Toussaint : étudions le texte de l'Apocalypse de Jean

Des millions de catholiques dans le monde ont entendu aujourd'hui neuf versets de l'Apocalypse de Jean. Une occasion pour chacun d'étudier ce texte :

 

 

 

On ne dira jamais assez l'apport que représentent les quatre textes (deux lectures,  psaume, évangile) de la messe dominicale dans le rite de Paul VI.  De l'Ancien au Nouveau Testament, la cohérence est d'une richesse inouïe et sans cesse à découvrir. Tous tant que nous sommes, nous "n'étudions pas", comme nous le disent ironiquement  - et justement - les juifs pieux. Pourquoi sommes-nous aussi mous devant l'Ecriture ? Par anti-intellectualisme mal placé ? Par marcionisme latent ? Ou par habitude paresseuse et très française de "laisser ces choses aux curés" ?

Etudier n'est pourtant pas difficile. Par exemple dans la série de livres de Marie-Noëlle Thabut* L'intelligence des Ecritures :  six ouvrages (deux par année liturgique) qui décortiquent les lectures de la messe du dimanche, pour en faire ressortir la cohérence. C'est la "pédagogie de Dieu" qui apparaît, résonnant à travers les textes et les siècles.

Ainsi l'analyse des neuf versets de l'Apocalypse : 7, 2-4, 9-14,  qui font partie de la liturgie de la Toussaint. On trouve ces réflexions dans le volume 2 de la série. Je ne prétends pas résumer ces pages ici (je recommande à tous de se procurer l'ouvrage) ; simplement voici quelques-unes des pistes ouvertes par le commentaire de M.-N. Thabut :

>  l'Apocalypse de Jean est "un écrit clandestin, qui circule sous le manteau, à la barbe des autorités romaines, à la fin du Ier siècle après Jésus-Christ, en pleine période de persécution des chrétiens". C'est une constante dans l'histoire : entre les chrétiens et la société, le Christ sera toujours un signe de contradiction. Ceux qui croient que tout va bien entre l'époque et la foi, aidons-les à se réveiller !

> Le cinéma a fait des paroles de l'Apocalypse un usage sombre (Le Septième Sceau de Bergman)  ou  inepte (les films d'épouvante hollywoodiens) ; mais le texte de Jean, comme les prophéties de l'Ancien Testament, est là pour "réveiller l'espérance". Il célèbre la victoire du Christ sur le monde et la mort. 

>  Le mot "apocalypse" veut dire "lever le voile" :  cet écrit  "lève le voile de l'apparence".  Dans la société d'apparences (de fausses évidences) qui est la nôtre, l'Ecriture aide à faire la lumière.

>  Les nombres symboliques de l'Apocalypse contiennent un message  puissant pour aujourd'hui et pour nous. Il y a les "144 OOO"  qui représentent allégoriquement le peuple des baptisés, et il y a "la foule immense que nul ne pouvait dénombrer", qui est composée de toute l'humanité de tous les temps. Commentaire de M.-N. Thabut : ces hommes et ces femmes de la terre entière, "qui les a introduits dans le salut ? Les 144 000, précisément. Le message de l'Apocalypse aux chrétiens persécutés est le suivant : courage, car dans votre épreuve se trouve le salut de tous les hommes [...] Grâce à eux, grâce à leurs souffrances endurées dans 'la grande épreuve' (v. 14) de la persécution, la foule innombrable des nations sera sauvée. Jean médite le mystère de la souffrance de l'innocent qui devient source de salut pour le monde (Isaïe 52-53). D'où l'importance du thème de l'Agneau dans ce passage. La prophétie d'Isaïe allait bien dans ce sens : c'est 'pour tous les peuples' que Dieu a préparé le festin sur la montagne (Is. 25,6)."

 

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(*)  M.-N. Thabut tient sur Radio Notre-Dame "une véritable école de la Bible", selon le mot du P. Philippe Gruson (service biblique Evangile et Vie). La série  L'intelligence des Ecritures est publiée aux éditions Socéval.