09/03/2007
Réchauffement climatique : il faut dépassionner ce débat
Une mise au point nécessaire :
1. La question climatique n'est pas tranchée, même si les choses sont moins simples que ne le clament Greenpeace, d’un côté, et les ultralibéraux furibonds, de l’autre. Par ailleurs, des propos clairs sont tenus par l'Eglise sur les responsabilités humaines dans la dégradation de l'environnement ; des catholiques ne peuvent pas négliger ce fait : feindre de ne pas le connaître serait réellement une faute.*
2. Ne voyons pas de faute là où il n'y en a pas. Le "climat-scepticisme" n'est évidemment pas une faute scientifique, et encore moins une faute morale... à condition qu'il s'agisse vraiment de scepticisme : c'est-à-dire d’un doute relatif, objectif et factuel. Si l’on s’en tient à cette acception (scientifique) du terme, beaucoup de "climat-sceptiques" sont réellement et honorablement sceptiques ; on ne saurait leur en faire grief.
3. Toutefois certains autres ont une attitude différente, qui ne relève pas du scepticisme mais de l'a priori. Ils détournent l’argument scientifique au profit de cet a priori : ils ne tolèrent pas l’idée que l’on puisse (éventuellement) mettre en cause le modèle économique occidental. Ils excluent donc la possibilité du rôle du facteur anthropique. Ils le font en termes violents et avec le vocabulaire du conspirationnisme : quiconque n’a pas leur a priori, fait partie du complot !
Cet a priori est visiblement ultralibéral. C'est leur droit.
Cependant ils vont trop loin, de deux manières :
a) en mobilisant le christianisme à l'appui de cet a priori (qui ne lui est pas lié – c’est le moins qu’on puisse dire) ;
b) en jetant le soupçon de Deep Ecology (voire de paganisme) sur tous ceux qui ne partagent pas l'extension de leur a priori à la question du réchauffement.
Ce sont ces outrances qui surchauffent le débat, suscitant inévitablement des ripostes dans le même octave : on le voit sur le Net en ce moment.
Faire des procès d’intention est toujours une erreur. D’où l’urgence de calmer les ardeurs antagonistes.
On ne peut imposer, au nom de la foi religieuse, des points de vue inspirés par des choix politico-économiques séculiers, donc objets de controverses. Les catholiques "climat-sceptiques" doivent admettre que d’autres (tout aussi catholiques qu’eux) n’aient pas les mêmes préventions envers le GIEC ; et vice-versa.
Le débat climatique n'est pas le seul où ce type de nuances serait nécessaire. Oserai-je le dire ? Il serait temps que les catholiques français admettent qu'à beaucoup de problèmes séculiers il peut y avoir plusieurs réponses chrétiennes, différentes ou contradictoires, dans une même fidélité à la foi.
P.P.
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(*) S'irriter des sujets qui ne conviennent pas à nos habitudes mentales, c'est un symptôme de nécrose.
18:05 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : climat, réchauffement, GIEC, Eglise, catholicisme, christianisme, libéralisme
Commentaires
GERANT, ET PAS DESPOTE !
> Au niveau du débat scientifique, il faut surtout l'élargir... Il ne s'agit pas d'évaluer l'action de l'homme seulement au niveau de la hausse des températures, mais sur la structure globale du climat. En effet, les effets néfastes que l'on voit poindre consistent en une dérégulation globale, avec éventuellement un refroidissement, avec un accroissement des catastrophes climatiques, etc.
C'est une grande chance pour élaborer un modèle de développement, un modèle de vie de l'homme, qui soit en harmonie avec le milieu naturel où nous vivons. Et qui soit conforme avec le meilleur de la tradition chrétienne, où l'homme est gérant, non despote, de la nature; où l'homme a le droit de modifier, d'améliorer cette nature si c'est dans un sens respectueux du projet initial de Dieu. (Ceci pour dire qu'il ne s'agit pas de revenir à la jungle)
C'est la seule façon d'assurer un avenir digne à l'homme et à la nature. L'une des principales inquiétudes, curieusement rarement évoquées par les climat-sceptiques les plus virulents, que M. Plunkett stigmatise à raison, est l'effondrement de la biodiversité.
Écrit par : Jérôme | 09/03/2007
" AFFLIGEANT "
> Le fond du problème est la baisse du tonus religieux chez les catholiques en France. Pour beaucoup, ce qui compte n'est pas la foi religieuse mais leurs idées politiques (de gauche ou de droite), qu'ils habillent d'apparences religieuses. Un de ces catho-là, s'il est "de gauche", se sentira plus proche d'un anticatho "de gauche" que d'un catho "de droite". Un de ces catho "de droite" se sentira plus proche d'un anticatho "de droite" que d'un catho "de gauche" ! Résultat : les messages sur le Net où le catho climat-sceptique traite de "pseudo-catho" les catho environnementalistes. Il ne lancera pas cette accusation au nom de la théologie (qu'il ignore), mais au nom de préjugés politiques... C'est affligeant.
(ps / Je demande pardon à tous ceux qui diront qu'il ne faut pas parler de droite et de gauche. Mais ne pas parler des choses ne les empêche pas d'exister, en mal ou en bien).
Écrit par : Michel DF. | 10/03/2007
LE CREDO, VRAIMENT ?
> Il y en a même un qui maile : "la croyance au réchauffement ne fait pas partie du Credo". Comme si l'enseignement de l'Eglise se limitait au dogme ! Ma Doue beniget !
Écrit par : Doxa | 10/03/2007
NE MELANGEONS PAS LA FOI ET LES OPINIONS
> Comme tout cela est juste. J'ai trouvé affligeant certains commentaires sur ce sujet. Si l'on est catholique, on adhère au Magistère de l'Eglise. Donc à l'Evangile, à la Tradition (dans son vrai sens) et à l'enseignement de l'Eglise. Cette adhésion au Magistère est la suite logique de notre foi. Et cette adhésion doit être totale. Donc, on s'informe sur ce que pense et dit le Magistère et on prend position en homme libre et ouvert à partir de cela.
Malheureusement, trop souvent, on fait le mélange entre sa foi et des opinions séculières, on pourrait même dire des slogans de parti politique.
J'ai été frappé récemment par certaines réactions sur un autre sujet. Des évêques ont pris position sur le téléthon de façon courageuse. Il ya d'ailleurs ceux dont les médias ont parlé et ceux dont les médias n'ont pas parlé ou qui n'avaient pas l'intention de parler aux médias. Pour moi cela m'a réjoui. Je me suis dit et j'ai dit dans mon entourage que je m'en réjouissais. Eh bien non, il ne fallait pas s'en réjouir selon certains. Parce qu'il n'y avait que quelques évêques qui s'étaient exprimés...Je n'ai pu m'empêcher de penser que ceux-là étaient les victimes de slogans d'état-major de parti.
Un peu d'humilité ne nuirait pas.
Les nations qui nous entourent disent ironiquement "humble as a French"...
Écrit par : o le Pivain | 10/03/2007
COMPLOT
> Le réchauffement planétaire n'existe pas. Le 11 septembre n'a pas eu lieu. Ce sont des grandes arnaques montées par le complot des Illuminati alliés aux Lézards gris extraterrestres qui veulent exterminer les défenseurs de la libre entreprise et augmenter les impôts.
Écrit par : belphégor | 11/03/2007
LES DEUX ASPECTS
> Dépassionner le débat, oui. Inutile de s'énerver alors que l'évidence est connue (sauf de ceux qui ne veulent pas voir) ! Le réchauffement est un fait, et il a : 1. des causes naturelles cycliques, 2. un facteur anthropique aggravant. Nier l'un des deux aspects est antiscientifique.
Écrit par : guerric | 11/03/2007
SCEPTIQUE MAIS PAS TROP
> Je ne crois pas au réchauffement, mais j'ai cru aux Armes de Destruction Massive irakiennes. For whom did I vote ?
Écrit par : neocon | 14/03/2007
QUI TU LIS
> Pour qui tu as voté j'en sais rien, mais je sais qui tu lis : Maurice G. Dantec.
Écrit par : paleosmart | 14/03/2007
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