Benoît XVI : non à la « guerre des civilisations »

Analyse du pape, ce mardi, sur l’islam et la crise des mentalités occidentales

Devant des scientifiques et des universitaires, à Ratisbonne où il fut professeur de dogmatique et d’histoire du dogme, Benoît XVI a développé ce 12 septembre une analyse  des rapports foi-raison, dont le point de départ concernait l'islam.

 

Pour le christianisme, a-t-il dit notamment, « la foi est le fruit de l'âme, pas du corps. Celui qui veut conduire quelqu'un à la foi a besoin de bien parler et de raisonner correctement, au lieu (d'user) de la violence et de la menace », a expliqué le pape : « Ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu… »

 

Mais pour la doctrine musulmane (a exposé le pape), Dieu ne répond à aucune de nos catégories : « pas même celle de la raison ». Benoît XVI a cité à l’appui un théologien musulman des X^e et XI^e siècles, Ibn Hazn, selon qui « Dieu ne serait même pas lié par sa propre parole et rien ne l'obligerait à nous révéler la vérité ».

 

Pour le pape, à l’inverse, la rencontre de la foi biblique avec les interrogations philosophiques de la pensée grecque (à laquelle s'est ajouté le patrimoine de Rome) « a créé l'Europe et reste le fondement de ce que l'on peut appeler Europe ».

 

Cette différence fondamentale entre l’islam et le christianisme rend difficile le dialogue (nécessaire) entre les deux pensées.

 

Mais cette difficulté est compliquée et aggravée par la crise des mentalités occidentales, qui excluent la dimension divine, déplore le pape : en réaction à cela, « les cultures profondément religieuses du monde voient dans cette exclusion du divin (...) une attaque contre leurs convictions les plus intimes ». « Une raison sourde face au divin, et qui refoule la religion au niveau des sous-cultures, est incapable de s'insérer dans le dialogue des cultures ». Alors que « nous avons un besoin urgent de dialogue des cultures et des religions… »

 

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Commentaire : cette analyse claire et acérée ouvre la réflexion. Nous ne sommes pas dans une « guerre des civilisations » (Occident « rationnel » contre Islam « obscurantiste »), mais dans une situation bien plus complexe. Les catholiques, qui tiennent les deux bouts de la chaîne (foi ET raison), ne doivent pas se laisser impressionner par l’idéologie matérialiste occidentale dominante. Car c’est elle, justement, qui donne des prétextes à l’islamisme… dont elle est le symétrique inversé.