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15/07/2007

Le Bon Samaritain n'est pas de droite, ni de gauche

Incident révélateur dans un conseil régional :


 

Lc 10, 25-37, le Bon Samaritain : le  « rite ordinaire » propose aujourd’hui cet évangile à la réflexion. Au même moment, on apprend que des élus de droite, au conseil régional de l’Ile-de-France, bloquent (pour des raisons floues) une subvention à un excellent réseau d’économie sociale : les « épiceries solidaires ». Agir ainsi, c’est zapper l’évangile du Bon Samaritain. Et ça en dit long sur les hâbleurs : ils nous parlent de « l’identité nationale » (dont font partie « les racines chrétiennes »), mais ils manifestent – dans les moments tests – le plus parfait mépris objectif envers le christianisme…  Car l’idée chrétienne, c’est que l’amour du prochain ne sélectionne pas celui qui aide : le prochain est celui que le hasard, ou la providence, nous envoie. Refuser de l’aider, c’est refuser l’évangile. Et là, on y voit plus clair sur les véritables sentiments des uns et des autres. Ceci s’ajoute à ce que je disais dans ma note d’avant-hier sur la droite (et la gauche).

 

 

Commentaires

IMPRECISION

> "Rite ordinaire" ? Vous nous avez habitué à plus de précision ! "Forme ordinaire du rite romain" ("double usage de l'unique et même rite"). Pour la petite histoire, savez-vous que nous fêtions ce 14 juillet l'anniversaire de la bulle "Quo Primum" de St Pie V qui instaura dans l'Eglise le rite Tridentin ? C'était le 14 juillet 1570.
Merci pour la qualité de votre blog !

abbé Dedieu


[De PP à D. - Mille excuses, vous avez parfaitement raison : ma tournure était elliptique, donc fautive. Mais l'intention était de mettre en pratique la nouvelle formulation, et de ne plus dire "de saint Pie V" !]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Abbé Dedieu | 16/07/2007

LE PRINCIPE NATIONAL

> Les considérations politiques sont difficilement compatibles avec l'enseignement religieux.
La droite est historiquement la partie de l'hémicycle des conservateurs. Le texte de l'Evangile est révolutionnaire. Le principe d'état nation consacre l'émancipation politique de la bourgeoisie possédante pour qui le pouvoir procède du sol (du patrimoine) et n'émane plus du Ciel (et du respect du droit naturel).
Dans ses effets, le principe national fixe l'homme à la terre. Il le maintient au niveau du sol quand la religion élève son esprit, le libère. Le principe national consacre l'attachement des hommes à une terre, un atavisme. Qu'il soit intéressé ou subi : soit ils se la sont accaparés pour l'exploiter, soit ils n'en sont qu'un accessoire au service des premiers. Dans chaque cas ce lien n'est qu'une chaîne qui les conduit à se battre ou se faire tuer. C'est à l'opposé de la parole du Christ.
Le principe national divise les hommes, dresse des murs, oppose l'humanité. L'Eglise parle d'amour, de charité et d'espérance.
Enfin, l'Evangile nous enseigne que le chrétien n'est pas attaché à une nation.
"Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre." Matthieu 10-23.
"Même la poussière de votre ville qui s'est collée à nos pieds, nous l'essuyons pour vous la laisser." Luc 10-11.
Une volonté d'intégration devrait passer par la réhabilitation de l'amour du prochain, le respect sincère de la personne. Elle ne peut pas se résumer à l'adoption de valeurs matérielles communes. La misère humaine qui se voit en France (suicides, dépressions, consommation de psychotropes, internements psychiatriques, exclusion sociale, divorce, euthanasie, avortement, ...) oblige à s'interroger si le Français n'est atteint plus profondément, dans son for intérieur et savoir si le drapeau est le meilleur remède pour lui redonner confiance.

nb : L'histoire a montré que le principe national a été exploité par la gauche avec les mêmes conséquences.

Écrit par : Qwyzyx | 17/07/2007

ORDINAIRE

> Me permettrez-vous de défendre votre tournure "rite ordinaire" ? Nous, vos lecteurs, avons immédiatement compris ce que vous avez voulu désigner. L'auteur n'est pas contraint de s'exprimer que dans un langage scientifique. L'ellipse et les autres figures de rhétorique sont parfaitement licites.

@qwyzx :

L'amour de la patrie n'exclut pas l'amour de l'humanité. L'amour de la patrie ne doit pas être étroit, c'est tout.

L'amour ne conduit pas à la guerre.

Gaudium et Spes du concile Vatican II

"Il [Jésus] a sanctifié les liens humains, notamment ceux de la famille, source de la vie sociale. Il s'est volontairement soumis aux lois de sa patrie. Il a voulu mener la vie même d'un artisan de son temps et de sa région."

Ibidem :

"4. Que les citoyens cultivent avec magnanimité et loyauté l'amour de la patrie, mais sans étroitesse d'esprit, c'est-à-dire de telle façon qu'en même temps ils prennent toujours en considération le bien de toute la famille humaine qui rassemble races, peuples et nations, unis par toutes sortes de liens."

Jésus n'a sangloté qu'une fois dans l'Evangile, c'est lorsqu'il a pensé au sort de sa patrie terrestre et de ses compatriotes :

"Quand il fut proche de Jérusalem, à la vue de cette ville, il pleura sur elle (...)" Luc XX, 41

En note le chanoine Crampon mentionne : "(...) Mais tandis que pour Lazare, il verse des larmes silencieuses (...) ici il pleure à haute voix, il sanglote (...)"

Saint Luc s'est inspiré pour son évangile de ses conversations avec Sainte Marie, la Sainte Vierge. Il n'est pas étonnant que la pieuse Marie (le sexe féminin est le sexe pieux), lui ai relaté cet épisode de piété patriotique et de souffrance de son Jésus à propos de leur patrie commune.

Écrit par : Denis Merlin | 19/07/2007

DECHIRURE

> Cher PP, j'attendais que vous réagissiez à cela:

"Le texte de l'Evangile est révolutionnaire. Le principe d'Etat nation consacre l'émancipation politique de la bourgeoisie possédante pour qui le pouvoir procède du sol (du patrimoine) et n'émane plus du Ciel (et du respect du droit naturel). Dans ses effets, le principe national fixe l'homme à la terre. Il le maintient au niveau du sol quand la religion élève son esprit, le libère. Le principe national consacre l'attachement des hommes à une terre, un atavisme."

Le postulat affirmé ici est que la religion "élève l'esprit" au sens de "l'éloigne de la nature" et, de là, pose que le but est d'ordre "spirituel" au sens d'éthéré. Il faut revoir en profondeur la "révolution" qu'impose le Seigneur ! Et… Sa présence historique parmi nous, signe d'un amour pour l'Humanité créée.

Si réellement notre salut appartenait au monde de l’éther, pourquoi le Christ se serait-il fait homme, se livrant aux hommes ? Songeons qu’il Lui était loisible de nous faire sa leçon depuis le Ciel.
C'est au sein du vivant, de notre existence, que notre sanctification est possible. Sans quoi, nous n'aurions qu'à souhaiter mourir tout de suite pour une résurrection plus hâtive.
Cette déchirure est à l'origine de toutes les hérésies modernes: c'est la consécration systématique d'une fracture entre le monde créé, vil, bas ou au contraire déifié, et le monde "spirituel" compris comme éthéré, pur et parfait ou au contraire... inexistant.
C’est l’Islam qui affirme que Dieu est bon et l’homme mauvais. Prenons garde de ne pas mettre de côté les deux alliances que Dieu a offertes aux hommes.
Il faut véritablement se soucier de cette déchirure, qui fonde les dissensions entre catholiques, et entre les catholiques et le monde. Le péché originel ne condamne pas fatalement l'homme, il peut être vaincu en notre existence par l'acquiescement et le don, appelant la grâce divine du salut. Nous ne pouvons rien seuls, mais rien ne se fait sans nous. Nous sommes conviés aux noces, nous ne les organisons pas. Tout est dans cet équilibre.

Tout ce qui est, est né du Verbe. Ce qui est, est réellement, il n’est pas possible de réduire ce qui est, au péché, et donc à une nature absolument corrompue. Ça n’aurait aucun sens, car l’absolue corruption est tout simplement non-être.
Il y a donc une valeur intrinsèque en ce qui est, et plus encore une valeur intrinsèque — précieuse aux yeux de Dieu — de l’être qu’il a créé à son image, créature préférée. C’est avec cet être-là que les Alliances sont conclues.
Par conséquent et extension, ce n’est pas l’éloignement à l’être qui est la voie juste, mais sa prise en considération. La perspective doit se faire depuis une vision de l’Humanité vers la nation, de la nation vers la communauté, de la communauté vers la famille et de la famille vers la personne pleine et entière. Ce qui justifie l’enracinement et invalide les constructions contemporaines « babellistiques » de grands ensembles continentaux. Le principe national n’est donc pas un atavisme, mais une clé incontournable pour ouvrir l’horizon d’un déploiement de l’individu. C’est lorsque l’individu est pleinement reconnu que la construction d’ensembles st possible. Les ensembles sont possibles si l’on est ensemble, autrement dit si l’on est réellement. Car notre nature véritable est d’ordre spirituelle, être et esprit ne sont pas dissociables.
Merci pour votre blog !

Écrit par : remy wiedemann | 25/08/2007

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