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05/06/2007

Benoît XVI... et les catho-dépressifs

Ceux qui disent que "ce pape ramène l'Eglise en arrière" :


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Au salon du livre de Montpellier, le week-end dernier, une dame me dit nerveusement : « Benoît XVI ramène l’Eglise en arrière. Il est bien différent de Jean-Paul II… » Cette phrase, tout le monde l’entend et beaucoup la répètent. Elle est dans l’air. D’où vient-elle ? Des médias. D’où la tirent-ils (eux qui n’y connaissent rien) ? De leurs informateurs habituels : ceux qui se disent « chrétiens critiques » et qui sont des postchrétiens, sexagénaires nostalgiques des années 1980. Ils ne sont pas nombreux, ils ne sont pas du tout représentatifs des nouvelles générations : mais les médias les considèrent comme leurs correspondants privilégiés dans le petit monde catho. L’élection de Josef Ratzinger par les cardinaux de la planète a irrité les postchrétiens ; le tonus constructif du jeune clergé les exaspère. Ils y voient le désaveu de ce qu’ils ont fait depuis trente ans. Leur amertume est l’âme de la rumeur répandue aujourd’hui contre Benoît XVI ; rumeur qui tourne dans la tête de  catholiques français : ceux qui ne s’informent pas, qui ne lisent pas, mais qui écoutent la télé… 

 

Ce sont eux qui croient, comme mon interlocutrice de Montpellier, que le pape Ratzinger « ramène l’Eglise en arrière ».

 

En arrière de quoi ?, leur demande-t-on. Certainement pas en arrière de l’époque Jean-Paul II : il n’y a aucun hiatus entre la religion de Ratzinger et celle de Wojtyla.

 

Et en arrière sur quoi  ?  Sur le célibat sacerdotal ? ou en n’envisageant pas que l’on ordonne des prêtresses ?  Mais c’est ce que l’Eglise catholique a toujours tenu. C’est ce que Vatican II a tenu. Et Paul VI, et Jean-Paul II… Benoît XVI ne revient donc pas en arrière. 

 

« Oui, mais il veut revenir à la messe en latin ! »  Cette crainte est absurde (surtout de la part de catholiques), puisque : 1. « messe en latin » ne veut rien dire ;  2.  il n’est pas question de « revenir » à ce qui n’avait pas réellement disparu ; 3.  il est seulement question de permettre à ceux qui le voudraient, prêtres et fidèles, de célébrer la messe dans le rite tridentin :  ce  qui  ne  léserait  personne. Ceux qui croient devoir s’inquiéter * de cette éventualité n’y ont pas réfléchi. Ils répètent ce qu’ils ont entendu dire. Pourquoi ? Parce qu’ils ont envie de bouder Benoît XVI. D’où leur vient cette envie ? Ils ne le savent pas eux-mêmes. Et c’est le symptôme d’un état dépressif…

 

Aider les catholiques européens à sortir de leur déprime vague et profonde, c’est justement la mission que le conclave de 2005 a confiée à Josef Ratzinger. Il s’y emploie en allant à l’essentiel : nous aider à nous mettre au clair par rapport à la foi, qui devrait être le cœur de notre vie, et que nous avions enfouie depuis trente ans sous un fatras de considérations artificielles empruntées à l’époque.

 

Prendre conscience de ce fatras, nous en dégager, et retrouver le cœur de la foi chrétienne : il n’y a pas d’autre méthode.

 

 

_______

(*)  Mais l'idée se répand que "la messe en latin" fait partie des choses intolérables en 2007. Pourquoi ? Personne n'en sait rien. C'est comme ça.  On entend des maires indifférents à toute spiritualité dire, d'un air grave : "Pas de messe en latin dans ma commune, ce serait contraire à nos valeurs."

 

 

 

 

 

Commentaires

BENOIT XVI

> Il y a aussi bien de l'humour dans vos propos!
Notre pape, son envergure spirituelle et intellectuelle, sa personnalité, son humilité notamment, sont vraiment à découvrir. Nous pouvons encore mieux les cerner par la lecture, dont inévitablement son dernier livre sur "Jésus de Nazareth". Sa méditation du "Notre Père" est extraordinaire, grandiose, profonde et si riche. J'avais tendance à une certaine routine. Après cette lecture, je me rends compte de la poésie, de la richesse infinie de chaque mot; plus jamais je ne prierai cette prière de tous les chrétiens de la même manière. Aussi, ce n'est pas un retour en arrière, mais plutôt un bond en avant. Merci à Joseph Ratzinger, merci à Benoît XVI!

Écrit par : Abbé Dominique Rimaz | 05/06/2007

À LA FIN

> encore merci, c'est du calibré au millimètre c'est exactement ce que je pense aussi..."le désaveu de ce qu' ils ont fait depuis 30 ans", ha oui! ( 40 ans maintenant)...le désaveu de leur terrible échec, ça les met à cran...et ils n' ont jamais hésité à se servir des médias contre l' institution, avec des méthodes fort désagréables...le "pas d' ennemi à gauche" (lato sensu), etc.
Mais il reste un problème : qui a nommé cette génération-là ( les évêques et pas seulement)?
Mon nouvel évêque est dans cette ancienne ligne... mais il est arrivé il ya seulement 2 ans!
Après 25 ans d'épiscopat d' un prédécesseur figé dans le " conciliarisme " à la française...c'est dur, c'est dur, ça va durer encore combien de décennies pour nous?...il s'entoure des cathos ancienne manière et il s'abstient sur tous les dossiers les plus urgents: école catho, catéchèse, liturgie à reprendre, formation des jeunes, renaissance de la vie paroissiale, de l'adoration, etc.
il est obnubilé par l' image que le journal local va distiller à court terme, etc.etc.
Les laïcs d'aujourd'hui ont plus de poids et on leur reconnaît désormais explicitement des droits: il faut leur donner quelques explications. Qui veut quoi, à la fin?

Écrit par : Vicenzo | 05/06/2007

LE LATIN

> bien évidemment la messe en latin rappelle les tradis de tout poil... ils l'ont défendue contre Vatican II et de fait se la sont appropriée... Il serait dommage que cet amalgame injuste persiste, et que le latin qui a été la (re)naissance de l'Europe médiévale reste la propriété de quelques (vrais en l'occurence) rétrogrades.

Emmanuel


[De PP à E. - La suppression du latin n'a pas été voulue par Vatican II : il suffit de se reporter au document conciliaire sur la liturgie pour le constater.]

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Écrit par : Emmanuel | 05/06/2007

POSTCHRETIENS

> Je vous cite : "Mais l'idée se répand que "la messe en latin" fait partie des choses intolérables en 2007. Pourquoi ? Personne n'en sait rien. "
C'est exactement ça !! Pleins de choses annoncées par l'Eglise sont dénoncées comme étant abominables, sans que personne ne sache réellement bien pourquoi....
Au "J'aime parce que j'aime" de saint Bernard (je crois) s'oppose le "J'aborrhe parce que j'exècre" de quelques post-chrétiens qui veulent faire de l'Eglise un club très privé reflétant leurs idées....

Écrit par : Gégé | 05/06/2007

SE PARLER ENTRE CATHOLIQUES

> Vos remarques sont très justes. En ce qui me concerne, je suis revenu à la pratique religieuse grâce à la messe tridentine, mais il m'arrive aussi d'assister à la messe selon le missel de 1969. J'ai énormément d'amis chrétiens "conciliaires" que j'apprécie infiniment.
N'ayant pas vécu toute cette période de division, je trouve que ce refus de se parler entre catholiques est affligeant. Ne serait-il pas possible de trouver certaines occasions de manifester notre foi ensemble (processions, combat pour la vie, oeuvres caritatives) et d'apprendre à s'apprécier, sans sombrer dans des amalgames pénibles du genre "la tradition, c'est Vichy... et Vichy c'est Hitler".
Non seulement cette reductio ad hitlerum est affligeante, mais aussi elle est usée jusqu'à la trame !

furgole


[De PP à F. - Les catholiques qui refusent de parler à d'autres catholiques, leurs raisons sont-elles... catholiques ? On peut en douter. C'est plutôt le désir de suivre l'air du temps et de montrer que (quoique "marqués catholiques") on est bien correct, bien formaté, pas distinguable de la masse des indifférents.]

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Écrit par : furgole | 05/06/2007

> le catholique progressif et le cathodique français ne feraient-ils pas qu'un ?

Écrit par : Kraptschouk | 05/06/2007

RECONSTRUIRE

> Courage cher Vicenzo. Vu la pyramide des âges, on en a pour dix ou quinze ans encore. Quoique dans mon diocèse cela risque d'être plus court, la moyenne d'âge étant plus élevée que la moyenne. D'ici là, leur échec et le néant qu'ils laissent sera flagrant et sans contestation possible. A nous de reconstruire. Mais il faut tenir le coup même si, je le comprend bien, c'est éprouvant et souvent usant voire exaspérant. Se pose quand même le problème du discernement dans la nomination de certains évêques (souvenons-nous de Mgr Gaillot!).

Écrit par : VF | 05/06/2007

Mgr LALANNE

> Pour mettre un peu de baume au coeur de quelques uns, je voudrais leur signaler qu'avant-hier, à Coutances, a été célébrée l'ordination épiscopale de Stanislas Lalanne. Ce nouvel évêque est enthousiasmant. Sa foi, son allant, son humour, son dynamisme sont communicatifs. Si l'Eglise de France pouvait avoir ainsi, à sa tête, ne serait-ce que quelques hommes de cette trempe, nous la verrions vite se relever et retrouver son ardeur missionnaire.

Écrit par : Sophrone | 05/06/2007

D'UN SEUL COEUR

> Bravo à Patrice de Plunkett qui, une nouvelle fois, avec précision et concision, résume admirablement les termes du débat. L'on ne peut que souscrire à ces propos et surtout prier et agir pour ce renouvellement de la foi si nécessaire pour le monde aujourd'hui. Relisant ces derniers jours les Actes des apôtres en continu, j'ai remarqué une expression qui revient régulièrement dans ce beau texte retraçant la vie de la première communauté chrétienne: "d'un seul coeur". Oui, catholiques, d'un seul coeur nous devons aller au centre de la foi pour y retrouver l'Essentiel. Merci au Très Saint-Père Benoît XVI, ce pasteur doux et ferme qui nous est donné, de nous le rappeler avec patience et bonté !

Écrit par : Laurent Passer | 06/06/2007

A propos de Mgr Gaillot :

> Les avis que j'entends sont très partagés (au sein même de l'Eglise) et il m'est difficile d'en avoir un pour n'être qu'un auditeur attentif qui ne connaît rien de précis à cette affaire. Attention à ne pas faire le lit de la calomnie, même de bonne foi, surtout de bonne foi.

Écrit par : Kraptschouk | 06/06/2007

Mgr GAILLOT

> Pour compléter, Mgr Gaillot a un site :
http://www.partenia.org/francais/biographie_fr.htm
A chacun de se faire une opinion.

Écrit par : Fridolaine | 06/06/2007

CELUI QUE NOUS AIMONS TOUS

> Dix ou quinze ans, cher VF?...OK...OK...mais mon évêque est assez jeune, l'ancien est resté 25 ans...en tout cas j'apprécie que vous soyez de ceux qui veulent comprendre quels sont les critéres de choix et qui les exercent. C'est devenu pour moi un vrai problème.
J'en profite pour signaler à PP et aux lecteurs un ouvrage assez explosif, même si je n'en signerais pas toutes les lignes, "Comment je suis redevenu chrétien" de JC GUILLEBAUD" c'est très intuitif sur la situation nouvelle faite au christianisme et à l' Eglise...c'est une petite bombe d'espérance, de bonne foi, d' indépendance...une pensée est en train de mourir, je vous le dis! Très très intructif sur ce qui mijote dans certains coeurs aux marges de l' Eglise. Bel hommage à René Girard, qui n'a pas donné encore...
A lire aussi pour que nous soyons attentifs à une certaine sensibilité qui vient de la gauche ( pour faire bref) mais qui n'en peut pas moins rejoindre un authentique radicalisme évangélique: celui que nous aimons tous au fond, le reste est moins certain.
Une idée qui devrait plaire à PP, non?

Écrit par : Vicenzo | 06/06/2007

"Messe en latin"

> Il y a donc la messe en latin qui peut être en latin en français, etc... , dos ou face au peuple!
Il y a la messe pas en latin, qui peut être dite en latin, en grec, en français, en anglais, en polonais, etc... face au peuple, mais aussi un peu dos au peuple quand on ne peut faire autrement sur certains autels.
Il y a l'angoisse des fidèles de voir un autre fidèle du Christ de dos... alors qu'ils voient tant d'autres dos depuis le fond de l'église. Il leur reste une solution, tout le monde au premier rang et il n'y aurait plus qu'un dos de temps à autre... Je vais demander à mon ange gardien comment m'y retrouver.
Surtout que les miracles eucharistiques, il y en a dans les messes en latin qui peuvent ne pas être en latin, etc... et dans les messes pas en latin qui peuvent être en latin etc...
Pardon, mais il y a du ridicule dans tout cela.
Contemplez peut-être aussi pour une saine méditation les vieux croyants russes, Teodosia Morozova... et les efforts qu'il a fallu pour une réconciliation... Un peu de sagesse! http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/99/Surikov_morozova.jpg
Merci courageux lecteur de m'avoir lu.

Écrit par : Dominique | 06/06/2007

ENTHOUSIASMANT

> Benoît XVI est enthousiasmant. D'une intelligence et d'une profondeur qui laissent bouche bée, il a quelques affirmations très personnelles qui tranchent avec celles de ses prédécesseurs (y compris Pie XII).
Sur l'Europe, sur le darwinisme, sur la culture chrétienne, il est très original.
Relire son discours de Ratisbonne. Ce discours est un programme de dialogue avec les musulmans ; il fait aussi justice de certaines affirmations au sujet de la culture chrétienne, laquelle est, selon lui, exclusivement et uniquement européenne et, comme telle, universelle.
En revanche, il n'entend en rien remettre en jeu Vatican II, si injustement décrié par les lefebvristes. Il milite pour les droits de l'homme.
Je suis enthousiaste quand je le lis, sur tous les sujets généraux. Loin de contester le droit à l'identité des Européens, il leur donne des arguments pour vivre libres, s'ils veulent bien se donner la peine d'étudier ses textes et faire usage de leur liberté.

Écrit par : Denis Merlin | 08/06/2007

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