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02/10/2007

Visite du patriarche de Moscou – Les médias cherchent à mettre le diocèse de Paris en position fausse par rapport à Benoît XVI


Dans la série quand le climat est bon, faisons croire qu’il est mauvais, mon confrère Henri Tincq publie (Le Monde daté du 2 octobre) un entretien avec le patriarche de Moscou Alexis II en visite en France. Titre de l’entretien : « Alexis II de Moscou : "Trop d’obstacles pour une rencontre avec Benoît XVI" ».  Mais ce n’est pas exactement ce que le patriarche Alexis dit dans l’entretien. Comme souvent dans la presse parisienne, le titre déforme le contenu de l’article, et ce contenu lui-même fabrique de fausses perspectives.

- Lue dans son contexte, la phrase du patriarche n’est pas le cri d’hostilité auquel le titre veut faire croire. Il indique simplement, avec réalisme, qu’une rencontre « pour les caméras » n’aurait pas de sens tant qu’existent certains obstacles. (C’est justement aux  « rencontres pour les caméras » que nos médias sont attachés !).

- Les « obstacles » (dont l’intervieweur amène Alexis II à parler)  sont connus de longue date et n’ont rien à voir avec la visite du patriarche en France. Il s’agit du vieux problème des uniates ukrainiens, et du problème, plus récent, des activités missionnaires catholiques en Russie depuis la fin de l’URSS. Problèmes complexes, difficiles, qui se résorberont avec la lenteur  propre aux Eglises. (Les journalistes ne comprennent pas ça. Zappant le spirituel, ils s’interdisent de comprendre les faits religieux).

-  Tincq a donc amené Alexis II à parler de problèmes archi-rebattus et à redire une fois de plus ce que tout le monde sait depuis longtemps : le patriarche rencontrera le chef de l’Eglise catholique lorsqu’il y aura une possibilité de contourner les obstacles. Cette possibilité ne s’est pas encore fait jour. Cela n’empêche pas le chef de l’Eglise russe de venir à Notre-Dame de Paris vénérer mercredi les reliques de la Passion. En fabriquant un incident, l’interview cherche-t-elle à troubler l’atmosphère ? Tincq va-t-il surenchérir et présenter cette cérémonie (de véritable œcuménisme) comme l’expression d’une discorde ? Le chroniqueur religieux  battrait ainsi son propre record*. On verra ça dans quarante-huit heures. Je vous raconterai ce qui se sera passé à Notre-Dame et à la réception de la Conciergerie.

 

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(*) Record établi en 1996, lors de la visite de Jean-Paul II à Reims. L’article du Monde avait précédé l’événement en créant autour de lui un mauvais climat, afin de mettre les évêques français en porte-à-faux par rapport au pape. Même topo ici : en laissant croire que Mgr Vingt-Trois reçoit un adversaire du pape, on croit mettre l’archevêque de Paris en position fausse vis-à-vis du Vatican.  Mais le patriarche Alexis n’est pas un « adversaire du pape », et le Vatican ratzingérien connaît trop bien la France pour se soucier de ce que peuvent dire ses journaux.

 

 

Commentaires

AU CONTRAIRE

> Au contraire de ce que dit Henri Tincq, la visite du patriarche Alexis II à Paris est plutôt à considérer comme une nouvelle étape sur le chemin d'une rencontre avec le pape Benoît XVI (déjà préparée par les rencontres du cardinal Etchegaray avec le patriarche Alexis II et celle du métropolite Cyrille de Smolensk avec le Pape Benoît XVI).
C'est surtout, outre la question "uniate", l'érection en diocèses des administrations apostoliques en Russie par Jean-Paul II qui avait été très mal perçue par l'Eglise orthodoxe russe.
Contrairement à ce que pense Henri Tincq, le climat s'est au contraire considérablement réchauffé entre l'Eglise orthodoxe russe et la Papauté depuis l'élection de Benoît XVI, qui a fait de l'unité des chrétiens une de ses priorités et qui a l'avantage aux yeux des orthodoxes russes de n'être pas polonais !

Écrit par : Michel de Guibert | 02/10/2007

PRECISIONS

> Ajoutons que le patriarche Alexis II, originaire de Talinn, capitale de l'Estonie (alors indépendante), a lui-même des origines allemandes (son patronyme est Ridiger). Et ajoutons aussi que les difficultés du patriarcat de Moscou sont aussi avec le patriarcat de Constantinople, notamment pour ce qui concerne l'émigration russe en France ou encore l'Eglise orthodoxe d'Estonie...

Écrit par : Michel de Guibert | 02/10/2007

TINCQ

> Henri Tincq, à qui l'on devrait décidément laisser par charité la rubrique Gadget dans Pif Magazine, se ridiculise une nouvelle foi en montrant son ignorance des Eglises d'Orient. il qualifie ainsi l'uniatisme de "tentative" de récupération des orthodoxes par Rome ; et parle de rite "orthodoxe" pour désigner les liturgies gréco-catholiques...

Écrit par : JG | 02/10/2007

TINCQ ENCORE

... oui, et comme vous le soulignez Henri Tincq privilégie dans son entretien les points de discorde -qui existent certes- mais n'aborde pas les points de convergence. Pas un mot par exemple sur le Séminaire orthodoxe russe Saint Basile ouvert à Paris avec le soutien des dominicains et du Centre Istina. C'est pourtant une belle réussite et une expérience concrète de coopération fructueuse entre catholiques et orthodoxes.

Écrit par : Michel de Guibert | 02/10/2007

TITRAILLE

> Le problème est que dans les journaux, la titraille est souvent retaillée par le secrétaire de rédaction... et non par l'auteur de l'article. D'où le décalage titre/contenu.
L'ITW est intéressante (les réponses...)
"(...) Une grande sagesse est donc nécessaire pour ne pas blesser les jeunes pousses qui surgissent. D'un regard extérieur, cette prudence peut ressembler à un conservatisme excessif. Mais, de l'intérieur, on voit que la vie de notre Eglise est très active et que ses structures et sa pensée évoluent de façon dynamique" explique Alexis II à la fin de l'interview.
Ne pourrions pas transposer cela à la la foi catholique contemporaine?
En gros: à trop rester "à l'extérieur" (à la surface) comme le font beaucoup de médias, on se condamne à ne rien comprendre à l'Eglise, son message, sa mission, son fonctionnement...

Lennob


[Dans le cas qui nous occupe, on peut induire(sachant p. ex. le rôle que HT avait tenté de jouer en 1996 avant discours de JP II à Reims) que le titre reflète l'intention de l'article, quitte à distordre un peu le contenu. C'est classique.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Lennob | 02/10/2007

Les Martyrs.

> Si des difficultés demeurent, il faut bien constater une nouvelle dynamique dans les relations oecuméniques avec l'orthodoxie Russe. Sa foi et la piété en dépit de tout ce qui a pu se passer de moins glorieux, a réussi à survivre à un totalitarisme abominable.
En relisant, il y a quelques jours le livre d'Andréa Riccardi : Ils sont morts pour leur foi Plon/Mame 2002 , je me suis arrêté sur le nombre effarant de 105.000 prêtres orthodoxes fusillés en 1937-1938 (p. 32). Leur sang versé et celui de tous les autres crie bien plus fort vers le Ciel à l'unité, qu'un article du Monde de M. Tincq.

Écrit par : Dominique | 02/10/2007

Les commentaires sont fermés.