Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/07/2007

La chapelle, le maire et les touristes

e0242b24290ed4097d9195aabf6fd80d.jpgLe signe de la chapelle Saint-Samson :
 

 

<  photo : la chapelle. 


 

 

 

La chapelle St-Samson est sur la côte de Landunvez, dans le Finistère, devant l’un des plus beaux paysages marins de l’ouest. C’est une toute petite maison de pierre, dos au large. Son pignon occidental porte un clocheton d'un mètre soixante érodé par les vents. Dans la chapelle, il n’y a presque plus rien. Crainte des voleurs. On a démonté tout ce qui ornait le mur de l’autel : les deux statues de bois polychrome (ces « saints bretons » trop aimés des collectionneurs), la grande peinture centrale, les cabochons sculptés, la porte du tabernacle.

Mais en même temps, on restaure. L’autel XVIIe a deux nouvelles moulures. Les socles des statues absentes sont neufs.

Sous le bénitier (une pierre taillée, dans le mur sud à droite de l’entrée), un carton de la mairie prévient que la restauration de la chapelle est en cours, et propose aux visiteurs d’y participer en laissant un ou deux euros dans un tronc. Le prix d’une veilleuse de plastique rouge… Et justement il y en a une caisse, posée près de la barrière de bois à portillon qui est la sainte table. Contre le mur nord, un porte-cierges de métal noir attend les veilleuses que les touristes ne manqueront pas d’acheter et d’allumer.

Et voilà le signe : les touristes, effectivement, achètent les veilleuses et les allument. Toute la journée, des voitures s’arrêtent près de la croix de pierre à l’entrée du chemin, et leurs occupants entrent dans la chapelle. Ou bien ce sont des randonneurs de la côte, sac au dos, qui font halte. Toute la journée, dix, douze, vingt petites lumières brillent dans ce sanctuaire vide. Le touriste qui glisse une pièce dans le tronc avant d’allumer une veilleuse, pense forcément à la religion. Ce sont des gestes qu’on n'accomplit pas par hasard.

Voilà le fait : la mairie laïque n’a pas hésité à utiliser des petites lampes d’église pour trouver quelques sous. Il s’agit d’aider des travaux, non de prier la Vierge ou saint Samson le Gallois (premier évêque de Dol en l’an 540) ; mais l’association d’idées saute aux yeux.

Ce minuscule sanctuaire vidé de ses ornements, ces veilleuses qui brûlent toujours, ce tabernacle ouvert et vide – mais où des anonymes déposent des fleurs de bruyère  : on dirait une allégorie de la situation du catholicisme en France aujourd’hui. Un patrimoine en péril ? Mais surtout un appel mystérieux. C’est là l’espérance.

 

Commentaires

A GALON

> Beau texte où le style sert à la fois la réflexion et la spiritualité, c'est tellement mieux que le cynisme et le pharisaïsme dans lesquels il est si facile de tomber.
Sans rancune ?
A galon.

Christine


[De PP à C. - Jamais de rancune sur ce blog ! Bon été.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Christine | 24/07/2007

> Un beau commentaire...merci.

Écrit par : cristiana | 24/07/2007

> Le maire fait appel au Ciel. Et le Ciel lui répond.
L'appel du maire, en Bretagne...

Écrit par : Qwyzyx | 24/07/2007

PARTOUT

> Voilà le genre d'actions où il est possible de réunir non croyants, croyants non pratiquants, et pratiquants tenant de la forme ordinaire et de la forme extraordinaire du rite. Il faudrait développer et favoriser partout de telles petites actions, germes de renouveau.
A propos, on entend peu parler en France, du mouvement des "athées dévots", qui est pourtant très présent ailleurs, notamment en Italie.

Écrit par : furgole | 24/07/2007

MYSTERIEUSEMENT

> Merci beaucoup, Monsieur, pour ce très beau message. J'ai observé ce phénomène également sur la côte basque. M. Jean Raspail parle aussi, dans plusieurs de ses ouvrages, de "ces églises modernes, vides, mais où, mystérieusement, brûlent toujours des cierges..."

Écrit par : Sixtine | 24/07/2007

ESPERANCE

> Une belle histoire à la Raspail. Un appel à l'espérance, cher à notre Pape Jean Paul II. Finalement que l'argent serve à la restauration de la chapelle ou à célébrer des messes, quelle importance. L'évangile dit en substance : donnez, donnez, peu vous importe ce que devient l'argent, seul le don vous est compté.

Écrit par : Louis | 25/07/2007

> Mieux vaut allumer une lampe que maudire l'obscurité !

Écrit par : Michel de Guibert | 27/07/2007

Les commentaires sont fermés.