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29/06/2007

Climat et développement : journée d'étude au Vatican

Ce qui s'est dit en réalité :


Le 27 avril au Vatican, séminaire du Conseil pontifical Justice et Paix intitulé Changements climatiques et développement.

En ressortent :

- la division de la communauté internationale à propos du réchauffement climatique,

- le souci prioritaire de l’Eglise catholique envers les pays pauvres et la protection de la vie.

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1.  Climat : les scientifiques toujours divisés

 

Selon Antonio Gaspari (Sviluppo e popolazione, Milan), « le séminaire, auquel ont participé 80 ministres, scientifiques, universitaires, experts, chercheurs, économistes  et  théologiens pro-venant de vingt pays des cinq continents, a été l’objet d'un débat vif et intense ».  

Le 26 avril, les interventions inaugurales de l'ambassadeur français délégué à l'Environ-nement, Laurent Stefanini, du ministre britannique pour l'Environnement, l'Alimentation et les Affaires rurales, David Miliband, et du Pr Stefan Rahmstrorf de l’Institute for Climate Impact Research de Potsdam, se sont distinguées par leur soutien aux scénarios pessimistes, justifiés selon eux par la production d'anhydride carbonique d'origine anthropique :  à leur avis, appliquer le protocole de Kyoto, les taxes écologiques et l’augmentation des dépenses dans les politiques de lutte contre les émissions de gaz carbonique par les énergies combustibles, est l'unique moyen d’éviter le pire.

A l’inverse, le Pr Antonino Zichichi, président de la World Federation of Scientists - partisan de l’explication par les cycles et l’activité solaire -  a soulevé des doutes à propos de la théorie du réchauffement global, et contesté les modèles mathématiques utilisés.

 

 

2.   Souci du Vatican : les pays pauvres, non l’Occident

 

  Ce séminaire a été l’occasion, pour le Saint-Siège, de réaffirmer qu’il n’accepterait aucune mesure restreignant le développement des pays pauvres. « Mme Keniota Sharon Looremeta, de l'association Practical Action, a accusé les pays industrialisés d’être responsables de la sécheresse dans certaines régions du Kenya, et défendu l’idée que le protocole de Kyoto peut résoudre ces problèmes. »  Des économistes, et des acteurs du développement auprès des pays pauvres, « ont invité à orienter une partie des fonds qui sont prévus pour appliquer le protocole de Kyoto à la résolution des effets de la sécheresse et du sous-développement »...

En conclusion, le cardinal Renato Raffaele Martino a dit sa satisfaction du débat intense qui s'est déroulé durant le séminaire. Il a déclaré : « Dans la considération des problématiques relatives aux changements climatiques, nous devons mettre à profit la doctrine sociale de l'Église pour ne pas dégrader la nature : ni en l’absolutisant, ni en la réduisant à un pur instrument… La nature n'est pas un absolu, mais une richesse confiée aux mains responsables et prudentes de l'homme…  [Celui-ci] n'a pas un droit absolu sur la nature, mais un mandat de conservation et de développement dans la logique de la destination universelle des biens de la Terre qui est l’un des principes fondamentaux de la doctrine sociale de l'Église, principe qui se décline surtout avec l'option préférentielle pour les pauvres et le développement des pays pauvres. »

 

Critiquant les thèses de l’extrémisme écologiste, le cardinal Martino a mis l’accent sur la défense de la vie humaine : « De telles idéologies écologistes émergent souvent dans le débat sur les problèmes démographiques et sur les relations entre population, environ-nement et développement. » Le cardinal a rappelé qu'à l’occasion de la Conférence internationale du Caire Population et Développement (1994), à laquelle il prit part en qualité de chef de délégation, « le Saint-Siège, avec de nombreux pays du tiers-monde, a dû s’opposer à l'idée selon laquelle l'augmentation de la population dans les décennies à venir aurait été telle qu’elle aurait entraîné l'effondrement des équilibres naturels de la planète et empêché le développement. » Ceux qui soutenaient cette vision des choses « voulaient empêcher ce supposé désastre pour l’environnement avec des moyens pas du tout naturels, comme le recours à l'avortement et la stérilisation de masse dans les pays pauvres à haute natalité ».  Ces thèses « ont été maintenant réfutées et, heureusement, elles sont en régression », a affirmé le président du Conseil pontifical Justice et Paix. L'Église, a-t-il conclu, « propose une vision réaliste des choses : elle a confiance dans l'homme et sa capacité toujours nouvelle à chercher des solutions aux problèmes que l'histoire lui pose. »

 

 

Les citations d’A. Gaspari sont tirées de l’article consultable sur : http://www.libertepolitique.com/public/decryptage

 

(*)  Le cardinal a précisé par ailleurs : « L'homme a une indiscutable supériorité sur la création et, en vertu de sa nature de personne dotée d'une âme spirituelle, ne peut pas être équiparé aux autres êtres vivants, ni considéré seulement comme un élément perturbateur de l'équilibre écologique naturel ». La doctrine sociale de l'Église « doit prendre en compte aujourd’hui les multiples formes d'idôlatrie de la nature qui perdent le sens de l'homme », a souligné le cardinal. En écho particulier à cette affirmation, je me permets de conseiller la lecture de l’enquête menée par Jean-Marie Meyer et moi-même sur l’idéologie animalitaire : Nous sommes des animaux, mais on n’est pas des bêtes (Presses de la Renaissance).  

 

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Commentaire -  Ces débats ont été factuels, contradictoires, vifs, et se sont déroulés à huis-clos. Evitons de les tirer dans un sens ou dans un autre, et de « récupérer » la réflexion de l’Eglise au profit d’une vision idéologique : myopie libérale pro-américaine, ou strabisme écolo anthropophobe. Veillons aussi à bien voir sur quoi le cardinal Martino a mis l’accent : le mobile de l'Eglise, dans ce domaine, n'est pas d'approuver les  conspirationnistes excluant a priori le facteur gaz ; il est de riposter aux fanatiques écologistes qui cherchent à utiliser le problème climatique pour relancer le malthusianisme de masse. L'Eglise ne fait nullement l’apologie du modèle  ultralibéral (elle le conteste, voyez les textes) ; au contraire, elle privilégie la défense des pays en développement ...qui sont le cadet des soucis du monde atlantique. L’option préférentielle pour les pauvres est le fil conducteur du Vatican : rappelons-le aux « occidentalistes », trop prompts à taire ce qui leur déplaît dans les positions romaines.   

 

 

 

Commentaires

URTICAIRE

> Chaque fois que j'entends "l'Europe-et-les-Etats-Unis" (comme encore ce matin à France Inter, contre la Russie et les pays musulmans évidemment), ça me donne de l'urticaire. Si l'Eglise catholique échappe à ce tropisme débile, je l'approuve, même libre-penseur que je suis.

Écrit par : Todor | 29/06/2007

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