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21/07/2007

La foi chrétienne est (aussi) un signe de contradiction :

Un texte de ce dimanche nous parle directement :


Paul écrit (1 Corinthiens, 24-28) : « Ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair ». Toute entreprise d’évangélisation se heurte (dans tous les siècles) à des incompréhensions plus ou moins graves et à des oppositions, parfois violentes.

Il n’y a pas à s’en étonner. Aux Thessaloniciens, Paul écrit : « Que personne ne soit ébranlé au milieu des épreuves présentes, car vous savez bien que nous y sommes destinés ».

Mais les incompréhensions sont là pour être dissipées, et c’est la mission des chrétiens.

« Nous avertissons tout homme, nous instruisons tout homme avec sagesse », dit Paul dans le texte d’aujourd’hui :

« Tout homme » veut dire, pour nous Européens en 2007, toutes les populations de plus en plus diverses qui peuplent notre continent : il faut donc être audibles ;

« Avertir » implique que nous croyions fermement ce que nous annonçons : nous ne flottons pas au gré de l’air du temps, notre foi est un signe de contradiction ;

 « Instruire » suppose que nous soyions nous-mêmes instruits : éduqués, formés par notre Eglise. Ce que nous annonçons nous vient d’elle, ce ne sont pas nos lubies personnelles ni celles de notre milieu social.

« La sagesse » est celle de l’Esprit Saint. Non l’idéologie d’un clan, fixée dans des préjugés… « Plus que tout mouvement la sagesse est mobile », dit le livre de la Sagesse (7,24) : « elle renouvelle tout de génération en génération, elle se transmet aux êtres fervents et fait d’eux des amis d’Elohîm, des inspirés, car Elohîm n’aime la parole que si elle demeure unie  à la sagesse » (7, 27-28).

Tout cela, dit Paul, « afin d’amener tout homme à la perfection dans le Christ ». Car le salut dans le Christ est pour « tout homme », contrairement à ce que dit le postchristianisme actuel, y compris dans certains milieux chrétiens (*) ! « C’est l’émerveillement de cette présence du Christ au milieu d’eux qui transforme les croyants en témoins », écrit l’exégète.

 

 

 

(*) Mais une conscience ignorant la Révélation peut être sauvée si elle est droite, dit aussi la théologie catholique : subtile ouverture que l’Eglise médite depuis des siècles, et dont on n’a pas fini de supputer les implications. Finalement, la communauté mondiale des chrétiens n’a-t-elle pas le rôle d’un immense monastère priant et se dévouant pour le reste de l’humanité ?

 

 

Commentaires

Je ne sais comment faire...je me suis dit que si mon blog, bien maigre et peu productif à côté du vôtre, pouvait vous intéresser...

Bien cordialement,

Marc

Écrit par : quidam | 21/07/2007

> Excellente continuation.

Écrit par : Stalker | 22/07/2007

SE DEVOUER ?

> "Finalement, la communauté mondiale des chrétiens n’a-t-elle pas le rôle d’un immense monastère priant et se dévouant pour le reste de l’humanité ?"
Je comprends que l'on puisse concevoir la chrétienté ainsi mais personnellement je n'y adhère pas.
Pour ma part je peux difficilement y adhérer car selon moi, chaque personne, qu'elle soit chrétienne ou non, bâtit le règne du Christ. Chaque personne est du moins potentiellement co-génératrice de ce règne, puisque le don total de soi du Christ a été fait une fois pour toute et pour chaque personne, quel que soit sa croyance, sa connaissance, son adhérence à la Révélation.
Votre phrase me donne l'impression que le chrétien devrait subvenir aux reste des humains qui n'adhèrent pas à la Révélation et n'accompliraient pas leur rôle. Or personne ne peut se substituer aux autres, pas même le Christ qui laisse chacun libre.
Du reste, le mot "se dévouer" est pour moi inopportun et emprunt d'une vision très manichéenne de la réalité, issue de toute notre histoire gréco-judéo-chrétienne. Je ne vois pas en quoi un chrétien se dévouerait, au sens où ce mot à été repris tout au long de l'histoire de la chrétienté: se sacrifier. Il faudrait donc des chrétiens qui se sacrifient pour le reste de l'humanité qui n'accueillerait ou ne connaîtrait pas Christ.
Décidément, cette vision sacrificielle de l'être humain, afin de mériter son paradis (puisqu'il a été souillé par le péché originel, il doit se racheter afin de recouvrer la nature dans laquelle il a été créé avant la souillure: mais n'est-ce pas seul Christ qui peut racheter notre péché ?!) est vraiment consubstantielle au (gréco) judéo-christianisme... Mais peut-il en être autrement ?
Personnellement je ne m'y retrouve pas. Le Christ dans son don total à l'humanité sur la croix devait-il expier quelque faute ? non, puisqu'il est Fils de Dieu. Pourtant l'on a utilisé le même mot: le sacrifice, avec toute la connotation (négative, par essence) de ce mot...
Se sacrifier signifie abandonner, renoncer volontairement à. Mais lorsque l'on se donne totalement, comme l'a fait Christ sur la croix, il n'a ni la place pour le renoncement, ni la place pour l'abandon. Il ne reste que le don, unique, total, sans place pour une "arrière pensée". Même lorsque Christ dit: "Père, pourquoi m'as-tu abandonné" il n'y a pas l'ombre d'un regret ou d'une impression d'abandonner quelque chose, sa vie humaine, pour une autre, la vie éternelle. Dire cela, est-ce couper avec tout mysticisme ? Redonner toute sa force au don total du Christ sur la Croix serait-ce dénigrer le côté divin de la Personne du Christ ? Certain le penseront, libres à eux d’en expliquer pour quelles raisons.
Cette notion du sacrifice, du renoncement volontaire à quelque chose (le chrétien renoncerait à une vie de plaisir pour palier au déficit du reste de l'humanité...) est un "effet rajouté" par notre conception philosophique indo-européenne qui a penser l'être humain de manière dualiste depuis les pré-socratiques, séparant l'être du non-être, puis avec Platon, séparant le monde des idées, où se trouve la vérité essentielle du monde sensible, réduit à la matière et périssable, qui n’est qu’une pâle copie de l’autre monde. Par ailleurs, nous avons contribué à penser l'humain de manière schizophrène, sous couvert de rationalité: d'un côté la pratique, l'action, de l'autre la théorie, la raison et nous avons créé l'idée de volonté. Il faudrait vouloir renoncer aux attraits matériels pour être totalement adonné aux besoins spirituels, et le chrétien serait celui qui devrait être ainsi pour tirer le reste du monde en avant.

Personnellement je ne pense pas que le rôle du chrétien soit de « renoncer à quelque chose volontairement », par exemple à une renommée terrestre, serait-ce pour un plus grand bien, par exemple siéger auprès de Dieu au paradis, serait-ce pour « rattraper » le sort des malheureux qui n’auraient pas la « conscience droite », par la prière ou l’ascèse par exemple. Lorsque l’on se donne, la frontière entre l’acte et la représentation que l’on en a, entre le don et la volonté de se donner s’estompe. Tel que les philosophes classiques chinois l’avaient déjà bien conçu en leur temps, il ne s’agit dès lors plus de sacrifice mais d’une action complètement désintéressée.
D’ailleurs nos plus grands mystiques européens, selon moi, partageaient sans le savoir cette vision là de l’être humain. Ils n’avaient pas une plus grande volonté que les autres mais peut-être un esprit moins dualiste (cf. St-Paul : « je fais le mal que je ne voudrais pas, et je ne fais pas le bien que je voudrais »), plus à l’écoute et ouvert sur l’intérieur, conscients de leur écart par rapport au don total du Christ, acceptant (les stigmates, par exemple) lorsqu'il s'agit d'accepter (plutôt que de " renoncer"), se donnant lorsqu’il s’agit de se donner (plutôt que de "se sacrifier").

Le pti prince


(De PP au ptP - "Se dévouer" (dans ma note) ne signifiait pas renoncer ni s'infliger des "diminutions", mais :
- prier (sinon pas de vie chrétienne)
- s'engager concrètement au service des autres, par exemple dans l'économie sociale, le commerce équitable et toutes les actions de solidarité. Etc.
Le chrétien ne mène pas une vie chrétienne pour mériter quoi que ce soit, mais par enthousiasme d'être sauvé par le Christ. C'est du domaine de la jubilation, et ça change tout.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Le pti prince | 23/07/2007

"SACRIFICE" ?

> Le malentendu vient à mon sens de la compréhension du mot "sacrifice".
Pour l'auteur du commentaire (Le pti prince) : "Se sacrifier signifie abandonner, renoncer volontairement à." Pour moi, et je pense aussi dans l'esprit de Patrice de Plunkett, il ne s'agit pas de cela mais d'oblation (ce qui rejoint alors la pensée du commentateur et lève le malentendu).
Si cela était plus clair dans l'esprit de beaucoup, il y aurait moins de polémiques stériles sur le nouveau missel dans lequel le "sacrifice" serait soi-disant gommé...
Or, il n'en est rien, car précisément le "sacrifice" du Christ en croix et sur l'autel est précisément "oblation" parfaite.
Et d'ailleurs, le missel ne cesse de parler d' "offrir le sacrifice de louange", ou le "sacrifice d'action de grâce".
Et nous sommes bien ce "monastère priant et se dévouant pour le reste de l'humanité" dont parlait Patrice de Plunkett quand la liturgie, appelant sur nous l'Esprit Saint, poursuit : "Regarde, Seigneur, cette offrande que tu as donnée toi-même à ton Eglise ; accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d'être rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps, pour qu'ils soient eux-mêmes dans le Christ une vivante offrande à la louange de ta gloire." (P.E. IV)
Etre "une vivante offrande à la louange de la gloire du Père", c'est bien s'unir à l'offrande du Fils pour le salut du monde.

Écrit par : Michel de Guibert | 27/07/2007

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