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16/04/2007

Présidentielle : les médias français sont devenus inaptes au débat de fond

medium_france-soir-19336_1_.pngEt ça n'aide pas les électeurs :


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Le débat du premier tour « a été déficient », dit-on un peu partout. D’où le nombre élevé des indécis, et le risque de choix irrationnels au dernier moment  - surtout chez les jeunes. Il y a trois millions de nouveaux inscrits, ce qui crée peut-être les conditions d’une surprise dimanche soir ; d’autant que les jeunes, n’ayant pas de téléphones fixes, n’ont pas été sondés.

 

Si le débat a été creux, dit-on aussi, c’est la faute des candidats « qui ont mené une campagne de postures et de gesticulation ». Sont-ils seuls en cause ?  Non.  Il  y  a  aussi  les médias.  Ils donnent consigne à leurs journalistes de fuir les questions de fond, et de  s’en  tenir  à  l’écume des choses :  le  people, les querelles de personnes, les petites phrases. Traiter le public comme une masse de consommateurs infantiles, « nounoursés » par les haut-parleurs de l’hypermarché.

 

Exemple-type : France Inter ce matin, de 8 heures à 9 heures. Nicolas Demorand recevait François Bayrou. On pense du bien ou du mal de Bayrou sur le fond (note du 13.04 de ce blog, catégorie Idées) ; mais ce n’est pas sur le fond que Demorand voulait titiller Bayrou. Uniquement sur un problème d’étiquetage. Avec qui allait-il gouverner ? Des noms ! Y a que ça qui intéresse l’auditeur ! Bayrou expliquait, ré-expliquait, encore et encore, que s’il gagnait la présidentielle le problème ne se poserait plus (ce qui est l’évidence même) ; il tentait de parler des réformes qu’il souhaitait. Ca n’intéressait ni Demorand, ni Bernard Guetta, ni personne autour des micros.  Au bout de quelques minutes de ce ping-pong, Demorand, exaspéré de voir que son invité  ne donnait pas de noms de futurs ministres, a atteint le grandiose (dans le registre hyper) :  vous n’allez pas continuer, a-t-il dit à Bayrou, « à  nous  faire  du teasing comme ça, miam-miam-miam-miam dans la bouche ! »  Là, Bayrou a été décontenancé.

 

Tout s’est passé à cette émission (ainsi que dans les trois quarts des autres émissions*  et la majorité des articles) comme si un seul problème tracassait les journalistes , chefs de rayon de l’hypermarché :  Bayrou déréférençait un produit en tête de gondole, et il fallait dans l’urgence trouver un ré-étiquetage. Point barre. De la qualité du produit il n’était pas question.

 

Du contenant. Plus de contenu. D’où vient ce phénomène ? De la grande dérive de la vie politique depuis une vingtaine d’années. Cette dérive est le résultat du passage à l’ère « postdémocratique », comme disait Zinoviev : une démocratie réduite aux apparences, mais n’embrayant plus sur rien de décisif. Le décisif dépend désormais d’une force globale non élective : la planète financière. C’est là que se passent les choses aujourd’hui. Tout le monde le sait.  Cela explique l’immense scepticisme qui environne les rites de la démocratie française ; et l’infantilisme des grands médias quand ils nous parlent de politique.

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(*) sauf sur LCP, LCI et iTV.

 

 

 

Commentaires

PRO-BAYROU

> puisque les médias ne s'intéressent qu'à l'écume, à nous d'aller à la source :

"Je n'aime pas les discours qui laissent entendre qu'au fond chômeurs ou Rmistes sont les coupables de leur propre disgrâce. Pour penser cela, et pour oser le dire, il faut être très loin de la vie des gens. Parce que la vérité de la vie, c'est qu'on ne tombe pas d'un côté ou de l'autre en fonction des dons ou des mérites. Il y a une grande part de chance. La vie est faite de multiples carrefours où vous pouvez chuter, où la distance entre tout va bien et tout va mal est de seulement quelques millimèters. Et qui a vu les enfants avant la vie adulte sait bien que tout n'est pas écrit dans la volonté, dans le mérite, dans le sens du travail. Ceux qui tombent et ceux qui s'en sortent, ce sont les mêmes. Et heureusement, on peut tomber d'abord et s'en sortir ensuite. Et le contraire. Je n'aime pas qu'on montre du doigt ceux qui sont le plus mal en les accusant de paresse. La lassitude, ça arrive, ce n'est pas de la paresse, c'est une malédiction. Raison de plus, bien sûr, pour en sortir."

François Bayrou, Projet d'espoir, 2007. (p. 28)

Christine


[De PP à B. - Et il a parfaitement raison de penser cela. Mais le fait qu'il ait raison en tel ou tel domaine, n'enlève rien au problème qu'il incarne en d'autres domaines. Or ces domaines sont "non négociables" pour des catholiques croyants. Vous voyez le malaise ? Voter pour un candidat qui contredit l'Eglise dans ces domaines vitaux, c'est zapper l'Eglise, qu'on le veuille ou non. Affaire de conscience. Je me permets de vous suggérer de lire ma note sur l'abstention militante. Nous ne sommes pas mariés aux partis politiques, et je crois, pour ma part, que cette élection 2007 ne changera pas grand'chose à l'avenir du pays].

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Écrit par : Christine | 16/04/2007

DEMAGOGIE EN SIROP

> Merci ! Enfin un journaliste ose dire ce que les Français pensent en allumant France Inter depuis des mois... C'est malheureux, on regrette les vrais journalistes d'opinion! C'est vrai quoi, on a l'impression d'avoir des personnes formatées pour faire plaisir à un auditoire assez stupide pour gober de la démagogie en sirop !
Il y a un irrespect de l'interviewé et des auditeurs. L'insolence respecteuse est un art, l'insulte une faute professionnelle.
Le paraître au lieu de l'être, mal de ce 21ème siècle ?

Fanny Rousseau

[De PP à FR - Démagogie dans certains domaines seulement. Dans d'autres, au contraire, les médias se comportent en chiens de garde.]

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Écrit par : Fanny Rousseau du 13è | 17/04/2007

Les commentaires sont fermés.