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04/11/2006

Mgr Vingt-Trois appelle les catholiques français à la lucidité

L'interview de l'archevêque de Paris dans Valeurs actuelles : à lire avec attention !

Résumé de la note -  Mgr Vingt-Trois rappelle aux croyants leur devoir d'être "présents dans les structures de la société". Mais il montre que notre société pose des problèmes inédits.  Il dit pourquoi les chrétiens ne doivent pas hésiter à "se démarquer" des nouvelles "références habituelles" de cette société.  L'archevêque sonne le réveil :


 

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Long entretien de Mgr André Vingt-Trois à Valeurs actuelles (Fabrice Madouas et Laurent Dandrieu), dans le numéro du 3 novembre. On y trouve le rappel des positions classiques de l'Eglise :

"Il n'y aura pas de présence chrétienne dans ce monde si les chrétiens ne sont pas présents dans les structures de la société : les conseils municipaux et régionaux, les assemblées parlementaires, les organisations syndicales et professionnelles, les associations..."

Quid de la pseudo-présence de "chrétiens-en-politique" qui réservent leur foi religieuse à leur vie privée, mais qui votent en public des lois très peu évangéliques ? Mgr Vingt-Trois ne les couvre pas : certains politiques, dit-il, "s'affirment catholiques mais se refusent à défendre publiquement leurs convictions". Ils ont tort, suggère-t-il : car "les convictions qui concernent l'homme et son avenir ne sont pas seulement confessionnelles, elles sont anthropologiques.  Elles méritent d'être diffusées et appliquées [...] Il ne s'agit pas d'imposer une loi religieuse, mais de défendre une conception de l'homme, éclairée par la sagesse des croyants."

Tous les observateurs en conviennent :  notre société est de plus en plus dominée par une conception de l'homme qui contredit l'Evangile. Ce qu'on appelle aujourd'hui "l'humanisme laïque" n'a plus de rapport avec ce qui portait encore ce nom il y a  trente ans. L'ancien humanisme laïque avait des points communs avec l'humanisme chrétien. Le nouvel humanisme laïque n'en a presque plus. C'est même souvent le contraire : sa vision de l'individu, de l'homme et de la femme, de la sexualité, de la famille, de l'entreprise, de la vie en commun, est assujettie aujourd'hui au matérialisme mercantile. Face à cela, les catholiques croyants se trouvent devant un choix : se réveiller ou rester assoupis (voire somnambules, quand ils sont dans un parti).

Mgr Vingt-Trois sonne donc le réveil : "Beaucoup de chrétiens ont été formés dans l'idée qu'il n'y avait pas de hiatus entre leurs convictions et l'humanisme laïque. Ils n'avaient pas imaginé qu'être chrétiens les conduirait à se démarquer. Or, brusquement, s'ouvrent des abîmes entre leurs  convictions  et  les  références habituelles de notre société. Ce n'est pas un fossé institutionnel mais culturel. Beaucoup pensaient qu'être chrétiens, c'était être comme tout le monde. Et voilà que tout le monde ne paraît plus chrétien ! Il faut en prendre conscience : être chrétien, c'est dire 'autre chose'. "

 

Ces paroles sont cruciales.  Elles nous arrachent à des décennies de conformisme.

Elles nous obligent à constater le réel :  être chrétien dans la société, ce n'est pas s'aligner sur le prêt-à-penser séculier (de droite ou de gauche).

Ce n'est pas chercher à "réconcilier" le catholicisme avec le néolibéralisme.

Ce n'est pas réclamer une Eglise "sans dogmes" qui pourrait s'aligner sur les nouvelles moeurs.

C'est dire  AUTRE CHOSE  !

 

P.P.

 

 

ps/  Au passage, l'archevêque de Paris répond aux pouvoirs publics qui tentent (*) d'imposer des lieux de prière "interreligieux" dans  "les établissements publics, hôpitaux ou prisons"  (sans oublier les aéroports). "Un juif ou un musulman ne va pas prier habituellement dans un lieu chrétien. Alors à quoi bon parler de lieux interreligieux ? Les chrétiens, les juifs et les musulmans n'ont pas le même demande spirituelle. Vouloir établir pour tous une norme commune ne me paraît pas une démarche juste. Mieux vaut tenir compte des différences, et les respecter."  Tenir compte des différences, ce serait comprendre - avec un minimum de finesse - ce que sont les différentes religions.  Mais pour la société matérialiste mercantile, toutes les religions se mélangent ou devraient se mélanger.   Elle prétend ainsi vouloir "organiser la tolérance" (**). En réalité, elle se méfie globalement de tout le spirituel, parce qu'un croyant n'est pas un consommateur entièrement malléable ; confondant toutes les spiritualités dans sa méfiance, elle tend à les loger toutes à la même enseigne...

 

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(*)  sous tous les gouvernements !

(**) Cet argument est factice, puisque les diverses religions, en France, ne se livrent à aucun acte (ni déclaration) d'hostilité mutuelle. Les actes anti-juifs perpétrés par de jeunes immigrés le sont au nom du conflit israélo-arabe, pas au nom du Coran.

 

 

Commentaires

" ABRUTIS AUDIOVISUELS "

> Ce que dit l'archevêque de Paris est important au moment où les médias nous inondent de bêtises à propos de "l'affaire" du motu proprio sur la liturgie. A les entendre, ce serait une "épreuve de force" entre Rome ("proche des intégristes") et le clergé français "fidèle au Concile donc à l'ouverture aux valeurs d'aujourd'hui". Rien que des mots creux. D'abord Vatican II, terminé en 1965, aurait eu du mal être fidèle aux valeurs de... 2006. Ensuite, les évêques français réticents envers une libéralisation du "St-Pie-V" ne sont pas pour autant complaisants envers les"valeurs d'aujourd'hui" (nouvelles moeurs et tutti quanti), si j'en juge par les propos de Mgr Vingt-Trois ! Donc restons calmes et n'écoutons pas les abrutis audiovisuels.

Nati


[De P.P. à Nati - Sans aller jusqu'à traiter comme vous mes confrères d'abrutis, je dois reconnaître que le résumé du dossier du "Motu proprio" par TF1 bat les records : "Le possible retour de la messe en latin agite la hiérarchie catholique française, qui redoute une remise en cause de Vatican II, symbole de l'ouverture au monde moderne."]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Nati | 04/11/2006

" MESSAGES D'ENGUEULADE "

> Et si vous voulez vous amuser, allez lire la façon légèrement obtuse dont Catherine Coroller "rend compte" du sujet dans Libération du 4 novembre, papier visiblement pompé sur Golias. Mais lisez surtout les messages d'engueulade que lui envoient les lecteurs ! http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/215039.FR.php?rss=true

Écrit par : famulus | 04/11/2006

LYRISME DE BRUTE ?

> Ils devraient aller jusqu'au bout de cette logique qu'ils argumentent pour les lieux de prière interreligieux, en proposant une permanence syndicale intersyndicale, une permanence politique interpolitique, un secrétariat interparlementaire, un député multiparti, etc.
Baudelaire disait que le foutre est le lyrisme de la brute, moins l'homme pense plus il bande. Le succès de la pornographie dans la culture contemporaine doit expliquer cette ineptie des pouvoirs publics.

Écrit par : Qwyzyx | 04/11/2006

NOUVEAUX TEMPS

> Sur Radio ND, il y a eu une belle discussion sur le sujet, et sur le fait que les catholiques ou chrétiens se sont retirés dans les années 70-80 du pouvoir...
Je mets cet article dans le même sens que celui sur la connaissance de la Bible, le passéisme n'a plus son temps...

Écrit par : Emmanuel | 06/11/2006

A Emmanuel :

> Avez-vous les références de l'émission de RND que vous évoquez ? Je chercherai à l'écouter via le site de la radio.

Cordialement,

F.

Écrit par : F. | 06/11/2006

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