26/03/2007
Benoît XVI rend hommage à Mgr Romero, le martyr du Salvador
...et c'est un message à la planète chrétienne :
Ce matin, Benoît XVI a rendu hommage à Oscar Romero, l'archevêque de San Salvador assassiné le 24 mars 1980 par l’oligarchie salvadorienne. Le pape a placé cette commémoration sous le signe de la journée de prière et de jeûne célébrée hier pour tous les martyrs : les évêques, les prêtres, les religieux, les religieuses et les laïques « brisés dans l'accomplissement de leur mission d'évangélisation et de promotion humaine ». « Le "oui" de Marie et de Jésus à Dieu se renouvelle dans le "oui" des saints, spécialement des martyrs qui sont tués à cause de l'Evangile », a déclaré Benoît XVI.
Le martyre de Mgr Romero, tué pour sa défense des pauvres, est raconté et expliqué dans le chapitre III de mon enquête L’Opus Dei (Presses de la Renaissance, 2006). « Une Eglise qui ne s'unit pas aux pauvres et, à partir d'eux, ne dénonce pas les injustices commises contre eux, n'est pas la véritable Eglise de Jésus-Christ », avait-il proclamé. Il disait aussi : « Nous accomplissons dans notre vie une fraction minuscule de l'entreprise magnifique qu'est le travail de Dieu.»
L’hommage du pape à Mgr Romero pourrait indiquer un progrès de la procédure de béatification de l’archevêque martyr. C’est aussi un encouragement à la planète chrétienne. Quoi qu’en disent la gauche (pour s’en « indigner ») et la droite (pour s’en « féliciter »), la foi n’est pas au service du système occidental, qui se confond aujourd'hui avec le matérialisme mercantile. Au contraire : ce système est aujourd'hui son ennemi. Une fois de plus, Benoît XVI se montre le plus lucide !
11:10 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Benoît XVI, Mgr Romero, matérialisme, Amérique latine, religion, catholicisme, christianisme
Commentaires
INVERSION ?
> Vous n'auriez pas inversé les attitudes de la gauche et de la droite chrétiennes ? Ou alors, il faut m'expliquer (et m'instruire)...
Merci de ce beau message. Mgr Romero est un grand chrétien du XXe siècle.
J.
[De PP à J. :
- Pardon d'avoir été elliptique. Je ne parlais pas spécialement de la gauche ou de la droite "chrétiennes", mais de l'image fausse que la gauche et la droite, en général, se font de la ligne de l'Eglise romaine. La gauche s'imagine que Rome a vocation à soutenir "l'ordre établi". La droite se l'imagine aussi. La gauche s'en indigne. La droite s'en félicite. Du coup, la gauche et la droite sont décontenancées lorsqu'un Mgr Romero accomplit quelque chose qui échappe à toutes les idées reçues : archevêque (et mystique au point de porter un cilice, chose rare !), il entre en lutte aux côtés des pauvres, contre l'une des oligarchies latino-américaines les plus révoltantes. Celle-ci le fait assassiner. Ensuite, la gauche essaie de récupérer le martyr, et la droite se tait à son sujet. C'est typique.
La gauche et la droite auront l'air un peu bêtes le jour où Mgr Romero sera béatifié, et où le grand public apprendra ainsi qu'il n'avait rien d'un christo-marxiste ! ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Jérôme | 26/03/2007
D'ACCORD
> Merci, nous sommes bien d'accord. L'erreur vient de la phrase un peu polysémique : j'ai compris que la droite s'indignait du fait objectif que l'Église critique le système économique mondial, alors qu'en fait elle se félicite parce qu'elle croit ou veut croire qu'elle ne le fait pas ! Et de même, inversement, pour la gauche. Ah, si les journalistes (autre que vous, M. de Plunkett) faisaient leur travail...
Ceci dit, je ne sais si vous êtes très au fait de l'évolution en Amérique latine, mais j'ai l'impression que l'Église devient de plus en plus conservatrice, dans le mauvais sens du mot. Je veux dire, je suis heureux que le Nicaragua et son président sandiniste merveilleusement converti ait interdit l'avortement, et qu'en général les épiscopats latino-américains soient très fermes sur ces questions. Cependant leur parole prophétique sur les questions sociales est-elle toujours aussi forte, ou aussi entendue, ou aussi féconde ?
J'ai l'impression que la crise de la théologie de la libération a causé bien des ravages. Crise : la nécessaire et indispensable clarification doctrinale a pu être, erronément, comprise comme une condamnation globale; ce qui a pu renforcer la composante anti-instutionnelle de cette mouvance, critiquant l'Église, se réfugiant dans des communautés de base en marge... ce qui a pu mener au même resserrement auquel on assiste chez nous, à savoir que les catholiques fidèles au Magistère se retrouvent majoritairement de droite, ce qui n'est pas dramatique, mais malheureusement guère portés à faire entendre la voix de l'Église sur la question socio-économique.
Partagez-vous mon analyse, vous serait-il possible de livrer des renseignements précis sur cette évolution de l'Église et de la société latino-américaines ?
Écrit par : Jérôme | 26/03/2007
CAVANAUGH ET ROMERO
> A ce propos, voici un extrait d'"Eucharistie et Mondialisation", de W. Cavanaugh, qui nous fait saisir combien l'action de Mgr Romero ne se confond pas avec ces conceptions politiques:
"Comme Mgr Romero, certaines communautés ecclésiales d’Amérique latine nous donnent l’exemple d’une résistance chrétienne efficace contre la violence institutionnelle, en agissant à nouveau comme un corps, dont la légitimité vient de son maître, le Christ. Oscar Romero écrivait à ce propos : « L’Eglise a conscience que tout ce qu’elle pourra apporter au processus de libération dans ce pays n’aura d’authenticité et d’efficacité que si elle est véritablement identifiée comme corps du Christ. » Avant que d’essayer de gagner une influence, souvent illusoire, sur la politique de l’Etat, ces communautés ont cherché à réaliser un ordre de paix et de justice en leur sein, en nourrissant les pauvres notamment, qui sont les victimes principales de l’ultralibéralisme économico-politique.
Écrit par : Blaise | 26/03/2007
BENOIT XVI
> Benoît XVI est un pape extraordinaire! Alors que tout le monde pensait qu'il allait être un pape intermédiaire, il a déjà tant fait pour le bien de l'Eglise qu'est la communion des fidèles.
Comment pourrait-il servir les intérêts politiques occidentaux qui sont à l'opposé du message du Christ. Mais ainsi que Jean-Paul II qui avait rappelé à l'ordre les prêtres marxistes, Benoît XVI ne confond pas politique et Vérité.
Monseigneur Romero fait partie de ses grands prélats qui sont serviteurs avant tout, comme le Pape. Serviteurs de la cause de Dieu dont Jésus est la Voie qui passe par la Vérité pour amener à la Vie.
Écrit par : Gentil Loup | 27/03/2007
Les commentaires sont fermés.