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03/07/2007

Christianisme social : de quoi s’agit-il ?

Micaela propose une piste :


«  Le social chrétien, c’est :

- créer des liens là où notre société fabrique de la solitude,

- poser les "questions de société" que la société n’ose pas poser,

- voir ce que personne ne veut voir,

-  proposer des solutions, là où les libéraux disent : "laissez faire le marché".

Quand les chrétiens agissent ainsi, le christianisme social se montre sous son véritable jour. Et il est perçu comme d’utilité publique : ce qui est le seul moyen d’aller utilement sur la scène publique.  Par "utilement", je veux dire : évangéliquement. »

____

Commentaire : j’ai passé la matinée d'aujourd'hui  avec un jury d’  « entrepreneurs sociaux », réuni pour choisir des initiatives à soutenir.  C’était impressionnant. Resocialiser les enfants en difficulté, humaniser la psychiatrie, aider les gens à surmonter les drames de l’existence, donner aux jeunes le sens du bien commun…  C’est là que se joue l’avenir, non dans les simagrées des partis politiques !

 

 

Commentaires

À CREUSER

> C'est bien vrai. J'aime beaucoup cette analyse du christianisme social. A creuser !

Écrit par : Charles Vaugirard | 03/07/2007

CAPITALISME

> Je veux croire que ces engagements aient une chance d'aboutir dans une société bâtie pour créer des personnes à l'envers de ces valeurs...
Malheureusement sans tomber dans le défaitisme, rien qu'en étant quelque peu lucide, il est assez facile de constater que cette entreprise, aussi louable soit-elle, ne peut pas engendrer une autre société, avec d'autres valeurs, où le lien social serait premier, et où les enfants échapperaient à la sélection, à la compétition, à la course à la consommation, à l'hyper-production, au profit érigé en nouveau Dieu.
Assez clairement, l'engagement social chrétien, s'il se contente d’œuvrer à l'intérieur de cette société où tout est construit pour ruiner l'idée même de lien entre les individus, ne restera qu'une goutte d'eau cachant un océan de désillusions.
En effet, pour réellement créer une vie plus sociale et humaine entre les vivants, le christianisme social doit impérativement quitter les structures de nos sociétés formatant les individus autour de valeurs qu’il ne peut tolérer.
Croire que notre société dans sa forme actuelle peut devenir plus sociale, c'est oublier que le système capitaliste qui la sous-tend est profondément incompatible avec les valeurs chrétiennes que sont entre autre l'ouverture à l'autre, le partage, la gratuité, le non-attachement aux valeurs matérielles ici-bas, etc.
Je m'étonne d’ailleurs que le catholicisme – et le christianisme en général - ne soit pas plus effronté que cela envers ce système néo-libéral qui forge nos sociétés. Autant la menace communiste avait été pressentie et combattue avec grand acharnement, autant la menace bien plus pernicieuse car impalpable du capitalisme néo-libéral, qui pourtant tue notre humanité au plus profond d'elle-même, n'est qu'à peine relevée. Il semblerait que l'Eglise la considère presque comme "un moindre mal", et pense qu'elle est "désamorçable" avec un peu de christianisme social et les quelques modalités qu'il comporterait ?
Or ce ne sont pas quelques modalités, aussi belles et pertinentes soient-elles, qui vont proposer une alternative à notre vie sociétale et permettre aux individus de pouvoir vivre pleinement leur humanité. Au contraire, cela n’en donnera que l’illusion.
Je pose une question en espérant que vous pourrez me répondre : Pour quelle raison la chrétienté (le catholicisme à travers son Pape en particulier) s’acharne-t-elle à tout prix à dénoncer la sécularisation de notre société, le relativisme qu’elle y lit, à juste titre bien souvent même si j’en déplore la manière et pense qu’elle ne touche pas au vrai fond du problème, alors qu’elle n’a (quasiment) aucun discours critique sur le modèle néo-libéral qui est en grande partie (pour pas dire totalement) responsable des maux même qu’elle dénonce avec tant d’ardeur ? ! Serait-elle devenue conformiste sous ses airs de fronde contre « l’esprit du temps » ?
Je finirai en exprimant ce qui, pour moi, est l’avenir réel du christianisme social. Le chrétien social doit témoigner de son appartenance à des valeurs totalement autre que celles promues par la société actuelle qui est vouée à l’éclatement. Cela ne peut se faire qu’en vivant de manière totalement non-conformisme envers la structure sociale que nous croyons souvent intouchable, et ainsi donc de soutenir et mieux, de s'unir aux mouvements de décroissance qui ont bien compris l'urgence d'une vie alternative, où l'homme autant que la planète seraient réellement respecté.
Cela me paraît en effet le seul véritable moyen réaliste pour contrecarrer cette société en perdition, qui non seulement se perd mais met en péril l'humanité de demain et la Terre où elle habite.
Le reste n'apparaît plus, pour moi, que demi-mesure - même si moi aussi, un temps, j'ai pu y croire.
Et vous, qu’en pensez-vous ? L’idéal chrétien est-il réellement viable lorsque l’on connaît tout le conditionnement que cette société de consommation et de compétition nous impose, sans même que nous nous en apercevions parfois, et qui nous fait être co-responsable du malheur de centaines de gens autour de nous ?

Le pti prince



[De PP au PtP :

D'accord sur l'analyse de la nature de notre société de 2007. Je l'ai souvent dit.
Mais deux observations :
1. Etre lucide en général sur la critique de la société ultralibérale n'empêche pas chacun d'agir en particulier, au jour le jour, autour de soi, dans le sens social de l'évangile - qui ne consiste pas à tenir des discours généralistes, mais à aider spécifiquement son prochain. Il serait même un peu facile de ne pas aider son prochain (alors que l'évangile nous en fait un devoir quotidien), et de passer noblement son temps à développer des théories !
2. L'Eglise a un langage clair. Il suffit de l'écouter, elle, et non le peu qu'en disent les médias. Lisez "Centesimus Annus" et la critique du matérialisme mercantile (Jean-Paul II), écoutez Benoît XVI demandant que l'on change le système de l'économie financière globale, ou Ratzinger jetant les bases d'une nouvelle et authentique théologie de la libération, ou le synode universel de 2005 appelant à combattre "les injustices criant vers le ciel" : ce sont des idées radicales.
Mais pour l'instant, on ne voit pas la possibilité de changer le système global ! (soyons réalistes).
Et c'est très bien de se dire altermondialiste : mais ça ne suffit pas à changer le monde. D'ailleurs l'altermondialisme tourne en rond, et je le regrette.
Surtout, les idées générales et radicales ne dispensent pas de faire ce qu'on peut pour les autres, au jour le jour.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Le pti prince | 04/07/2007

> un excellent exemple de catholicisme social : Frédéric Ozanam.

Écrit par : olivier le Pivain | 04/07/2007

N'OPPOSONS PAS

> "(...) ou le synode universel de 2005 appelant à combattre "les injustices criant vers le ciel" : ce sont des idées radicales. Mais elles n'ont pas de possibilité de réalisation pour l'instant (soyons réalistes)." PP

Je suis désolé d'entendre que les valeurs radicales prônées ne sont pas réalisables. Elles sont donc utopistes, avouons-le. Ainsi cela confirme ma pensée de départ, vouloir socialiser le capitalisme revient à voir ses valeurs n'être qu'une vulgaire utopie remise à demain (ou au retour du Christ ?). Alors parler de christianisme "social", dans cette perspective, à quoi bon ?!
Or les ermites chrétiens l'avaient déjà bien compris, pour pouvoir rendre réalisables ces valeurs, ne faudrait-il pas plutôt rompre totalement avec les structure qui nous font fonctionner et prendre exemple sur ces communautés auto-gérée qui commencent depuis quelques années déjà à vivre la décroissance, dans des milieux où la course effrénée à la consommation a laissé place à l'instant présent et aux valeurs du partage des compétences de chacun ? Ces communautés sont de plus en plus développées et ont un grand succès, contrairement à l'altermondialisme qui selon vous tourne en rond.
Je crois que malheureusement nous n'avons plus le choix, ce mode de société, on le voit, va droit dans le mur. Le choix de rompre avec notre structure sociale pour vivre différemment ne sera bientôt plus un choix décapant et mûrement réflechi mais une obligation pour tout le monde...

Le Pti Prince



[De PP au PtP]- Nous sommes d'accord sur le fond de l'analyse. Donc n'opposez pas ce qui est complémentaire. Il est parfaitement possible de mener ensemble :
a) les actions de solidarité autour de nous,
b) la construction de réseaux sans frontières expérimentant un nouvel art de vivre (alterconsommateurs etc),
c) une réflexion radicale sur la nature économique de la société dans laquelle nous vivons (matérialisme mercantile) - et sur la façon, non seulement de la mettre en cause, mais de lui substituer un autre modèle.
Mais de la réflexion à la possibilité de réaliser, il y a une marge. C'est uniquement sur ce dernier point que se situe le problème. La mise en cause du "système global" (dixit Benoit XVI) est une tâche immense, planétaire, et je ne vois pas quelle organisation contestataire mondiale est capable de mener cette tâche.
Et la pensée de cette action "globale" ne doit pas dissuader d'agir modestement, au jour le jour, pour aider autour de nous. Il ne faut pas passer en colloques et en dissertations (de "gauche" ou de "droite") le temps que l'on pourrait consacrer à aider autrui.
Ce souci vous paraît sans doute petit, mais je ne crois pas qu'il le soit.
N'ayons pas l'attitude de Marx ironisant contre les chrétiens sociaux (les "socialistes féodaux", disait-il) ; ni d'Engels disant : "Nous ne sommes pas venus panser les plaies du prolétariat".
Je me permets de vous dire, d'ailleurs, que Marx et Engels condamnaient (comme "proudhonienne" et "misère de la philosophie") votre idée de communautés alternatives ! A leur sens, cette idée détournait de faire la révolution mondiale...
Donc nous sommes d'accord en gros, vous et moi. Je dis seulement que le souhaitable n'est pas toujours faisable, ou ne l'est pas "pour l'instant", et ne doit pas nous empêcher de faire ce qui peut être fait tout de suite pour autrui.]


Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Le pti prince | 05/07/2007

ALTERMONDIALISME CHRETIEN

> Bravo au Pti Prince pour son analyse que j'avais imaginé en 1961 - 1962 alors que j'étais adolescent. Cela m'avait alors paru évident à l'époque, mais comme personne autour de moi ne partageait ce raisonnement, je m'étais fait une raison. Je constate avec plaisir que 45 ans après, mon idée a regermé ailleurs. Aujourd'hui je pense que l'altermondialisme chrétien est à bâtir de toute pièce. Je pense que c'est cela que JP II apelait la Nouvelle Civilisation de l'Amour (NCA) !

Écrit par : Cath O' Leek | 05/07/2007

AVEC LE MCC

> Sans préjuger des réponses de certains, nous avions eu une réunion MCC Yvelines avec un des professeur de l'école cathédrale où nous avions abordé de nombreux sujets autour de cela.
Etonamment lors d'ateliers nous avions parmi nous d'anciens cadres retraités qui avaient montés des entreprises de ré-insertion type CAT dans une optique chrétienne et sociale, essayer de redonner à la société tout ce qu'ils avaient reçu. Et ce n'était là qu'un des volets des témoignages échangés ce jour là.

Écrit par : Emmanuel | 05/07/2007

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