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25/11/2006

"Roi de l'univers", le Christ ?

medium_Eccehomo1_1_.jpg"Ecce Homo !"

Sur la fête de ce dernier dimanche de l'année liturgique, juste un mot (je ne suis pas théologien) :


 

 

 

La planète chrétienne clôt son année liturgique en célébrant le Fils de l'Homme (Ecce Homo !), "Roi de l'Univers".

Cette royauté est  - pour l'humanité -  une promesse de bonheur qui dépasse nos imaginations.

Au lieu de cela, des catholiques français s'en étaient fait un sujet de querelle au XXe siècle : les uns, réduisant la royauté du Fils de l'Homme à leurs idées politiques ; les autres, par opposition, finissant par nier que le Fils soit Roi de quoi que ce soit. Quant au reste de la population (la très grande majorité), pour elle cette histoire était de l'hébreu. Elle l'est toujours, et de plus en plus !

Dénouons ces querelles de mots. Revenons à la simplicité inouïe : l'offre que le Christ fait aux hommes. L'Homme-Dieu se donne "pour la multitude"*  afin que l'humanité fasse Corps avec lui, qui en est la Tête par son Incarnation-Passion-Résurrection. Quand il répond à Pilate : "Tu le dis, je suis roi"**, c'est au moment où il paraît dépossédé de tout. Jusque là il n'avait jamais exprimé cette idée. Au contraire, lorsque les foules voulaient l'acclamer roi, il se dérobait... Maintenant qu'il est seul, voué à la mort, il admet être Roi. Mais Roi autrement. Un Roi dépossédé. Il appartient tout entier à "la Vérité". Il nous offre d'y appartenir nous aussi. La Vérité, c'est le Père : on ne possède pas la Vérité, on accepte (ou on refuse) de lui appartenir. C'est en ce sens que nous sommes tous*** appelés à partager la royauté du Christ...

Voilà pourquoi nous adhérons à la foi chrétienne.

Que cette foi ait aussi des effets sociaux (la "royauté sociale du Christ"), c'est clair, selon les temps et les lieux : "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, le reste sera donné par surcroît".

Mais évitons les confusions. Evitons de projeter sur cette idée nos opinions séculières, même si nous les considérons comme des fidélités. Evitons de rabaisser l'Essentiel.

Dans un article du 24 novembre, le P. Michel Gitton  donne son avis :

 

<<  La fête du Christ Roi a été instituée comme une réponse aux revendications "laïcistes" des sociétés modernes, comme une manière de rappeler que le Christ n'est pas à renvoyer à la conscience individuelle, mais qu'il doit rester le guide des sociétés comme des individus. [...]  Ceci nous ramène à un point épineux, qui a été fermement débattu au moment du concile Vatican II, à propos du texte sur la liberté religieuse. Oui ou non, l'Eglise catholique considère-t-elle comme un idéal le statut de religion d'Etat, qui semble assurer au Christ sa place dans l'ordre social ? Et si elle y renonce, comme elle semble l'avoir clairement fait, peut-elle encore revendiquer une quelconque royauté pour lui ?

 

La clé de cette question est sans doute d'aller plus avant dans ce que veut dire la Royauté du Christ, car on se résignera difficilement à ce qu'elle signifie une conquête par les chrétiens de l'appareil étatique, aboutissant à l'obligation légale de pratiquer la religion catholique. Sans forcément noircir le tableau des chrétientés passées, qui ont eu leur grandeur, on ne prendra pas pour modèle la coercition qui a pu y régner. On reconnaîtra même là la cause, toujours vivace, du rejet que beaucoup opposent à l'Eglise depuis les Lumières. Si le magnifique renouveau catholique du XIXe siècle s'est finalement arrêté sous les coups de l'anticléricalisme de la IIIe République, c'est, au moins en partie, parce qu'il ressemblait trop à une entreprise politique de reconquête.

 

Affirmer que le Christ est roi et doit être reconnu comme tel, suppose de la part des chrétiens le passage par une phase d'humilité, que nous vivons à l'heure actuelle. Si nous souhaitons, et plus que jamais, ramener au Christ le monde qui nous entoure, ce n'est pas par goût du pouvoir ou pour faire taire nos adversaires, cela ne  peut être que pour le bien des personnes et des sociétés. L'influence du Christ ne saurait se confondre avec un pouvoir exercé sous son nom. Mais il n'en demeure pas moins que l'influence de la sainteté chrétienne, le rayonnement de la foi, la diffusion des valeurs de la morale évangélique, peuvent être le moyen, sans doute le seul, d'assurer à la société contemporaine son avenir. Cela ne se fera pas par la conquête du pouvoir, mais par la multiplication du nombre des chrétiens fervents, c'est-à-dire finalement par l'évangélisation.


Telle est la Royauté que le Christ revendique, et celle à laquelle il nous faut contribuer. >>

 

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(*)  Marc 10, 45.

(**)  Jean 18, 37. 

(***) Daniel, 7, 13-14 :  "Je contemplais les visions de la nuit : / Voici, venant sur les nuées du ciel, / comme un Fils d'homme. / Il s'avança jusqu'à l'Ancien / et fut conduit en sa présence; / A lui fut conféré empire, / honneur et royaume, / et tous peuples et nations et langues le servirent. / Son empire est un empire éternel / qui ne  passera point..."  Si cet "empire" est éternel, c'est qu'il transcende l'histoire : il ne s'agit pas ici d'un ordre terrestre mais de bien autre chose. (Ce qui ne veut pas dire que le peuple de Dieu se désintéresse de la justice sur cette terre).

 

 

Commentaires

"MON ROYAUME N'EST PAS D'ICI"

> Jésus a également précisé "Mon Royaume à moi n'est pas d'ici" (Jn 18,36). A l'image du Christ, le chrétien n'oeuvre pas pour un bénéfice immédiat, personnel. La religion est un dialogue intérieur tourné vers les autres qui nous offre de "connaître les mystères du Royaume des Cieux" (Mt 13,11).
Il est donc évident que le royaume auquel sont conviés les chrétiens échappe aux canons des aspirations et considérations contemporaines (Même si M. Weber a su établir chez certains une proximité).

Que l'Eglise ait renoncé à son statut de religion d'Etat est une très bonne chose :

- L'exploitation politique de la religion depuis Constantin est à l'origine de l'argumentation opportunément dirigée contre elle (souvent par ceux qui en sont les principaux profiteurs : les politiques).

- L'indépendance ainsi reconquise de la religion vis à vis du politique permet à l'Eglise de parler librement et de délivrer son message totalement, sans contrainte ni considération pour les calculs et les compromissions qui caractérisent le monde profane.

C'est le vrai progrès moral de ces derniers siècles où l'Eglise fut bien plus l'otage du politique que son inspiratrice (cf. Philippe le Bel). Cette liberté recouvrée est la garantie que la Justice et la Vérité soient défendues et entendues, au delà des seuls croyants.

L'influence grandissante du discours de l'Eglise - et particulièrement des derniers papes - dans le monde suffit pour en mesurer l'importance (la presse italienne rapporte ce matin que le premier ministre turc Erdogan serait maintenant disposé à recevoir le pape...).

Le royaume du Christ est universel : il ne distingue pas et accueille tout le monde (cf. les Béatitudes). Il ne connaît ni frontière, ni immigration, ni contrôle de police, ni reconduite. A méditer pour les prochaines élections.

Écrit par : Qwyzyx | 25/11/2006

PANTOCRATOR

> Pour ceux qui ont fait du grec pendant leurs études et ont quelque réminiscence, je signale que le texte de l'Apocalypse de Saint Jean que nous lisons en deuxième lecture pour cette Fête du Christ Roi contient le passage magnifique que voici :

Εγω ειμι το αλφα και το ω, …ο ων και ο ην και ο ερχομενος, ο παντοκρατωρ.

"Je suis l'alpha et l'oméga, ... je suis celui qui est, qui était et qui vient, le Pantocrator" (le Tout-Puissant).

Écrit par : Sophrone | 25/11/2006

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