14/09/2007
Le Motu proprio sur la messe entre en application
dans le plus grand calme, comme on pouvait le prévoir :
< Paris : St-Germain-l'Auxerrois
m
Le Motu proprio sur le rite de la messe de 1962 (devenu « rite extraordinaire ») entre en vigueur ce mois-ci : dans la discrétion, comme prévu, puisqu’il s’agit simplement de donner une visibilité à un rite qui n’avait jamais été « interdit » (contrairement à ce que racontait la presse). Pourquoi cette visibilité ? Pour coopérer à la naissance d’un nouveau mouvement liturgique, qui équilibrera le rite ordinaire dans une compréhension approfondie de ce qu’a voulu Vatican II. Et ce n’est pas pour demain !
France Info n’avait donc pas raison, ce matin, en claironnant comme une grande nouvelle que l’entrée en vigueur du Motu proprio n’enfièvre pas les populations catholiques. C’était prévu. Et les enfiévrer n’était pas le but.
Les catholiques attachés au rite de 1962 se gardent eux aussi de toute fièvre. Ils ont lu la lettre de Benoît XVI. Ils savent que l’application du Motu proprio est liée à l’adhésion pleine et entière des fidèles au magistère de l’Eglise : et notamment au concile Vatican II dans son intégralité.*
L’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, a demandé au curé de la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois d’assurer désormais une messe selon le rite de 1962. Les fidèles « tridentins » peuvent être heureux de cette décision : c’est l’une des plus belles églises de Paris. Et son curé, le P. Dominic Schubert, connaît le rite extraordinaire mieux que la moyenne des prêtres de sa génération.
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(*) concile qu’une grande partie des « traditionalistes » avaient pris l’habitude de rejeter sans l’avoir étudié.
09:40 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : Eglise catholique, messe, latin, Motu proprio, St-Germain-l'Auxerrois, P. Dominic Schubert, Mgr Vingt-Trois
Commentaires
Un petit témoignage sans prétentions
> Je fais partie de ces fidèles que l'on nomme habituellement "traditionalistes" d'un ton pas toujours très amical. Ayant accepté depuis toujours, et sans réserves, le magistère de Vatican II, j'attendais avec patience (enfin, pas toujours !) de pouvoir être accepté comme membre,non soupçonnable des pires déviances, de l'Eglise romaine. Mon attachement à la liturgie "ancienne" (à l'origine de mon retour vers les sacrements après de longues années d'errement) m'excluait de fait des contacts fraternels que j'aurai souhaité tisser avec les autorités ecclésiastiques et groupes de fidèles plus conformes aux normes en vigueur.
Aujourd'hui, je ne suis plus regardé comme un pestiféré lorsque j'ose parler de mon attachement à la liturgie tridentine.
Cette réelle souffrance que j'ai pu subir aurait pu m'amener à jeter le bébé avec l'eau du bain (le Concile responsable de tout). je ne l'ai pas fait. Mais j'ai du mal à en vouloir à un grand nombre de ceux qui ont cédé à cette tentation. Aujourd'hui, une main tendue avec insistance, sans ressasser nos affrontements, sera la meilleure méthode pour leur faire accepter l'Eglise dans la plénitude de son enseignement (y compris la pleine connaissance du magistère du dernier Concile).
Ceux qui ne connaissent souvent des "tradis" que les quelques activistes excités très minoritaires pourraient penser que cette mouvance, dans sa majorité, refuse le magistère du Concile. Et bien ils se trompent. Une large majorité soit a vécu la même histoire que la mienne, soit est à un âge où la fidélité à Rome et à son magistère ne se discutent même pas (voyez la participation des jeunes tradis aux JMJ)
Alors, comme la plupart des tradis, je n'ai pas d'arrières pensées. Notre bon pape Benoit nous permet enfin d'être acceptés avec notre sensibilité particulière. Que l'on arrête de nous soupçonner encore de je ne sais quoi.
Je rêvais d'unité, Benoit XVI l'a faite.
Alors, Deo Gratias
gdecock
[De PP à GdC - Ce n'est pas la fidélité à la tradition vivante qui est en cause, et vous en donnez le témoignage ; le problème, c'est la captation de cette fidélité au profit d'une idéologie. Cette captation produit l'intégrisme, dans le monde catholique comme dans d'autres religions. C'est l'intégrisme (avec son trouble mélange de religion et de mythologies politiques) qui a produit le rejet de Vatican II. D'où un malentendu qui a duré quarante ans, et qui s'évapore aujourd'hui. Mais vous n'êtes pas concerné, ainsi que vous l'expliquez vous-même.
Ce qui nous est demandé à tous, quelles que soient nos diverses sensibilités, c'est de nous en libérer pour être tous à l'écoute de l'Eglise...]
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Écrit par : gdecock | 14/09/2007
LE RITE "DE PAUL VI"
> Toutes ces querelles et tous ces débats souvent simplistes et polémiques (des deux côtés !) traduisent une méconnaissance grave des véritables enjeux de ces questions qui n'ont rien à voir avec la querelle entre ceux qui préféreraient la messe dite de St Pie V et ceux qui préféreraient la messe dite de Paul VI.
Faut-il rappeler que que le Concile Vatican II n'a pas imposé les langues vernaculaires (cf. la déclaration sur la Sainte Liturgie) et que le nouveau Missel a été promulgué en latin, si bien qu'il est vraiment simpliste de faire une opposition sur la seule question de la langue liturgique...
Faut-il redire, avec le Père Paul de Clercq (directeur de l'Institut Supérieur sur la Liturgie à la Catho), que la question de l'orientation du célébrant dépend de l'action liturgique et ne peut être la même selon que l'on s'adresse au Père ou aux fidèles, l'expression "le prêtre dos aux fidèles" étant d'ailleurs impropre et connoté pour parler de la position du prêtre "tourné vers le Seigneur" (vers l'Orient, comme les fidèles du reste, et donc tout le Peuple de Dieu)...
J'ajoute, pour que personne ne se méprenne sur mes propos, que je ne suis pas "traditionaliste" et que je me situe résolument dans la perspective du renouveau liturgique mis en oeuvre par le Concile Vatican II à la suite du mouvement liturgique initié depuis un siècle.
Je précise aussi que la liturgie tridentine n'a cessé elle-même d'évoluer et d'être réformée, en dernier lieu sous Pie XII avec la grande réforme, bienvenue, de la Semaine Sainte et du Triduum pascal, et encore sous Jean XXIII... et que pour ma part, je vois bien plus la continuité que la soi-disante rupture avec l'ancien rite dans la liturgie traditionnelle rénovée de Paul VI !
Cette dernière apporte des améliorations notables par rapport à la liturgie tridentine : le recentrement sur le dimanche et les fêtes du Seigneur par rapport à l'inflation du sanctoral, l'enrichissement notable du lectionnaire, et notamment la redécouverte de la liturgie des grandes catéchèses baptismales dans le Carême de l'année A, la mise en valeur explicite et la redécouverte du sens des épiclèses dans la prière eucharistique, la redécouverte du baiser de paix (qui trouverait peut-être mieux sa place avant l'offertoire ("Si tu vas à l'autel présenter ton offrande sans être en paix avec ton frère, laisse-là ton offrande et va te réconcilier avec lui"), le "Notre Père" dit par toute l'assemblée, etc.
Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas des choses à revoir dans les traductions en français, sur la question de l'orientation du célébrant, sur une manière moins profane de donner la paix, etc., et plus encore des choses à revoir dans le respect de la réforme liturgique et dans la redécouverte du sens de la liturgie...
Écrit par : Michel de Guibert | 14/09/2007
RIEN A CRAINDRE
> "Il n'y a vraiment rien à craindre si une liturgie est centrée sur Dieu, dans les rites et les cantiques, si l'on voit une image de l'Eternité.[...]Dans toutes les formes d'effort pour la liturgie, le critère déterminant doit être toujours le regard vers Dieu.Nous sommes devant Dieu, Lui nous parle, et nous Lui parlons. Là où, dans les réflexions sur la liturgie, on s'interroge simplement pour savoir comment la rendre attrayante, intéressante et belle, la partie est déja perdue.[...]" (Benoît XVI à Heiligenkreuz) -cité par 'La Croix' du lundi 10 septembre 2007 en page 2.
Écrit par : Gérald | 14/09/2007
LE MÊME RITE
> Il me semble qu'il ne s'agit pas d'un rite mais de l'ancienne forme du rite romain. Preuve en est, le texte du Saint Père qui parle de la forme ordinaire et de la forme extraordinaire d'un seul et même rite. Donc point de bi-ritualisme en fait.
Écrit par : Greg | 15/09/2007
TRADUCTIONS
> Il y aurait également quelques corrections à apporter à certaines traductions françaises qui me hérissent.
Ainsi dans le Notre Père: ne nous soumets pas à la tentation, sont-ce *les savants et les habiles à qui les choses ont été cachées*qui veulent faire croire aux petits que Dieu au lieu de les aider à ne pas succomber les provoque pour qu'ils chutent?
Or St Jacques proclame "Que nul s'il est tenté, ne dise: c'est Dieu qui me tente. Car en Dieu ne réside aucun mal, et il ne tente non plus personne."
Écrit par : jean-michel varcher | 15/09/2007
suite à traduction.
> le mot latin tentationem est la traduction du grec "peirasmos" qui veut dire épreuve, ce qui a évidemment une toute autre signification pour le populaire dont je fais partie, puisque tentation est assimilée au péché.
Car à quoi bon dire le Pater en français s'il faut encore une traduction de celui-ci.
De même pour"Dieu saint, saint fort, saint immortel....
je croyais que Dieu était éternel, immortel suppose une naissance, quand Dieu est-il né ?
jean-michel varcher
[de PP à JMV - "Immortel" : traduction littérale du "athanatos" de la troisième acclamation du trisagion orthodoxe. Je suppose qu'il s'agit de la personne humaine du Fils ressuscité.]
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Écrit par : jean-michel varcher | 15/09/2007
@ PP
D'accord avec votre interprétation liée à l'Incarnation du Fils ressuscité, bien que le trisagion soit trinitaire.
Mais le trisagion n'est pas qu'orthodoxe puisqu'il a été conservé dans notre liturgie latine du Vendredi Saint (en grec et en latin).
Écrit par : Michel de Guibert | 16/09/2007
A Jean-Michel Varcher :
> "Immortel" est un qualificatif couramment appliqué à Yahvé dans les Psaumes.
On ne saurait se priver des anthropomorphismes dans la description langagière de Dieu, sauf à bannir tout l'Ancien Testament.
Écrit par : JG | 17/09/2007
TRADUCTIONS
> Bien d'accord avec la remarque relative au "Ne nous soumets pas à la tentation", qui m'a toujours semblé très curieux. N'étant pas latiniste, je ne sais pas s'il s'agit de la traduction littérale du "ne nos inducas in tentationem", mais en français le sens est tel que c'est Dieu qui nous tente ! Je préfère mille fois l'ancienne traduction que j'utilise toujours (avec le vouvoiement, pourquoi tutoyer Dieu et vouvoyer son directeur ???) "ne nous laissez pas succomber à la tentation".
A ce sujet, que penser du "de même nature que le Père" du symbole de Nicée, alors que "consubstantialem patri" se traduit naturellement (sauf faux ami) par consubstantiel au Père. N'est ce pas la cause d'une très ancienne hérésie ? Et Consubstantiel n'a pas le même sens que "de même nature". Je suis de même nature que vous tous, je n'en suis pas consubstantiel ? Qui a une idée sur la question ?
Edouard
[De PP à E. - Il y a un malaise théologique à propos de cette traduction, tant il est évident que le péché relève de la liberté humaine et non d'une force supérieure qui contraindrait l'homme à pécher ! Cela, c'est le contexte chrétien qui nous le dit. Cependant le problème littéral existe, dans la mesure ou "inducere" signifie "conduire dans, faire avancer, appliquer sur, recouvrir, vêtir, introduiire, faire entrer". Alors pourquoi ce mot ? Et faut-il traduire mot à mot, ou changer le mot pour correspondre globalement à la foi chrétienne ?
(Je fais ces observations pour tempérer la rituelle accusation d'hérésie qui est faite contre la traduction du Pater depuis trente et quelques années. On a plutôt affaire à du purisme archéologisant, travers qui a marqué la période postconciliaire).
Pour le "de même nature", d'accord avec vous, à moins qu'on ne m'explique que cette formule n'est pas lacunaire, donc dangereuse pour la compréhension.
Mais à propos des discussions sur les traductions, je voudrais faire une observation aux tradi qui s'indignent du "ne nous soumets" pas (traduction quasi-littérale) et demandent le retour du "ne nous laisse pas succomber à " (traduction réfléchie). Les mêmes tradi s'indignent aussi que des exégètes réclament le remplacement du mot "juifs" (traduction littérale*) par le mot "Judéens" (traduction réfléchie), notamment dans le récit de la Passion. Claude Tresmontant et bien d'autres estiment pourtant que ce serait :
a) plus conforme à la réalité historique,
b) plus conforme à la théologie de l'Incarnation et de la Passion,
c) de nature à apaiser le séculaire malentendu qui a causé des ravages en poussant trop de chrétiens à une attitude difforme.
(*) littérale par l'usage : "Judaei" ("Ioudaioi") ayant été traduit par "juifs", "jews", "Juden", etc. Mais originellement ce mot latin ne désignait que les administrés habitant la Judée, province romaine. On voit l'ancienneté du malentendu.]
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Écrit par : Edouard | 18/09/2007
CONFUSIONS
> Merci pour ces précisions, qui ne doivent cependant pas donner l'impression que je cherche ici à ouvrir un débat théologique pointu ! Simplement, ces traductions françaises peuvent entraîner dans l'esprit des fidèles une confusion regrettable, que ce soit la traduction du Pater ou celle du Credo. Et je ne me reconnais pas dans ceux qui critiquent la traduction relative aux Juifs, ni dans ceux qui crient à l'hérésie depuis 30 ans !
Écrit par : Edouard | 18/09/2007
La 6ème demande du Notre Père
> καὶ μὴ εἰσενέγκῃς ἡμᾶς εἰς πειρασμόν
(kai mè eisenengkè(i)s hèmás eis peirasmon)
Permettez-moi de donner sans prétention ni compétence le fruit de quelques lectures à propos de la traduction de la 6ème demande du "Notre Père".
L'aoriste grec "eisenegkeis" ("ne fais pas entrer, n'introduis pas") employé par Matthieu (6, 13) a donné lieu à de nombreuses traductions dont aucune ne s'est révélée pleinement satisfaisante.
Mais la traduction du verbe "eisnenegkein" par "soumettre" ne correspond pas au sens du verbe grec qui signifie "faire entrer quelque part".
Littéralement, le texte grec laisse entendre que Dieu fait entrer l'homme en tentation, en contradiction complète avec les Ecritures et notamment l'épître de Jacques (1, 13) : "Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise: C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne."
Nombre d'exégètes, comme le Père Tournay (de l'Ecole biblique de Jérusalem), ont proposé un sens permissif admis en araméen ou en hébreu biblique : "Ne nous laisse pas entrer en tentation" plutôt que : "Ne nous fais pas entrer en tentation".
Les orthodoxes francophones ont renoncé à la traduction oecuménique et se sont prononcés pour l'emploi de la formule : "Ne nous laisse pas entrer dans l’épreuve."
André Chouraqui traduit : "Ne nous fais pas pénétrer dans l’épreuve."
Mais la traduction de "peirasmos" par "épreuve" est peu satisfaisante car le deuxième membre de la phrase mais "délivre-nous du Malin" [plutôt que du Mal] poursuit sur le thème de la tentation par Satan, ce qui exclut tout contexte dans lequel il faudrait rendre peirasmos par "épreuve".
L'Abbé Carmignac, s'appuyant sur la syntaxe des négations dans les langues sémitiques, fait porter la négation sur le deuxième verbe : "faire ne pas entrer" plutôt que : "ne pas faire entrer", et traduit : "Fais que nous n’entrions pas dans la tentation" ou plus littérairement : "Garde-nous de consentir à la tentation".
Cette traduction avait été adoptée par l'édition de 1988 de la TOB : "Fais que nous n’entrions pas dans la tentation".
Elle a aussi été adoptée sous une forme voisine par la Bible chrétienne (Editions Anne Sigier/Desclée) : "Garde-nous d'entrer dans la tentation".
St Augustin commente : "Dans le Pater, nous ne demandons pas à n'être jamais tentés, mais à ne pas entrer dans la tentation."
Écrit par : Michel de Guibert | 18/09/2007
MARITAIN, DÉJÀ
> Traduire est toujours une épreuve dans tous les sens du terme. Si mes souvenirs sont exacts, Jacques Maritain avait déja pointé le "...de même nature..." Si Jésus (de Nazareth) est seulement de même nature que le Père, l'Incarnation est bancale et le rôle de Notre-Dame devient assez ornemental...
Pour ce qui est du "...ne nous soumets pas..." la dissonnance avec la lettre de Saint Jacques est évidente mais tout le monde n'a pas le courage de rouvrir le procès de Galilée.
Écrit par : Gérald | 19/09/2007
Traduction... trahison... c'est la même racine "tradere" que l'on pourrait traduire par "livrer".
> Oui, le "de même nature" pour "consubstantiel" est assez discutable aussi, mais à mes yeux moins peccamineux que la traduction de la 6ème demande du "Notre Père" (cf. ci-dessus).
Il y a dans le Missel d'autres traductions qui mériteraient un correctif, notamment celles de textes provenant directement des Saintes Ecritures ; je pense en particulier aux deux traductions suivantes :
* Dans l'embolisme du 'Notre Père' : "En cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets" vient de la Lettre à Tite et devrait être traduit plus justement : "En cette vie où nous attendons la bienheureuse espérance" (Tt 2, 13)
[Je me rappelle que le cher Cardinal Lustiger, soucieux de la justesse de la liturgie, ne disait jamais autrement quand il célébrait à Notre Dame]
* L'invitation : "Heureux les invités au repas du Seigneur !" vient du livre de l'Apocalypse et devrait être traduit plus justement : "Heureux les invités au festin des noces de l'Agneau !" (Ap. 19, 9)
Reconnaissons que les traductions officielles du Missel en français sont singulièrement réductrices...
Une commission a été mise en place par Mgr Le Gall pour étudier ces problèmes et faire des propositions en vue de la révision de l'édition francophone.
Attendons avec confiance, dans la "bienheureuse espérance" !
Écrit par : Michel de Guibert | 19/09/2007
RACCOURCI
> Oui, bienheureuse espérance mais dans l'agir actuel de tout un chacun ('synergie' qu'employait assez facilement Dom Robert Le Gall alors moine à Kergonan). Tout cela tourne autour du 'maintenant et(simul) après'
c'est le formidable raccourci latin qui termine la grande doxologie " ... DONEC VENIAS "[missel de Paul VI].
Écrit par : Gérald | 20/09/2007
VATICAN II
> Votre insistance à situer le Motu Proprio de Benoit XVI dans la perspective de Vatican II montre bien que Vatican II a été une réelle rupture dans la vie de l'Eglise, sinon vous indiqueriez que ce Motu Proprio est dans la continuité des conciles précédents, ce qui n'est bien sur pas le cas. A lire Plunkett et ses commentataires, on a vraiment le sentiment que tout se ramène toujours, en fin de compte, à la fidélité à Vatican II. Alors, dites-moi, pourquoi par exemple l'Eglise de France est-elle dans cet état si Vatican II représente l'alpha et l'omega de son identité ? On juge l'arbre à ses fruits. En fait, le plus difficile quand on se trompe est d'accepter de se déjuger et sur ce plan nos évèques actuels ont un grand chemin à parcourir.
Bertrand
[De PP à tous - Je reçois très peu de messages de ce genre, et (à Nancy ce week-end) une seule personne sur plusieurs centaines m'a exprimé cette idée. Sans offenser celui qui nous écrit cela, je dois lui dire qu'il fait fausse route, et que Vatican II n'est pas ce qu'il en dit. D'autre part il s'agit d'un concile de l'Eglise universelle, dont le magistère ne peut être nié si l'on est catholique... et si l'on croit en l'action permanente de l'Esprit Saint dans le Corps Entier.
Le rejet de Vatican II a répondu à une époque. Il s'appuyait sur les ravages opérés dans l'Eglise par une idéologie qui, elle, n'a pas encore disparu, mais qui n'était pas issue du concile (quoiqu'elle s'en soit réclamée indûment)... Pour s'en convaincre, il suffit d'étudier les textes de ce concile ; ce que tout le monde apparemment n'a pas encore fait. Lire ce que Josef Ratzinger a écrit à ce sujet est également nécessaire...]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Bertrand | 24/09/2007
@ Bertrand
Le Pape Benoît XVI lui-même a dit :
* Dans son premier message au lendemain de son élection à l'issue de la Messe à la chapelle Sixtine :
"Je veux affirmer avec force ma très ferme volonté de poursuivre la tâche de la mise en oeuvre du Concile Vatican II, sur la trace de mes Prédécesseurs et dans une fidèle continuité avec la Tradition bimillénaire de l'Eglise."
* Dans sa lettre aux évêques accompagnant le Motu Proprio :
"Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture."
On ne peut être plus clair !
Écrit par : Michel de Guibert | 25/09/2007
@ Bertrand,
> Vous semblez vous-même circonscrire la rupture que vous évoquez à "l'Eglise de France" et à "nos évêques actuels". Le problème n'est donc apparemment pas le concile de Vatican II mais plutôt une lecture et une application erronées, partisanes ou réductrices qui ont pu en être faites ?
Écrit par : Christine | 26/09/2007
A propos du consubstantiel...
> Le Cardinal de Lubac s'était déjà alarmé de cette traduction catastrophique et de l'abandon du terme "consubstantiel" (Cf "paradoxes et autres paradoxes"). Si nous disons que nous avons la même voiture, nous avons pourtant chacun la notre ! Alors qu'il n'y a, et qu'il ne peut y avoir qu'une nature divine, commune au Père et au Fils... et à l'Esprit ! A défaut de réussir à réimposer le "consubstantiel" (au moins si les gens ne comprennent pas ils pourraient se poser la question, alors qu'actuellement ils ne comprennent pas ou pire, comprennent mal, mais sans s'en rendre compte !), peut-être pourrait-on dire "de la nature même du Père", ce qui me semble beaucoup plus juste et plus compréhensible pour le commun que le "de même nature que le Père". Hélas, si le père de Lubac n'arrivait pas à se faire entendre, quel moyen ou quelle relation utiliser pour suggérer une traduction correcte de la foi proclamée chaque dimanche par les catholiques francophones ?
Merci par ailleurs à la piste évoquée pour la traduction du pater faisant porter la négation sur le premier terme : "faites que nous n'entrions pas en tentation" me semble beaucoup plus juste. Quand au terme "mal", il est à noter que dans le catéchisme de l'Eglise catholique on lui met une majuscule, et que si dans ce verset évangélique on peut hésiter entre le neutre et le masculin décliné en grec de la même façon dans ce cas (donc hésiter entre le mal et le Malin), l'autre utilisation de ce terme dans l'évangile est décliné différemment et se trouve être bien un masculin (distinct du neutre), ce qui permet d'opter résolument pour la traduction meilleure qui serait "délivre nous du Mauvais" (Mauvais me semble nettement meilleur que Malin en français contemporain)
L'immense majorité des catholiques ne se forme (ou se déforme) que par la liturgie. Nous n'avons pas le droit d'être approximatifs...
Écrit par : Arnaud de Guibert | 26/09/2007
TRADUCTIONS
> Je suis pleinement d'accord avec les développements de mon presque homonyme Arnaud de Guibert sur la question du "consubstantiel" ou "de la nature même du Père" dans la traduction française du Credo.
Je suis moins convaincu en revanche par le remplacement de "Malin" par "Mauvais" dans la dernière demande du "Notre Père", la malignité me paraissant un terme plus fort, mais bien d'accord pour personnifier l'auteur du mal.
Mgr Le Gall prépare avec une commission d'experts francophones une révision des traductions liturgiques en français.
Espérons que les travaux aboutiront !
Écrit par : Michel de Guibert | 26/09/2007
précisions pour la traduction de la dernière demande du Pater
> Comment traduire ? La majuscule (du caté KTO) ne s’entend pas… Le mot « Malin » parfois proposé a l’inconvénient que l’adjectif a perdu aujourd’hui dans presque tous les cas (sauf sur le plan médical) son sens péjoratif, et qu’il est au contraire plutôt positif, comme on parle « d’un homme bien malin ». Par ailleurs cet adjectif est habituellement utilisé comme substantif, ce qui en fait un nom commun, et donc impropre pour désigner Satan. « Cet homme, c’est un malin. »
Au contraire, l’adjectif « mauvais » est toujours péjoratif. Il n’est jamais utilisé comme substantif, sauf précisément quand on l’utilise pour évoquer Satan, ce qui en fait quasiment un nom propre, comme satan en hébreu ou diabolos en grec. C’est le choix fait par sœur Jeanne d’Arc dans sa traduction des évangiles couronnée par l’Académie française, comme dans la parabole du semeur où le même "ponèros" est utilisé au masculin.
Cela pourrait donner pour la fin du pater :
« Garde-nous d’entrer dans la tentation, mais délivre-nous (ou libère-nous) du Mauvais »
PS : votre information (de cousin lointain !) m'encourage à envoyer ces suggestions à Mgr Le Gall et sa commission...
Écrit par : Arnaud de Guibert | 27/09/2007
CONVAINCANTS
> Oui, vos propos prenant en compte les risques de mauvaise compréhension du terme "le Malin" sont assez convaincants et plaident de fait pour l'emploi du terme "le Mauvais".
La Bible de Jérusalem et la Bible Osty traduisent aussi "Mais délivre-nous du Mauvais."
De fait, dans la parabole du Semeur, Matthieu utilise le même mot manifestement personnifié, "le Malin" ou "le Mauvais" (Matthieu 13, 19), là où Marc emplie le mot "le Satan" (Marc 4, 15) et Luc le mot "le Diable" (Luc 8, 12).
Je suis moins convaincu par la traduction par Soeur Jeanne d'Arc de la 6ème demande : "Ne nous fais pas entrer dans l'épreuve", préférant de loin, pour les raisons exposées plus haut, celles de l'Abbé Carmignac ou de la Bible chrétienne : "Fais que nous n'entrions pas dans la tentation" ou "Garde-nous d'entrer dans la tentation".
Écrit par : Michel de Guibert | 27/09/2007
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