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10/10/2007

Fadela, Fillon, les médias : rien que des querelles de mots

On ferait mieux d'étudier les dossiers,                 plutôt que de faire semblant de prendre au tragique un adjectif ou un substantif :


 

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La loi sur l’immigration « est décidément un sujet de polémiques », dit l’AFP. Elle ferait mieux de dire : « une querelles de mots ». Car les seules « polémiques » aujourd’hui sont des cris à propos de tel ou tel mot ; on ne veut jamais s’intéresser aux réalités qui sont derrière. Cette fois, le mot est l’adjectif « dégueulasse », prononcé par Fadela Amara pour qualifier l’amendement ADN. La fois d’avant, c’était le substantif « détail », prononcé par François Fillon sur le même sujet. « Détail » avait soulevé l’émoi de la presse, parce que Le Pen aussi avait dit « détail », autrefois, à propos de tout autre chose ; donc le « détail » fillonnien prenait, par contagion, la même valeur inacceptable que le « détail » lepénien.  Aujourd’hui Fadela Amara dit : « dégueulasse », et les députés s’en offusquent parce que c’est un gros mot et qu’on doit le respect aux élus du peuple. Comme si Fadela n’avait pas été cooptée au gouvernement en raison de sa personnalité, dont son vocabulaire fait partie ! 

Si l’on avait vraiment voulu discuter, on aurait analysé, non la grosseur de ses mots, mais le contenu de son idée. Celle-ci consiste à dire que les députés, avec leur amendement ADN, « instrumentalisent l’immigration ». Or ce grief est  inexact.   Ils  ne  « l’instrumentalisent »  pas. Ils essaient de la limiter, par tel ou tel moyen légal. On  peut  discuter  la  légitimité  morale et légale du moyen ADN (qui est plus que douteuse). On peut discuter du bien-fondé d’une limitation des flux migratoires. Mais on ne devrait pas continuer à dire  – comme on le fait depuis 1985 –  que traiter de l’immigration c’est « l’instrumentaliser » ; sauf si l’on veut interdire d’en traiter, mais ceci est une autre histoire.

Au sujet de l’amendement ADN : je partage le point de vue de la conférence épiscopale*. Et le Conseil constitutionnel estimera sans doute qu’on ne peut  appliquer aux étrangers un procédé qu'on ne se permet pas envers les citoyens.

 

_____

(*) Mais le texte de l’évêque de Saint-Denis pose plusieurs problèmes d’interprétation.

 

 

 

 

Commentaires

CONTRAIRE A NOS TRADITIONS

> Le test ADN, ce nouveau gadget pour limiter les flux migratoires, pose des problèmes graves relatifs au droit de la filiation immédiatement perceptibles :
- La paternité est exclue d'emblée des préoccupations du législateur.
- L'adoption est exclue d'emblée également.

C'est le retour en force du "droit du sang" préféré au "droit du sol".
C'est la filiation biologique avec la mère devenue le seul et unique critère du regroupement familial.
Ce sont tous les autres liens familiaux niés et bafoués.

C'est donc une mesure contraire à toutes nos traditions...

Écrit par : Michel de Guibert | 10/10/2007

PAS LE RAPPORT

> Je ne vois pas le rapport entre les tests adn qui concernent le regroupement familial et la notion de "droit du sang" ou de "droit du sol" qui concernent, elle, la nationalité. De plus, jusqu'à la IIe république qui aborde timidement le sujet, la règle était celle du doit du sang. Les naturalisations étaient un privilège royal sous l'ancien régime et difficile et chères à obtenir après le premier empire. C'est la IIIe république qui augmenta le nombre de naturalisations, surtout dans les colonies et dans la perspective de la guerre contre l'Allemagne avant 1914. Alors, sans vous offenser, cher M de guibert, laissez de côté cette argument redondant et qui ne veux rien dire de nos médias :"c'est contraire à toutes nos traditions". quelles traditions? Il faut remonter jusqu'à quand pour que quelque chose devienne traditionnel?
Plus sérieusement, dans une démocratie, si c'est le peuple qui fait la loi, ne peut-il faire ce qu'il veut, sans soucis pour le passé ou un quelconque héritage? Ceci dit, je ne vois pas l'intéret de ces tests qui laissent passer la polygamie, par exemple, et éliminent l'adopté! Pour moi, c'est un gadget médiatique qui permet de relancer la bonne vieille machine médiatique antiraciste et d'évacuer le débat nécessaire sur l'immigration.

Écrit par : VF | 10/10/2007

IMMIGRATION

> Regarder l'immigration par le prisme infinimement petit de l'Adn permet d'éviter de l'aborder sous l'angle de ses cuases infiniement plus grandes et évidentes que sont la misère, la mort et la guerre.

Un peu moins de guerre en Afrique (ou ailleurs dans le tiers monde) ferait un peu moins d'immigrés en France. Encore faudrait-il que les prinicpaux marchands d'armes consentent à réduire leurs apétits commerciaux mortifères.

Les cinq membres permanents de l'ONU sont les cinq plus grands marchands d'armes de la planète. Le fait qu'ils siègent ensemble au conseil de sécurité devrait, depuis soixante ans, les aider à trouver une solution plus constructive. Ils n'ont pas du y penser.

Pourquoi tant d'AD Haine ?

Écrit par : Qwyzyx | 10/10/2007

@ vf

Le rapport est clair pourtant : l'ADN est prélevé dans les cellules du sang...
Certes, il s'agit pour le débat actuel de l'obtention de papiers de séjour et non de l'obtention de la nationalité française.
Mais l'esprit est le même : fonder un droit sur une empreinte biologique.
Et je repose mes questions :
- quid du père puisqu'on semble ne se préoccuper que de la filiation biologique entre la mère et l'enfant ?
- quid des enfants adoptés qui n'auront pas l'ADN de leur mère ?

Écrit par : Michel de Guibert | 10/10/2007

INCOHERENCE POLITIQUE

> Extrait de l'homélie de Mgr André Vingt-Trois lors de la messe de rentrée des responsables politiques le 9 octobre 2007 en la basilique Ste Clotilde :

"Avec la vérification génétique, le récent débat dont s’est honoré notre parlement a permis de mettre en évidence les paradoxes d’une société qui est comme égarée dans ses repères éthiques. D’un côté, on s’emploie à attribuer le titre de famille à des unions de personnes qui n’ont plus aucun lien biologique et on dépense beaucoup d’énergie pour se convaincre que la filiation choisie est la plus conforme à la paix des ménages. D’un autre côté, on donne l’impression que l’ultime critère pour décider de la filiation serait le critère biologique, et on imagine appliquer ce critère à des sociétés dans lesquelles la conception de la famille s’étend bien au-delà des simples relations parents-enfants au sens strict. Souvent des enfants abandonnés ou orphelins y sont recueillis par la famille au sens large et élevés par ses membres comme leurs propres enfants.
Pour nos pays développés, la famille se définirait par des choix qui doivent de moins en moins à la relation personnelle, à l’union physique et à la transmission biologique. On entend même régulièrement plaider pour la reproduction affranchie d’un réel engagement personnel, voire même pour une reproduction sélective sur des critères génétiques. Mais pour des ressortissants d’autres pays, le lien familial et la reconnaissance du droit au regroupement familial seraient attestés par l’ascendance biologique. Sommes-nous en train de définir une double morale, une morale stricte pour les pauvres et une morale accommodante pour les riches ? Qu’en sera-t-il des Droits de l’Homme dont on se glorifie de faire tant de cas s’ils ne désignent plus les mêmes réalités ?"

http://catholique-paris.cef.fr/spip.php?article3934

Écrit par : Michel de Guibert | 11/10/2007

FUMEE

> A M de Guibert: renseignements pris, il semblerait que l'adn serait prélevée dans la salive ou dans la bouche. Alors quid du sang? Sérieusement, je ne comprend pas ce débat sur ce point. Il y a encore quelques années, on prélevait bien nos empreintes digitales qui étaient présentes sur les cartes d'identité. Ces empreintes sont uniques et biologiques elles aussi, non? S'il s'agissait de classer les individus et des les accepter en fonction de leur qualité génétique ou leur absence de défaut , alors il y aurait de quoi crier au scandale. Quand des sociétés privées d'assurance commencent à parler de prélèvement génétiques, alors là, il y a de quoi s'inqiéter (et personne ne le fait). Il reste que je suis d'accord avec vos questions. A propos du père, j'ai entendu à la radio que c'est une variante du sénat qui ne veut pas prendre le risque(sic) de faire éclater des familles en révélant des infidélités cachée de la mère! Mais, il est vrai qu'on ne peut avoir un système de droit à deux vitesses. Je reste persuadé que cette histoire est un nuage de fumée qui sert à évacuer le vrai débat.

Écrit par : vf | 11/10/2007

A vf

> Autant pour moi, si l'ADN est prélevé dans des cellules de la salive, mais cela revient strictement au même sur le fond de notre débat.
Quand on parle de "droit du sang", il s'agit bien de la filiation génétique (et non du "liquide sanguin" stricto sensu !).
Il en est de même ici.
Les empreintes digitales n'ont rien à voir ; elles sont strictement personnelles et ne révèlent rien de la filiation.
En revanche, la recherche de l'ADN vise bien à établir la filiation sur des critères génétiques.
Du reste, vous me rejoignez sur les deux questions que je posais : le gommage a priori du père et la seule filiation biologique excluant les enfants adoptés ou recueillis.
Fonder le droit au regroupement familial sur des critères purement biologiques est une grave erreur et une grande injustice.

Écrit par : Michel de Guibert | 11/10/2007

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