exemple d'une réforme des transports dont le principe faisait jusqu'ici l'unanimité (si l'on ne veut pas transformer ce pays en autoroute). Cette unanimité va-t-elle se défaire à partir du moment où il est question de trouver le financement ? Je rappelle qu'il ne s'agit pas ici de payer pour rien, mais pour doter le pays d'un équipement nécessaire... ]


Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Sophrone | 26/10/2007

@ Sophrone

> Arrêtons de faire comme si toute action écologique convoyait l'obsession du réchauffement planétaire. Il y a des masses de problèmes (par exemple la pollution des nappes phréatiques) qui viennent directement de la suractivité productiviste, et n'ont rien à voir avec le réchauffement. Le délire autoroutier en fait partie. Il est en train d'asphyxier l'Italie et de détruire l'Autriche.

Écrit par : Girolamo | 26/10/2007

A Girolamo

Vous dites que la « suractivité productiviste » est à l’origine de la « pollution » des nappes phréatiques.
Vos propos auraient pu être plus précis et expliquer en quoi vous considérez qu’une telle « pollution » venant de la «suractivité productiviste » s’avère néfaste pour l’homme ou pour l’environnement.

Si vous faite allusion aux nitrates que l’on trouve dans les cours d’eau, vous serez sans doute étonné d’apprendre que, loin d’augmenter les phénomènes d’eutrophisation, ils contribuent à les diminuer.

Ce sont les phosphates, lesquels continuent à venir en bonne partie de nos lessives, qui sont responsables des phénomènes d’eutrophisation des rivières.

Écrit par : Sophrone | 27/10/2007

@ Sophrone

> Allez soutenir ça aux experts dont les rapports ont motivé la décision du tribunal administratif de Rennes.

Écrit par : Girolamo | 27/10/2007

A Girolamo

> C’est la pure vérité scientifique.
Voici deux références, parmi les quatre que je connais :
Barroin, G. (1999) Limnologie appliquée au traitement des lacs et des plans d’eau. Les études des Agences de l’Eau n°62, Paris, pp. 35-40.
Laegreid, M., Böckman, O.C. et Kaarstad, O. (1999) Agriculture, Fertilizers and the Environment. CAB International. Wallingford, UK, 294 pp.
Désolé de perturber vos certitudes.

Écrit par : Sophrone | 27/10/2007

ET LE BRUIT

> Le ferroutage a ses limites environnementales, surtout au niveau bruit.
J'habite à 300 mètres d'une voie de marchandise pourtant enterrée dans une tranchée, soi-disant peu active (quest ce que ce sera quand ils augmenteront la fréquence des convois?); le bruit de ferraille brinquebalante vaut largement le bruit de 10 poids lourds à la queue le leu. Le bruit...le parent pauvre des négoçiations du "Grenelle de l'environnement"...

Écrit par : tovara | 27/10/2007

FERROUTAGE

> Vous n'avez pas de chance, car vu le trafic en peau de chagrin de la sncf, il ne doit pas y avoir bcp de voies comme la votre.
Il me semble tout de même difficile de dire que l'impact en bruit en supérieur à la route. Un train, c'est le passage de plusieurs dizaine de camions, ne l'oublions pas.
Sinon, le vrai problème du ferroutage, c'est qu'il ne soit pas bloqué pas les grèves. Je suis à fond pour le ferroutage, mais ne le laissons pas détruire par un service qui ne serait pas bon.

Écrit par : Ludovic | 28/10/2007

@ Sophrone

> Pardon de vous contredire et je ne connais pas les deux sources dont vous parlez, mais je ne crois pas que vous posiez correctement le problème. Les nitrates ont un rôle indéniable dans l'eutrophisation. La nuance à apporter est qu'ils ne viennent pas seulement de l'agricole ; l'industriel y contribue massivement (du moins tant que l'ultralibéralisme n'aura pas délocalisé toutes nos activités industrielles). Par exemple cette info :
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"Au terme d'une étude de trois années dont les résultats viennent d'être publiés dans l'édition du 20 octobre de Environmental Science and Technology, le professeur en géologie et sciences planétaires Emily Elliott, de l'université de Pittsburgh, recommande de surveiller les accumulations de nitrates près des zones urbaines et des routes. Ces oxydes sont en effet susceptibles de nombreux méfaits pour l'environnement et la santé. Les nitrates se forment dans l'atmosphère à partir des gaz d'échappement des véhicules et des rejets des cheminées d'usine, puis retombent sous forme de pluies acides en contribuant à l'acidification des sols, au déclin de la forêt et à la dégradation des eaux côtières.
Afin de déterminer exactement les sources du nitrate atmosphérique, Elliott et ses collègues ont établi 33 sites de prélèvement d'échantillons d'eau de pluie et de neige à travers l'ouest des Etats-Unis, y compris la Pennsylvanie, sous l'égide du National Atmospheric Deposition Program (NADP), une coopérative regroupant des organismes gouvernementaux et privés qui analysent déjà la composition des précipitations dans plus de 250 sites aux Etats-Unis, Porto Rico et aux Iles Vierges à la recherche de produits chimiques tels l'azote, le soufre et le mercure.
Cette étude a permis de confirmer que la circulation routière est bien la source de pollution par oxydes d'azote la plus importante dans l'ouest américain. Mais en ce qui concerne les nitrates, les analyses isotopiques ont démontré que leur provenance était à rechercher dans les sources stationnaires, telles les usines et les centrales électriques, parfois localisées à des centaines de kilomètres. Ces installations rejettent leurs polluants très haut dans l'atmosphère, d'où ils peuvent parcourir de très longues distances avant de retomber, tandis que les rejets des véhicules à moteur sont libérés au ras du sol et sont plus probablement déposés à proximité des chaussées sans avoir atteint la haute atmosphère. Or, la majorité des sites de surveillance du réseau NADP ont à cette fin été installés en zone rurale, loin des centres urbains, industriels ou agricoles.

Selon Elliott, la quantité de nitrates retombant sur les villes où la circulation automobile est dense pourrait être beaucoup plus importante que ce que les expertises du NADP le laissaient suggérer jusqu'ici. Dans deux des sites étudiés, il est de plus vraisemblable qu'une quantité significative de ce nitrate atmosphérique réussisse à pénétrer dans les réseaux d'approvisionnement en eau potable.
Dans certains écosystèmes, une forte concentration en nitrates peut amener un phénomène d'eutrophisation, induit par la croissance incontrôlée d'algues grandes consommatrices d'oxygène avec raréfaction de cet élément amenant l'hypoxie. Celle-ci altère gravement les conditions de vie des créatures aquatiques et provoque l'apparition de "zones mortes", comme on en observe dans le Golfe du Mexique ou à l'embouchure du Mississippi.
L'étude qui vient d'aboutir permettra de mieux organiser le réseau d'observation en l'adaptant aux zones denses de population afin de mieux évaluer la contribution des sites urbains dans le cycle de pollution par les pluies acides.
Une prochaine étape visera à mieux identifier les différentes sources d'émission par étude des taux isotopiques de l'oxyde d'azote et de mesurer leurs variations au cours du temps. L'équipe sollicite aussi les industriels afin qu'ils lui fournissent des échantillons de rejets atmosphériques collectés directement à la sortie des cheminées d'usine."
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Désolé de perturber vos propres certitudes ! La science est un domaine sérieux où l'on ne doit pas s'aventurer à coups de dogmes, même pour défendre la très morale FNSEA et le très saint Argent, "valeurs traditionnelles" bien connues.

Écrit par : Ambroise Darras | 28/10/2007

@ Girolamo, @ Sophrone et @ Ambroise Darras

Je ne suis pas spécialiste, mais il me semble que les nitrates et les phoshates sont tous deux responsables des effets eutrophisants des cours d'eau, et il me paraît vain de les opposer !

Écrit par : Michel de Guibert | 28/10/2007

PHOSPHATES ET NITRATES

> Jusqu’à présent, avec Girolamo, nous discutions des nitrates des nappes phréatiques et des eaux superficielles et du rôle respectif des nitrates et des phosphates dans la genèse du phénomène d’eutrophisation des rivières, c’est-à-dire de la croissance excessive de phytoplancton dans les eaux douces stagnantes.

Avec le long texte transmis par Ambroise Darras, nous changeons de sujet.

Ce texte parle, en effet, principalement d’un phénomène bien connu des scientifiques, la fixation d’azote atmosphérique par combustion d’énergies fossiles. [La fixation d’azote atmosphérique est le processus qui fait passer l’azote de l’atmosphère, sous forme gazeuse, en une forme organique (ammonium et nitrates principalement), permettant son incorporation dans la biosphère.] La fixation d’azote atmosphérique par combustion d’énergie fossile, d’origine anthropique, est estimée à 22 millions de tonnes N par an.

Il existe une autre fixation d’azote atmosphérique d’origine anthropique, non mentionnée dans ce texte : c’est, bien sûr, la fixation d’azote atmosphérique par utilisation d’engrais. On l’estime à 80 millions de tonnes N par an.

Le texte transmis par Ambroise Darras pèche peut-être, si vous me le permettez, par deux omissions.

1 Il fait comme si n’existait pas une fixation d’azote atmosphérique toute naturelle, due à de puissants systèmes bactériens. Cette fixation d’azote atmosphérique, toute naturelle et qui a toujours existé, est estimée à 100 millions de tonnes N par an. On lui ajoutera la fixation d’azote atmosphérique due aux éclairs, que l’on évalue à 13 millions de tonnes N par an.

2 Surtout, ce texte oublie de dire que la fixation d’azote atmosphérique est de toute façon compensée, et contrebalancée, par le phénomène inverse, la dénitrification, qui est également d’origine microbienne et fait repasser l’azote de la biosphère et du sol vers l’atmosphère. L’azote revient à l’état gazeux.

C’est le « cycle de l’azote ».

Ainsi, si l’on met de l’azote (c’est-à-dire des nitrates) dans la rivière, cet azote est destiné à repartir vers l’atmosphère. Il en va tout différemment du phosphore. Si l’on met du phosphore dans la rivière, il est piégé en totalité. Il s’accumule dans les sédiments. On le retrouve au fond des rivières, au fond des lacs, au fond des embouchures, finalement au fond des océans.

Voilà une des raisons (il y en a d’autres) qui fait que l’eutrophisation des rivières, dont nous nous entretenions jusqu’à présent avec Girolamo, est due, non aux nitrates, mais aux phosphates, lesquels sont en concentrations sans cesse croissantes dans les sédiments. Cette responsabilité des phosphates, et non des nitrates, dans l’eutrophisation des rivières est d'ailleurs connue de tous les scientifiques depuis 1974 (Expérience classique de David Schindler sur le lac 227).

Le texte fourni par Ambroise Darras évoque, par ailleurs, les « nombreux méfaits » des nitrates pour la santé. Vous remarquerez qu’il ne précise pas en quoi ils consistent.

En fait, contrairement à l’idée commune, les nitrates de l’eau du robinet et ceux des légumes sont, les uns et les autres, strictement inoffensifs pour la santé humaine, quelle que soit leur concentration. Ils sont au contraire bénéfiques. Je suis prêt à m’entretenir davantage avec vous de ce sujet si vous le souhaitez.

Cordialement.

Écrit par : Sophrone | 29/10/2007

IRREALISTE ?

> D'après un ''responsable'' du fret à la SNCF, la limite du développement du ferroutage correspondrait à doubler la capacité actuelle (compte tenu de l'état des voies, de leur nombre, du trafic passager et des infrastructures de chargement). Projet qui générerait des grands travaux et des investissements importants. Ce qui reviendrait à transporter 5% des marchandises grandes distances, on est loin du 100% ferroutage, qui est totalement irréaliste.
De même pour le transport grâce aux fameux autoroute de la mer. Les Belges l'utilisent pour leur transport vers l'Espagne et malgré l'excellence de leurs infrastructures portuaires et le nombre important de bateaux utilisés, le volume annuel transporté (20000 camions) correspond à peine à une journée de trafic à la frontière franco-espagnole...

Écrit par : Louis | 29/10/2007

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