18/12/2006
Ce que les catholiques attendent aujourd'hui
...c'est toute la lumière sur ce que pense leur Eglise ! Nombreux débats en France. Et un livre essentiel sur le Magistère, présenté par le nouveau numéro de la revue de prospective catholique Kephas :
Je prends part à beaucoup de rencontres-débats en France et en Suisse. Partout c'est le même réveil : les catholiques s'interrogent sur la société. Ils se mettent à faire attention à ce que l'Eglise dit des problèmes de cette société, et de l'essentiel de la foi.
Ce réveil se fait dans une certaine confusion, parce que l'époque a "remplacé la réflexion par l'émotion" (disait Mgr Vingt-Trois à Radio Notre-Dame la semaine dernière). Elle a donc "du mal à objectiver les problèmes". Les catholiques sont comme tout le monde aujourd'hui : leur relation aux autorités morales est difficile, qu'ils se disent "critiques" ou "tradis". D'où l'urgence de redécouvrir et d'étudier : 1. ce que l'Eglise enseigne réellement ; 2. comment elle l'enseigne, et en fonction de quelle autorité.
Cette étude est vitale, si l'on veut construire les cinquante prochaines années.
C'est ce qu'explique le numéro 20 (octobre-décembre) de la revue de prospective catholique Kephas*, à propos d'un livre qui vient de paraître aux éditions Ad Solem : L'Eglise, servante de la vérité - Regards sur le magistère.
SORTIR DES DIALECTIQUES, "EDIFIER L'UNITE"
Extraits de l'éditorial de Bruno Le Pivain (Kephas n° 20) :
<< Ces derniers mois l'auront encore montré : les tensions sont nombreuses, qui manifestent la permanence de la crise profonde que traverse notre Eglise. Ainsi de la "question liturgique", sur laquelle on reviendra, au moyen d'un dossier intitulé L'esprit de la liturgie et celui de Vatican II. Mais c'est toujours au Magistère de l'Eglise, à sa Tradition vivante, qu'il faut recourir si l'on veut démêler les fils obscurs des contradictions dans lesquelles les catholiques français - parfois aussi gaulois ou gallicans, selon l'accent qu'on y met - sont souvent enfermés. A ce sujet, les semaines écoulées sont aussi riches d'enseignements que de confusions entretenues.
[...] Le cardinal Ricard, dans son discours de clôture de Lourdes, préfère distinguer les textes du Concile et leur application. Après avoir noté que cette réception (du Concile) est toujours à poursuivre, il remarque aussi qu'il faut "vérifier" que l'on "ne met pas sous son patronage des façons de vivre, de penser, de célébrer ou de s'organiser qui n'ont rien à voir avec lui..." >>
<< La crise majeure de la foi que traversent nos vieilles contrées de chrétienté se manifeste d'abord par une crise de l'autorité magistérielle, de la réception de la Parole de l'Eglise. On peut trouver à cet état de fait quatre raisons majeures, qui n'épargnent aucun milieu - surtout pas ceux qui s'en croient préservés :
1. [...] Le refus du mystère, conséquence directe de la sécularisation ambiante... L'homme, avec son pouvoir de décision et de réflexion, est livré à l'opinion publique, à celle du milieu dans lequel il évolue.
2. [...] Dans la ligne de cette atrophie de la raison, alors même qu'elle s'imagine gagner en dignité, l'on finit par se contenter du slogan, inlassablement ressassé, qui va tenir lieu de dogme. C'est le règne des magistères médiatiques et des groupes de pression, qui s'allient bizarrement à l'autonomie de la conscience. Celle-ci, en effet, va choisir son groupe, sa couleur, aura même l'impression d'imprimer sa marque au mouvement des idées, puisque l'opinion la rejoindra, pour la bonne raison qu'elle-même lui obéit.
3. [...] Le relativisme peut sans doute être considéré comme l'une des causes majeures de l'état dépressif de nos sociétés occidentales. Il empêche purement et simplement l'exercice de la liberté, puisqu'il rend impossible le choix entre deux propositions différenciées.
4. [...] Reste enfin cette double opposition tenace entre la raison et la Tradition d'une part, entre la Tradition et le Magistère d'autre part. C'est oublier que celui-ci est l'organe vivant sans lequel la Tradition n'est plus qu'un vague souvenir remisé dans les greniers de l'histoire.
Toutes ces caractéristiques modernes se retrouvent par définition chez les baptisés, qui sont aussi dans le monde et de leur temps, qu'ils soient dits "progressistes" ou "traditionalistes"...
...Ce n'est que par une nouvelle prise de conscience de la dimension essentiellement spirituelle du Magistère, que pourront cesser les dialectiques et s'édifier l'unité." >>
UN LIVRE POUR DECOUVRIR CE QU'EST LE MAGISTERE : L'EGLISE, SERVANTE DE LA VERITE
Dans ce numéro de Kephas, Christian Gouyaud (Strasbourg) recense l'ouvrage paru chez Ad Solem. Ont contribué à ce livre, par ordre de chapitres : le cardinal Georges Cottier, Mgr Paul-Marie Guillaume, Dom Hervé Courau, Mgr Francois Frost, le P. François Dupré de la Tour, l'abbé Bruno Le Pivain, l'abbé René de Reboul, Dom Basile Valuet, feu le P. Bertrand de Margerie, l'abbé Jean-Pascal Perrenx, Mgr Fernando Ocariz, le P. Serge-Thomas Bonino, l'abbé Gérald de Servigny et le cardinal Jean Honoré.
L'étude couvre trois sections : 1. Les fondements du Magistère, 2. L'exercice du Magistère, 3. La réception du magistère.
Un livre clair et puissant, à étudier pour remettre toutes les pendules à l'heure ! Nous aurons l'occasion d'en reparler en détails.
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* Pour s'abonner à la revue Kephas : http://www.revue-kephas.org/bulletin.html
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08:50 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : religion, catholicisme, christianisme, foi, Eglise
Commentaires
DIDIER LONG
> Je ne sais pas si vous avez lu "Pourquoi nous sommes chrétiens" de Didier Long, cela va dans la continuité de l'introduction de cet article. Cet ancien bénédictin réexplique dans la continuité de la tradition chrétienne et catholique le sens de nos sociétés occidentales, d'un point de vue érudit et d'un accès très simple.
E.
[De PP à E. - Je ne l'ai pas encore lu, mais je vais le faire sans tarder.]
Écrit par : Emmanuel | 19/12/2006
VEAU D'OR
> L'Eglise(française) se remet en question! il était temps.. Un exemple : dans les années 70 mon curé(paix à son âme) a détruit à coups de marteau un magnifique autel ainsi qu'une belle table de communion et enfoui de splendides chapes et chasubles dessous; ce n'est qu'un détail mais révelateur d'un état d'esprit "du passé faisons table rase"... : pas de triomphalisme, de faste, misérabilisme,vulgarisation, désacralisation, ten-dances prônées jusque dans certains séminaires!
La-dessus le matérialisme et le consumérisme ambiants en couches bien épaisses, médiatisés par le tabernacle du Diable, ont atrophié foi et spiritualité. Le veau d'or est
ainsi érigé en valeur refuge, il est très difficile de communiquer notre foi. En aumônerie, le découragement me gagne, et je peste après le Seigneur, en lui demandant de s'occuper de ses affaires.... Qui sont aussi les miennes; Faut-il des maîtres, faut il des témoins, je mets de toute manière mon orgueil dans mes faiblesses, et je prie en espérant désespéremment . Et puis Bossuet a dit, je crois, " il faut que tout soit anéanti pour que se manifeste sa Gloire " Merci enfin à P.de P. pour ses analyses claires et roboratives, faut il recréer une cité catholique ? Et, j'en viens à ma demande :
est-il possible de prévoir pour 2007 une conférence dans notre Enclave sur les défis ?
bn
Écrit par : NIEK | 19/12/2006
Ce problème évoqué est-il propre à lEglise de France ?
Écrit par : alain | 22/12/2006
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