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06/08/2007

À Dieu, Jean-Marie Lustiger

2c8b333cd1d4901fd48a48d709ed026f.jpgIl est mort le 5 août, à l'âge de 80 ans. Hommage à un homme dont le rôle fut décisif :


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Le 5 août était un dimanche. Ce « premier jour de la semaine » comme dit la liturgie, est le jour de la naissance de Jean-Marie Lustiger à la vie éternelle.

 

Son rôle a été décisif dans la vie de l’Eglise en France.  C’était un homme « aux avant-postes », comme  dit un curé parisien (le P. Matthieu Rougé) qui fut longtemps son collaborateur.

 

Archevêque à partir de 1981, à l’heure où le catholicisme français cherchait à se libérer de la bipolarisation morbide entre « progressisme » et « intégrisme », Mgr Lustiger a recentré le témoignage de l’Eglise sur l’essentiel.

 

C’était avant tout un penseur – et un pasteur –  de la nouvelle évangélisation. Comme des milliers de Français, je l’avais rencontré souvent quand il était archevêque de Paris. En 2005, à la maison Marie-Thérèse où il avait pris sa retraite parisienne après avoir quitté ses fonctions, il m’avait accordé un entretien pour le livre Benoît XVI et le plan de Dieu.  Il m’avait notamment déclaré : «  Toutes les structures de notre société sont en proie à un bouleversement qui fait disparaître des pans entiers de ce à quoi l’on était habitué, y compris certaines réalisations chrétiennes des époques précédentes. En même temps apparaissent des forces chrétiennes inédites, qui vont inventer quelque chose. La "nouvelle évangélisation" ne consiste pas à "évangéliser à nouveau le monde", mais à  évangéliser un monde entièrement nouveau : à inventer, dans ce monde tel qu’il sera, une manière chrétienne de vivre qui fasse une humanité plus humaine. L’histoire de la foi a déjà connu de tels nouveaux commencements… »

 

Jean-Marie Lustiger a marqué l’époque par la puissance de sa présence personnelle, par son intelligence extrême, et  par sa capacité d’écoute – en dépit d’un tempérament aux ruguosités légendaires.  C’est ce que reconnaissait à peu près tout le monde ce matin, sauf évidemment France Inter. La radio de service public a défini le défunt par cette formule binaire : « Juif égaré pour les uns, drôle de paroissien pour les autres ». L’idée que Mgr Lustiger ait pu  aussi être autre chose, par exemple un homme de foi (et le guide spirituel d’un très grand nombre de contemporains), n’a pas effleuré la journaliste qui occupait l’antenne.*

 

 

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(*)  Après quoi le correspondant de France Inter à Rome a affirmé que le cardinal Lustiger, après avoir été proche de Jean-Paul II, avait des relations difficiles avec Benoît XVI. Ce qui est faux, si l’on se souvient de la joie non dissimulée de l’archevêque de Paris après l’élection de Josef Ratzinger…  Seul argument du journaliste : les deux hommes avaient eu « un échange plutôt vif » à propos du Motu proprio sur le missel de Jean XXIII. C'est exact   – mais ça ne change rien à l’essentiel, quand on sait l’importance très relative du Motu proprio dans la vie de l’Eglise.  Le journaliste, manifestement, ne le savait pas. C’est ce que les auditeurs peuvent lui reprocher : quand on fait un métier, on le fait complètement…

 

 

 

 

Commentaires

UNE GRANDE GRATITUDE

> Au moment où le cardinal Lustiger nous quitte pour gagner la maison du Père, la tristesse que j’éprouve se mêle d’une grande gratitude. Alors que, depuis plusieurs décennies, il est en proie à une sorte de léthargie spirituelle, notre pays a eu la chance d’avoir à sa tête, parmi ses cardinaux, un homme comme Jean-Marie Lustiger, un homme d’une trempe hors du commun, animé d’une Foi et d’une Espérance communicatives.

Un grand merci, donc, à Jean-Marie Lustiger pour tout le bien qu’il a fait durant sa vie, sa vie de sacerdoce.

A propos du sacerdoce, et donc du prêtre, me reviennent en mémoire les paroles fortes qu’il prononçait quai Conti, il y a un peu plus de dix ans, le 14 mars 1996, lors de sa réception à l’Académie Française : « Le prêtre », disait-il devant des Académiciens attentifs, « est l’une des figures qui portent, de façon symbolique, le destin spirituel de notre pays. Certes, il en est d’autres, selon les époques de notre histoire : l’instituteur et le maître, le juge et le médecin, le gendarme et le soldat… Mais aucun d’eux n’a comme le prêtre, pendant presque deux millénaires, établi une relation personnelle avec tous les hommes, riches et pauvres, liés par un même destin en ces communautés qui se rassemblent autour de leur clocher. Le prêtre est le serviteur du rapport des hommes au Transcendant, depuis leur naissance jusqu’à leur mort. Le dévot comme le libertin, le croyant comme le sceptique, le puissant comme le proscrit savent qu’ils peuvent lui faire confiance : il a le devoir d’accueillir toute détresse, de secourir toute misère, de conforter tout homme en sa dignité. A coup sûr, le prêtre est dépassé par ce qu’il représente. On le brocarde parce qu’on le sait indigne. En même temps, il est hissé au-dessus de lui-même par Dieu dont il reçoit sa vocation, par tous ceux qui, en l’accueillant comme témoin du Mystère, le portent vers le haut».

Ne dressait-il pas son propre portrait ?

Écrit par : Sophrone | 06/08/2007

C'ETAIT L'A.F.P.

> Rendons à l'AFP ce qui est à l'AFP : la formule "juif égaré ou drôle de paroissien" était prise par France Inter dans une dépêche de ce matin. L'agence ne devrait pas se permettre de faire des mots de ce genre, mais sa dépêche était longue, circonstanciée, objective, et la formule litigieuse en était relativisée. Tandis que France Inter, en reprenant cette formule seule et coupée de son contexte, lui donnait une valeur péremptoire absolument grotesque.
Cela dit, France Inter a fait au 13 h une séquence plutôt objective sur la mort du cardinal.

Écrit par : Hugo Schwab | 06/08/2007

LES MAINS PLEINES

> En regardant la vie d'hommes comme Mgr Lustiger, on comprend pourquoi nous pouvons rendre grâces à Dieu de nous avoir envoyé des témoins aussi explicites. Je lui applique deux phrases écrites sur un vieux mémento :
"Il tombe les mains pleines de ce qu'il nous a donné.
Quand on l'avait vu, on ne pouvait plus nier l'existence de l'âme."

Écrit par : Xavier de GASSART | 06/08/2007

LE CHANT DES J.M.J.

> Je crois que le chant des JMJ 1997 "Maître et Seigneur" a été rédigé par Mgr Lustiger lui-même qui avait rejeté bien des propositions qui ne lui paraisaient pas à la hauteur de l'évenement. Ce chant est une profonde méditation du mystère du Christ qui pourrait servir à catéchiser jeunes et adultes.

Écrit par : B.H. | 06/08/2007

UN GRAND HOMME

> Prions pour le repos de l'âme de ce grand cardinal qui a marqué l'histoire. Suite à l'élection de Benoît XVI, avec l'intelligence qu'on lui connaissait, il avait accordé une interview extraordinaire à KTO. Il sut manifester sa joie et son émotion. Le conclave fut un moment de retraite, de prière et de foi! Le cardinal Ratzinger fut l'homme que les évêques de France aimaient rencontrer durant les visites "ad limina".
La conversion de Mgr Lustiger au catholicisme durant la guerre lui a permis de comprendre en profondeur le mystère d'Israël, le peuple à qui Dieu a parlé en premier. Il était et restera toujours catholique sans renier son appartenance juive, comme le Christ, Marie et Joseph. Merci pour tout, Monsieur le Cardinal. Avec votre Pâques, votre passage vers la vie éternelle, les aînés qui ont formé et préparé la nouvelle génération, celle des JMJ notamment, perdent encore un Père, un grand homme!

Écrit par : abbé Dominique Rimaz | 06/08/2007

Seul face au Christ.

> "Vous m'envoyez promener", avait-il dit à Notre-Dame de Paris... Ce dernier billet, personne ne le lui aurait offert. Il nous laisse une impression de vide, c'est nous qui sommes maintenant au bout de la chaîne. La transmission de la foi passe par nous. Il nous a appris à tirer de ce trésor du neuf et de l'ancien.
Ce merveilleux regard, perçant, brillant, parfois rieur... Merci pour Radio Notre-Dame, pour KTO, l'Ecole Cathédrale... Quel "métier" que celui d'Evêque et d'Evêque de cette ville! Encore un dernier merci pour une telle fidélité à une mission, où l'on doit être bien souvent seul face au Christ... avec et contre soi-même.

Dominique

[Note de PP - Le "vous m'envoyez promener" était une plaisanterie du cardinal, à Notre-Dame, lors de la cérémonie de son départ. Il s'amusait ainsi du cadeau qu'on venait de lui faire au nom du diocèse : un billet d'avion permanent, toutes destinations.]

Cette note suit le commentaire

Écrit par : Dominique | 07/08/2007

TOUT LE BIEN QU'IL A FAIT

> J'éprouve une immense gratitude pour tout ce qu'il était et pour tout ce qu'il a fait ! Partout où il passait, il faisait le bien...
Il fut un bon et loyal serviteur, et je rends grâce pour tout le bien qu'il a fait, auprès des étudiants d'abord, et dans le diocèse de Paris en premier lieu bien sûr, en particulier pour la formation de nombreux jeunes prêtres de qualité (et aussi pour la formation des laïcs à l'Ecole Cathédrale, que j'ai eu la chance de pouvoir fréquenter), mais aussi dans l'Eglise de France (bon nombre d'évêques sont ses fils spirituels) et dans l'Eglise universelle (il avait la confiance du Pape Jean-Paul II et celle du Cardinal Ratzinger).
Le cardinal Aron Jean-Marie Lustiger est mort en la Vigile de la fête de la Transfiguration... Que le Seigneur fasse briller sur lui la Lumière sans déclin !

"Le Seigneur dit à Moïse : Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d'Israël : 'Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix !' C'est ainsi que mon nom sera prononcé par les fils d'Israël, et moi, je les bénirai." (Livre des Nombres 6, 22-27)

Écrit par : Michel de Guibert | 28/08/2007

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