Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/03/2007

Le sémaphore de Sarkozy

Pourquoi il a prononcé les deux mots  "identité nationale" :


On est sous les mots « comme un champ sous les mouches »*. Aujourd’hui le contenu des mots ne compte pas : seule compte leur  apparence. Le mot ne traduit pas une idée : il sert d’étiquette. Ce qu’on voudrait exprimer n’a pas d’importance : ce qui importe, c’est « d’où vous parlez », dans quelle espèce vous cataloguer. Cette façon d’étiqueter au lieu d’analyser est le degré zéro du débat. La futilité, mais soupçonneuse...  

C'est un mal français. Toutes nos tribus en sont atteintes.

Les tribus religieuses ne vont pas au fond des problèmes mais se jettent des mots à la figure : on se traite (selon la tribu) d’hérétique ou de « conservateur ».

Les tribus politiques ont un langage factice, où certains mots n’ont plus de sens mais un usage :  ils servent de signal,  comme autrefois le sémaphore. Selon l'effet recherché, on monte sur la passerelle et on gesticule quelque chose. Mettons : « Identité nationale ». C’est ce que vient de faire Nicolas Sarkozy.

Son objectif était clair : c’était un « coup de campagne » classique, un effet d’annonce, pour remettre Sarko sous les projecteurs.  Avec ces deux mots, l'effet était garanti : les sept syllabes « identité nationale » ont le coefficient révulsif  le  plus  élevé  selon  notre  code. Dans les 48 heures, la « une » du Monde publiait un dessin montrant Sarkozy avec un brassard où la croix gammée était remplacée par le sigle « IN » ( « identité nationale »). C’est le jeu : depuis vingt ans, on fait comme si les mots « identité nationale » étaient en eux-mêmes un poison**. Les avoir prononcés est « ignoble », dit Ségolène Royal ! « Une ligne est franchie », constate Bayrou… Gesticulation tactique, bien sûr ; personne n’y croit.  Sarkozy et Bayrou ont quasiment la même définition de l’identité nationale, qu’ils résument à des valeurs universelles : l’égalité homme-femmes, la liberté d’une femme de se marier avec qui elle veut, la liberté d’opinion. En somme, Sarko a proposé quelque chose comme un ministère « de l’immigration et de la démocratie » ! S’il  l’avait  dit  comme  ça,  personne n’aurait crié. Or il voulait que l’on crie. Donc il a dit : « identité nationale ». Et les médias se sont engouffrés dans une polémique « canada dry », comme on disait dans les années 1980 : Sarko et l'« identité nationale », ça avait l’apparence d’une polémique, mais ça n’en était pas une. Toujours le bruit des mots.

 

C'est un exemple tiré de  l'actualité  politique. On en trouverait beaucoup d'autres, dans tous les domaines.

 

 

 

_____

 

(*)  Victor Hugo, Contemplations, livre Ier.

(**)   Il y a encore trente ans, tout le monde  – de la gauche à la droite –  trouvait bonne la notion d’identité nationale. C’est en son nom que la décolonisation avait été faite. C’est en son nom que les Comités Vietnam des années 1968 avaient dénoncé « l’agression US contre les peuples d’Asie ». Etc.

 

 

Commentaires

DIALOGUES DE SOURDS

> Désolé pour les FANS de SARKO mais la création d un "Ministère de l Immigration et de de l' Identité Nationale" en France est interdite par la Charte des Droits Fondamentaux:
Article 21
Non-discrimination
1. Est interdite, toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle.
2. Dans le domaine d'application du traité instituant la Communauté européenne et du traité sur l'Union européenne, et sans préjudice des dispositions particulières desdits traités, toute discrimination fondée sur la nationalité est interdite.
http://ec.europa.eu/justice_home/unit/charte/index_fr.html


[De PP à patriot.de - Votre précision est intéressante, mais ce n'est pas le sujet de ma note ! C'est vraiment l'époque des dialogues de sourds.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : www.patridiot.de | 12/03/2007

" GAULLISME "

> Ces mots de Sarkozy m'inspirent la même chose qu'un vieux gaulliste, dans le train qui l'emmenait à l'automne vers Colombey, a répondu à un journaliste qui l'interrogeait sur le "gaullisme " de Chirac : - Je préfère me taire !..

Écrit par : Michel Thomas de La Garde | 12/03/2007

IDEE NATIONALE

> Il dira demain le contraire dans une boîte gay si cela peut lui rapporter trois voix six sous en plus. Et personne ne le relèvera. Le problème que pose "l'idée nationale" est de remplir plus efficacement les cimetières que les isoloirs. Verdun est une illustration quand on a lu "Eté 1914, mensonges et désinformation" de Léon Schirmann (éditions italiques). C'est aussi respecter les morts de la guerre que de dénoncer la cause de leur disparition.
Le discours politique de Nicolas Sarkozy s'inspire d'une mentalité politique qui date. Combien de morts encore pour la dépêche d'Ems ?
"Les bons politiques doivent, non pas remplir les portiques de textes écrits, mais maintenir la Justice dans les âmes" Isocrate.
nb : Léon Schirmann est Français, résistant, titulaire de la croix de guerre. Son livre est uniquement basé sur les archives du ministère des affaires étrangères (français). Lecture recommandée.

Écrit par : Qwyzyx | 12/03/2007

ELECTIONS

> Sarko, c'est Chirac jeune. Tout y est: l'agitation, la gesticulation, l'inefficacité, les gaffes, les trahisons et les expressions qui choquent pour attirer l'attention. Du "bruit et des odeurs" en 1991, cela ne vous rappelle rien?

Écrit par : VF | 12/03/2007

LE BRUIT DES MOTS

> Votre première phrase est très juste : dans cette campagne, on fait plus attention au bruit des mots qu'à leur sens. Il y a peut-être des mots-sésames qui ouvrent grand les portes de l'Elysée et chaque candidat essaie de trouver les siens.
J'ai été surpris par exemple que personne ne relève ce pléonasme qu'est le débat participatif. Qu'est ce qu'un débat s'il n'est pas participatif ? Une conférence ?
Seulement, participatif ça sonne et ça en jette, et en même temps ça berce nos oreilles d'une douce musique.

Écrit par : Guigomas | 13/03/2007

" PAS UNE HONTE "

> La france a une identité, qu' elle l'assume, ce n' est pas une honte que d' être francais et de demander aux étrangers de s' adapter... la campagne électorale se gagnera plus sur les mots que sur le contenu.

Écrit par : joseph emmanuel | 14/03/2007

A propos de coup médiatique

> ... je voudrais raconter l’anecdote suivante :
sous la présidence Mitterrand, Kouchner étant ministre en charge de l’humanitaire, en pleine guerre de Yougoslavie, j’ai participé à une mission sur un bâtiment de la Marine nationale qui consistait à venir en aide aux habitants de Dubrovnik assiégée. Mitterrand avait ordonné cette mission probablement sur une idée de Kouchner et, en tout cas sous son contrôle. Déjà, au tout début de cette mission, Mitterrand avait arbitré un différend entre Kouchner et Joxe, le premier voulant couvrir la mission avec 6 journalistes à sa dévotion, le second, ministre de la Défense ne voulant pas qu’il y en ait un seul pour Kouchner. Mitterrand décida, in extremis, qu’il y en aurait 3 pour chacun.
A notre arrivée à Dubrovnik, Kouchner était accompagné de deux « autorités morales », d’Ormesson et Glucksmann, et deux députés, l’un étant du Bas-Rhin. Je ne parlerai que de ce dernier (sur lequel je pourrai écrire un chapitre) pour dire seulement ceci : Kouchner l’avait pris avec lui pour qu’il l’aide à monter le coup médiatique qui était le suivant (Kouchner ne s’en cachait même pas) : l’équipe Kouchner, après avoir été déposé à Rijeka avec 300 réfugiés de Dubrovnik, s’est rendue à Zagreb où notre député en a profité pour faire un appel vibrant dans les médias pour que l’Europe fasse enfin quelque chose pour la Yougoslavie. J’ai entendu son message déchirant… peu en rapport, le terme est faible, avec ce que, nous marins, avions pu voir de ce député. Une fois revenu à Paris, le même député, à l’Assemblée nationale, comme convenu avec Kouchner, a posé la même question au gouvernement : « que fait la France pour venir en aide à la Yougoslavie ». Et, comme convenu, Kouchner est monté à la tribune pour parler de cette mission, de Dubrovnik assiègée, de ce qu’il avait fait etc..
J’ai mieux compris, ce jour-là, comment on peut diriger une opinion…
P.S : ce député avait un autre avantage. La différence entre la droite et la gauche étant d’une voix, il était inscrit dans un parti du centre votant avec la droite. Mais avec un petit coup de pouce, on ne sait jamais…
Par ailleurs, cela n’enlève rien, à mes yeux, à un certain courage et du cœur que je reconnais à Kouchner. En ceci, j’ai trouvé très « dîner parisien » l’image méchante du « sac de riz » qu’on lui a collée, dans certains milieux, par la suite.

Écrit par : olivier le Pivain | 17/03/2007

RACINES CHRETIENNES

> Pourquoi personne ne fait reference aux racines chrétiennes de la france ( ici en cote d 'ivoire nous suivons tous par le satellite) ? ma mere et moi avons parié que quelqu'un en parlera avant le premier tour. j' ai parié 5000f cfa sur monsieur de villiers, ai je une chance de gagner ?

Écrit par : jed | 03/04/2007

Les commentaires sont fermés.