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19/09/2007

Ratisbonne, un an après : les effets positifs font éclosion

La conférence de Benoît XVI à Ratisbonne (septembre 2006) ayant rouvert la porte de la réflexion, les relations islamo-chrétiennes se clarifient :


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1. Une meilleure connaissance mutuelle

 

 

- La Croix (11 septembre) : « La violence des réactions dans les pays musulmans, à la suite du discours de Ratisbonne il y a un an, a mis en lumière la nécessité d’aider ces populations à mieux connaître le gouvernement de l’Eglise catholique. »  Par exemple : en mai dernier a eu lieu à Rome, sous l’égide de la fondation Grégorienne, un séminaire de trois semaines au cours duquel vingt diplomates du Maghreb et du Proche-Orient ont pu découvrir les aspects culturels, religieux, institutionnels de la présence internationale du Saint-Siège. (La journaliste de La Croix raconte même ceci : « Devant une crucifixion accrochée dans la galerie de peinture privée du prince Colonna, à Rome, un diplomate d’un pays du Golfe reste un moment pensif. Puis il attire du bras le P. Franco Imoda, jésuite qui se trouve à ses côtés, et lui pose cette question abrupte : "Au fait, pourquoi Jésus a-t-il été crucifié ?" »). Une diplomate turque s’est déclarée « impressionnée par le haut niveau intellectuel du clergé catholique ». Un Maghrébin, « frappé par le degré de connaissance, par le Saint-Siège, des différentes régions du monde ». L’opération se renouvellera en 2008.

 

De son côté, le mouvement Communion et Libération prend  en charge des traductions de livres de théologiens et penseurs catholiques en arabe, pour les diffuser dans le monde musulman.

 

 

 

2.  sans voiler les problèmes de fond

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...notamment sur le plan théologique (primordial pour les religions, quoi qu’en pensent les journalistes !)

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- Aux éditions du Cerf vient de paraître un ouvrage remarquable dont nous reparlerons ici plus en détail : L’action psychologique dans le Coran, par  deux universitaires toulousains : Marie-Thérèse Urvoy (professeur d’islamologie, d’histoire médiévale arabe et d’arabe classique) et Dominique Urvoy (professeur de pensée et de civilisation arabes).  Ce livre renouvelle radicalement l’approche du texte coranique, par la mise en lumière des mécanismes mentaux sous-jacents à ce texte, et des procédés littéraires destinés à provoquer chez le croyant – de façon parfois subliminale – un  « effet de certitude » monolithique.  Sous cet angle, le contraste avec les textes vétéro- et néotestamentaires saute aux yeux.*  De même à propos de la prévalence du politique dans la démarche musulmane : attitude qui n’a d’équivalent catholique que dans des franges ultra-minoritaires, de gauche ou de droite, en contradiction avec la pensée de l’Eglise.

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-  Rappelons aussi, dans le livre Pourquoi évangéliser ? (éditions de l’Emmanuel), le très intéressant chapitre  D’où vient l’islam ?,  par le P. Edouard-Marie Gallez, qui  détruit des poncifs  en vigueur depuis trente ans dans  des milieux catholiques français. Selon le P. Gallez, certains traits structurels de l’islam (y compris la coupure du monde en deux et la promesse de pouvoir temporel) viennent d’une déviance postchrétienne antique. « Le dialogue avec les musulmans a quelque chose d’unique et de fondamental : ils sont les héritiers d’une tradition apparue après l’évangélisation, et qui est une contrefaçon intégrale mais interne de cette évangélisation ».  Ca ne change pas le devoir (pour les chrétiens d’aujourd’hui) d’être ouverts et bienveillants,  mais ça les vaccine contre la naïveté.

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- Le buzz dans Paris annonce pour le début 2008 un livre d'un responsable de l'Eglise de France en matière de relations avec l'islam : sur le problème de fond qui sépare la foi chrétienne et la foi musulmane.

 

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(*) Idem à propos du texte du Coran définitif, dans l’établissement duquel l’autorité politique eut un rôle déterminant : phénomène absent de l’établissement du canon scripturaire chrétien (quoi qu’en pensent Dan Brown et Jacques Duquesne).

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Commentaires

LES MUTAZILITES

> Les mutazilites, aux VIIIème et IXème sècles, avaient contesté la notion de "Coran incréé descendu du ciel dans une pure langue arabe", pensant que cela portait atteinte à l'Unicité de Dieu, et, voyant les nombreuses contradictions internes des sourates du Livre sacré, avaient voulu donner une large place à la raison et ouvrir la voie d'une juste interprétation et d'une lecture rationnelle du Coran (cf. Roger Arnaldez).

Ils ne faisaient là que dire, mutatis mutandis, ce que Benoît XVI a dit à Ratisbonne !

Persécuteurs eux-mêmes au temps des abbassides, ils ont été à leur tour persécutés et leur école de pensée réduite au silence.

Il est grand temps que les penseurs musulmans (quelques-uns le font en Occident surtout) rouvrent la voie de l'interprétation à la lumière de la raison et d'une exégèse historico-critique du Coran...

Écrit par : Michel de Guibert | 19/09/2007

LIVRES

- Merci d'avoir attiré notre attention sur le livre des époux Urvoy, qui est sans doute d'un grand intérêt du fait de leurs diverses compétences universitaires.

Il faut juste faire attention -comme toujours- à ne pas croire qu'une étude sur le Coran -ce que semble être ce livre- n'est pas une étude sur ce phénomène protéiforme qu'est l'Islam.

Pour reprendre le mot de Mgr Philippe Brizard, "on ne dialogue pas avec l’islam mais avec des personnes qui confessent qu’elles sont musulmanes" ...Et bien des musulmans vivent sans jamais avoir ouvert le Coran.

- Le point de vue du père Gallez -je renvoie à sa thèse, "Le Messie et son prophète"- est, lui, plus litigieux ; il est toujours séduisant de se poser en "briseur de poncifs", mais c'est une séduction dangereuse du fait des excès qu'elle fait naître.

Cette thèse est positive en ce qu'elle nous invite à réaliser que la question des origines de l'islam est loin d'être fermée -quoiqu'en dise un discours islamique lissé qui va jusqu'à nier ses propres sources- mais il faut rester très prudent face aux "réponses" qu'elle dit apporter.

Retenons juste que l'histoire islamique est un colosse au pieds d'argiles ?

- Pour rester dans le registre des lectures, permettez-moi d'attirer l'attention sur un autre ouvrage : "Les Fondations de l'Islam", Alfred-Louis de Prémare, ed. Seuil, 2002

Écrit par : Ren' | 20/09/2007

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