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23/06/2007

"Nous sommes des animaux, mais on n'est pas des bêtes" : l'avis de Jean Sévillia sur cette enquête

a0965c99701e91e310fa7c6ea22a6ef5.jpgDans  Le Figaro Magazine  :


<<  …Une idée étrange est en train de gagner l’opinion, jusqu’à la caricature : non seulement les bêtes seraient dotées de droits comme nous, mais elles en seraient même plus dignes, puisqu’elles auraient un comportement plus ‘humain’ que nous. C’est pour démonter ce sophisme que Jean-Marie Meyer, agrégé de philosophie, et Patrice de Plunkett, ancien directeur de la rédaction du Figaro Magazine, ont entrepris ce livre d’entretiens, le journaliste faisant parler le professeur. L’ensemble est solidement argumenté et documenté, mais bourré d’anecdotes et rédigé sur un mode qui recourt sans cesse à l’humour.

 

Première interrogation : ‘Médor, as-tu du cœur ?’ Nos contemporains (dans les pays développés, du moins) attribuent aux animaux des sentiments humains : l’amour ou la haine, la tendresse ou la colère. Or, s’il existe bien des manifestations d’humeur chez les bêtes, si elles utilisent pour cela un système de communication, cela ne correspond en rien à des émotions humaines. « Prêter à l’animal quelque chose de mes pensées ou de mes intentions, souligne Meyer, c’est gratuit, subjectif, et parfois périlleux. D’ailleurs l’animal, s’il avait conscience de ‘communiquer’, saurait faire comme les humains : s’expliquer de nouveau s’il avait l’impression de n’avoir pas été compris. Or aucun chercheur n’a jamais constaté cela de la part d’une bête. »

Seconde interrogation : « L’animal nous aide-t-il à sortir de notre solitude ? » L’homme ne sort de sa solitude que par la rencontre avec son semblable : or les bêtes ne sont pas nos semblables. Les propriétaires d’animaux domestiques qui, à Noël, offrent un cadeau à leur chien ou à leur chat, se l’offrent en réalité à eux-mêmes, car ni le chien ni le chat ne savent ce que sont Noël ou un cadeau...

 

On l’aura compris, cet essai qui étudie les rapports et les différences entre l’homme et l’animal constitue en réalité une réflexion sur ce que Jean-Marie Meyer et Patrice de Plunkett nomment la « crise de l’humain ». C’est parce que nous ne savons plus ce qu’est l’homme, que nous ne savons plus le distinguer de la bête. >>

 

 

(16 juin 2007)

 

 

Commentaires

AIMER LES BÊTES

> Il ne faut pas aimer les bêtes ?
malizia


[De PP à M. - Au contraire. Il faut les aimer : pour ce qu'elles sont. Non pour ce qu'elles ne seront jamais !]

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Écrit par : malizia | 23/06/2007

PANTOIS

> « A vouloir appliquer à l'animal ce qui ne doit aller qu'à l'homme - le respect - on n'a pas enrichi la moralité humaine.» Je veux croire que vous ne pensez pas ce que vous écrivez. Je veux croire que parfois l'on écrit sur son élan et qu'on ne se maîtrise plus. Je veux croire qu'il faut comprendre le contexte dans lequel vous écrivez cette phrase. Mais je reste tout de même pantois.

Le pti prince


[De PP au PtP :

Vous acusez Meyer et moi : a) d'hypocrisie (nous ne penserions pas ce que nous écrivons dans le livre) ; b) d'hystérie (nous ne nous maîtriserions pas) ?
C'est très injurieux de votre part.
Certains militants de la "cause animale" sont décidément bien agressifs envers les humains.
Calmons le jeu, svp. Lisez le livre.
Vous verrez en quel sens nous employons le mot "respect".
Philosophiquement parlant, "respect" ne s'applique qu'à l'humain, pour des raisons morales et métaphysiques : le "respect" s'adresse à une dimension qu'a l'homme, et que n'a pas la bête.
Et ce que nous devons aux bêtes n'est pas notre "respect" (qui n'aurait philosophiquement aucun sens), mais notre bonté, notre protection, notre compréhension, notre amour. J'ai - personnellement - un véritable amour des bêtes...
Conseil : avant d'insulter vos semblables, prenez le temps de comprendre ce qu'ils disent. Sinon vous êtes dans la délirante chasse aux sorcières verbale qui fait l'air du temps aujourd'hui, dans tous les domaines...]

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Écrit par : Le pti prince | 24/06/2007

CE QUI RESSORT DU LIVRE

> Les bêtes sont des créatures de Dieu. Elles souffrent, possédent leur propre sensibilité et méritent le respect. La communication avec l'animal est tout à fait possible. A titre d'exemple, un animal domestique est capable de ressentir la souffrance ou la tristesse de son maître et de lui montrer en retour de l'affection. (Ceci, c'est du vécu; et à maintes reprises).
Après, bien sûr, l'anthropomorphisme est ridicule. Les bêtes ne nous sont pas semblables, je vous l'accorde, mais prendre le contre-pied total des idées ici évoquées me semble tout aussi faux et sophistique.

Ezrah Wyden

[De PP à EW :
- Que les bêtes (en fait : les plus évoluées) aient "leur propre sensibilité", et qu'elles communiquent, c'est exactement ce que constate notre livre. Mais le "respect" est une notion philosophique propre à l'humain. Ne mélangeons pas tout. Ce qu'on peut dire à la rigueur, c'est que nous devons respecter... la différence entre nature animale et la nature humaine !
- Qu'elles comprennent nos tristesses et veuillent nous consoler, c'est une idée qui nous est douce, mais qui repose sur une interprétation anthropomorphique de comportements animaux qui ont d'autres causes.
- Pour aimer et comprendre les bêtes, pour les protéger et les défendre quand il le faut, nul besoin de les prendre pour des humains...
C'est ce qui ressort de notre enquête. Je vous propose de la lire, et de poursuivre le débat.]

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Écrit par : Ezrah Wyden | 24/06/2007

ISLAM, CHRISTIANISME, ANIMAUX

> Merci d'avoir répondu.
Dans l'exemple donné, je n'entends pas que l'animal cherche nécessairement à nous consoler dans ce genre de situations (qu'en savons-nous?), mais qu'il est visiblement capable de percevoir des états sensibles chez l'autre (homme ou animal) et d'en être affecté à sa manière.
J'ai réagi de manière un peu rapide à votre note, mais des choses subjectives ont surgi en moi à ce sujet et, je le confesse, j'ai "un peu de mal" avec la manière dont on peut concevoir l'existence animale (et la valeur qu'elle détient) dans les religions du livre. Il est vrai, le christianisme semble plus "respectueux" (désolé de recourir de nouveau ce terme qui pour moi s'emploie dans une acception beaucoup plus large que celle que vous lui donné) des bêtes que l'Islam et le Judaïsme. Toutefois, me déplait cette dimension strictement "utilitaire" et dégradante de l'animal que je crois percevoir de temps à autre chez certains croyants, et qui, à mon sens, découle de cette altérité radicale qu'on lui attribue.
Mais je lirai le livre dont il est question. Bien à vous.

EW

[De PP à EW - Juste une précision : "les religions du livre" n'existent pas. Le christianisme n'en est pas une : c'est une confiance en une Personne, ce qui ets tout autre chose. D'autre part, l'islam n'aime guère les bêtes, et cette attitude n'est pas la même que celle de saint François d'Assise et du reste de la tradition catholique ou orthodoxe !]

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Écrit par : Ezrah Wyden | 24/06/2007

"LA NATURE"

> D'accord je me suis emporté, mais je n'en reste pas moins pentois.
Votre phrase s'explique naturellement j'allais dire... Vous prenez comme appui central la morale, telle que nous l’héritons du kantisme, et qui est personnaliste. Elle ne prend pas moralement en compte ce qui n’est pas humain. Il est donc normal que Kant puisse écrire que le statut de personne fait de l’homme «un être différent, par le rang et la dignité, de choses comme les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise » et par suite, l’homme qui respecte l’homme peut aussi faire un usage « à sa guise » de la Nature, sans que la morale ait rien à redire.
Mais il y a un mais. Cela signifie-t-il qu'il ne pourrait pas exister, analogiquement au contrat social existant entre humain résultant de cette même pensée morale personnaliste, un contrat entre l'homme et la nature ? !
Vous dites d'ailleurs bien: "Et ce que nous devons aux bêtes (...) c'est notre bonté, notre protection, notre compréhension, notre amour." Ainsi semble-t-il vous reconnaissez à la Nature des attentes de la part de l'humain, n'est-ce pas ? L'idée de "devoir" semble même apparaître dans vos propos lorsque vous dites: "Au contraire. Il FAUT les aimer : pour ce qu'elles sont." ou "Pour aimer et comprendre les bêtes, pour les protéger et les défendre quand il le faut, (...)" s'il y a du falloir, le devoir - et le respect - ne sont plus très loin...

Pourtant vous allez répliquer qu'il ne peut exister de "contrat" entre l’homme et la Nature comme il en existerait entre les hommes, car si contrat il y avait, alors nous pourrions sans autre parler de respect entre l'homme et la nature, et vous en seriez embêté - c'est le cas de le dire ;-)
Or qu'est-ce qui fonde un contrat ? Vous répondrez sans doute deux partenaires rationnels. Or certes la Nature ne nous parle pas un langage rationnel : c’est nous qui la déchiffrons dans le langage mathématique de la physique, c’est nous qui la voyons dans une représentation traditionnelle teintée d’animisme, nous ignorons la langue du monde, ou nous ne connaissons d’elle que les diverses versions animistes, religieuses ou mathématiques, mais cela n’empêche pas que nous puissions penser la relation entre l’homme et la Nature en terme de contrat ! Car ce qui fonde le contrat est le lien réciproque entre les deux parties : de fait, nous vivons dans la Nature et non à côté d’elle, ou en face : nous faisons partie de la Nature, nous sommes soumis aux forces de la Nature, nous sommes pris dans les boucles écologiques, dans les cycles de la Nature. Donc la Terre nous parle en terme de forces, de liens et d’interaction, que nous parvenons plus ou moins difficilement à rendre en terme raisonnable : mais cela suffit à en faire un contrat. Car après tout, quoi de plus interactionnel et rationnel que notre lien avec la Nature et ses forces ?
Ainsi bien que l’on puisse défendre une différence substantielle entre homme et animal, cela à mon semble ne nous désoblige pas d’envisager notre relation avec la Nature en terme de droit, certes, mais aussi de devoir, étant nous-mêmes en relation constante avec elle. Et donc qui dit devoir dit… respect.

Le pti prince


[De PP au PtP - Je vous répondrai plus en détail. Pour l'instant, je vous dirai que si nous devons être bons envers les bêtes, ce n'est pas pour correspondre à une attente de "la Nature", mais parce que l'homme se le doit à lui-même : soit en tant que gérant de la Création (vision judéo-chrétienne), soit en tant que seul porteur de l'exigence morale (vision philosophique). Prêter à "la Nature" une "attente", c'est du panthéisme vitaliste, et ça peut mener terriblement loin ; on en a eu des preuves...]

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Écrit par : Le pti prince | 25/06/2007

ANIMAL

> J'ai écouté à plusieurs reprises à la radio Patrice de Plunkett et Jean Marie Meyer. J'avoue ma perplexité. S'il est évidemment absurde de vouloir étendre les "droits de l'homme" à l'animal, je regrette que M. Meyer ait jugé bon de justifier sa position en acceptant sans discussion cette création idéologique récente (les droits de l'homme), alors que l'Eglise l'a condamnée depuis deux siècles.
D'autre part, j'avoue, malgré le niveau philosophique indiscutable de M. Meyer, que je ne comprends toujours pas ce qu'est selon lui l'animal.
Je me souviens de ce que m'enseignait le P. Stefani quand j'étais enfant. "Les animaux, nous disait-il, sont des machines au même titre qu'une brouette, mais créées par Dieu (et non par l'homme) pour le salut de l'humanité". Si vous enlevez la croyance en Dieu, il reste la machine. Ainsi Claude Bernard faisait-il couper les cordes vocales des chiens sur lesquels il expérimentait afin de ne pas être importuné par leur gémissements. Reste à savoir si cette hypothèse est vraisemblable. Or l'animal complexe (mammifères etc..) nous renvoie notre image de façon tellement évidente que personne ne peut y croire sérieusement, en dehors de tout anthropomorphisme. Reste à savoir comment la césure radicale que M. Meyer fait entre l'homme et l'animal peut survivre à l'abandon de la théorie de l'animal-machine.

Antiquus



[De PP à A :

La question des droits de l'homme n'est pas aussi simple : ce que l'Eglise a rejeté n'est pas l'idée que l'homme ait des droits (ils sont liés à sa nature de créature), mais l'interprétation idéologique (le "retournement contre le Créateur") qui en était faite ! Ce qui n'est pas la même chose.
Un homme sans droits ne serait pas l'oeuvre de Dieu... Cf. les développements de Jean-Paul II à ce sujet.
Sur le problème animal, puis-je me permettre de vous suggérer de lire notre enquête ? Nous reprendrons alors le débat, si vous le voulez bien.]


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Écrit par : Antiquus | 02/07/2007

"JUSQU'À PIE XII"

> Le problème traité par tous les papes depuis Pie VII jusqu'à Pie XII n'est pas que tout homme ait des droits (l'existence de droits est la conséquence de la vie en société, propre à l'homme, même esclave) mais qu'il ait les mêmes, et qu'ils soient imprescriptibles, ce qui est la caractéristique essentielle des "droits de l'homme". Vous esquivez cette question. C'est peut-être habile, mais ce n'est pas satisfaisant.

Antiquus


[De PP à A. - Ce qui n'est pas satisfaisant non plus (pour un catholique), c'est l'idée que la liste des papes s'arrêterait à Pie XII. Je vois où vous voulez en venir : et je ne vous suivrai pas sur ce terrain, vous vous en doutez.]

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Écrit par : Antiquus | 03/07/2007

@ ANTIQVVS

> Enlève ton masque, Evola, je t'ai reconnu. C'ets pas bien de jouer au catholique quand on n'est pas chrétien ! Parce que l'idée que les droits de l'homme (les vrais, le droit naturel) ne viendraient que de la vie en société, et qu'ils ne seraient pas imprescriptibles, navré de vous le dire : c'est de la pensée "inégalitaire" en sauce Nietzsche, que vous nous fourguez sous apparence de cathotradi. Bas choli, za, meusieu.

Écrit par : Girolamo | 03/07/2007

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