Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/11/2006

Benoît XVI : comment peut-on le soupçonner de vouloir annuler Vatican II ?

medium_papa01_1_1_.jpgC'est pourtant la rumeur (inepte) lancée par quelques-uns, pour faire pression sur les évêques réunis à Lourdes :


 

 

J'écris cette note après les informations télévisées de 13 heures.

Pusieurs chaînes agitent le même scoop :  à les entendre, l'épiscopat français réuni à Lourdes se rebellerait contre "le traditionalisme de Benoît XVI". 

Affirmation triplement stupide :

- les journalistes ne savent pas ce que "traditionalisme" veut dire. Pour eux, croire au Credo est du "traditionalisme". (Donc les évêques français ne croiraient pas au Credo ?)

- le fameux décret papal sur la messe tridentine n'est pas signé. Il est en cours d'élaboration. Comment les évêques pourraient-ils se rebeller contre un texte qui n'est pas encore établi ?

- enfin, les évêques ne sauraient se rebeller contre le pape, qui est un des leurs et qui incarne l'unité. Une rébellion des évêques contre le pape (pour "lui sonner les cloches", comme le titre grassement un quotidien d'aujourd'hui) ? ça se conçoit dans une salle de rédaction, ou sur le zinc, mais pas dans la vie de l'Eglise au XXIe siècle.

 

Ajoutons quelques réflexions :

> Les zincs, les salles de rédaction, et (hélas) quelques secteurs du catholicisme hexagonal, n'ont pas idée de ce que Vatican II a réellement pensé, voulu et voté. Particulièrement dans le domaine liturgique... Ils sont donc mal placés pour soupçonner qui que ce soit à ce sujet.

> Si quelqu'un est insoupçonnable de "tendances anticonciliaires", c'est bien Josef Ratzinger. Mais pour savoir ça il faudrait l'avoir lu : ce que n'ont pas fait les habitués des zincs, des salles de rédaction et  de quelques secteurs du catholicisme hexagonal.

Croire que "les acquis du concile seraient menacés" par le rite de St Pie V, dont les fidèles sont très minoritaires (et qui n'a provoqué aucun malaise dans les diocèses où cette libéralisation a été testée depuis 1988), c'est faire preuve d'irréalisme. Ou d'esprit dialectique.  J'avoue ma surprise d'avoir entendu  cette croyance s'exprimer tout à l'heure, à la télévision,  par la bouche d'un  prêtre (un seul : et  le seul interviewé). Ce prêtre semblait soupçonner Benoît XVI de comploter une remise en cause de Vatican II ! Soupçon aberrant de la part d'une personne informée, ou censée l'être.

>  Souhaitons que les évêques réunis à Lourdes éteignent cet incendie absurde. De sages propos de Mgr Vingt-Trois (dans l'interview dont parle ma note de ce matin) vont en ce sens.

>  Et souvenons-nous du mot de Benoît XVI lors de sa première messe de pape, l'an dernier : "Aidez-moi !"

P.P.

 

 

NB  -  A la fin de son discours d'ouverture de l'assemblée de Lourdes, le cardinal Ricard  a ajouté "trois remarques" qui évoquaient cette question et donnaient le ton officiel de la conférence épiscopale. Les voici. Lisons avec attention l'avant-dernier paragraphe, qui exprime un point de vue intimement proche de celui de Benoît XVI :

 

<<   1. La décision de libéraliser pour les prêtres la possibilité de dire la messe selon le missel de 1962 n’a pas encore été prise. Le Motu proprio annoncé n’a pas été signé. Son projet va faire l’objet de consultations diverses. Nous pouvons faire part, dès maintenant, de nos craintes et de nos souhaits.

 

2. Ce projet ne s’inscrit pas dans une volonté de critiquer le missel dit de « Paul VI » ni de procéder à une réforme de la réforme liturgique. […]

 

3. L’accueil de quelques-uns dans la communion ecclésiale ne saurait remettre en question le travail pastoral de l’ensemble. Non, l’Eglise ne change pas de cap. Contrairement aux intentions que certains lui prêtent, le pape Benoît XVI n’entend pas revenir sur le cap que le Concile Vatican II a donné à l’Eglise. […] Dès son élection, il affirmait : « A juste titre, le Pape Jean-Paul II a indiqué le Concile Vatican II comme une "boussole" selon laquelle nous pouvons nous orienter dans le vaste océan du troisième Millénaire (cf. Lettre apostolique Novo millennio ineunte, 57-58). Et il notait aussi dans son Testament spirituel : "Je suis convaincu que longtemps encore il sera donné aux nouvelles générations de puiser dans les richesses que ce Concile du XXe siècle nous a prodiguées" (17 mars 2000). Par conséquent, moi aussi, tandis que je me prépare à accomplir le service qui est celui du Successeur de Pierre, je veux affirmer avec force ma très ferme volonté de poursuivre la tâche de la mise en oeuvre du Concile Vatican II, sur la trace de mes Prédécesseurs et dans une fidèle continuité avec la Tradition bimillénaire de l’Eglise » (Message à l’issue de la messe à la chapelle Sixtine, 20 avril 2005, DC n° 2337, p. 539). Dans son discours à la Curie romaine où il critique un faux « esprit du Concile », le Pape déclare : « Quarante ans après le Concile, nous pouvons souligner que le positif est plus grand et plus vivant que ce qu’il paraissait dans  l’agitation des années 1968. Nous voyons aujourd’hui que la bonne semence, tout en se développant lentement, grandit cependant, et ainsi grandit aussi notre profonde gratitude pour l’oeuvre accomplie par le Concile » (DC n° 2350, p. 60). Ces paroles méritent d’être entendues.

[…]  Je crois qu’il ne faut pas être habité aujourd’hui par la crainte et la peur. Là aussi, vivons la confiance.  Pourquoi les événements récents ne seraient-ils pas l’occasion, pour nous en France, de faire une relecture paisible de notre réception du Concile, d’en relire les grands textes fondateurs,  d’en  saisir à nouveaux frais  les   grandes intuitions et d’en repérer les points qui méritent encore d’être pris en compte ? Ce n’est pas à une lecture idéologique de Vatican II que nous sommes appelés mais bien à une relecture spirituelle, dans l’action de grâce de ce que le Seigneur nous a donné de vivre et dans une disponibilité renouvelée pour la mission.

Entrons donc maintenant dans notre travail d’Assemblée en nous laissant guider par le Seigneur. Appuyons-nous sur celui qui vient vers les siens et leur dit : « Confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur ! » (Mt 14, 27).  >>

 

Commentaires

AMALGAME

> J'ai vu le prêtre en question (chancelier diocésain !) sur i-télévision au 13 heures. Je l'ai trouvé scandaleux. Il affirmait que libéraliser la messe de saint Pie V, ce serait enlever la messe de Paul VI aux fidèles et aux prêtres !
D'abord c'est complètement faux : c'est un amalgame et une exagération qui en disent long sur les arrière-pensées de leur auteur.
Et de quel droit ce fonctionnaire se permet-il de faire un procès d'intention au pape ?

Écrit par : marot | 04/11/2006

COMMENT FONCTIONNE LA DESINFORMATION

> Il semble important de fabriquer du mensonge pour les "médias" qui veulent être politiquement correct.
Le pape est décrit comme un fondamentaliste prêt à monter au créneau contre "l'invasion" islamiste. C'est "l'incident" de Ratisbonne, c'est à dire un cours sur les rapports entretenus entre Foi et Raison que l'on présente comme une "attaque contre l'islam", ou une "défense de l'Occident chrétien".
C'est ensuite le pape décrit comme un intégriste qui veut rétablir la messe en latin. Des citations opportunes où le pape rappelle certaines exigences de la foi viennent décrire encore plus ce pape comme un fondamentaliste chrétien.
Ainsi peu à peu les chrétiens, les catholiques sont assimilés par l'opinion comme des intégristes, des fondamentalistes. Ils se retrouvent ainsi au même endroit que les fondamentalistes musulmans. Le pouvoir peut alors dire non à toute revendication qu'ils feraient comme croyants en direction d'un appel à préserver la vie.
Tout ce mensonge permet de s'engouffrer sans gêne vers la mort. Avortement, euthanasie et autres pratiques dictées par intérêt de pouvoir. Tout discours moral peut alors être transformé en une "sorte" d'intérêt "éthique", qu'il est facile de "discuter" d'un point de vue uniquement technique. L'idée serait de détruire toute exigence non seulement chrétienne mais spirituelle en neutralisant toute religion.
Au moyen de ce discours mensonger les bénéfices sont doublés. Chaque religion se détruit elle même en voulant affirmer sa singularité et détruit l'autre puisque chacune est décrite comme menaçante à travers toute manifestation singulière précisément..

Pour résumer :
-le mensonge médiatique déclare le danger du fondamentalisme,
-témoigner de sa foi oblige à défendre la vie,
-témoigner de sa foi est "être fondamentaliste",
-le progrès exige d'abandonner la notion de morale,
-le fondamentalisme est [déclaré]dangereux pour le progrès technique...
Conclusion / Les journalistes sont des professionnels de la "méta-communication" politique.

Écrit par : evagre | 04/11/2006

POUR EUX C'EST DU CHINOIS

> Le traitement de l'information que les médias parviennent à réaliser à propos de l'Eglise et les contradictions extrêmes qu'ils réussissent à fabriquer comme l'illustrent les deux derniers posts est extraordinaire (1).

Font-ils la même chose dans les autres rubriques :

"Faisons un micro trottoir pour demander aux passants ce que l'UMP et le PS pensent - d'après eux - de la politique étrangère de la Chine ?"

C'est une boutade. Il faudrait qu'ils connaissent moins bien le chinois que l'Eglise catholique (2), ce qui est impossible, puisque pour beaucoup la religion c'est du chinois.... La rubrique religieuse leur aura au moins servi à acquérir une compétence. Un miracle ?

(1) cf. les propos du prêtre et l'intervention de l'archevêque de Paris.

(2) Cela reste quand même plus difficile que la rubrique de politique intérieure, comme nous l'ont expliqué MM. Elkabbach et Sarkozy.

Écrit par : Qwyzyx | 05/11/2006

AVOIR LE SENS DE L'EGLISE

> Encore une fois, les catho-bobos nous montent leur manque de foi, et par conséquence leur manque de charité et d'ouverture (qualités dont ils se vantent !).
Cette rumeur de motu proprio a permis de voir dans quel camp se placent les acteurs : laïcs, prêtres et même évêques nous montrent s'ils ont la foi (celle du Credo, celle qui fait dire "cum Papa nostro" dans la prière eucharistique), ou s'ils ont une foi trop liée à la société et au monde.

Boris.


[De P.P. à Boris - Foi veut dire confiance. Si certains (essentiellement des laïcs) ne font pas confiance au charisme de Pierre, c'est qu'en général ils n'ont pas confiance en l'Eglise surnaturelle. Ils font plutôt "confiance" à l'air du temps : slogans médiatiques, modes de société, etc.
Ce serait d'autant plus grave s'il s'agissait de membres du clergé. Car le manque de confiance est contagieux, et il peut agir dans toutes les directions ! Ceux des fidèles qui ont confiance dans le successeur de Pierre perdraient confiance dans tel ou tel membre du clergé français, parce que celui-ci aurait manifesté envers le pape un manque de confiance, symptôme d'un affaiblissement du sens surnaturel dans l'Eglise !
C'est ce sens de l'Eglise que Benoît XVI veut ranimer dans les coeurs. C'est pour ça qu'il nous a dit : "Aidez-moi".]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Boris | 06/11/2006

SOIREES TELE

> Je pense hélas que notre prêtre télévisé n'est pas isolé. Ce dimanche matin, à la fin de la messe, notre curé de paroisse(s) de campagne a repris, l'air consterné, les mêmes propos. Au ton de sa voix je penser qu'il allait nous annoncer une catastrophe nucléaire ! Nos prêtres feraient mieux de ressortir leur bréviaire que de passer les soirées devant la télé...

Écrit par : Frédéric RIPOLL | 06/11/2006

"LIBERALISATION"

> Ce matin dans un gratuit du métro, le titre "les évêques contre la libéralisation de la messe"... et que l'on aurait confirmé aux évêques qu'il n'y aurait pas de "libéralisation arbitraire"... Après le reportage sur le créationnisme sur France 2 où l'on a allègrement mélangé catholique et chrétien sans plus de discernement... Que la presse devient inculte...

Emmanuel


[De PP à E. - On a eu de la chance : personne n'a encore dit que la libéralisation augmentait les tarifs.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Emmanuel | 06/11/2006

> Merci. Union de prières.

Écrit par : poydenot | 06/11/2006

QUE DIRE DE...

> "Ce serait d'autant plus grave s'il s'agissait de membres du clergé. Car le manque de confiance est contagieux, et il peut agir dans toutes les directions !"
Que dire du message de Mgr Le Gall lors du cinquantenaire de l'ISL en présence de SE le Cardinal Arinze ?
Que dire du manifeste des évêques des régions apostoliques de l'Est de la France ?
D'autant plus que ces derniers refusent catégoriquement la célébration de la messe Paul VI selon les normes !
A lire sur le Salon Beige un témoignage d'une personne qui vient de s'intaller à Besançon est qui découvre qu'il n'y pas plus de 50 personnes aux messes dominicales du centre ville. Alors quelle foi professe le clergé de cette région ? Celle Unique comme le disent saint Paul et le Credo, ou la leur personnelle (et qui vide les églises) ?

Écrit par : Bob | 06/11/2006

DE QUOI S'ETONNER ?


> De quoi s'étonner ? en avril 2005, le nouveau Pape est passé en 2 heures du statut de Chef de l'Eglise catholique au statut de "conservateur bavarois" (France Info).
Et ensuite les médias ont tablé sur un échec des JMJ, un échec de son voyage en Pologne, un échec de son voyage en Allemagne ; la conférence de Ratisbonne a été un émerveillement ; les journaleux n'y ont rien compris mais en ont parlé (ils sont payés pour ça) comme s'ils maitrisaient le sujet.

Et bizarrement Jean Paul II qui n'était pour eux qu'un vieux pape sénile il y a encore 2 ans était montré en exemple !!

La guerre contre les catholiques fait partie intégrante de leur guerre contre la France.

Ivan


[De P.P. à Ivan - Guerre contre "les catholiques" ? N'est-ce pas plutôt contre... l'Evangile, parce que le monde ne le "connaît" pas ? Mais s'il ne le connaît pas, c'est peut-être aussi parce que les chrétiens ne le lui font pas (assez) connaître, ou le lui font connaître de travers, en se prenant pour un parti...

ps/ Cette "guerre"-là a lieu partout, depuis toujours. Elle n'est pas réservée à la France. Elle n'est surtout pas l'un des aspects d'une guerre contre la France : elle est bien plus, elle concerne l'humanité entière. Quant à la France elle-même, ce n'est pas une victime innocente : "qu'a-t-elle fait des promesses de son baptême"...]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : ivan | 06/11/2006

De Ivan à P.P

> je ne pense pas que cette guerre vise l'humanité entière ; nous assistons presque quotidiennement à des attaques qui ne sont pas toujours frontales contre les bases de notre culture ; il s'agit d'un travail de sape de ce qui a largement contribué à façonner notre civilisation. Quel est le but ultime ? D'imposer un relativisme culturel ? (qui ne durera qu'un temps).

Le message évangélique est systématiquement atrophié, brocardé puis ridiculisé ; et quand je discute avec des amis de ma foi chrétienne, la question qui revient systématiquement concerne la condamnation par l'Eglise de l'avortement et du préservatif, tout simplement parce que la grande majorité des médias a réduit ce message à cela. Cela ne nous dégage pas de toute responsabilité.


[De P.P. à Ivan - Le message évangélique est destiné à l'humanité entière. Tout ce qui tend à le faire taire, frustre l'humanité entière...]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : ivan | 07/11/2006

Les commentaires sont fermés.