11/10/2006
Le vaudou, avenir des « experts en religions » européens ?
Reportage tout récent
réalisé par un média parisien :
pour être zen, soyez vaudou...
< Photo : un film-culte (1943).
<< Géraldine s'agenouille respectueusement devant l'autel où sont disposés des orishas, "saints" drapés de tissus de couleurs, et secoue une clochette : comme de plus en plus d'étrangers, cette Suisse est adepte de la santeria, version cubaine du culte yoruba.
"Ma découverte remonte à un cours sur la religion de la transe en 1998 suivi à l'université de Neuchâtel", raconte Géraldine Correa, 30 ans, rencontrée dans une "maison-temple" du centre de La Havane. Anthropologue, elle développe d'abord son intérêt comme sujet d'études avant de franchir le pas et de se "convertir" le 4 avril 2005 […] L'initiation (alliance avec un orisha) dure sept jours pendant lesquels l'aspirant dort sur une natte, effectue des offrandes rituelles (rhum, bananes, noix de coco, animaux sacrifiés) et écoute des "oracles" sur son destin. Le septième jour, l'adepte obligatoirement baptisé, se rend à l'église, illustration d'un certain syncrétisme avec le catholicisme. L'initié ("iyawo") est aussi présenté aux tambours sacrés ("bata") dont le battement syncopé peut l'amener à la transe. Ensuite, pendant un an, l'"iyawo" s'habille de blanc de la tête aux pieds. [...] En Suisse, même si elle était relativement comprise de sa famille, elle a éprouvé "un grand sentiment de solitude" dans sa petite ville de Fribourg, soumise qu'elle était à la curiosité de chacun.
De la santeria, ce qu'elle apprécie surtout c'est "sa grande tolérance" et le "rapport très personnel avec les divinités, qui vivent avec vous". Les principaux orishas sont Obatala, créateur de l'humanité (le blanc est sa couleur), Yemaya symbole de la mer (bleu), Chango personnifiant la danse et la guerre (rouge) et Ochun incarnation de l'amour et la féminité (jaune). Selon l'Association culturelle yoruba de Cuba qui compte plus de 11.500 affiliés, 1.169 sont des étrangers (contre 800 en 2000), majoritairement des convertis à la santeria ou à des cultes proches (spiritisme, palo monte, société secrète abakua). […] "Il y a de tout, beaucoup de Nord-Américains et Européens, Suisses, Espagnols, Italiens, Français, et même des Japonais. Il y a dix ans au Venezuela, il n'y avait rien, maintenant c'est plein de santeros et babalawos (prêtre de la santeria)", a indiqué Natalia Bolivar, ethnologue. [...] Tato Quiñones, chercheur en anthropologie et "parrain" de Géraldine, explique cet engouement par une quête de spiritualité de sociétés stressées et hyperconsommatrices.
[…] Ce culte, supposé apporter des bénéfices immédiats (trouver un mari, se rétablir d'une maladie, etc..) [...] se transforme souvent en un lucratif "business", une initiation pouvant être "vendue" à un étranger de 700 à 3 ou 4.000 dollars, voire davantage. >>
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Commentaire - Cet itinéraire d’une universitaire européenne va séduire d'autres "chercheurs en anthropologie", historiens-des-religions et sociologues normatifs. A Paris, le vaudou a tout pour plaire : la « tolérance », le « syncrétisme », le « rapport très personnel », le grand saladier global, la quête d’un anti-stress (*), sans oublier surtout le « lucratif business »… Tous les Marqueurs de la PostModernité sont là. On pourrait aussi dire, avec Chesterton : « Quand on ne croit plus à rien, on croit à tout. »
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(*) Je propose ce slogan : « Pour être zen, sois vaudou. »
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11:05 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religions, société
Commentaires
LA TRANSE N'EST PAS LA COMMUNION
> La modernité propose de vivre dans le binôme individu/transe, là où la foi chrétienne propose le binôme personne/communion. Un individu, ce n'est pas une personne ; une expérience de transe (alcool, drogue, musique techno, vaudou....), ce n'est pas une expérience de communion (et la communion ce n'est pas mièvre !).
C'est souvent ce que découvrent les jeunes dans les grands rassemblements d'Eglise: eux qui sont construits dans le schéma "individu/transe", découvrent le rapport évangélique "personne/communion" et s'en réjouissent.
Écrit par : BH | 11/10/2006
L'INTELLECTUEL RESONNE
> Un(e) intellectuel(le) ne peut que résonner s'il(elle) est présenté(e) à un tambour sacré. Le niveau d'instruction ne garantit pas contre un comportement idiot (Cf. les sectes, la fonction publique, ...). L'anthropologie (et aucune science humaine) n'est pas une excuse à n'importe quelle dérive ni une caution universitaire.
Cet exemple d'universitaire(s) devrait interroger l'Université sur le contenu et le but de son enseignement, ou revenir à des prinicipes plus simples, moins prétentieux.
Une tête bien faite vaut mieux qu'une tête bien pleine.
C'est avant tout un exemple d'exploitation opportuniste d'un crédulité née elle même d'une grande désespérance (cf. le "parrain" de Géraldine).
Il serait peut-être salvateur d'adopter un discours plus direct envers toutes ces personnes qui sont plus en quête d'ego que de sens (Ce qui est à l'opposé de la démarche religieuse).
Si Chesterton a dit de jolies choses, le monde universitaire semble plutôt donner raison à Tom Sharpe.
http://www.lire.fr/critique.asp/idC=35098/idR=217/idG=4
Écrit par : Qwyzyyx | 11/10/2006
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