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24/06/2007

Benoît XVI : face à l'arianisme d'aujourd'hui

d8a95efbe2d4cb00357bf27ca73d0041.jpgParlant de saint Athanase d'Alexandrie  (icône)  le 20 juin, le pape a expliqué que l'erreur arienne pèse toujours sur notre temps :


 

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<<  En poursuivant notre rappel des grands Maîtres de l'Eglise antique, nous voulons aujourd'hui fixer notre attention sur saint Athanase d'Alexandrie. Déjà quelques années avant sa mort, cet authentique protagoniste de la tradition chrétienne fut célébré comme "la colonne de l'Eglise" par le grand théologien et évêque de Constantinople Grégoire de Nazianze (Discours 21, 26), et il a toujours été considéré comme un modèle d'orthodoxie, aussi bien en Orient qu'en Occident. […] Athanase a sans aucun doute été l'un des Pères de l'Eglise antique les plus importants et les plus vénérés. Mais ce grand saint est surtout le théologien passionné de l'incarnation, du Logos, le Verbe de Dieu, qui — comme le dit le prologue du quatrième Evangile — "se fit chair et vint habiter parmi nous" (Jn 1, 14). C'est précisément pour cette raison qu'Athanase fut également l'adversaire le plus important et le plus tenace de l'hérésie arienne, qui menaçait alors la foi dans le Christ, réduit à une créature "intermédiaire" entre Dieu et l'homme, selon une tendance récurrente dans l'histoire et que nous voyons en œuvre de différentes façons aujourd'hui également.

 

 

CE QU’ETAIT L’ARIANISME

 

<< Probablement né à Alexandrie vers l'an 300, Athanase reçut une bonne éducation avant de devenir diacre et secrétaire de l'évêque de la métropole égyptienne, Alexandre. Proche collaborateur de son évêque, le jeune ecclésiastique prit part avec lui au Concile de Nicée, le premier à caractère œcuménique, convoqué par l'empereur Constantin en mai 325 pour assurer l'unité de l'Eglise. Les Pères nicéens purent ainsi affronter diverses questions et principalement le grave problème apparu quelques années auparavant à la suite de la prédication du prêtre alexandrin Arius. Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l'authentique foi dans le Christ, en déclarant que le Logos n'était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être "intermédiaire" entre Dieu et l'homme, et ainsi, le vrai Dieu restait toujours inaccessible pour nous. Les évêques réunis à Nicée répondirent en mettant au point et en fixant le Symbole de la foi qui, complété plus tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental — qui exprime la foi de l'Eglise indivise, et que nous répétons aujourd'hui encore, chaque dimanche, dans la célébration eucharistique — figure le terme grec homooúsios, en latin consubstantialis : celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est "de la même substance" que le Père, qu’il est Dieu de Dieu, qu’il est sa substance : ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en revanche niée par les ariens.

 

 

LE COMBAT D’ATHANASE


<< A la mort de l'évêque Alexandre, Athanase devint, en 328, son successeur comme évêque d'Alexandrie, et il se révéla immédiatement décidé à refuser tout compromis à l'égard des théories ariennes condamnées par le Concile de Nicée. Son intransigeance, tenace et parfois également très dure, bien que nécessaire, contre ceux qui s'étaient opposés à son élection épiscopale et surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l'hostilité implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l'issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau — dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité —, et ils furent soutenus pour des raisons politiques par l'empereur Constantin lui-même puis par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l'unité de l'empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible — à son avis — à tous ses sujets dans l'empire.

 

<< La crise arienne, que l'on croyait résolue à Nicée, se poursuivit ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l'Eglise. Et à cinq reprises au moins — sur une période de trente ans, entre 336 et 366 — Athanase fut obligé d'abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses absences forcées d'Alexandrie, l'évêque eut l'occasion de soutenir et de diffuser en Occident, d'abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et également les idéaux du monachisme, embrassés en Egypte par le grand ermite Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son siège, l'évêque d'Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où nous célébrons sa mémoire liturgique.


<< L'œuvre doctrinale la plus célèbre du saint évêque alexandrin est le traité Sur l'incarnation du Verbe, le Logos divin qui s'est fait chair en devenant comme nous pour notre salut. Dans cette œuvre, Athanase dit, avec une affirmation devenue célèbre à juste titre, que le Verbe de Dieu "s'est fait homme pour que nous devenions Dieu ; il s'est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l'incorruptibilité" (54, 3). En effet, avec sa résurrection, le Seigneur a fait disparaître la mort comme "la paille dans le feu" (8, 4). L'idée fondamentale de tout le combat théologique de saint Athanase était précisément celle que Dieu est accessible. Il n'est pas un Dieu secondaire, il est le vrai Dieu, et, à travers notre communion avec le Christ, nous pouvons nous unir réellement à Dieu. Il est devenu réellement "Dieu avec nous"...  >>

 

 

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Commentaire

 

Cette catéchèse du pape éveille de puissants échos en 2007 :

 

>  L’arianisme est présent d’aujourd’hui.  Nombre de gens se croient chrétiens mais estiment : a) que Dieu est inaccessible ; b) que Jésus n’est pas Dieu ; c) qu’il faut combattre  - comme "conservateurs" -  ceux qui tiennent au Credo… Et les  empereurs d’aujourd’hui (le pouvoir médiatico-politique) misent en partie sur ce néo-arianisme de bas étage, vestige des années 1970 : à leurs yeux il représente la seule forme tolérable de religion chrétienne.

 

> L’exemple d’Athanase "modélise"  le regain de l’orthodoxie chrétienne,  appuyée au pôle monastique,  vouée à  « réorganiser » et à pacifier, et surtout porteuse de cette notion fondamentale : en Jésus, Dieu est  « avec nous », Il est accessible, et nous pouvons nous unir à Lui.  C’est exactement l’esprit de la Nouvelle Evangélisation.

 

 

Commentaires

AXES

> Les scoops médiatiques sur Jésus aujourd'hui tournent autour de deux axes: prouver que Jésus était marié et qu'une dynastie est née de lui (comme Mahomet avec les princes Aga Khan, entre autres), et retrouver ses ossements (pour nier la réalité charnelle de la Résurrection).

Écrit par : B.H. | 24/06/2007

LE RETOUR DE L'ARIANISME

> J'avais récemment fait la même remarque au décours d'une discussion amicale : le livre du Saint Père vise la résurgence de l'hérésie arienne. Pas une vraie hérésie, puisqu'elle sert surtout d'alibi à la non-croyance, en fait.
Le message évangélique est perçu comme étant celui d'un rabbin supercool, un fils de charpentier new age. C'est très en cohérence avec le relativisme absolu qui refuse l'idée de transcendance (les non-athées sont souvent des panthéistes).
Ainsi il faut s'aimer les uns les autres, mais pas trop, se réserver la possibilité de participer au monde de la marchandise. La non-divinité de Jésus permet un christianisme abâtardi, compassionnel, sans charité mais avec un vague magma de bons sentiments, et surtout, de bonne conscience syncrétiste et mondaine.
Par le jeu du gnosticisme/agnosticisme (indifférence religieuse avec mysticisme au rabais), la "christologie basse" du 3ème millénaire est un moyen de ne pas être chrétien tout en refusant d'assumer les conséquences morales, devrais-je dire civilisationnelles (quel gros mot!) de l'athéisme ou de l'antichristianisme : néolibéralisme triomphant, pertes de repères, violences...
La non-divinité de Jésus permet aussi l'exploit sacrilège d'utiliser la parole d'évangile pour défendre des positions condamnéés explicitement par le Christ : le divorce, l'IVG...
Le Saint Père a parfaitement compris que la divinité du Christ était l'article-clé du Credo à défendre contre l'offensive relativiste et nihiliste... Cela prouve bien que le pape est bien plus au fait du monde contemporain que ses contempteurs ne le faisaient croire.

ThomasSXB


[De PP à TSXB - Nous sommes en parfait accord là-dessus.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : ThomasSXB | 25/06/2007

PARMI NOUS

> Emmanuel "Dieu parmi nous", c'est aussi le nom de Jésus. Grand et merveilleux mystère en effet. Dieu a parlé, Dieu a aimé sa Mère et son père, ses cousins (appelés aussi "frères"), Dieu a travaillé, a pris des risques sur les toits, Dieu a eu pitié, Dieu a plaidé pour les femmes et les pécheresses, Dieu a pleuré sur la mort de son ami, Dieu a pleuré sur sa patrie, Dieu a souffert. Dieu est mort, sans que cela lui soit imposé.

Dieu nous a donné l'exemple de la parfaite liberté et nous a invité à devenir d'être digne de notre nature de vrais dieux, parfaitement libres, dominant tout, comme Lui.

Écrit par : Denis Merlin | 25/06/2007

A Denis Merlin :

> il me semble que vous vous égarez (d'un point de vue catholique) quand vous parlez de "notre nature de vrais dieux".
Nous ne sommes pas du tout dieux par nature, nous sommes par nature des créatures de Dieu, "faits à son image", et chues surtout plus bas que tout, emportant avec nous la Création entière.
Dieu, dans son infinie bonté, s'incarnant nous sauve et nous fait, par participation, dieux avec lui (cf. le "felix culpa" de St Augustin).
En attendant, nous ne sommes pas parfaitement libres, et nous n'avons pas à "dominer tout". Mais à aimer tout, et tous (fors le péché qui est en nous).

Écrit par : JG | 26/06/2007

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