20/06/2007
Simone Veil : "Dès la conception, il s'agit d'un être vivant"
Une déclaration cruciale :
France 2 a diffusé le 14 juin un reportage sur l'avortement "à hauts risques" en Espagne, où certains médecins le pratiquent jusqu'au huitième mois de grossesse. Ce reportage montre une journaliste enceinte de 8 mois, qui se voit proposer un avortement dans une clinique privée de Barcelone pour la somme de 4 000 euros. Simone Veil, auteur de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en 1975, reconnaît que cette situation est "effrayante", mais qu'on ne peut pas empêcher les femmes de se rendre en Espagne. Elle rappelle que, selon la Cour européenne, cette question relève des législations nationales et non de l'Europe. Mme Veil rappelle qu'une clause de conscience figure dans la loi de 1975 : "C'est une question éthique et pas seulement un geste médical", explique-t-elle. Ajoutant : "La seule chose que j'avais négociée avec l'Eglise était de ne pas contraindre les médecins. C'est un point à maintenir, car on ne peut obliger personne à aller contre ses convictions. Il est de plus en plus évident scientifiquement que, dès la conception, il s'agit d'un être vivant", conclut-elle. (Source : genethique.org)
Depuis la loi de 1975, il était convenu de ne pas poser le problème. Voici que Simone Veil le pose. Et le résoud. Dans le sens le plus « politiquement incorrect » qui soit !
D’où vient cette évolution (et le fait que de moins en moins de médecins français acceptent de pratiquer l’IVG) ? Du progrès des sciences et des techniques médicales : échographie aidant, on ne peut plus passer sous silence ce que l’humanité avait toujours su. Un seuil décisif est franchi. Les médecins, et notre société en général, sont conduits à reconnaître ce qu’est en réalité l’avortement : sans se voiler la face.
09:45 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : IVG, Simone Veil, bioéthique, maternité
Commentaires
QU'EN PENSER ?
> Après Jean-Pierre Rosenczweig, Simone Veil ! Deux figures majeures, quoique d'une génération différente, de l'idéologie hédoniste, post soixante-huitarde, tout entière tournée vers la satisfaction des individualismes, deux archétypes du politiquement correct, deux personnalités "de référence" pour journaux "objectifs" !
Qu'en penser ?
Écrit par : Edouard | 20/06/2007
LA SUITE
> J'attends de voir la suite des ces prises de positions car j'ai bien peur qu'on soit déçu. En effet, lors de discussions et sur de nombreux blogs, on m'oppose souvent l'argument suivant: "c'est un être vivant mais pas encore un être humain car il n'a pas de conscience autonome donc pas de dignité à respecter. Ce n'est pas l'ADN qui fait un être humain!". Il y a déjà eu des enquêtes démontrant bien que la plupart de pro-avortement sont bien conscient qu'il s'agit de supprimer une vie et pas "d'interrompre une grossesse", comme si on pouvait la reprendre là où elle s'était arrêtée (la novlangue quotidienne n'est pas si récente finalement!). Il y a toujours cet argument de la dignité qui ressort tout le temps, à propos de l'avortement, de l'euthanasie, du mariage homo, etc. Mais c'est quoi cette fameuse dignité? D'après le peu que j'ai compris, il s'agit seulement d'être un bon producteur-consommateur-festif. D'où l'idée qui se répand que seules certaines vies ont le droit d'exister, pardon, d'être vécues "dignement" car un handicapé, un vieux, un enfant non prévu, bref la vraie vie, celle ou on dépend de Dieu, empêche cette farandole matérialiste-mercantile. Au passage, Il y a une chose qui m'a toujours frappée, c'est la tristesse des gens à la fête de la musique et la joie des moines d'Aiguebelle ou de Saint Honorat chantant les vêpres.
Écrit par : Vf | 21/06/2007
HOURRA
> C'est magnifique, ce que vous dites ! J'ai envie de crier hourra !! Mon impression (et je ne suis certainement pas le seul) était que l'acceptation de l'avortement ne faisait que se généraliser, se banaliser, y compris dans le monde médical. Vous nous dites tout le contraire. Espérons (sans trop de rêves chimériques) que la position énergique de Simone Veil sera un électrochoc suffisant pour amener les français à s'interroger sur la pratique inhumaine de l'IVG.
Écrit par : Blaise | 21/06/2007
HUMAIN
> pour que les déclarations fassent basculer la oi, il aurait fallu qu'ils disent "c'est un être humain". Car des êtres vivants il y en a plein les abattoirs
Écrit par : catherine-anne | 21/06/2007
MODIFIEE
> La loi sur l'avortement telle que Simone Veil l'avait fait voter a été modifiée depuis, il me semble, et les clauses de conscience comme la limite de l'avortement légal ont été assouplies.
Cela expliquant peut être cela, il se pourrait que Simone Veil ne soit plus tout à fait d'accord avec la pratique de l'avortement tel qu'il se pratique aujourd'hui en son nom.
Écrit par : Qwyzyx | 21/06/2007
FELICITATIONS
> Félicitations Mme Veil. Vous êtes arrivée sur la bonne voie. Dommage, quand même, qu´il soit nécessaire pour les hommes, et je ne veux pas dire que cela soit seulement votre cas, mais celui de tous, une recherche si pénible de la vérité, quand elle est à la portée de tout le monde.
Conséquences, nous le savons bien, du fameux incident de la petite pomme…
Écrit par : juan varela | 21/06/2007
TOUT CA POUR CA
> é bin dite donc tout ça pour ça. après des millions de morts, véritable génocide, on balance des petites phrases: "il semblerait que"
[De PP à JED - Elle dit : " Il est de plus en plus scientifiquement évident." Ce qui veut dire qu'à son avis ça ne l'était pas en 1975... Laissons-lui la responsabilité de cette idée, et constatons que l'évidence scientifique existe maintenant (de son propre aveu). Il va falloir que tout le monde en tire les conclusions.]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : jed | 22/06/2007
DIGNITE
> je partage le point de vue de vf, un des points clefs est cette notion de "dignité", il faut obliger les gens à la définir...
Écrit par : catherine-anne | 22/06/2007
> Est-ce digne un monde qui ne se préoccupe pas d'avoir une définition précise de la dignité ?
Écrit par : Grosse montre & Ray Ban | 22/06/2007
PASCAL IDE
> Simone Veil a parlé "d'être vivant" et non de personne humaine... Je me suis souvent vu opposer cet argument par des partisans de l'IVG...
Mais nous disposons d'un argumentaire extrêmement puissant (bien que très technique) pour répondre à cette question. Il s'agit du livre de Pascal Ide, docteur en médecine et en philosophie : "le zygote est-il une personne humaine ? " aux éditions Téqui.
En voici la présentation de l'éditeur :
"Le zygote (c'est-à-dire l'œuf fécondé, produit de l'union de l'ovule et du spermatozoïde) humain est-il une personne ?
Si diverses soient les réponses, elles se rangent en trois catégories : oui, non, peut-être. Le débat est actuel et d'importance ; mais il est loin d'être limité à notre époque. C'est ainsi que saint Thomas d'Aquin, suivant Aristote mais contredisant une bonne partie de la tradition patristique, estimait que l'apparition de l'âme humaine était tardive.
Aujourd'hui, les positions des disciples de l'Aquinate se sont diversifiées : certains affirment toujours une présence différée ; d'autres, se fondant sur l'apport des sciences biologiques, estiment qu'il faut demeurer fidèles aux principes de saint Thomas mais transgresser ses conclusions, en soutenant une personnalisation immédiate du zygote.
Adoptant une perspective philosophique, faisant appel aux données les plus récentes de l'embryologie et de la génétique, Pascal Ide prend résolument partie pour la position immédiatiste : dès la conception, le nouvel être est une personne humaine en acte.
Il discute longuement les différents arguments avancés par les partisans de l'animation tardive ;
il expose les découvertes scientifiques véritablement révolutionnaires obtenues ces dernières années sur la fécondation et les premiers jours de la vie ;
il propose une articulation neuve des discours scientifique et philosophique afin de mieux rendre compte de la connaissance du concret ;
enfin, pour répondre à la question posée, il se fonde sur l'approche aristotélicienne et thomasienne du vivant, tout en ébauchant ce que l'on pourrait appeler une approche phénoménologique de la nature."
Cordialement, Marc
Écrit par : Marc | 24/06/2007
LE PIÈGE DE LA "CONSCIENCE DE SOI"
> L'enjeu majeur aujourd'hui est celui de la "définition" de la personne humaine.
La position qui était acceptée il y a encore quelques décennies, se fondait sur la définition donnée par Boèce au cours d'une réflexion christologique dans un traité trinitaire "Contre Eutychès": "Substance individuelle de nature rationnelle".
En langage actuel cela se traduit par "substance douée d'une conscience de soi"? ce qui me semble défectueux car je préfère, pour être complet: "substance incarnée douée d'une conscience de soi".
Or le débat philosophique fait rage et s'insinue dans les ouvrages pédagogiques universitaires pour propédeutiques en imposant la définition restrictive suivante: "Conscience de soi incarnée".
Le glissement est un affrontement "tectonique". Car seuls ceux qui sont doués "d'une conscience de soi" et donc peuvent l'exprimer de façon persuasive et non seulement allusive ou suggérée, sont considérés comme des "personnes".
Donc dans cette optique, qui devient majoritaire dans les milieux universitaires, les embryons, les fœtus, les nouveaux nés, les handicapés mentaux, les comateux, les personnes âgées démentes ne sont pas ou ne sont plus des "personnes".
Pour un peu plus brouiller les esprits, donc les consciences, certains vont même, par manque de connaissance des conséquences ultimes, jusqu'à parler, pour les fœtus, en référence à la médecine prénatale, de "patients". Ce qui ne fait en rien avancer ni clarifier le problème car les vétérinaires n'ont-ils pas eux aussi des patients?
La seule position tenable pour l'humanité est de rester à la définition de Boèce qui me semble être le meilleur garde-fou contre toute atteinte à la dignité humaine et le plus sérieux rempart contre la tentation eugénique, dont il n'est peut-être pas inutile de rappeler qu'elle est née en Angleterre mais fut appliquée juridiquement dans les pays nordiques et aux Etats-Unis avec des critères quantifiés au premier rang des quels les tests de Binet sur l'intelligence servaient de référence. Aux congrès eugéniques étatsuniens Vacher de Lapouge* était invité !
Ne retenir que la conscience comme critère discriminant c'est condamner l'humanité à la schizophrénie, car comment peut-on "en conscience" supprimer ce qui n'a pas "une conscience de soi" sans admettre que l'on a une "conscience de soi" parce qu'une autre conscience de soi, antécédente, l'a permis. Dans cette démarche je n'existe que parce qu’un autre me l'a autorisé. Dans ce cas la liberté s'évanouit, elle n'existe plus, je ne suis que le dépendant et le redevable de "cette conscience" qui ne me l’a pas refusée. Alors oui, ici, "l'enfer c'est, effectivement, les autres".
Or la conception chrétienne de la liberté humaine s'appuie sur le don divin, absolu et irréversible, de la vie. Rien n'est obligé car tout est gratuit dans l'amour de Dieu. Refuser cette image comme ligne de conduite implique bien l'enfer entre les hommes. Faut-il sans cesse relire Primo Levi ou "Rue de la Liberté" d’Edmond Michelet pour s'en convaincre ?
La conception n'est pas "qu'un simple moment biologique": elle est, avec un support biologique, une histoire débutante de personne humaine. Ce qu'est cette personne est toute entier dans un commencement qui n'aura jamais de fin. Car c'est bien le refus d'accepter une vie éternelle qui permet de ne pas reconnaître l'embryon comme une personne. Le nihilisme de la fin inflige le désespoir dans la vie.
La grandeur de l'Homme transcende ce qu'il est et ce qu’il fait. Sa dignité lui vient d'un don d'amour et transcendant, sans retour obligé, identique en gratuité et en dignité, le nier asservit l'homme à l'homme, lui qui veut s’extraire de toute reconnaissance ou dette divine, étrange conquête du progrès!......
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(*) 1854-1936. Précurseur de l'eugénisme. Darwinien militant, raciste "aryen", antisémite, socialiste guesdiste puis SFIO à partir de 1902. Lire à ce sujet "La couleur et le sang", de P.-A. Taguieff, 2002.
Écrit par : Albert E | 27/06/2007
LE BON SENS
> L'avortement est devenu , par accumulation et persistance , un génocide contre l'enfant à naître . Tous les artifices intellectuels ou montages scientifiques ne changeront rien à ce qui est du domaine de la vie, du bon sens et de la morale. Les comparaisons avec d'autre systèmes d'extermination sont un aveu de la légèreté et de la vanité de l'homme qui a érigé la suprématie de la science et de l'humanisme sans référence au sacré . L'homme moderne est un handicapé, un humain mutilé du sens du divin , qui ne cesse de se cacher pour ne pas reconnaître sa faute .
Écrit par : Christian | 28/06/2007
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