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13/07/2007

Etre « de droite » ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

Laissons la droite enterrer la droite :


Un lecteur lefebvriste me prend à partie.  Il  est évidemment furieux de ma note du 11 juillet sur Vatican II, et m’accuse de « conciliarisme » . J’avoue ne pas comprendre ce que veut dire ce mot sur le plan religieux. (On est membre ou non de l’Eglise catholique, c’est la seule distinction pertinente).

Mais mon contradicteur s’intéresse-t-il vraiment au religieux ?

Visiblement non, puisqu’il dit s’étonner que je sois « conciliariste » alors que, dit-il, je me « revendique de droite ».  

Or :

1. Je ne vois pas le rapport entre le concile, la théologie, l’ecclésiologie (d’une part), et d’autre part la gauche ou la droite ;

2. Je ne me  « revendique » absolument pas « de droite ».

A vrai dire, je pense que « droite » ne signifie rien.

Et depuis longtemps.

En 2007, on constate l'existence de deux courants :

- ceux pour qui l'économique compte plus que le lien social,

- ceux pour qui le lien social compte plus que l'économique.

Appartiennent au premier groupe des gens de "droite" et de "gauche" :  par exemple Dominique Strauss-Kahn, Christine Lagarde, Laurence Parisot, Pascal Lamy et pas mal d’autres.

Appartiennent au second groupe l’Eglise catholique, beaucoup de « laïques », et toute la nébuleuse des associations et des réseaux d’économie sociale ou d’alterconsommation (ce qui fait de plus en plus de monde avec une audience de plus en plus considérable, si l’on en croit les cabinets d’études quantitatives et Michel-Edouard Leclerc).

Ce groupe agrège des gens qui viennent de ce qui fut la gauche et de ce qui fut la droite ; ils se contrefichent totalement  - et surtout -  de la notion de gauche et de droite.

Ils savent que 68 est aussi loin que le jurassique.

Ils vivent dans le monde d’aujourd’hui, totalement inédit.

Je suis dans ce groupe : avec allégresse.

 

P.P.

 

Commentaires

LE VIEIL HOMME

> Maritain, en son temps a été cruellement confronté à cet ostracisme politique, méprisé par une certaine "droite catholique", forcé d'émigrer avec Raïssa aux USA.
J'aime cette phrase du vieux sage dans "Question de conscience" :
"C'est moins visible, mais plus utile de dépouiller le vieil homme que de revêtir des chemises de toutes les couleurs".

Écrit par : escouloubre | 13/07/2007

> Et oui ! Il y a un sacré travail à faire pour se libérer de catégories non pertinentes.

Écrit par : Gérald | 13/07/2007

lefebvriste : qu'est-ce ?

> J'aime votre façon de classer les choses : de manière nette, simple et, me semble-t-il, objective (ou en tout cas rationnelle et raisonnable).
Hmmm .... alors ? Pouvez-vous m'expliquer à quoi ou qui correspond un lefebvriste ?
Je pose la question en toute franchise parce je ne comprends pas, moi non plus, comment un lefebvriste peut se prétendre "non-conciliariste".
Monseigneur Lefebvre refusait-il le Concile (V II) ?
Se pourrait-il qu'il y ait des confusions même chez les lefebvristes ?
Attention ! Je ne veux pas dévier le débat (quoique, si ça vous dit… Mais j’y retournerais volontiers sur d’autres articles). Je m’interroge juste sur votre emploi de ce terme de lefebvriste. Et au sens que je dois lui donner.

... pax Benedicti XVI sit semper vobiscum !

Écrit par : Philalèthe | 13/07/2007

En effet, cela ne veut rien dire !

> Depuis la fin du XIXè siècle la droite française, au contraire de la gauche, a toujours été désunie : le fond idéologique de la gauche (le marxisme plus ou moins édulcoré) fait son unité sur les projets fondamentaux, ce qui explique (en partie) les alliances naturelles entre socialistes et communistes. A droite, rien de tel, au contraire on trouve une grande hétérogénéité.
Quoi de commun entre les chrétiens démocrates issus du MRP et au delà, du Sillon, les gaullistes (issus du bonapartisme, de toutes chapelles), les libéraux (issus de l’orléanisme), les souverainistes, les traditionnalistes, etc ? Les lignes de clivage sont nombreuses et s’entrecroisent au sein même des partis, dont l’UMP est la plus vivante expression. Souveraineté nationale contre européisme, ultralibéralisme contre interventionnisme tempéré, républicains contre monarchistes (il en reste), laïcistes contre catholiques, sans compter les domaines essentiels à nos yeux que constituent la famille et le respect de la personne humaine. Quel rapport entre Madame Boutin et Madame Bachelot, toutes deux membres de l’UMP ? Entre Monsieur Vanneste et Monsieur Romero ? Entre Monsieur de Villiers et Monsieur Rossinot ? Tous sont classés à droite, dans un formidable bric-à-brac idéologique. A tel point que leur plus petit dénominateur commun se réduit à la non appartenance au marxisme (ou au socialisme), et leur soutien à l’économie de marché, prise en tant que principe économique de base. Se dire de droite, c’est se définir par une négation : ne pas être de gauche ! C’est bien court, et il convient de préciser à quelle famille on appartient.

Oui, votre analyse est originale et intéressante, et elle rejoint l'opinion d'un nombre croissant (mais toujours minoritaire) de catholiques qui s'intéressent à leur intervention dans la vie publique. La ligne de clivage se situe en effet entre ceux qui font primer l'économie sur l'homme et ceux qui font primer l'homme sur l'économie. A ce titre, ce matin (13 juillet) sur RTL, un responsable de la CFTC était interrogé à propos des ouvertures des commerces le dimanche. Et il avait une position très claire : nous ne sommes pas des machines à produire et à consommer, notre humanité est faite de bien autre chose, et nous devons privilégier les rencontres en famille, les activités sportives ou culturelles, etc. Rare de la part d'un syndicaliste qui, pour une fois, n'a pas pratiqué la langue de bois habituelle à propos des "avantages acquis" et autres fariboles du même genre. Il avait une analyse fondée sur le lien social et non sur le primat de l'économie, et on l'a laissé parler ! Réjouissons-nous en, sans pour autant encenser un syndicat qui a par ailleurs des positions hétéroclites et parfois très contestables. Mais, en s'exprimant ainsi, cet homme n'était ni de "droite" ni de "gauche". Il était simplement soucieux de rappeler une évidence oubliée !

Reste qu'il y a un travail considérable à effectuer, dans nos familles et nos groupes d'amis ! Parce que les catholiques "sociologiques" et par ailleurs pratiquants restent profondément marqués par ce clivage "droite-gauche" et globalement votent "à droite" parce que cela se fait, comme ils vont à la Messe parce que cela se fait, etc. Nous avons besoin d'une profonde réflexion sur le sujet. Et je parle d'expérience familiale et comme président d'AFC locale ! Combien de remarques du genre "Je vote oui au référendum parce qu'on ne peut pas être contre l'Europe" ou "Je vote non pour sanctionner Chirac" ! C'est assez affligeant de minimalisme intellectuel !

Écrit par : Edouard | 13/07/2007

Tout à fait d'accord.

> La rencontre Bush-Benoît XVI illustre parfaitement cette distinction entre ceux qui favorisent l'économique et ceux qui préfèrent l'humain. Vous l'aviez abordé dans un post ce sujet (9/6/07) et intitulé mon commentaire "le monde se divise en deux" : "Le monde ne se diviserait-il pas entre ceux qui aiment l'argent et ceux qui aiment leur prochain ?"
Cette dérive (prométhéenne, mathématique) visant avant tout l'efficacité que le service de l'homme est également sensible chez nous - aujourd'hui - dans l'actualité politique.
La stratégie actuelle de Nicolas Sarkozy à neutraliser politiquement les ténors de la gauche nous conduit à connaitre bientôt un régime politique sans opposition. Quelle différence, sinon formelle, avec un régime de parti unique ?
Personne ne s'en étonne ou même ne s'en inquiète. C'est pourtant le résultat très probable de cette stratégie, originale et efficace, d'annihilation de l'opposition.
Pas d'opposition, pas de débat, pas de parole, plus de Verbe. Est-ce bon pour l'avenir ?

Écrit par : Qwyzyx | 13/07/2007

TEMPS TROUBLES

> Nous vivons des temps politiquement troubles où tous les schémas traditionnels droite/gauche deviennent éculés, racornis et c'est tant mieux. Depuis le temps que je vous lis, je doute que vous soyez homme à vous laisser intimider ou récupérer. Continuez.
Bien cordialement,
Escouloubre

Écrit par : escouloubre | 13/07/2007

NOUVEL ETAT D'ESPRIT

> Oh comme j'aimerais que le catholicisme ne soit ni de droite, ni de gauche (ou plutôt des deux à la fois en transcendant le clivage politique)! Cela dit, en ne s'en tenant qu'aux "points non négociables" désormais bien connus (respect de la vie de la conception à son terme naturel, de la famille fondé sur le mariage d'un homme et d'une femme etc.), qui respecte disons "le moins mal" les bases catholiques? Où se situent en majorité les pourfendeurs de l'Eglise, les "laîcards" patentés, les tenants d'un progressisme sans fin ni boussole? Certes il y a encore un fond historique et culturel à cela mais il y a encore un clivage droite gauche qui perdure dans ce domaine. Et pourtant comme j'aimerais concilier à la fois la vision sociale (le lien social comme vous dites) et le catholicisme... Votre analyse m'ouvre des perspectives qui me réjouissent. Néanmoins sans vouloir du tout être désobligeant envers vous, pour avoir participé à votre conférence extrêmement intéressante à ANGERS sur le pouvoir nocif des médias, votre auditoire n'était-il pas "coloré" socialement, voire politiquement, plus d'un côté que de l'autre? Quand donc aurons-nous un message catho (vraiment catho, pas de la bouillie pour chat ou de l'eau tiède) destiné à toutes les catégories sociales, à tous les milieux, à tous les hommes? J'admets qu'il faudra bousculer quelques idées reçues. J'apprécie beaucoup votre blog, je l'ai dit, et je vous suis vraiment reconnaissant de ce travail fondateur (d'un nouvel état d'esprit catho).

Philippe C.


[De PP à PC - A Angers, le débat n'a touché à aucun moment au politique ! Quant au "milieu" présent, c'était le milieu catho culturel diocésain...]

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Écrit par : Philippe C. | 13/07/2007

ALLEGRESSE

> J'ai 29 ans, je suis catholique et je suis dans le meme groupe que vous et avec allégresse!

Écrit par : Frederic | 13/07/2007

ECONOMIE ET LIEN SOCIAL

> Notez qu'il n'y a pas forcément opposition entre économie et lien social. Un tissu économique vivant et composé de petites entreprises familiales fermement implantées dans leur région peut apporter beaucoup à la cohésion sociale.
De même, une organisation étatisée et bureaucratisée de l'économie n'est pas forcément synonyme de rcihesse sociale.
Tout dépend des modalités concrètes ("le diable gît dans les détails" disent les anglo-saxons) mais aussi des principes moraux qui guident les acteurs économiques et sociaux.

Furgole


([De PP à F. - Le tout est de savoir ce qui est but et ce qui est moyen. "Là où est ton trésor, là est ton coeur."]

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Écrit par : furgole | 16/07/2007

LA DROITE

> La droite n'est pas un concept satisfaisant, une véritable essence, certes, c'est une notion que l' histoire charge et il reste ensuite à faire la synthése et à se positionner...et la synthése de ce genre de notions historico-moralo-politico, etc. n'est pas aisée!...mais cela recouvre quand même un noyau de sens que l'usage reconnaît, non?...depuis deux cents ans...et si c'est vrai qu' on peut avoir des réticences à se positionner vis à vis de notions pareilles, la notion a quand même du sens, et sa dimension synthétique la rend souvent incontournable...
D' un point de vue négatif qui semble le plus embrassant, la droite est au moins ce qui conteste, freine, combat, ralentit aux entournures, avec mille nuances, en se fondant sur les anciennes conceptions du monde( comprises très différemment parfois) la dynamique de la modernité dans sa dimension politique: utopies révolutionnaires, république laïque-laïcarde, esprit libertaire, totalitarisme matérialiste, nihilisme, selon les époques, les partis, etc...mais ça se discute...allons nous sommes forcément, avec mille nuances, de droite, puisque nous ne pouvons souscrire à ces idées!
Mais c'est vrai que ce n'est pas par ça que nous voulons nous définir! Alors-là mille fois d'accord, cher Monsieur de Plunkett!

Vicenzo


[De PP à V. - Les notions de "droite" et "gauche" n'ont tout de même rien à voir avec le religieux. Il y a une droite antichrétienne. Et une gauche chrétienne : voyez Jean-Claude Guillebaud ou Jacques Julliard...]

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Écrit par : Vicenzo | 16/07/2007

TOTALITARISME CAPITALISTE

> Il semble me souvenir que la notion de droite et de gauche est née le jour où il fallut décider du droit de veto que Louis XVI aurait dans la future constitution en 1790. se rassemblèrent à gauche du président de l'assemblée constituante ceux qui refusait un quelconque contrôle de l'assemblée par le roi et à droite ceux qui voulait que le roi conserve un moyen d'action, à l'instar du système américain nouvelement mis en place à l'époque. Il n'y a donc absolument rien de religieux là-dedans. Mais j'aime beucoup, votre distinction, cher Patrice. Finalement, c'est Dieu ou l'argent. Mais il ne faut pas tomber dans les extrêmes. Une société à besoin d'économie pour vivre mais aussi de religieux. le tout, comme vous le dites si bien est de ne pas oublier que l'économie est un moyen de distribution des richesses et pas une fin. La fin, c'est Dieu!
A part cela, je suis, comme Qwyzyx, inquiet de l'évolution de la France. Après l'école unique (vitale pour rendre manipulable les esprits), le médiatiquement unique (pour endormir et rendre docile), on voit naître, sans réaction (et pour cause), le parti unique. La seule force d'opposition structurée reste l'Eglise catholique. Il faut que nos évêques s'expriment avec force et conviction sans reculer sinon, c'est le totalitarisme capitaliste qui nous attend à l'image de la Chine qui a su allier le capitalisme le plus débridé et le totalitarisme le plus complet pour réussir à créer un régime où l'on atteint le sommet du matérialisme et de la négation de Dieu et de l'humanité. Au fait, la Chine actuelle, de droite car capitaliste ou de gauche car dictature matérialiste se revendiquant de Marx?

Écrit par : Vf | 17/07/2007

DROITE ET GAUCHE

> Merci de votre blog qui est passionnant et me donne beaucoup d'arguments dans les discussions de cantine avec mes collègues.
La définition de la droite en France est effectivement confuse car elle réunit 2 courants qui ont été amalgamés face au socialisme : le libéralisme et le conservatisme.
Prenons un exemple représentatif pour distinguer ces 2 courants : les barrières douanières. Un conservateur voudra les maintenir alors qu'un libéral voudra les abolir.
La vie politique devrait être présentée comme un triangle (conservatisme-liberalisme-socialisme) est non pas comme une ligne (socialisme à gauche - les autres à droite).
Si M. Sarkozy parvient à faire eclater le PS, alors une distinction naturelle interviendra à droite pour occuper l'espace vide. On reviendra alors à une configuration qui a eu lieu au XIX siècle, avant l'apparition du socialisme.
La question qui subsiste est de savoir qui est conservateur et qui libéral. C'est là ou cela se complique, car il est possible d'être les 2 à la fois, cela dépend du sujet abordé...

Écrit par : Marc | 17/07/2007

LIEN SOCIAL

> J'ai des difficultés à comprendre votre analyse, pouvez-vous préciser s'il vous plait:
Qu'est ce que le "lien social", en théorie et en pratique?
En quoi cette notion est-elle en rapport avec l'économie?
merci!

AS


[De PP à AS - La vie ne se réduit pas au CAC 40. Les sociétés humaines sont faites d'une infinité de relations de tous ordres (c'est le "lien social"). Mais ces relations sont tributaires, entre autres, des situations économiques. Si l'économique fonctionne exclusivement au bénéfice de la finance, il détruit les sociétés comme un bulldozer détruit les haies. Si vous voulez une idée de ce que ça donne en pratique, allez voir dans les vallées vosgiennes ou savoyardes sinistrées par les délocalisations d'entreprises locales, vendues à des intérêts asiatiques par des patrons traditionnels qui n'avaient aucun souci immédiat... mais qui n'ont pas résisté à la tentation ! Bilan : des centaines de vies familiales détruites. Qu'on ne nous dise pas "it's the economy, stupid" ; cette issue n'était pas inévitable. Et ceci n'est qu'un petit exemple. Pour plus d'informations, voyez la presse !]

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Écrit par : AS | 17/07/2007

EN QUOI

> Une autre question: en quoi "l'économique compte plus que le lien social", concrètement, pour Dominique Strauss-Kahn, Christine Lagarde, Laurence Parisot et Pascal Lamy ?

AS

[De PP à AS - En ceci : le social n'est chez eux qu'une clause de style dans les discours. Leurs décisions concrètes sont indexées exclusivement sur les paramètres financiers.]

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Écrit par : AS | 17/07/2007

MAIS NON, JE NE SUIS PAS "DE DROITE"

> Evidemment que vous êtes perçu comme de droite, par ceux qui vous apprécient comme par ceux que vous agacez. Je ne comprends pas pourquoi vous refusez de l'assumer. Coquetterie de pharisien ?

Karl


[De PP à K. - Insultez-moi si vous voulez ! Mais ça ne change rien aux faits. Je ne me reconnais pas dans ce qu'on appelle la droite. L'UMP, le FN, le MPF, etc ? Vous voulez rire ? Vous lisez ce blog : dans quel domaine y trouvez-vous l'écho des positions politiques, économiques et sociales de la droite ?
Qu'il y ait ici ou là des gens pour me croire "de droite" parce que j'ai autrefois travaillé dans un périodique institutionnel de ladite droite, c'est leur affaire ; cependant un journaliste se juge à ce qu'il écrit, non à l'idée que se font de lui ceux qui ne l'ont pas lu.]


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Écrit par : Karl | 22/07/2007

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