Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/09/2007

Trop d’ « identité » tue l’évangélisation

...si l'identité  (détournée de son sens chrétien) devient un égocentrisme :


 

Observation d'un intervenant au colloque de Rome en 2006 :  

 

<< Comment pouvons-nous réussir à introduire l’Evangile auprès de nos concitoyens si nous ne sommes pas en contact avec eux ? Comment pouvons-nous évangéliser si nous ne sommes pas en contact avec ceux qui ne partagent pas notre foi ? Comment pouvons-nous rechercher des modes adaptés de diffusion du message évangélique intégral, si nous n’allons pas à la rencontre de ceux qui ne partagent pas notre foi et si nous n’avons pas tissé des liens d’amitié avec eux ?  Pour les chrétiens, cette décision d’aller à la rencontre des personnes est primordiale dans l’évangé-lisation du monde. Ainsi j’ai rencontré de nombreux jeunes du monde non-chrétien qui ont perçu comme une blessure que leurs amis les délaissent à cause de leur engagement chrétien.

Souvent dans un monde qui peut être considéré comme hostile, nous pouvons percevoir chez certains chrétiens comme un repli identitaire* avec un langage codé que seuls leurs semblables peuvent comprendre. Certains sociologues caractérisent cela comme un comportement de tribu avec son propre code d’expression hermétique pour les gens du dehors. Pourtant, Jean-Paul II n’a cessé de mettre en garde les chrétiens face à ce repli possible : "Toute croissance de la vie spirituelle doit s’accompagner d’un désir plus grand d’aller à la rencontre notamment de ceux qui sont loin de  l’Eglise",  a-t-il  dit  lors  des  JMJ  de Paris. Le désir des chrétiens d’aller à la rencontre de ceux qui ne partagent pas notre foi me paraît aujourd’hui essentiel. Il ne s’agit pas seulement de les évangéliser mais de tisser une relation avec eux.  En effet, la relation durable  - relation d’amitié quand elle est donnée -   est vraisemblablement le lieu privilégié de l’évangélisation… >>**

 

 

Comme l’écrivait Jacques Maritain en 1961 (Le paysan de la Garonne, DDB, p. 11) :

« On aime les non-chrétiens en tant qu’ils sont membres du Christ, au moins en puissance. On les aime en tant que personnes humaines membres, au moins en puissance, de cette Vérité incarnée qu’ils ne connaissent pas. Bref on les aime d’abord dans leur propre mystère insondable, selon ce qu’ils sont, et comme des hommes à l’égard desquels le premier devoir de charité est de les aimer. »

 

_____

(*)  Auquel cas « l’identité » cesse d’être chrétienne, même si elle se pare de ce qualificatif. C’est ce que Mauriac appelait férocement « limitation de Jésus-Christ ». Mais à l’inverse, n’oublions pas qu’en 2007 il y a des postchrétiens pour demander la suppression des dogmes de la foi sous prétexte  de pouvoir mieux « aller vers les non-chrétiens » : ce qui est une imposture.

(**)  Extrait du livre Pourquoi évangéliser ? (éd. de l’Emmanuel, 2007).

 

 

 

 

Commentaires

IDENTITE

> C'est très très vrai ça, j'en partage complètement le sens, mais notre homme ne dit pas tout.
Le problème est la différence, souvent de plus en plus importante, qui peut exister entre le chrétien et le non chrétien...
Premier problème, le contact devient blessant, j'en sais quelque chose, tous les jours je suis contraint de prendre sur moi pour déjeuner avec des collègues...qui me blessent en fait, c'est tous les jours, tu vois....problème du témoignage, du discernement de ce que je peux dire, contredire, avec le risque du jugement massif, avec le contexte de nécessité (garder son travail, garder un travail vivable, etc.)
Pas grand monde en parle dans l' Eglise, prends l'exemple de Famille Chértienne, ils n' ont jamais consacré un dossier à ce problème du témoignage en milieu professionnel...je le vis tous les jours, ça me pèse...
Deuxième problème: les moins formés, les plus faibles. Par exemple le risque d' influence sur les enfants...que faire vis à vis du choix de l' école, avec son enjeu énorme en terme d' influence, d' instruction de qualité ou non, d'éducation...ou ceux qui ne sont pas formés, qui ne savent pas quoi répondre ou qui n' ont pas la matière humaine pour prendre une parole en public, qui subissent tout...c'est en fait très fréquent dans nos jeunes de paroisse...l' école catho ne nous aide pas beaucoup les parents, elle a horreur de toute formation chrétienne solide, de l'apologétique, etc....
Donc là aussi prudence avant de donner des leçons...comment font ceux qui se sont courageusement installés en banlieue pour leurs enfants qui grandissent, ils rencontrent un sacré problème...
Bref je propose d'arrêter de dénoncer le repli identitaire et à la place de travailler à ce que l' Eglise donne les moyens réels à ses fidèles d'affronter le rapport aux non-chrétien, avec une priorité à l'école catholique et à la formation des jeunes.

Vicenzo



[De PP à V. - N'oposons pas ce qui va ensemble ! L'évangélisation et la critique du repli sont une seule et même chose, inséparablement, recto-verso.
Le repli identitaire est une vraie tentation et une véritable erreur, massive, monumentale : confondre la mouvance de l'Eglise avec "l'identité" d'un groupe, voire d'un parti.
"Identité" est une notion subjective, qui n'intéresse que nous. La foule immense des indifférents se moque intégralement de notre "identité".
Ce dont elle ne se moque pas, en revanche, c'est du sens de l'existence. Ce que les chrétiens ont à vivre et à dire dans ce domaine, ils doivent être en mesure de le partager ! donc de se faire comprendre ! donc d'être de plain-pied avec la foule immense en question.
Ce qui veut dire : a) être solidaire des autres et de leurs problèmes ; b) ne pas être nombrilistes. On n'a jamais vu d'apôtre nombriliste. Or l'obsession de "l'identité" est : a) un nombrilisme, b) la version "catho" du communautarisme : aux frontières donc du relativisme, puisque "toutes les communautés..." etc, etc.
Sortons de cette impasse.
Mais pour autant, étudions notre religion. Et marchons avec le magistère vivant de l'Eglise. Sinon de quoi témoignerions-nous ?]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Vicenzo | 17/09/2007

DIFFICILE

> C'est vrai qu'on entend souvent les personnes qui travaillent en entreprise ou dans les administrations dirent que la cantine devient un lieu difficile car les allusions à la foi catholique et à l'Eglise y sont fréquentes et malveillantes. Il est très difficile de s'opposer, de redresser les informations en permanence.

Écrit par : B.H. | 17/09/2007

50 %, VRAIMENT ?

> J'ai lu dans un article de la dernière livraison de "Famille chrétienne" que, un an après leur baptême, 50 % des catéchumènes avaient quitté l'Eglise, ce chiffre s'élevant à 95 % au bout de cinq ans. Je trouve cela terrifiant ! Comment l'expliquer ? Le "communautarisme catho", qui tendrait à exclure celui qui n'a pas grandi au milieu des encensoirs, ne constituerait-il pas un facteur (parmi d'autres ) d'explication ?

Feld

[De PP à F. - J'ai lu aussi cet article. Ces chiffres sont avancés par Marc de Leyritz, qui est le responsable d'Alpha France. Je ne sais d'où il les tient, ni de quel type de paroisses il s'agit, ni ce qu'il veut dire quand il dit "quitter l'Eglise" : s'agit-il d'une apostasie du christianisme, ou simplement de l'abandon de la pratique régulière (par lassitude devant trop de célébrations gnangnan et de gens froids) ? En tout cas, une chose est certaine : l'atonie de la vie de beaucoup de communautés paroissiales, par contraste avec la vivacité d'autres groupes sociaux, est un contre-témoignage. D'où vient cette atonie, là où elle existe ? Là encore, ne hasardons pas d'explication, faute de savoir de quelles paroisses on parle... Peut-être s'agit-il, tout simplement, de l'état de "fatigue spirituelle" où végète actuellement le christianisme européen. Comment l'en faire sortir ? C'est tout le combat de Benoît XVI. Et sûrement aussi celui de Leyritz, qui devrait tout de même manier les chiffres avec circonspection ; car je doute que l'Esprit Saint échoue dans 95 % des cas. Et la présence de l'Esprit n'est pas chiffrable).]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Feld | 17/09/2007

@ feld

Il y a hélas du vrai dans ce que vous dites...

Les gens qui ont "pignon sur sacristie" et qui n'ont à la bouche que les "chrétiens du seuil" sont parfois les premiers à les exclure lorsqu'ils ne s'alignent pas sur leurs positions, mélangeant allègrement la foi chrétienne avec les postures des années 70 au nom de "l'esprit du Concile".

Écrit par : Michel de Guibert | 17/09/2007

> Ah, vous y venez enfin !

ffffff


[De PP à fffff - Puis-je me permettre de vous suggérer de lire les archives de ce blog ? Mieux vaut s'informer avant de juger, ou de pré-juger. Depuis le début nous soulevons ce problème de la tentation "identitaire".]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : f | 18/09/2007

MARITAIN

> ne serait il pas temps de redécouvrir Maritain et de mettre en application dans la vie des églises locales ? n'est ce pas étonnant qu'une telle pensée soit oubliée aujourd'hui ?

Écrit par : jedeons | 29/09/2007

Les commentaires sont fermés.