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05/09/2007

"L'enseignement catholique a perdu son caractère propre"...

...déclare Mgr Cattenoz. Mais il paraît que "le secrétariat de l'enseignement catholique" prend position contre l'évêque d'Avignon !   Etrange affaire, qui ressemble à un piège tendu à Eric de Labarre :


 

« Victime de son succès, l'enseignement catholique "a perdu son caractère propre", estime l'archevêque d'Avignon Mgr Jean-Pierre Cattenoz, dans un entretien que publie jeudi l'hebdomadaire Le Pèlerin. »  Ce titre choc ouvrait hier les dépêches d’agence.

 Extraits de l’entretien Cattenoz :

"Les chefs d'établissement [...] contrôlent de plus en plus difficilement l'embauche des professeurs. Ceux que les académies nous envoient ne sont pas toujours correctement formés aux missions d'enseignement. En outre, nombre de directeurs reconnaissent eux-mêmes n'être pas croyants ou pratiquants…"

"Par esprit de consensus, les projets éducatifs des établissements (catholiques) se limitent en général au plus petit dénominateur commun: la transmission de valeurs comme le partage ou la tolérance".

"Le Christ doit être au centre de l'enseignement catholique", déclare Mgr Cattenoz, qui conseille "de renégocier avec l'Etat une forme de contrat plus souple, afin de laisser aux chefs de ces établissements plus de latitude dans le recrutement du personnel enseignant".

L’évêque d’Avignon réclame aussi que "les diocèses puissent accueillir des établissements où la proposition de foi soit plus poussée".

Communautarisme, protesteront évidemment les députés et les médias. Mais l'archevêque d'Avignon rectifie d’avance : le catholicisme ne peut pas être communautariste, puisqu’il a vocation universelle !  Un  "repli identitaire" serait "totalement contraire à l'Evangile: le Christ est celui qui s'ouvre à l'humanité tout entière".

[J’ajouterai : l’affirmation plénière de la foi catholique étant un message planétaire, ceux qui penseront devoir s’y opposer ne pourront pas se réfugier derrière le prétexte d’un « refus républicain du communautarisme » : ils auront (s'ils veulent débattre) à prendre position contre le christianisme en lui-même.]

 

L'ETRANGE ATTAQUE ANTI-CATTENOZ

 

"L'Education nationale comme les parents d'élèves savent bien que tous les évêques ne partagent pas l'avis de Mgr Cattenoz", a déclaré au Pèlerin (selon les dépêches) "le secrétariat général de l'enseignement catholique".

Ce  qui  reviendrait  à  prétendre  qu'une  partie des  évêques  rejetteraient  des  choses  vitales, et (notamment) que le Christ soit au centre de l'enseignement catholique  - comme le demande Mgr Cattenoz !  Rejet évidemment impensable.

Cette réaction du "secrétariat général " contre l’évêque d’Avignon est donc aberrante.  L'appareil de l'enseignement catholique attaquant un évêque, et à l'aide d'un argument insoutenable !

Je me permets de poser la question : de qui cette déclaration émane-t-elle en réalité ?  On serait surpris que ce soit du nouveau secrétaire général, Eric de Labarre, qui vient d’entrer en fonction et  déclarait avec humour au Monde, le 31 août : "Je suis un vieil aristo [53 ans], petit hobereau étiqueté à droite, chevalier de l’ordre du Saint-Sépulcre, avec un fils séminariste chez les traditionalistes… C’est comme ça. J’assume parfaitement ce que je suis et ce qu’on m’a transmis, en essayant de le magnifier". Labarre précisait n’avoir "jamais été en consonance avec les intégristes’’ et s’efforcer d’être "un chrétien dans la cité" ; il prônait judicieusement "une réactivation du modèle contractuel entre les établissements et l’Etat".

 

C’est de la nature de cette réactivation qu'il va falloir parler, comme Mgr Cattenoz ne cesse de le démontrer. Dans cette tâche de redéfinition, Eric de Labarre pourra compter sur le soutien chaleureux de très nombreux parents. Mais pas des secteurs fossiles du vieil appareil catholique français (les "coquilles vides", disait Josef Ratzinger)...  Peut-être vont-ils  s'évertuer à mettre Labarre en porte-à-faux, comme le coup de la déclaration anti-Cattenoz paraît l’annoncer ?  

 

 

 

PS/ On  saura jeudi  - à la parution du numéro du Pèlerin -  qui a signé la déclaration du "secrétariat". Si elle restait anonyme, comme  la tournure de la dépêche paraît l'indiquer, le procédé serait effarant.

 

Commentaires

UN PIÈGE POUR ERIC DE LABARRE

> J'ai l'impression (comme vous ?) que cette déclaration émane de gens qui accueillent mal le nouveau secrétaire général Eric de Labarre, comme l'annonçait d'ailleurs le grand article du "Monde" sur lui. Avec une déclaration pareille, ils veulent l'obliger, soit à la valider et à devenir leur otage, soit à la désavouer et à déclarer la guerre à une partie de l'appareil du secrétariat (voire à une seule personne, mais c'est mauvais quand on entre en fonctions). Il va devoir éviter le piège. Soutenons-le.

Écrit par : Ingrid Lebon | 05/09/2007

> Ne lisant pas le Pèlerin, tenez-nous au courant des évènements. Cette question de l'enseignement catholique me passionne et est, je pense, vitale pour l'avenir.

Écrit par : vf | 05/09/2007

CATHOLIQUE = CATHOLIQUE

> Cela fait longtemps que Mgr Cattenoz se bat pour que l'enseignement catholique soit catholique. A le lire, cela pourrait passer pour une blague (cf. la charte de l'enseignement catholique pour son diocèse - voir lien)
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2282069&rubId=4078
http://www.libertepolitique.com/public/decryptage/article-1700-%ABRecentrer-l%92enseignement-catholique-sur-le-Christ%BB-%3A-le-choc-de-la-charte-d%92Avignon.html

Il n'y a rien de bien nouveau. On peut donc s'interroger sur la "réactivation" de ce débat. Comme si elle était faite pour nourrir une polémique, aux dépends d'un tiers. Monsieur de Labarre, par exemple. Ce monsieur est respectable et intelligent, même si cela n'empêche pas qu'on le condamne. Est-ce une raison suffisante de céder à une pratique qui pourrait devenir une habitude ?
Cette cabale nous prouverait que la France puisse être sujette à la conjuration des médiocres. Allons bon ! On ne peut pas croire. Cela se saurait... L'histoire enseigne que la misère prospère grâce aux petites lâchetés, même si le courage des plus justes ne parvient pas à endiguer l'inertie de la multitude (http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=7949).

C'est toute l'importance du soutien qu'il faut apporter à l'initiative de Mgr Cattenoz, qui, lui, n'a pas pas peur de signer ce qu'il dit. Va-t-il pouvoir rester évêque en France ? (1)


(1) je précise pour les journalistes qu'il s'agit d'une boutade (du moins je l'espère).

Qwyzyx


[De PP à Q. - Attendons de voir le numéro du Pèlerin (demain jeudi) : on saura à ce moment-là si la déclaration du "secrétariat" est anonyme ou signée.]

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Écrit par : Qwyzyx | 05/09/2007

"TOLERANCE"

> On sait bien hélas que des réserves ont déjà été émises sur les positions et le franc-parler de Mgr Cattenoz, au nom de la tolérance et de l'accueil de tous les élèves, même non chrétiens, dans les établissemnts privés catholiques...

Écrit par : Michel de Guibert | 05/09/2007

UN FAUX DEBAT

> En couverture ce titre : "Enquète sur l'école privée - Entre ouverture et repli catho", sur 'Le Monde(gothique s.v.p. !) de L'EDUCATION' de septembre 2007. Tir croisé ou façon d'attiser un médiadébat totalement oblitéré de manière binaire ou manichéenne ?
Dis nous : oui OU non, faut-il payer l'impôt à César?
[Je m'en vais lire cette 'Enquète'... !?!?]

Écrit par : Gérald | 05/09/2007

TARDIF

> Le sujet brûlant du caractère catholique des établissements est, à l'image de celui du Téléthon, "lancé" bien tardivement, parce qu'il suffit d'avoir été élève dans le privé, et d'y mettre ses enfants, pour se rendre compte que le problème dure depuis des dizaines d'années ! Et chacun feint de le découvrir avec une pointe de scandale dans la voix...
J'y suis entré en 1974... J'ai des souvenirs utilisables depuis 1977... Hélas, tout ce qu'on déplore aujourd'hui (réduction au plus petit dénominateur commun, vague humanisme, "tolérance" érigée au rang de valeur (sic !), déchristianisation) existait dejà il y a 30 ans.
Mes parents, comme beaucoup, ont participé de manière très active aux manifestations de 1983 et 1984 : pour quel résultat ? Le retrait d'un projet collectiviste (le projet Savary de grand service unifié de l'enseignement), mais après ? Les accords Lang-Cloupet de 1991 ont verrouillé l'enseignement catholique dans un réduit dont il ne peut plus sortir :
- soumission intégrale aux programmes officiels
- Absence de liberté de recrutement des professeurs
- Formation commune (avec deux diplômes distincts tout de même !) entre les professeurs du privé et du public.
- Obligation d'accueillir tout le monde, ce qui prive ipso facto l'école catholique de son identité propre !

Mgr Cattenoz fait partie de ces courageux qui n'ont pas peur, de ces évêques JPII qu'on aimerait plus nombreux, et ne pratique pas la langue de bois. Il dit tout haut ce qu'il est interdit aux parents catholiques de dire depuis des années au sein des bureaux d'APEL et dans le cabinet du directeur de l'établissement...

Que le sujet apparaisse tardivement ne doit pas nous empêcher de soutenir une telle initiative, et de le faire savoir à l'intéressé. Et pourquoi pas de le faire savoir aussi à notre évêque, qui, peut-être, trouvera le sujet assez intéressant pour oser y réfléchir !

Écrit par : Edouard | 05/09/2007

INCONDITIONNELLEMENT

> Soutien inconditionnel à Mgr CATTENOZ: qu' il le sache, sa voix lui vaut des milliers et des milliers d'actes de soutien, d'espérance; il dit exactement ce qu' il faut, il est inspiré par l' Esprit, c'est très suivi, qu' il continue; merci, Monseigneur...
oui renégocier les contrats, accueillir et favoriser des écoles pour les familles les plus motivées, oui choisir des directeurs vivant de l' évangile sans complexe, les profs idem, mais enfin c'est évident!
les fossiles et les coquilles vides, oui, c'est ça...dans l'enseignement catho c'est terrible! qui les a mis là, qui les a choisis..qui va les couvrir encore aujourd'hui? ( il n'y a jamais de responsable)

Écrit par : Vicenzo | 05/09/2007

DIOCÈSES

> Je ne peux m'empécher de penser q'un évêque étant responsable pour son diocèse, il est préférable qu'il s'exprime dans son diocèse et pour son diocèse même si la problématique qui est la sienne est comparable à celle des autres diocèses. Lorsque les évêques débattent de ce genre de questions au niveau national, ils le font à huis-clos dans le cadre de la conférence des évêques. Alors, même si la situation dans l'enseignement catholique mérite probablement des débats sèrieux, on peut se demander à qui profite le crime dans ce genre de début de polémique médiatisée. ça m'étonnerait que ce soit aux catholiques : ils ont déjà ramassé suffisamment de "bleus" et de "bobos" en jouant à ce jeu-là. Je pense que ce genre de polémiques nuit à l'unité des catholiques et donc à l'Eglise.

olivier le Pivain


[De PP à OlP - Si polémique il y a, elle est allumée par l'empressement d'un bureau à critiquer un évêque, et à enfouir le problème.]

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Écrit par : olivier le Pivain | 05/09/2007

Faux débat(suite après lecture ...!?!? comme prévu)


> "Va-t-il [Le privé catholique tenté par un repli identitaire] continuer à se substituer à l'Education nationale ou revenir aux pratiques et aux valeurs chrétiennes ? Le débat fait rage."

Ce qui précède est le chapeau de l'article principal de l'enquète qui est constituée d'un damier de citations: ... Mgr Cattenoz...Paul Malartre...Pére Jacques Maréchal... anne Coffinier.. Paul Malartre...Anne Coffinier...Paul Malartre...Paul Malartre...Véronique Gass...Gilbert Langouët... Mgr Gérard Defois... Bernard Toulemonde ... Paul Malartre... Gilbert Langouët... Eric de Labarre...Paul Malartre.

Ubuesque quand on sait qu' Eric de Labarre est le sucesseur en titre de Paul Malartre, lequel n'est plus aux "commandes de l'enseignement catholique" pour parler comme l'enquète.

Bon ! 'Le veau d'or est toujours debout' chante-t-on dans un opéra relativement célèbre.

Écrit par : Gérald | 05/09/2007

L'ENJEU DE LA DECHRISTIANISATION

> Il existe des établissements catholiques hors contrat où Mgr Cattenoz et les parents qui pensent comme lui peuvent chercher à imposer leur point de vue. Il leur est d'ailleurs tout à fait possible et relativement facile d'ouvrir d'autres écoles catholiques ou très catholiques.
Mais ils devraient faire attention à ne pas mettre en danger la liberté relative dont jouit l'enseignement catholique sous contrat. Il y a beaucoup à perdre à renégocier le contrat d'association. Cette liberté pourrait être mise à mal, et c'est l'Eglise et l'évangélisation qui en pâtiraient.
Je ne prétends pas que tout soit parfait dans l'enseignement catholique sous contrat, j'y ai été élève dans les années 70 et je pourrais raconter beaucoup d'anecdotes désolantes, propres à l'esprit de l'époque.
Mais mes enfants sont aussi aujourd'hui dans une école catholique où ils rencontrent malgré tout moins d'hostilité qu'ils n'en subiraient dans le public (Je suis professeur agrégée dans le public, ayant été refusée dans le privé à une époque où l'engagement religieux y était encore assez mal vu, mais les temps changent) Beaucoup d'éléments entrent en jeu, la conviction et la formation des institutrices et de leur direction, l'implication du prêtre de la paroisse et sans doute l'air du temps. Mais les choses évoluent et on peut y aider avec doigté : je me suis tout simplement proposée dans l'école de mes enfants pour assurer la catéchèse en CE2 pour la préparation à la 1ère communion (j'ai fait des études de théologie), et la maîtresse en a été enchantée et soulagée. La religieuse en responsabilité fait partie de la génération "tolérante" et me reprend parfois si je cite trop l'évangile, mais c'est sûrement plus efficace de s'y coller que de simplement critiquer. Cela rend plus humble aussi, parce que les élèves ne sont pas de tout repos.
Je crois à la vocation de l'enseignement catholique mais je crois qu'il y a d'autres moyens que la polémique pour tenter d'améliorer les choses. L'école catholique est une magnifique chance à saisir pour annoncer l'évangile mais sa 1ère mission est d'enseigner et si elle n'y répond plus ce n'est pas Mgr Cattenoz qui lui retirera son agrément, c'est l'Etat qui rompra le contrat d'association. Il ne restera que les écoles hors contrat où l'enseignement correspondra peut-être aux voeux des plus exigeants, mais où ne viendront plus que quelques enfants de famille déjà convaincues et suffisamment fortunées.
Sensibilisons nos évêques, qui de toute façon mesurent de plus en plus l'enjeu de la déchristianisation et le rôle que peut jouer l'école catholique, faisons confiance à la conférence des évêques, agissons avec diplomatie auprés des directeurs d'établissement, mais je ne pense pas que ce soit une bonne solution d'alerter la presse à coup de grandes déclarations.
D'autre part O. Le Pivain a raison de souligner le cadre diocésain où doit intervenir l'évêque : les diocèses sont divers et chez moi 50% des enfants sont scolarisés dans le privé, c'est une chance inouïe de pouvoir leur annoncer l'évangile mais à heurter les familles, on risque de les voir filer dans le public. (Pas de panique, j'anime aussi un club "lecture de la Bible" dans le lycée public où j'enseigne. C'est purement culturel, évidemment, et pourtant, de même que la pluie ne se retire pas sans avoir fécondé la terre, la Parole de Dieu...)

Écrit par : Christine | 06/09/2007

QUELLE LIBERTE

> Si je me réjouis des déclaration de Mgr Cattenoz, je me demande en même temps quelle liberté reste à l'enseignement catholique en dehors d'organiser des aumoneries ? En effet, inutile d'imaginer modifier les éléments nuisibles des parcours scolaires de certaines années, telle la biologie reproductive ( De plus, en cette "matière" , pas mal de catho on de toute façon dans leur vie pratique déjà rejeté toute "injérance" de l'Eglise...), ni d'imaginer l'Etat laisser un plus grand espace de liberté à l'école libre ...

Écrit par : Gégé | 06/09/2007

SUR RADIO NOTRE-DAME

> J'ai entendu Louis Daufresne citer votre blog ce matin sur "Radio Notre Dame".
Son invité du jour, Bruno DARDELET, président fédéral de la Société Saint-Vincent de Paul, a cru bon de réagir en critiquant la prise de position de Mgr Cattenoz "d'un autre âge", "retour en arrière", "manque d'ouverture", "repli identitaire", etc. ; tous les poncifs habituels y sont passés...
Tout n'était pas nécessairement faux dans ce qu'il disait, et il est vrai que le monde a changé et l'école aussi, et que l'ouverture aux autres est une bonne chose, comme du reste Mgr Cattenoz l'a dit aussi...
Mais ce qui est derrière tout cela, c'est tout un discours suranné et très dépendant de cette trop fameuse "pastorale de l'enfouissement" dont on a hélas vu les limites, et in fine sans doute la peur d'annoncer explicitement la Bonne Nouvelle de Jésus Christ...
Malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile !

Écrit par : Michel de Guibert | 06/09/2007

CARACTÈRE PROPRE

> C'est en diluant son caractère propre et en s'alignant sur le public, que l'enseignement "catholique" paraît prétendre concurrencer l'Education nationale ! Donc, quand certains accusent le caractère propre de faire une école catholique "se substituant à l'Education nationale", ils disent un non-sens.

@ Christine : on dira ce qu'on voudra, il y a quand même quelque chose de glaçant dans le fait qu'une religieuse directrice puisse reprocher à une enseignante de "trop" parler de l'Evangile ! Plaignons une religieuse qui a honte d'appartenir au Christ. Ce sont les fruits amers de la confusion mentale et du manque de formation.

Écrit par : Camille Aubin | 06/09/2007

A Christine:

> Il me semble que vous défendez la position de l'enfouissement des années 70 qui a vidé nos églises...
Il faut que l'enseignement catholique dénonce ces accords. Il n'est plus catholique, cet enseignement. Et je le dis pour avoir fréquenté plusieurs établissements dans plusieurs régions différentes. Les profs sont formés et recrutés par l'Education nationale, ils sont inspectés par l'E.N et les programmes sont rédigés par l'E.N. Où est la liberté? Où est la foi? Il faut d'une part une proposition de la foi forte et vraie (pas de pseudo caté où on parle autant de Bouddha, Mahomet, Civa ou de la dernière grève des cheminots!). Il faut aussi, et surtout, un enseignement éclairé par l'Evangile et l'enseignement de l'Eglise. Les différentes disciplines doivent être enseignées sous ces différents regards, et en finir avec ces pseudo sciences de l'éducation, soumises à l'émotion et non à la réflexion.
Il me semble d'ailleurs, que Mgr Cattenoz a élaboré une charte pour son diocèse et que ce sont les médias qui ont monté la polémique. Maintenant, si depuis les accords Debré en 1959, les responsables de l'enseignement catholique sont contents de la tutelle de la République, alors.....
C'est quand même fabuleux d'entendre dire que l'on cite trop l'évangile quand on veut évangéliser!
Une dernière anecdote: dans l'établissement catholique de notre secteur, j'ai appris que l'aumonerie des 4e/3e et du lycée ne serait plus une aumonerie, mais un groupe de rencontre des jeunes, et qu'elle ne se tiendrait plus dans l'établissement mais en ville, dans un bâtiment prêté par le diocèse. La chapelle étant transformée en partie en réfectoire. Que devient la présence catholique? Ou plutôt que devient la présence du Christ ?
Alors soyons honnête et appelons ces établissements des établissement semi-privés ou des régies locales d'enseignement, mais pas des établissements catholiques!

Écrit par : VF | 06/09/2007

MERCI À Mgr CATTENOZ

> J'ai hésité à intervenir sur ce sujet qui me touche beaucoup car je n'ai pas le talent d'écriture de vos commentateurs... Je voudrais seulement dire que, d'un milieu modeste, nous avons fait de gros sacrifices pendant des années pour scolariser les aînés de nos six enfants dans des établissements catholiques... et le constat est amer !... Contrairement à l'expérience de Christine, mes enfants ont été raillés par leurs camarades (et parfois à mots couverts par leurs professeurs) parce qu'ils étaient pratiquants... Dans le collège public qu'ils ont fréquenté ensuite, ils suscitaient l'étonnement, mais pas la moquerie...Je rajoute que je connais la situation "de l'intérieur" car j'ai eu des responsabilités en pastorale scolaire pendant quelques années, j'ai arrêté suite à un immense "ras le bol"... Merci à Mgr Cattenoz,il dit vrai, et il nous faudrait de nombreux évêques comme lui !

Écrit par : cristiana | 06/09/2007

TEMOIGNAGE D'UNE ELEVE DE 6e

> Pour compléter les observations précédentes, voici ce que me rapporte ma fille entrée en 6e dans un établissement privé qui reste, sur le sujet, le moins dégradé de la ville (c'est très relatif)...

"En caté, il y aura 2 groupe. Le groupe Théophile, dont je fais partie, avec tous ceux qui ont suivi le caté les années précédentes. Le groupe Nicodème avec les autres, ils vont parler de la religion catholique mais aussi des autres religions."

Précision : ma fille a suivi un catéchisme familial depuis des années pour pallier les carences de l'enseignement "catholique".

Qu'en penser ? Force est de constater que la fameuse "proposition de la foi" selon l'expression consacrée se réduit à un vague cours de culture religieuse, mais ne constitue pas un enseignement de la foi catholique qu'on s'attend à trouver dans de tels établissements. Ce n'est pas une surprise, il suffit de lire les projets pédagogiques, c'est écrit noir sur blanc. Et tous ceux qui ont été en classe dans les années 70-80 en savent quelque chose.

Si nous parlions d'adoration, de confession, de fréquentation régulière de l'eucharistie... Vous entendez d'ici les hurlements ? Mais l'eucharistie n'est elle pas la source et le coeur de toute vie chrétienne ?

Donc, Christine, je crois que nous ne pouvons plus nous contenter de la tactique de l'enfouissement qui aboutit à une disparition de notre identité. Vous avez raison en disant qu'il faut s'investir plutôt que de critiquer. Outre la difficulté matérielle pour un père de famille, qui dispose rarement de temps hormis le samedi matin, avez vous déjà tenté de vous intégrer dans une équipe (catéchétique ou paroissiale) composée de "bonnes volontés" rarement disposées à lâcher la moindre parcelle de leur mainmise sur les programmes et activités ? Si c'est pour les heurter de front, c'est stérile. Si c'est pour se plier aux méthodes et contenus des programmes catéchétiques, c'est contribuer à perpétuer un système que nous déplorons.

A l'école comme dans les paroisses, c'est bien à nos évêques, qui seuls détiennent l'autorité nécessaire, de faire le ménage et de proposer des alternatives. Aucun autre d'entre nous n'a la légitimité pour le faire. Ni le pouvoir de le faire sans déclencher des polémiques immédiatement.

Soutenons donc les évêques qui prennent l'initiative de tels propos et qui, en sortant de leur diocèse, secouent leurs confrères trop contents du statu quo et bien décidés à n'y rien changer !

Écrit par : Edouard | 06/09/2007

MAIS IL N'Y A AUCUN RISQUE !

> Un mot encore : existe-t-il un risque sérieux de rallumer la guerre scolaire aujourd'hui ? Le gouvernement s'en gardera comme de la peste, il sait trop combien d'électeurs il trouve dans les parents d'élèves du privé ! Alors, il n'existe pas de risque sérieux de dégradation des conditions d'exercice de la liberté de l'enseignement si, unie et ferme, l'Eglise de France exige une renégociation des accords entre l'Etat et l'enseignement libre. De toutes façons ce peut difficilement être pire que le carcan actuel. A condition que les évêques en soient conscient, le veuillent, et travaillent à convaincre les responsables de l'UNAPEL, et là ce n'est pas gagné !

Écrit par : Edouard | 06/09/2007

AUX EVÊQUES

> je suis entièrement d'accord avec Edouard. Pour avoir tenté, en tant que père de famille, de faire du catéchisme dans ma paroisse, je sais combien il est dur de faire face au groupe de femmes (sans aucunes arrière-pensées machistes mesdames) en place depuis des années et tellement habituées à leur "parcours catéchétique" et à leur "célébrations" festives, a leur tolérance qui ne veut choquer personne. C'est pareil dans l'enseignement catholique. Ma femme, qui s'en occupait depuis trois ans, vient de démissionner de son poste de responsable des confirmands, épuisée de se battre sans soutien de l'établissement. Oui, il faut que ce soit nos évêques, qui sont les successeurs des apôtres et nos pasteurs, qui fassent le ménage. Sinon, que se passera-t-il? Une vague de création d'écoles ou de centres de catéchisme parallèles? N'est-ce pas le communautarisme catho, que l'on refuse, avec raison, sur ce blog, que l'on favorisera? Mais attention, je dis bien que la tâche revient à nos evêques! Pas question de faire la révolution. Ce n'est pas le "grand soir" des cathos que je demande.

Écrit par : vf | 06/09/2007

D'ACCORD AVEC Mgr CATTENOZ

> Mes enfants sont inscrits dans des établissements privés catholiques et je partage le point de vue de Mgr Cattenoz (avant même que celui-ci fasse débat). L'évêque d'Avignon a tout à fait raison, mais en fait son constat s'applique t-il uniquement à l'enseignement privé, ou l'enseignement catholique ne devient-il pas plutôt à l'image de notre société, de plus en plus déchristianisée ? N'est ce pas plutôt de cela qu'il s'agit, ce qui justifie ce cri d'alarme, justifié à mon sens, mais au même titre que d'autres.
En fait dans l'enseignement catholique comme dans le reste de notre société, un seul mot d'ordre : "ré-occupons le terrain, ré-évangelisons, soyons exemplaires".
S'il est vrai que la situation est difficile et les vents contraires nous n'avons pas d'autre choix que de redoubler d'efforts,d'énergie et de foi.

Écrit par : thierry | 06/09/2007

PASTORALE OU ALIBI

> A vrai dire, on peut se demander si derrière ces attitudes de tolérance et de neutralité : "surtout ne rien imposer", il n'y a pas tout simplement aussi des questions plus triviales de gros sous ?
L'enseignement privé recrute facilement aujourd'hui des élèves dont les parents fuient un enseignement public dégradé mais ne recherchent pas nécessairement un établissement catholique.
Dans un pays déchristianisé comme est le nôtre aujourd'hui, sans doute certains chefs d'établissement privé pourraient craindre qu'un "caractère propre" affirmé assumant plus nettement l'annonce du kérygme et de l'Evangile ne nuise à leur recrutement ?
Alors la pastorale de l'enfouissement et l'apologie des seules valeurs de partage, de dialogue et de tolérance peuvent encore servir d'alibi...

Écrit par : Michel de Guibert | 06/09/2007

SOUS CONTRAT

> J'ai l'impression que, par rapport à l'enseignement public, les avantages du privé sous contrat sont de trois ordres :

- une plus grande autonomie du chef d'établissement dans la composition de son équipe enseignante ;
- une plus grande capacité à établir la discipline (un élève peut ne pas être autorisé à se réinscrire)
- une meilleure implication des familles, via les APEL notamment.

Autrement, dans les faits, quelles différences ?

J'en viens à penser que que, si le projet de 1984 avait abouti, la situation ne serait pas vraiment pire que ce qu'elle est aujourd'hui. Avec, en sus, un statut plus avantageux pour les enseignants (le statut de fonctionnaires - et non pas de simple agent public contractuel) et la possibilité de fournir un enseignement religieux à peu près consistant via les aumôneries qui, par définition, n'auraient rassemblé que les élèves volontaires...

Écrit par : Feld | 06/09/2007

MERCI AUX ENSEIGNANTS

> Quelques précisions d'abord :
-les maîtres et les "professeurs des écoles" de l'enseignement catholique ne sont ni formés ni inspectés par l'Education nationale, leur conviction religieuse pourrait donc être prise en compte dans leur recrutement par leurs formateurs et lors de leur affectation par le directeur.
-l'enseignement catholique ne cherche pas à recruter puisqu'il doit au contraire depuis plusieurs années refuser des élèves.
-une aumônerie, si elle ne réunit que des élèves volontaires, ne fournit cependant pas pour autant une catéchèse plus consistante. Dans l'établissement scolaire, il ne s'agira que d'une heure, souvent mal placée, et hors de l'établissement, elle est difficilement accessible aux élèves qui prennent le car et n'est plus vraiment scolaire.
-dans une école catholique, en plus de l'heure hebdomadaire de catéchèse, beaucoup de maîtresses disent tous les matins avec leurs élèves le Notre Père et le Je vous salue Marie que la plupart n'ont pas appris à la maison, évoquent et expliquent au fur et à mesure de l'année les fêtes liturgiques, de la Toussaint, de l'Avent, de Noël, de l'épiphanie, des Rameaux et de la Semaine Sainte, du Chemin de Croix, de Pâques, de la Pentecôte... Elles savent éclairer avec tact à la lumière de la foi chrétienne les décès qui frappent telle ou telle famille de façon cruelle et souvent injuste pour un enfant, elles citent l'évangile au hasard des expériences et des découvertes comme le font naturellement beaucoup de parents à la maison, mais comme beaucoup ne le font pas, elles imprègnent les enfants de cette foi commune que nous avons connue mais qui n'est plus majoritairement partagée par la société...
J'ai personnellement une grande admiration pour de nombreux maîtres et maîtresses de l'enseignement catholique et j'éprouve beaucoup de reconnaissance envers eux, pour ce qu'ils apportent à mes enfants et à tous ceux dans leurs classe qui n'auront pratiquement eu que cette proposition de la foi, que ce visage de l'Eglise.
Merci à eux

Écrit par : Christine | 07/09/2007

Mgr CATTENOZ ET LES LAÏQUES SONT FAITS POUR S'ENTENDRE

> Il me semble que l'enseignement privé catholique prospère surtout sur les décombres de l'école publique... On pourrait même parler à cet égard de concurrence déloyale ! Fuyant l'insécurité et la violence, une certaine mixité ethnique et sociale dérangeante, des cours ralentis par une trop grande hétérogénéité des élèves, des professeurs découragés et débordés par l'ampleur des difficultés, de nombreux parents se ruent vers le privé catholique... mais pour y chercher les caractéristiques d'un établissement public tranquille, à savoir, au plan spirituel, un humanisme sympathique (tolérance, respect, partage, solidarité...) fait de valeurs évangéliques laïcisées qui ne dérangeront personne et qu'on enseigne d'ailleurs fort bien en éducation civique dans le public... L'enseignement privé catholique devrait faire preuve de plus de modestie : c'est bien sa capacité à sélectionner les élèves selon leur niveau et à les renvoyer si besoin est qui lui garantit cette réputation... Et non pas son identité catholique. Son succès aggrave la situation de l'enseignement public amputé de ses meilleurs élèves et contraint d'accueillir tous ceux qui se présentent (primo-arrivants, élèves issus de foyers, enfants de milieux défavorisés, élèves exclus d'autres établissements...). Je crois que la position de Mgr Cattenoz est intéressante car elle pose le vrai problème et pourrait réconcilier partisans d'un enseignement laïque et républicain authentique et partisans d'un enseignement catholique réellement évangélique choisissant ses élèves en fonction de l'adhésion pleine et entière à un projet d'établissement qui mettra clairement le Christ au centre (instruction religieuse obligatoire, voyages scolaires en rapport avec la foi... la liberté de conscience étant garantie pour la pratique des sacrements).
J'en profite pour vous remercier pour la qualité de ce blog, véritable phare dans l'océan du relativisme !

MB, professeur agrégé dans l'enseignement public

Écrit par : MB | 07/09/2007

@ Christine

> Désolé de vous contredire...

Quelques précisions d'abord :
- les professeurs, au moins dans le secondaire (CAFEP), sont formés pour une large part par les IUFM ;
- ils sont inspectés aussi par les Inspecteurs de l'Education Nationale ;
- les programmes, les concours et les examens sont ceux de l'Educaion Nationale ;
- l'heure de catéchèse est le plus souvent facultative ; il ne s'agit que d'une "proposition".

Vos enfants sont certainement dans un établissement catholique de qualité (il y en a bien sûr, et certains bien connus comme "Stan" et d'autres) ; mais reconnaissez que dans d'autres étabissements, le "caractère propre" est parfois réduit à sa plus simple expression.


Concernant l'engagement des enseignants dans l'enseignement catholique, il peut se limiter au respect du "projet éducatif" ; voici sur leur site cet extrait tout de même un peu flou et alambiqué :

« 10 - S'engager dans l'enseignement catholique. Faut-il être catholique ? Faut-il être croyant ?
L'Enseignement catholique regroupe des établissements associés à l'état pour un service d'éducation de la maternelle à l'université. Chaque établissement est doté d'un projet éducatif se référant au Statut de l'Enseignement catholique (fichier au format PDF). L'Enseignement catholique est ouvert à tous ceux qui acceptent son projet éducatif. Il propose à tous les élèves, quelle que soit leur religion ou leur non-religion, une éducation et une recherche sur le sens de la vie. Pour les chrétiens, il développe les moyens de grandir dans la foi. L'école catholique a des propositions à faire aux enfants dans le respect de la liberté de conscience de chacun: ce sont les richesses du message évangélique qu'elle veut mettre à la disposition de tous au cœur même de la réalité scolaire. "L'Enseignement catholique ne peut pas renoncer à la liberté de proposer le message et d'exposer les valeurs de l'éducation chrétienne. Il devrait être clair à tous qu'exposer et proposer n'équivaut pas à imposer" in Statut de l'enseignement catholique.
Pour enseigner en école catholique, il faut pouvoir :
- Prendre en compte les enfants dans toutes leurs dimensions humaines, intellectuelles, physiques, affectives et spirituelles…
- Vivre l'Espérance et croire à l'éducabilité de chacun.
- Vivre le projet éducatif d'un établissement catholique d'enseignement.
- Participer à la vie de la communauté éducative.
"Compte tenu de la diversité et du pluralisme de toute équipe, il n'est pas demandé la même chose à tout le monde, mais à chacun, il est demandé quelque chose" Commission nationale de pédagogie (CNP), 6 et 7 mars 2001.
" Ainsi les enseignants dans la dimension du projet éducatif ont la liberté d'adopter des attitudes qui vont du respect - considéré comme un devoir de réserve - jusqu'à l'engagement dans la mise en œuvre de la proposition chrétienne. " Comité national de l'Enseignement catholique (CNEC), 18 octobre 1996
La procédure d'agrément permet de se mettre au clair avec cette participation à l'Enseignement catholique. C'est une attestation diocésaine dont les conditions et les modalités sont variables d'un diocèse à l'autre. Pour connaître les conditions d'agrément du diocèse qui vous intéresse, adressez-vous à la direction diocésaine. Coordonnées sur www.scolanet.net »

Écrit par : Michel de Guibert | 07/09/2007

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