24/08/2007
"Soutenir l’économie solidaire"
Sur fond de convulsions financières mondialisées…
…Claude Alphandéry (président du Conseil national de l’insertion par l’activité économique), regrette que les travaux préparatoires du « Grenelle de l’environne-ment » ne fassent pas de place explicite à une réflexion sur « la compatibilité entre l’ambition du développement durable et la représentation la plus courante de l’économie » :
Cette représentation, dit-il, « dopée par les nouvelles technologies, la mondialisation et la déréglementation des échanges, et la surmultiplication des flux monétaires, apparaît comme orientée avant tout vers l’efficacité financière, la compétitivité, le profit ». Elle est portée par un courant d’idées qui [...] dénonce « les mesures les plus élémentaires de taxation, de prévention, de contrôle, comme des coups portés à la croissance [...]. Opinion soutenue par l’ensemble des médias qui suscitent le désir et les réflexes des consommateurs fascinés par la publicité et par le reportage des pratiques ostentatoires des "élites"… »
« Ainsi se diffuse un fétichisme de la marchandise qui privilégie l’avoir immédiat plutôt que le bien-être durable. Certes la voix de quelques experts s’élève et l’opinion n’est pas insensible aux risques encourus : certains immédiats […], d’autres imprévisibles, malgré la pléthore d’analystes financiers et la sophistication de leurs modèles écono-métriques, générés par l’excès ou l’insuffisance de liquidité monétaire. »
« Comment s’assurer d’un développement durable sans sortir d’une économie unidimensionnelle tournée vers la seule efficacité financière et le profit, et peu soucieuse des risques qu’elle génère ? Comment donner toute sa place à une économie respectueuse de l’environnement et de la cohésion sociale hors desquels le développement se casse ? […] Des initiatives existent qui constituent de premières réponses. On les trouve dans des activités de services et de soins individuels et collectifs, de commerce équitable, de bio-agriculture, d’insertion professionnelle, de tourisme populaire, dans des manifestations culturelles, éducatives, sportives. Elles émanent le plus souvent des mouvements associatifs. Elles se situent, pour une part, sur le marché où elles vendent leurs prestations ; elles recourent néanmoins, pour les missions d’intérêt général qu’elles assurent, aux aides de l’Etat et des collectivités territoriales, au bénévolat et à une épargne non ou moins rémunérée.
« Initiatives nombreuses, encourageantes, souvent exemplaires ; elles constituent un vaste secteur d’économie solidaire qui ne se substitue ni à l’économie de marché ni à l’économie administrée, mais qui les complète, et qui s’inscrit avec celles-ci dans une économie pluridimensionnelle plus soucieuse de cohésion sociale et plus respectueuse de l’environnement, donc dans une dynamique de développement durable et humain. Elles restent néanmoins encore marginales, jugées à tort improductives ou peu productives (alors que leur efficacité est considérable si l’on prend précisément en compte le développement durable et humain)…
« Il faut [...] donner à ce vaste secteur d’initiatives dispersées une cohérence et un élan, faire prendre conscience à l’opinion que l’élargissement des assises et de la portée de l’économie solidaire ouvre le chemin d’un autre mode de développement répondant au malaise, aux risques d’un monde déséquilibré par une financiarisation extrême. »
(Libération, 23 août).
Commentaires
ALPHANDÉRY
> Ca ne vous dérange pas que C. Alphandéry soit un homme de gauche (section sociale du club Echanges et Projets de Jacques Delors dans les années 1970, puis missions contre l'exclusion avec Robert Lion sous Mitterrand) ?
laguiole
[De PP à L. - Lisez ce que disait ce blog pendant la campagne présidentielle : vous verrez pour quelles raisons le clivage droite-gauche n'a aucun intérêt.
Aujourd'hui une ligne de démarcation partage aussi bien la gauche que la droite : d'un côté, ceux qui approuvent le système actuel d'économie financiarisée (celui que Benoît XVI appelait à "changer" l'an dernier) ; de l'autre côté, ceux qui voient les tares redoutables de ce système, et chechent un modèle plus humain.
Un catholique qui prend au sérieux la doctrine sociale de l'Eglise ne peut pas être avec les premiers. (Certains "cathos" rejettent cette doctrine sociale ; d'autres la déforment en faisant silence sur tout ce qui leur paraît offenser le tabou ultralibéral. Je n'aimerais pas être à leur place).
Saint Thomas d'Aquin dit : "Il faut s'élever à l'indifférence des sources". C'est-à-dire : peu importe l'origine d'une idée, si elle est bonne.]
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Écrit par : laguiole | 24/08/2007
Une amie rapportait que sa grand-mère disait "le bon marché coûte cher."
> Nous ne sommes plus que des "consommateurs", le marketing l'emportant sur la sociologie. On se préoccupe du moral des ménages au regard de ce qu'il peut influencer sur la croissance et non par rapport au bien être véritable, afin de résoudre un taux élevé de suicide, une consommation galopante d'antidépresseurs, le divorce, la délinquance juvénile, etc. Seul le résultat financier est pris en compte. Nous vivons à l'ère du jetable. L'humain ne devient progressivement plus qu'une matière première (dons d'organes, avortement, euthanasie, clonage, ...) ou un facteur économique, un point de statistique.
Une fois que les consommateurs se seront rendu compte que les meubles bon marché ne tiennent pas longtemps et qu'il sont laids, que l'électroménager à bas prix est du 3° ou° choix rempli de défaut, que les produits premier prix sont dilués et inefficaces, que la nourriture industrielle est un mélange chimico-pharmaceutique qui encourage l'élevage et l'abbatage des animaux de façon violente et insalubre ils prendront conscience que la consommation de masse est perverse, elle elur est défavorable. Elle les entretient et les maintien dans une situation de dépendance.
La consomamtion de masse, comme la drogue, favorise la paupérisation. Elle aboutit à l'enrichissement des plus riches et à l'exploitation des plus défavorisés en les obligeant à accepter des conditions de travail de plus en plus précaires et indignes (cf les conditions de travail des caissières et des manutentionnaires des hard discount ou de beaucoup de franchises de distribution).
Un chrétien doit être un consommateur responsable.
Plutôt que de se donner seulement bonne conscience en faisant la charité de temps à autre, ne devrions nous pas favoriser les artisans et commerçants qui offrent un travail ou un service de qualité plutôt que de ne prendre en compte que le prix ? A entretenir le petit commerce et l'artisanat nous faisons aussi oeuvre de charité d'une certaine façon. Nous empêchons l'appauvrissement de notre société qui s'oriente vers une espèce de Métropolis.
Nous devons être en quelques sortes des "objecteurs de croissance" (Cf. un article de la croix, le film de Al Gore, les écrits de Jacques Ellul). Il ne faut pas la refuser en bloc non plus, mais adapter son comportement à des choix raisonnés, au delà de la simple satisfaction de notre confort personnel, qui replace l'humain au centre de l'acte d'achat. La connaissance du produit, l'adéquation avec le besoin, le sens commercial, la qualité du bien ou du service, tout cela a une valeur qui contribue à la satisfaction et l'équilibre social.
C'est ce que j'essaye d'expliquer autour de moi. C'est ainis que j'achète. J'évite les supermarchés et favorise les bons commerçants, quite à consommer moins mais mieux. C'est aussi cela l'économie solidaire. Elle commence au pas de notre porte. Comme la charité.
Écrit par : Qwyzyx | 24/08/2007
"DEMAGO"
> PP, vous n'avez pas l'impression de vous rallier à la religion laïcodémago ?
laguiole
[De PP à L. - Vous ne voyez pas le monde réel autour de vous ? C'est volontaire, ou par myopie ?]
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Écrit par : laguiole | 24/08/2007
"SCHIZOPHRÈNES"
> Je te vois venir, laguiole au pseudo de terrine , et je vois d'où tu viens. Votre monde mental c'est la misanthropie sous l'emballage de drapeaux et de prétextes. Vous ne voyez pas que vous avez un problème avec la religion chrétienne ? Pas gênés d'être schizophrènes ?
Écrit par : Girolamo | 24/08/2007
DES IDEES
> Je crois que vous avez raison de dire que les barrières entre droite et gauche ont explosé. Cela ne signifie par forcément que toutes les initiatives économiques "solidaires" soient intéressantes. Je pense que celles qui vivent des subventions sont très nombreuses... Néanmoins, cela devrait donner des idées à d'autres, notamment en matière d'édition où il serait très profitable de faire nos propres journaux.
Stéphane
(De PP à S. - L'idée que l'économie solidaire vivrait de subventions est un axiome des ultralibéraux (fort peu sociaux pour leur part). Mais il est contraire aux faits. Prenez le cas du groupe SOS : ses dix entreprises d'insertion font des bénéfices, et vivent à 95 % de leur chiffre d'affaires.]
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Écrit par : Stéphane | 26/08/2007
LA SCOP
> Je me permets de faire la promotion d'un type de société bien trop méconnu en France qui est la SCOP ou SCP :
http://www.demain.fr/default.asp?f=14936
Il me semble qu'elle répond assez bien à l'idée d'économie solidaire.
Écrit par : Qwyzyx | 27/08/2007
A qwyzyx:
> Entièrement d'accord avec votre analyse. Je rajouterais juste une chose, c'est la question de l'attitude de certains chrétiens face à ce sujet. Ayant observé chez nombre de mes parents d'élèves la difficulté à faire vivre de façon correcte une famille (normale et encore plus si elle est nombreuse) avec des salaires modestes ou faibles, j'ai proposé, en tant que délégué des AFC de mon coin, au congrès national de Lourdes en 2000, de créer une sorte de centrale d'achat ou de coopérative pour famille afin de négocier rabais pour ces familles ou, internet commençant, de contourner les grands groupes de distribution en s'adressant à de petit producteurs ou industriels pour s'approvisionner directement à la source. Il m'a été répondu, je cite:"quand on n'a pas les moyens, on ne fait pas d'enfants!". Puis je me suis fait gicler en me faisant traiter comme d'habitude de gauchiste par ces bcbg libéraux. J'ai quitté le congrés et les AFC dans la foulée. Je reste persuadé qu'il serait possible de monter une structure proposant de bons et vrais produits aux gens modestes. Le bio ou la qualité ne doivent pas être reservés aux nantis et les hard discount aux autres!
Écrit par : VF | 27/08/2007
Merci pour votre réponse.
Écrit par : Stéphane | 28/08/2007
UN TRÈS HONORABLE COUTEAU
> Petit mot sur le pseudo de terrine. Savez vous d'où vient le Laguiole? c'est un nom de lieu issu de la contraction de "la gleisola" (nom occitan) ou "petite église" en Français. La plus fameuse de ces localités a donné son nom à un couteau qui originellement comportait une croix sur le manche. Ainsi le Laguiole original était ouvert par le père de famille, planté dans la table pour se mettre en présence de la croix, avant de dire le bénédicité., Ensuite, il tranchait le pain pour toute la famille et débouchait la bouteille de vin. J'aime bien dire que ce couteau est par sa nature un couteau de père de famille chrétienne nombreuse. Adieusiats avec mes amitiés et mes remerciements pour ce blog.
jean pierre
[De PP à JP - Je possède deux laguiole, de Calmels !]
Écrit par : jean pierre | 28/08/2007
CROIX DU BERGER
> Je ne connaissais pas l'étymologie de Laguiole mais j'aime beaucoup ce couteau dont mon exemplaire est celui de mon grand-oncle. Je viens d'en offrir un à chacun de mes enfants (la semaine dernière) et, oh crime, ils viennent d'un artisan de Thiers (mille pardons). Efectivement, il y a une croix sur le manche dite croix du berger, qui disait dessus le bénédicité selon cet artisan. Au passage il y d'excellentes terrines dans le sud-ouest.
Écrit par : vf | 29/08/2007
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