10/11/2006
Oecuménisme : au Canada, les chrétiens s'unissent autour du mariage
Je reçois un communiqué de la Conférence épiscopale du Canada, de l'Alliance évangélique du Canada, de la Convention baptiste et de 40 autres groupes confessionnels qui ont cosigné HIER 9 NOVEMBRE une déclaration sur le mariage, adressée "au Parlement et à l'ensemble de notre société" :
<< "Représentant différents groupes confessionnels, nous nous rassemblons pour présenter au Parlement et à l’ensemble de notre société le point de vue que nous partageons sur le mariage", a déclaré Bruce J. Clemenger, président de l’Alliance évangélique du Canada (Evangelical Fellowship of Canada) : "Le Premier ministre, en promettant de tenir un vote pour rouvrir le débat sur le mariage, donne la possibilité aux Canadiennes et aux Canadiens de réfléchir à nouveau et à tête reposée à cette question. Comme groupes confessionnels, nous souhaitons avoir l’occasion de participer à un dialogue public réfléchi et constructif sur la nature du mariage."
Mgr Marcel Gervais, archevêque catholique d’Ottawa, a résumé ce qui fait l’essentiel pour les groupes croyants signataires. "Nous lançons aujourd’hui un appel pour que le droit et les politiques publiques reconnaissent l’importance essentielle et unique du mariage comme l’union d’un homme et d’une femme en vue de la sécurité, de l’éducation et du bien-être des enfants. En tant que chefs de différents groupes confessionnels, nous sommes d’accord pour affirmer que l’intérêt de l’enfant doit avoir préséance sur le droit des adultes d’exercer leur liberté. ""Cette Déclaration sur le mariage procède de milliers d’années de réflexion et de pratique », a insisté le révérend Ken Bellous, ministre exécutif de la Convention baptiste. "Nous recherchons la justice pour tous, mais nous n’en continuons pas moins de croire à l’importance du mariage."
La Déclaration sur le mariage veut éclairer les parlementaires et les membres de notre société, à l'heure où Canadiennes et Canadiens continuent de débattre sur cette importante question.
Les signataires représentent un large éventail de groupes confessionnels du Canada. >>
> Déclaration conjointe sur le mariage (version doc)
> Allocution de Mgr Marcel Gervais - conférence de presse
Mon commentaire :
La déclaration conjointe est ferme et précise. Noter ce complément dans "l'allocution" de l'archevêque catholique [en fait, une réponse à un journaliste lors de la conférence de presse] : "la relation entre deux personnes du même sexe n'est pas un mariage" ; "l'ordre de la sexualité" doit être "maintenu" ; si l'on réserve ainsi le mariage aux hétérosexuels, la société peut, par ailleurs, accorder "une certaine reconnaissance" aux relations amoureuses "stables" établies entre personnes du même sexe. Cette déclaration archiépiscopale sonne comme une offre de négociation adressée à la classe politique. Elle va cependant soulever une controverse (surtout de la part de milieux catholiques "français de France") : des libéraux vont protester contre la notion d'ordre du mariage et de loi naturelle ; des traditionnels vont s'indigner qu'un archevêque prenne en considération la stabilité dans des couples homo. Précisions : la loi canadienne a institué le mariage homosexuel en 2005. L'opinion canadienne, notamment au Québec, va largement dans cette direction. Le texte de Mgr Gervais, qui passerait pour "progressiste" en France, est perçu comme "conservateur" à Montréal et Ottawa.
09:50 Publié dans Planète chrétienne | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religion, christianisme, catholicisme, foi, mariage, société
Commentaires
"MODERNES" ET "CLASSIQUES"
> Pour votre commentaire, je propose les termes "modernes" à la place de libéraux ou progressistes (dans le cadre des Français de France) et surtout "classiques" à la place de traditionnels.
Ainsi, on peut regrouper sous "l'étiquette" "classique" les "tradis" (FSSP, ...) et tous les autres mouvements tels que St Martin, l'Emanuel, ... qui ont des divergences sur la Liturgie mais très peu sur la doctrine et la théologie.
Boris
[De P.P. à B. :
"Modernes" vs. "classiques", pourquoi pas ? Je ferai tout de même deux objections :
1. Laisser l'appellation "modernes" à ceux qui aimeraient liquider la doctrine de l'Eglise, c'est dommage, parce que le mot "moderne" a aussi un sens positif, et parce que le catholique a le devoir d'évangéliser le moment présent.
2. "Classiques" a l'avantage d'englober tous ceux qui partagent le Credo, quelle que soit leur mouvance particulière. Mais le terme sonne mal vis-à-vis du public : dans son acception ordinaire et non littéraire, "classique" a un peu le sens d' "étranger à l'innovation". Or ce sont au contraire les "classiques" comme vous dites (et au sens très très large !), qui ont fait les innovations constructives dans l'Eglise de France depuis vingt-cinq ans, alors que les "modernes" (que la presse nomme "progressistes"*) ont fabriqué une routine désertique : les "coquilles vides" dont parlait le cardinal Ratzinger.
Cela dit, aucun terme n'est bon quand il s'agit de désigner des tendances au sein de l'Eglise... Etre un catholique sans adjectif serait tout de même l'idéal.
(*) J'ai utilisé le mot "progressistes" parce qu'on le trouve encore souvent dans la presse. Mais c'est un vestige fossile de l'époque - bien oubliée - de l'hégémonie culturelle du PCF. La notion ne se comprenait que dans le cadre de la philosophie de l'Histoire marxiste, et de la théorie des "compagnons de route" du Parti, y compris catholiques. Parler de "catholiques progressistes" en 2006 est donc un archaïsme pitoyable, qui montre à quel point les journalistes sont déconnectés !]
Cettr réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Boris | 10/11/2006
DU CANADA
> Vous ne devez pas être surpris d'entendre cet évêque canadien prôner une certaine reconnaissance légale des unions entre partenaires de même sexe : le Canada est un pays si libéral que le seul compromis possible avec les "progressistes" -- et encore --, c'est de sauver au moins le terme "mariage", en le réservant aux unions homme-femme. Mais pour le Canada, c'est trop tard : le "mariage gai" est ici pour rester, parce que la résistance a été prise au dépourvu, et parce qu'elle n'a pas réussi à présenter son point de vue sous un jour positif. Je sais tout cela car j'habite au Canada.
Écrit par : Bernard Couture | 11/11/2006
Les commentaires sont fermés.