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07/09/2007

Strauss-Kahn, le FMI, le Nord, le Sud et les catholiques

Un lecteur rencontré hier soir me dit que j'ai "approuvé" la candidature de DSK au FMI :


...et il me le reproche. Mais je ne l’ai pas approuvée. Je me suis contenté de noter* le grief du Financial Times à l'encontre de DSK : celui de « vouloir combler le fossé entre pays riches et pays pauvres ». Cette volonté strausskahnienne (à supposer qu’elle existe) choque mon contradicteur d'hier soir. Il la trouve antilibérale ! Il a l’air de ne pas connaître le problème. Et de ne pas savoir non plus sous quel système de folie vit aujourd’hui l’économie mondiale ultralibérale, assujettie à la financiarisation : c’est-à-dire à la spéculation sans frein et aux crises d’hystérie.

Il devrait lire l’ex-ministre de l’Economie Jean Arthuis (Mondialisation : la France à contre-emploi, Calmann-Lévy 2007). Ou le professeur d’économie Michel Aglietta, qui a disséqué le système dans Le Monde du 2 septembre (Le capitalisme de bulle en bulle). Aglietta demande «une modification profonde des principes de gestion de la finance. »  Il critique « le capitalisme financier actuel, libéralisé et mondialisé », dominé par les gestionnaires de fonds « tous mobilisés sur des profits à trois mois »… 

Mon contradicteur** affirme que la réduction du fossé nord-sud « ne fait pas partie des tâches du FMI ». C’est votre avis, cher monsieur. Ce n’est pas celui d’économistes qui pensent que le FMI devrait se rapprocher de l’OMC et de la Banque mondiale et mettre en œuvre « des politiques de relance concertées pour les pays du Sud, accompagnées de programmes de développement ». (Les prêts du FMI et ses plans d’ajustement structurel s’accompagneraient ainsi d’aménagements accordés à ces pays, avec des avantages commerciaux protégeant leur marché intérieur pendant la phase de redémarrage). Mais pour cela, il faudrait un président du FMI disposé à changer les choses ! Et c’est ce dont le Financial Times, feuille rigidement néolibérale, ne veut pas entendre parler...

D’autres économistes estiment que le FMI devrait pouvoir « imposer des accords durables, pour empêcher les investisseurs de court terme de se retirer tous au même moment, de manière unilatérale, après avoir profité d’opportunités dans un pays émergent… » Mais il faudrait pour cela une réforme des institutions internationales, donc une volonté politique de la part des pays développés.  Etc.

 

L’AVIS DU NOBEL

Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie, ancien vice-président de la Banque mondiale, voudrait lui aussi un pôle FMI+OMC+Banque mondiale. Ce pôle aurait, selon lui, « une action bénéfique sur le développement humain au niveau mondial, y compris chez les populations les plus pauvres ». Mais ce ne serait possible que « si ces trois institutions étaient réformées en profondeur »... Jusqu’à présent, écrivait déjà Stiglitz en 1999, « les décisions étaient prises sur la base de ce qui ressemblait à un curieux mélange entre une pensée idéologique et de mauvais dogmes économiques, afin de servir les intérêts particuliers de quelques-uns (comme ceux de Wall Street par exemple), au détriment des plus pauvres. »

Mon contradicteur ironisera : le souci envers le Sud lui paraît un « effort unilatéral ».  Changez de lunettes, cher monsieur. Les économistes que j’ai mentionnés ne prônent pas la charité ni la bienfaisance. Ils cherchent les moyens d’un mode de développement plus durable de la croissance mondiale. Ils sont convaincus « que la course actuelle à la maximisation des profits et à l’accumulation du capital ne peut se suffire à elle-même, et qu’elle aboutit à une impasse, si l’on ne prend pas en compte les intérêts des plus défavorisés. Développer les marchés du Sud, c’est aussi préparer une nouvelle demande dans le futur, préparer de nouveaux potentiels de débouchés pour nos économies. »  

Pourquoi parler de tels sujets dans ce blog ?  Parce que nous y sommes tous incités par le document Repères dans une économie mondialisée. C’est un texte des évêques de France.

___

(*) Blog du 29.08.

(**) Je ne vois pas comment on peut se dire catholique en s’essuyant les pieds sur la doctrine sociale de l’Eglise. Or cette attitude existe : j’ai entendu moi-même de pieux financiers parler avec mépris des encycliques sociales.

 

 

Commentaires

RESTONS ZEN

Un contradicteur (visiblement irrité par le contenu de la note) prend le biais de me reprocher de n'avoir pas "publié le commentaire" du monsieur auquel répond cette note.
C'était techniquement impossible : il ne s'agissait pas d'un commentaire écrit, mais d'une interpellation verbale au cours d'une soirée.

Écrit par : P.P. | 07/09/2007

KAWAÏ

> C'est toujours amusant de voir des gens qui signent Kawaï ou Zigounette faire comme si l'anonymat donnait des droits, et parler de transparence ou de respect de la personne sur le web ! Moi je signe.

Écrit par : Mikael Ouchard | 07/09/2007

ULTRALIBERAUX ET CATHOLIQUES ?

> Comment peut-on dire que l'on suit l'Evangile et se dire ultra-libéral? Comment peut-on massacrer la planète (réchauffement climatique ou pas, il n'y a pas que le climat qui pose problème!), création de Dieu, et se dire chrétien? Comment refuser un développement durable des pays pauvres (je dis développement et pas assistanat ou commerce sans contrôle) et prétendre suivre le commandement "aimer vous les uns les autres"? Parfois je me demande comment on peut être un acteur du jeu financier et être disciple du Christ? Ou alors il y a beaucoup de schizophrènes dans le monde économique!

Écrit par : VF | 07/09/2007

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