17/02/2007
Choc chez les réformés français : un pasteur évangélique élu président
Le pasteur évangélique Claude Baty deviendra président de la FPF en juin à la place de Jean-Arnold de Clermont. Quelles conséquences pour le protestantisme en France ?
Le Nouvel Observateur, 16. 2. 07 :
En-tête de l’article : « Une véritable secousse. Les murs de la très respectée Fédération protestante de France, rue de Clichy, tremblent : un pasteur évangélique vient d’être nommé président, un titre depuis longtemps réservé aux protestants réformés. En Ile-de-France, un ouragan venu d’Amérique attise les ardeurs des fidèles, les salles font le plein, les églises fleurissent, charriant avec elles des pratiques parfois inquiétantes. Louise Couvelaire a plongé dans la galaxie complexe d’une religion en plein essor. Enquête inspirée. »
Cette enquête « inspirée » est très critique : la journaliste qualifie la montée de l’évangélisme de « déferlante hystérique ». Mais surtout, elle affirme ceci : « Chaque semaine, de nouvelles communautés émergent et se réunissent dans des entrepôts désaffectés comme à Bagnolet (93), des anciens cinémas ou encore une arrière-salle d’hôtel comme à Gennevilliers (92). A l’intérieur, zéro décorum : ni crucifix, ni Jésus en sang, pas d’icône, pas de cierges. A la place, du spectacle et de l’émotion : louange, musique et musiciens, danse, applaudissements, enfants qui gambadent, prières personnelles à haute voix… Loin, très loin de l’austérité et du dogme, bref de l’Eglise traditionnelle, catholique ou protestante, celle qui aujourd’hui fait le vide. »
> Les mots soulignés ci-dessus sont l’axiome des sociologues normatifs, des journalistes, des politiques et des postchrétiens aujourd’hui. Mais ils sont faux. Il suffit de connaître un peu les milieux chrétiens pour voir la réalité : ce qui « fait le vide », ce n’est pas le « dogme » et « l’austérité », mais le contraire : le flou et le manque de foi qui ont sévi pendant une trentaine d’années. A force de faire comme si la foi était vide, on a fait croire que le vide était dieu. Aujourd’hui l’évangélisme remplit ce vide avec de l’émotion : son erreur est de croire que Dieu est le « plein », le ressenti, la montée du sentiment intime. Cependant cette erreur est née d'une réaction face à la dé-spiritualisation des années 1970-1980 dans les milieux chrétiens, protestants et catholiques !
> Mais à côté de cela (et d’autres défauts, dus à ses origines nord-américaines), l’évangélisme affirme avec force la confiance en Dieu et la rédemption dans le Christ. Sa vision de l’homme et de la vie est moins étrangère au catholicisme que le « politiquement correct » de la FPF au temps de M. de Clermont. D’où ce qu’écrit la journaliste : « Impossible pour la Fédération d’ignorer la flambée évangélique. Prudente, elle intègre ceux qui, à ses yeux, restent dans les clous : en 2005, elle avait fini par accueillir, après des années de négociations, cinq nouvelles fédérations issues de ce mouvement. Pas facile de s’entendre entre réformés progressistes et évangéliques à la fibre conservatrice. Avortement, homo-sexualité, islam… Des sujets qui fâchent. "Les réformés représentent encore deux tiers des membres de la FPF, se rassure le président actuel, Jean-Arnold de Clermont. Estimer que l’on pourrait à terme se faire bouffer par eux relève du polar." N’empêche, les réformés surveillent dorénavant et de près ceux qui leur semblent suspects. Depuis septembre 2006, un pasteur est chargé d’identifier un maximum d’Eglises issues de l’immigration - africaines, coréennes, chinoises, roumaines… -, les plus difficiles à repérer mais aussi celles qui progressent le plus en Ile-de-France. Ces Eglises appartiennent en majorité au mouvement pentecôtiste-charismatique, qui remporte globalement le plus de succès. Des ultra émotifs comparés aux piétistes-orthodoxes, évangéliques nettement moins spontanés. »
> En somme, et s'il faut en croire l'Obs : voilà un noyau de bien-pensants («progressistes ») en train de « surveiller » des immigrés, « suspects » d’être « conservateurs »...
> Il y a quelques jours (note du 09. 02), je me permettais de demander comment les évangéliques allaient juger l'hostilité du pasteur de Clermont envers la déclaration oecuménique et inter-religieuse de Lyon. Cette élection est-elle la réponse ?
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Le courant évangélique, résumé par l’Obs :
« Le protestantisme, né de la Réforme au XVIe siècle, compte deux courants : les luthéro-réformés (les réformés sont largement majoritaires en France) et les évangéliques. L’institution, contrairement aux catholiques, y est purement fonctionnelle : les protestants créent églises, organisations et réseaux très facilement. D’où leur foisonnement. Les protestants évangéliques se distinguent selon cinq caractéristiques. Le « biblicisme » : la Bible (Ancien et Nouveau Testaments) est la seule autorité, la règle en matière de foi mais aussi de vie. Un évangélique a un rapport direct à Dieu, sans médiation (comme celle d’un prêtre). Le crucicentrisme : Jésus-Christ est mort sur la Croix à la place de l’homme pécheur. Seuls ceux qui le croient seront sauvés. "Nous n’irons pas tous au paradis." Impossible de monnayer son salut autrement. Troisième pilier, l’engagement militant : tout évangélique doit faire œuvre d’évangélisation. Quatre, la conversion : on ne naît pas chrétien, on le devient par la "nouvelle naissance" (born again), c’est-à-dire la conversion, concrétisée par le baptême (le plus souvent pas avant 16 ans). La cinquième caractéristique concerne la pratique cultuelle : les évangéliques expriment leur piété avec spontanéité, émotivité, voire... exubérance. »
10:00 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : christianisme, protestantisme, FPF, évangéliques, oecuménisme, catholicisme, foi
Commentaires
EVANGELIQUES
> Si vous voulez bien comprendre le monde évangélique dont je fais partie, en tant qu'ancien catholique, lisez le très bon livre de Sébastien Fath, chercheur au CNRS, "Du ghetto au réseau".
Écrit par : Georgel | 17/02/2007
Bonjour à tous,
> Ce que certains disent sur les évangéliques est plus qu'exagéré. Je fréquente assez régulièrement les évangéliques. Je les admire par la qualité de leur foi, par leur gentillesse et par leur volonté d'évangéliser. L'Eglise catholique devrait en prendre de la graine.
Écrit par : Jean michel Roulet | 19/02/2007
UN PASTEUR DEVENU CATHOLIQUE
> Il faut lire le livre du pasteur qui s'est converti au catholicisme : pour lui la liturgie deveint claire comme de l'eau de roche grâce à sa culture biblique.
Écrit par : Boris | 19/02/2007
A propos des évangéliques...
>Je suis tombée par hasard sur le site : www.pour-vous-qui-est-jesus.net qui renvoie au CENTRE EVANGELIQUE DE PENTECÔTE à LILLE
Il y a une page intitulée : la vérité sur le catholicisme (classée dans "dossiers à l'écran"). En parcourant cette page je me demande quel "oecuménisme" est-il possible de vivre avec cette assemblée évangélique...
en effet, la page citée explique à partir d'un extrait d'un texte de 1550, que depuis cette époque l'Eglise catholique est en contradiction avec la Parole de Dieu et qu'elle cherche à tromper les gens (je résume...)
Je lis que les évangéliques ont beaucoup semble-t-il à nous apporter. Peut-être mais cela est-il compatible avec cette vision négative (voire plus...) de l'Eglise catholique que certains manifestent?
Comment dialoguer si vous jugez votre interlocuteur comme quelqu'un de malhonnête?
je m'interroge : voilà donc 5 siècles que l'Eglise catholique est composée d'affreux comploteurs qui manipulent la Parole de Dieu?
Alors toutes ces personnalités : au hasard, un Vincent de Paul, un Frédéric Ozanam, une Edith Stein, tous ces gens se sont trompés en choisissant l'Eglise catholique? Mince alors...
MB
[De PP à MB - Le courant évangélique est traversé de tendances contradictoires. Certaines se réclament du calvinisme pur et dur : ainsi celle que vous citez. Mais par ailleurs, il y a un terrain commun avec les catholiques dans le domaine de la sincérité de la foi et dans celui des moeurs... Il est beaucoup plus difficile de discuter avec des postchrétiens qui ne croient pas en la Trinité, et qui nous reprochent, non notre façon de croire, mais le simple fait de croire ! ]
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Écrit par : MB | 01/03/2007
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