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02/01/2007

SDF : Notre Dame contre Don Quichotte ?

La  principale  organisation  caritative  lyonnaise critique l'action des "Don Quichotte" :


 

LYON (agences) - L'association Notre Dame Des Sans-Abris, l'un des principaux centres d'hébergement de SDF de l'agglomération lyonnaise, juge "indécente" l'implantation des Enfants de Don Quichotte à Lyon.  

 

Yves Perret, président de Notre Dame des Sans-Abris (association qui accueille 3.500 personnes par an dans un site rénové du 7e arrondissement), a estimé que l'initiative des Don Quichotte "nie le travail des associations, car elle fait offense à l'activité et au dévouement du personnel et des bénévoles qui travaillent auprès des SDF tout au long de l'année et depuis des décennies". Selon lui, "le problème du logement n'a rien à voir avec la précarité dans la rue, le problème est beaucoup plus complexe. Les sans-abri ont besoin d'un suivi quotidien pour les accompagner dans leur détresse".

 

Sébastien Guth, chargé de la communication à Notre Dame des Sans-Abris, dénonce lui aussi "un coup médiatique sans rien derrière, qui n'aborde pas la question de l'accompagnement social". Il se déclare "choqué" par l'initiative parisienne qui aborde les choses "en surface sans traiter le problème de fond". Il estime par ailleurs que passer en hiver la nuit sous une tente est "impossible" : "Ça va être une catastrophe", prédit-il.

 

Les responsables du foyer considèrent par ailleurs que l'implantation des Enfants de Don Quichotte à Lyon n'a pas de sens dans la mesure où la situation des SDF est moins mauvaise dans cette ville qu'à Paris :  "Le prix des loyers n'est pas le même, les travailleurs pauvres ont beaucoup moins de problèmes de logement, on  n'est  pas  sur  le  même  nombre  de personnes et il y a ici un accompagnement social très important".

 

 

Commentaires

LES DEUX POINTS DE VUE

> Les deux points de vues se comprennent : en effet, il est certain que le problème des SDF ne se limite pas à une question de logement. C'est avant tout un problème de marginalisation. Et donc la solution est davantage dans un accompagnement long, difficile.
Mais là où la démarche de Don Quichotte a un vrai intérêt est qu'il y a actuellement une véritable crise du logement comme en témoigne le cas, à Paris, des SDF qui ont un emploi. Là on est plus dans le cas des sans abris accompagnés par ND. Ce ne sont pas des "clochards" coupés de la sociétés après de multiples échecs. Ce sont des salariés qui ne trouvent pas de logement en raison d'un coût du loyer beaucoup trop élevé.

Écrit par : Charles Vaugirard | 03/01/2007

DESOLANT

> Je trouve ça désolant, voir mon billet à ce sujet sur mon blog : http://k.mouhoubi.free.fr/monblog/

Écrit par : Kamel | 03/01/2007

NOTRE DAME DES SANS ABRIS

> Je comprends la position de Notre Dame des Sans Abris qui fait à Lyon un travail remarquable et je déplore le parisianisme qui laisse entendre que ce qui est vrai à Paris l'est dans toute la France...

Écrit par : Rosa | 03/01/2007

Je trouve cette déclaration assez malvenue.

> Sans doute y a-t-il dans cette action des Don Quichotte:
- une dimension médiatique (exposition de people, récupération politique par certains candidats)
- un côté parisianniste (la situation parisienne n'est pas nécessairement nationale ni dans sa nature ni dans son ampleur et son contexte)
- un aspect bobo (aller dormir sous la tente sous le sunlight des caméras)

Mais cette démarche a le mérite de relancer le débat au-delà des habituelles brèves sur le froid dans la rue et les morts des sdf, qui s'éteindront comme chaque année avec les premiers rayons du soleil.

Cette démarche a le mérite de rappeler que l'homme ne doit pas s'habituer à la misère de son frère.

Cette démarche a le mérite de rendre la misère visible, elle que nous souhaitons si souvent chacher derrière les murs de centres plus ou moins pourris ou plus généralement derrière les lunettes de l'indifférence. La misère nous culpabilise tellement.

Croire que cette démarche est la panacée pour venir à bout du problème, croire que cette démarche serait idéale au sens où elle intégrerait toutes les dimensions de ce problème (logement, mais aussi problème de la marginalisation, de l'exclusion sociale, du délitement du lien social, etc.) serait erroné.
Mais n'en concluons pas pour autant que la situation actuelle soit à ce point satisfaisante que toute nouvelle démarche soit inutile.

Kamel, après avoir lu ton mot sur ton blog, je partage avec toi un peu d'incompréhension face à une telle déclaration de nd-lyon. Maintenant, j'estime que cette association ne mérite pas les qualificatifs que tu lui attribues, ne serait-ce que parce que ses missions sont tout de même dignes de respect: "accueillir loger accompagner insérer".

Par ailleurs, tu dénonces la charité comme solution à la misère. Pour un catholique, la charité ne se réduit pas à la restriction péjorative de sens qu'a ce mot aujourd'hui. Charité, caritas, c'est l'Amour du prochain qui commande de lui venir en aide. Ce n'est pas cantonner les pauvres à l'état de pauvres, avec la mendicité pour seul salut.
C'est au contraire l'élan par lequel on viendra au secours de l'autre, avec tous les moyens que la situation rendra nécessaires. Ce qui peut donc passer par des organisations justement Caritatives, la compétence professionnelle, des réseaux structurés et efficaces, etc.
La charité ne se réduit donc pas à donner la piécette!

Si tu souhaites en savoir plus sur la position chrétienne en la matière, je te renvoies à la lecture de l'encyclique de Benoit XVI, Deus caritas est/Dieu est Amour (en libre-accès sur le site du vatican), en particulier à la deuxième partie. Elle est plutôt facile à lire.

D'ailleurs je souhaiterais citer un paragraphe sur le sens de la prière et le refus de la résignation contenus dans la charité chrétienne, en réponse à ce que tu écris dans ton billet.

"36. L'expérience de l'immensité des besoins peut, d'un côté, nous pousser vers l'idéologie qui prétend faire maintenant ce que Dieu, en gouvernant le monde, n'obtient pas, à ce qu'il semble: la solution universelle à tous les problèmes. D'un autre côté, elle peut devenir une tentation à rester dans l'inertie, s'appuyant sur l'impression que, quoiqu'il en soit, rien ne peut être fait. Dans cette situation, le contact vivant avec le Christ est le soutien déterminant pour rester sur la voie droite: ni tomber dans un orgueil qui méprise l'homme, qui en réalité n'est pas constructif mais plutôt détruit, ni s'abandonner à la résignation, qui empêcherait de se laisser guider par l'amour et, ainsi, de servir l'homme. La prière comme moyen pour puiser toujours à nouveau la force du Christ devient une urgence tout à fait concrète.
Celui qui prie ne perd pas son temps, même si la situation apparait réellement urgente et semble pousser uniquement à l'action. La piété n'affaiblit pas la lutte contre la pauvreté ou même contre la misère du prochain. La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple partuculièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l'efficacité ni à l'activité de l'amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable. Dans sa lettre pour le Carême 1996, la bienheureuse écrivait à ses collaborateurs laïcs: "Nous avons besoin de ce lien intime avec Dieu dans notre vie quotidienne. Et comment pouvons-nous l'obtenir? A tavers la prière".

Cette vision est catholique. Il ne s'agit pas de faire du prosélytisme (c'est pour cela d'ailleurs que j'écris sur ce blog et non le tien) mais seulement de réagir par rapport à ce que je crois être des amalgames dans ta critique de la charité chrétienne.
Moi aussi, pour les éléments qui ont été porté à ma connaissance jusque là, je rejette cette déclaration de nd_lyon, mais pas la vision chrétienne du service du prochain.
Merci de m'avoir lu.

Écrit par : giurgiu | 03/01/2007

LA POLEMIQUE

> Je n'ai bien évidement pas la prétention de porter un jugement de fond sur la religion chrétienne mais sur la politique d'une association se reclamant de l'Eglise catholique.
Je constate simplement l'échec de cette association comme tant d'autres d'ailleurs, incapable de combattre la pauvreté, se contentant de la gérer au jour le jour...
Leur échec est en sois assez préjudiciable pour ajouter en plus la mesquinerie d'une attaque contre un collectif qui a réussi à faire en un mois plus qu'ils ont éte incapable de faire en 20 ans !
Si le Christ était parmis nous ils serait certainement du côté du Canal St Martin au côté des Enfants de Don Quichotte....

Kamel


[De PP à K - Certainement. Mais pourquoi parler de "l'échec" d'associations qui se battent au jour le jour ? Leur objectif n'est pas de faire des coups politiques, mais de sauver des sans-abri : on ne peut donc pas leur reprocher leur manque d'effet politique !
Les Don Quichotte, eux, ont choisi l'action spectaculaire pour faire céder le gouvernement, et ils y sont parvenus, pour deux raisons : a) nous sommes en période pré-électorale ; b) l'Elysée a pris un malin plaisir à ôter à Sarkozy un des points de son programme, qui était - justement - l'opposabilité du droit au logement...
Donc bravo à l'efficacité conjoncturelle des Don Quichotte, mais n'en faisons pas un argument contre Notre Dame des Sans-Abri ! ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Kamel | 04/01/2007

NECESSAIRE

> Pour ma part, je ne pense pas que “Notre-Dame des sans-abris” doive être choquée. Si les “Enfants de Don Quichotte” ont mis des tentes aussi à Lyon malgré la présence de cette association catholique qui, au dire de Patrice de Plunkett, fait bien son travail, il était nécessaire de le faire aussi à Lyon car Lyon est l’une des trois plus grandes villes de France, et c’est à ce titre que cette ville a été visée par les “Enfants de Don Quichotte” qui ne s’attardent pas aux exceptions associatives, mais agissent sur toute la France afin de médiatiser le scandale d’un régime à la fois coûteux et irresponsable face à la très grande pauvreté. Clemenceau ne disait-il pas déjà de ce régime :”En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables.” ? L’abandon des plus pauvres, aussi bien par la gauche que par la droite et les Verts qui n’ont rien fait pour eux, en est l’illustre témoignage.

Écrit par : Domy | 09/01/2007

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