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20/12/2006

Environnement et économie : le cas de la Chine, expliqué par Luc Richard

Luc Richard (co-auteur de La Chine sera-t-elle notre cauchemar) intervient dans le débat sur la révolution écologique, ouvert par la note du 19.12 :   


 

 

 

EN REPONSE A JLH :

 

>  Il est faux de dire qu'il n'y a pas de mouvement portant des aspirations similaires à celui de Nicolas Hulot dans les PVD à forte croissance.

En Chine, pour prendre un exemple que je connais, il y en a même des milliers, pour la plupart des ONG chinoises. Seulement, comme l'objectif prioritaire du pouvoir reste la croissance aux forceps, celles-ci n'ont aucun moyen d'action, quand elles ne sont pas purement et simplement réprimées par l'Etat "libéral-communiste".


Vous dites : "sortir de la misère".

Pour rester en Chine, ceux à qui profitent le plus les retombées du néolibéralisme (en Chine comme en Occident) sont les mêmes qui produisent un récit mystifiant sur la nécessité absolu d'un développement qui est en train de purement et simplement détruire ce pays. Quelques exemples (statistiques fournies par l'Etat chinois) : 70% des rivières et des lacs chinois sont gravement pollués, 300 millions de paysans n'ont pas d'accès à l'eau potable, la première cause de décès à Pékin est le cancer du poumon (résultat directe de la pollution atmosphérique), plus de la moitié des 87 000 révoltes qui ont secoué le pays en 2005 sont liées à des catastrophes écologiques (terres rendues impropres à la culture pour cause de pollution)... On pourrait multiplier les exemples.


Il faudrait ajouter la déforestation massive en Océanie, Afrique, Sibérie, pour fabriquer ensuite en Chine, à prix réduits, des meubles qui sont ensuite revendus à 70% dans les pays occidentaux. Et préciser que l'industrie d'exportation chinoise tourne au charbon (centrales thermiques) dont les rejets de CO2 ne sont pas pour rien dans le classement récent (novembre 2006), par l'OCDE et l'AIE de la Chine comme premier émetteur mondial de gaz à effet de serre (devant les Etats-Unis). Songez-y la prochaine fois que vous achèterez un pull à 5 €.


Ces deux derniers points pour faire remarquer que la logique libre-échangiste est à d'abord à mettre en cause dans ces problèmes. Il est de ce point de vue absurde de distinguer les PVD des pays industrialisés. Ne serait-ce que pour les retombées, qui nous touchent également.

En revanche, les solutions passent par les ensembles politiques. De ce point de vue, l'idée de protectionisme européen, qui revient en force dans le débat (1)  est intéressante car elle est la condition à la mise en pratique du Pacte de Nicolas Hulot.

Evidemment, le mieux serait que les solutions vienne d'abord de nous mêmes, catholiques, plutôt que de l'Etat, tant l'écologie environnementale et l'écologie humaine sont intimement liées. Voilà le vrai débat.

Luc Richard*

 

*  Auteur avec Philippe Cohen de : La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? (Mille et Une Nuits, 2005).

http://www.evene.fr/livres/livre/philippe-cohen-et-luc-ri...

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(1)  http://www.protectionnisme.eu/

 

 

Commentaires

LE PROBLEME DE LA CHINE

> Les Chinois et les autres réclament leur droit à polluer comme nous l'avons fait au XIXe.
Pour y être allé, je sais que la préoccupation écologique commence à naître, notemment dans les villes les plus occidentophiles, comme Hong-Kong, où ça en devient caricatural, puisque l'on n'hésite pas à désactiver un ascenseur sur trois et faire attendre tout le monde, pour éviter de consommer trop d'électricité.
C'est un problème que le pouvoir chinois connaît. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles il cherche à lancer le nucléaire, en obtenant en même temps les transferts de technologie nécessaires pour créer leur propres centrales.
Ce qui pose problème est la conception dominante de l'Etat chinois qui utilise son pays comme la poubelle de la planète, et qui refuse de réévaluer le yuan, contribuant ainsi à maintenir des coûts très peu élevés et à favoriser l'industrialisation à outrance. C'est cette logique là qu'il faudrait revoir.
Au même titre que le patrimoine ou l'individu, ils n'ont pas totalement conscience de l'importance de l'environnement.

Écrit par : Polydamas | 20/12/2006

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