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11/10/2007

Le « succès » du PACS : « 93 % de couples hétérosexuels »

Et ça en dit long sur la pente générale : 


Infostat Justice (bulletin d’information de la Chancellerie) publie un bilan aux accents de victoire : le PACS est devenu « un mode de conjugalité à part entière », annonce-t-il. Tout en précisant que 93 % des couples pacsés sont « hétérosexuels ».  En 1999, le PACS était pourtant né (et dans quel tumulte) de la revendication homosexuelle : il s’agissait de faire un pas en direction du « mariage gay ». Huit ans après, force est de constater que les gays sont une infime minorité de la statistique d’ensemble.

En 2006, l’écrasante majorité des pacsés (77 000) ont été des  couples homme-femme. Pendant ce temps, le nombre des mariages a continué de reculer : 268 000 seulement.

Le PACS, contrairement au mariage, est résiliable sur simple décision de l’un des deux co-contractants. C’est donc une forme particulièrement fruste et friable de la vie à deux.

Les pacsés placent au dessus de tout la « liberté » de chacun : euphémisme pour désigner l’individualisme actuel, dont la dimension fondamentale est le narcissisme de consommateur.

La montée du PACS (assortie à la chute du mariage) va donc dans le sens général de la société matérialiste mercantile : liquidation de tout ce qui est engagement durable, foi jurée, responsabilité partagée, bien commun, projection dans l’avenir, etc, au profit de l’éphémère calculé et de la consommation immédiate. Comme disait le philosophe Bernard Stiegler * en mai dernier : la « destruction créatrice » qui caractérise le capitalisme (selon Schumpeter) « parvient à un  état limite, extrêmement dangereux pour la société. Le processus de liquidation des habitudes prémodernes s’est poursuivi  en processus d’élimination de tout ce qui fait obstacle à la consommation… On a souligné un paradoxe à propos de Mai 68 : on a pensé que le capitalisme était porté par la droite, qui défend les « valeurs traditionnelles », et c’est un mouvement de gauche, Mai 68, qui a voulu symboliquement détruire ces valeurs. Mais en réalité, ce qui a réellement organisé cette destruction des valeurs, c’est le capitalisme… »

D’où – notamment – la destruction du désir de mariage.  

Car l’univers des pulsions et du calcul hédoniste immédiat (qui est celui de la société consumériste) exclut l’univers du véritable désir : l’objet du désir « est toujours d’une singularité incomparable ; aimer quelqu’un ressortit à une pure qualité, irréductible à une quantification. C’est l’ordre de l’incalculable, de l’incomparable et de l’incommensurable. C’est vrai de l’objet amoureux mais aussi des objets sublimés du désir que sont les objets sociaux : la langue, la religion, la famille, la loi, les œuvres d’art, etc. Or la calculabilité généralisée appliquée à tous ces objets détruit la singularité et, par la même, le désir. Cela engendre la désaffection et altère le goût d’être ensemble. »

Le mariage va mal en France ; la langue, la religion, la loi, etc, ne se sentent pas très bien non plus. Je partage l’avis de Stiegler : la cause de ce processus, c’est le matérialisme mercantile.

J’ajoute qu'une des tâches des chrétiens est d’affronter ce système, solidairement avec tous les partisans d’une écologie humaine. (Stiegler, par exemple, s’il le veut bien !) *

 

 ___

(*)  directeur du département du développement culturel du Centre Pompidou.

(**) Pardon à  ceux qui trouvent que le capitalisme-casino est sympa, et que la religion devrait s’occuper seulement de la vertu des jeunes filles de bonne famille.

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Commentaires

A propos du pacs

> Si je comprends et calcule bien, le pacs représente donc 22% du total des unions reconnues en 2006.
7% de 22%, cela fait 0,3% d'unions homosexuelles reconnues. Peut-on encore dire que l'accès des couples homosexuels au mariage civil est un "problème de société" ?

Écrit par : Alain Bandelier | 12/10/2007

ECOLOGIE HUMAINE

> Merci pour cette analyse pertinente, je vois que le concept d'écologie humaine se développe.
Comment faire pour vous envoyer une pièce jointe ? Nous avions préparé un tract sur l'écologie humaine au moment des élections et je pensais vous le soumettre.
Cordialement.

Écrit par : françois Genuyt | 12/10/2007

@ Alain Bandelier

Vous avez dû faire une erreur dans vos calculs ; moi je trouve, sauf erreur de ma part, 1,56 % d'unions homosexuelles reconnues... mais cela ne change pas fondamentalement votre propos !

Et cela n'empêchera pas le lobby homosexuel, ultra-minoritaire parmi les personnes homosexuelles mais très agissant, de réclamer le "droit au mariage", puis le "droit à l'enfant"... nous sommes là aussi en plein consumérisme ("j'y ai droit") avec la revendication de "droits" non assortis des conditions normales d'exercice de ces droits et des devoirs correspondants !
Curieux désir mimétique, qui ne peut qu'être source de violence...

Écrit par : Michel de Guibert | 12/10/2007

"Mais en réalité, ce qui a réellement organisé cette destruction des valeurs, c’est le capitalisme… »

> Celui qui a réellement organisé cette destruction des valeurs, c'est surtout l'homme, lui, toujours le même!! Le capitalisme, comme la démocratie, ne sont pas des système vertueux en eux-même, tout depend des personnes qui y participent.
Les principes de liberté et de responsabilité du capitalisme ne sont pas mauvais à la base, aprés c'est l'usage qu'on en a fait...Abolir le système n'enlèvera pas le mal, qui est une partie de l'homme.

D'accord pour lutter contre les "structures du péché", pour "affronter ce système, solidairement avec tous les partisans d’une écologie humaine", mais même l'économie solidaire est encrée dans un système capitaliste, et c'est ce système qui régit toutes nos actions, comme aller acheter sa baguette chez le boulanger par exemple. Alors faut-il tout jetter à la poubelle? Peut-il y avoir un capitalisme raisonnable, qui ne soit pas de l'hyper-capitalisme que vous décrivez, ou faut-il tout changer??


as


[De PP à AS - Vous le dites : il existe des "structures" de péché ; les modifier en tant que structures fait partie de la tâche chrétienne.
Quand Stiegler dit que "le capitalisme" supprime tout ce qui freine la mobilisation de toute la nature humaine au service du profit financier, il parle du "capitalisme réel", comme on disait naguère "socialisme réel" à propos de l'URSS : c. à d. ce qui est effectivement réalisé, à notre époque et sous nos yeux.
On peut imaginer un capitalisme "idéal" (ce que font tous nos braves théoriciens néolibéraux depuis 1981), mais alors il faudrait le réaliser, et ce n'est pas encore fait !
PS - Le règne idéal de l'argent n'a jamais existé. Un historien vous dirait que la République de Venise, catholique et "capitaliste", a provoqué lointainement la chute de Constantinople en jouant contre le pouvoir impérial ; elle a même détourné une croisade pour abattre celui-ci... L'a-t-elle fait en tant que catholique ? non. Elle l'a fait pour l'argent et le pouvoir "mondial" (de l'époque).]

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Écrit par : as | 13/10/2007

FONCTIONNAIRES

> Il y a un chiffre que j'aimerai connaître : combien de pacsés sont de futurs fonctionnaires? En ce qui me concerne, les seuls pacsés que je connaisse (et il y en a pas mal) sont tous profs ou futurs profs, et se pacsent car cela leur permet de gagner les points nécessaires pour éviter d'aller enseigner aux cailleras de l'académie de Créteil !

Écrit par : Fab | 13/10/2007

> A fab: la totalité de mes jeunes collègues sont pacsés dans ce but. J'ajouterais qu'aucun n'a d'enfants pour l'instant.

Écrit par : vf | 13/10/2007

JEUNES PROFS

> Une précision, quand je parle de la totalité de mes jeunes collègues, je parle de ceux qui "s'engagent" de quelques façon que ce soit. Les autres vivent en "cohabitation juvénile" comme disent les sociologues. Et soyons bien clair, je ne parle que de jeunes profs. Ailleurs, j'en sais rien. D'ailleurs, c'est une stratégie idiote car des établissement "pourris", il y en a dans toutes les villes. Je connais certains collèges ou lycées de la région niçoise qui valent bien ceux du val-fourré ou des quatre-mille! De toute façon, jeunes ou pas, prof ou pas, la mode n'est plus à l'engagement et surtout pas à vie. On nous explique partout que l'on aura plusieurs vies (professionnelle, sentimentale,etc.) et la seule constante est le changement selon le patron de Daimler!

Écrit par : VF | 14/10/2007

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