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27/06/2006

Quai Branly : la vraie question

medium_quai_branly_Ymago_2369_1_.jpgUn angle intéressant, ouvert par www.inXL6.org


 

 

<<  Jacques Chirac vient d'inaugurer un musée dédié aux arts "premiers"  ou "lointains". C'est donc, naturellement, les vestiges de cérémonies religieuses ancestrales qui sont mises à l'honneur.

Beaucoup de commentaires entourent l’événement. Les plus positifs voient dans cet édifice le vibrant éloge de la sacro-sainte diversité culturelle. Les plus négatifs, ceux des ethnologues du Musée de l’Homme, entre autres, soulignent avec surprise et mécontentement l’absence de tout éclairage anthropologique des œuvres exposées.

Mais aucun observateur, ou presque, ne relève un fait pour le moins marquant : le musée du quai Branly est, en grande partie, un musée d’art religieux. Des sièges cérémoniels aux manteaux de chamane en passant par les mille et une statues de divinités, les objets qui ont voulu être recueillis par Jacques Chirac en son nom et pour la postérité sont principalement des objets rituels conçus non pas à des fins artistiques mais pour le culte.

Ceci aurait été insignifiant si l’un des autres gestes symboliques du Président de la République n’avait été de faire inscrire dans le marbre le mot « Laïcité », aux côtés des mots « Liberté », « Egalité », Fraternité ». En effet, que ce soit à travers l’interdiction des signes religieux à l’Ecole ou encore le refus de la mention de l’héritage chrétien dans le préambule de la constitution européenne, il aura tenu coûte que coûte à "préserver" la neutralité religieuse de l’espace public français.

Comment comprendre l’exclusion de certains signes religieux en dehors des murs de l’Ecole et l’érection solennelle d’un monument – un Musée- en l’honneur d’autres signes du même type ? Comment peut-on obliger par la force d’une loi les enfants de la République à cacher leur croix, leur kipa ou leur foulard tout en proposant à la France et au monde entier – en guise de symbole exemplaire- le spectacle gigantesque d’une exhibition d’emblèmes et de vêtements liturgiques ?

Les plus optimistes répondront sans doute que tout s’explique par le noble souci de rendre justice à des religions opprimées. En revanche, les plus pessimistes penseront peut-être qu’en France, une religion, pour être admise dans l'espace publique, doit être lointaine et morte si possible. Quoiqu’il en soit, il faut reconnaître que le tambour initiatique baga sous verre est plus inoffensif qu’un morceau de bois cruciforme posé sur une jeune poitrine qui respire et qui vit. L’esthète républicain peut le contempler sans craindre d’être dérangé dans sa laïque déambulation. >>

 

Commentaires

> Le lien vers inXL6 est incorrect, il faut retirer le 1 avant le 6. Merci pour cet article par ailleurs très intéressant.


[de PP à Y - Merci ! Faute de frappe...]

Écrit par : Yannou | 27/06/2006

[de : Phiph]

> Lu sur le site du musée du Quai Branly :

"Cette exposition rend hommage au travail de terrain du grand ethnologue, Georges Condominas, qui a recueilli près de 500 objets entre 1948 et 1950 dans le village vietnamien de Sar Luk et dont le musée du quai Branly possède un fonds important. Elle propose une sélection d’environ 140 pièces de formes, de matières et de fonctions très variées : ...de très nombreux objets magico-religieux (pour exorcismes, rites agraires, sacrifices du buffle)...

* Le parcours de l'exposition

Il s'articule autour du village de Sar Luk et se déroule en fonction des axes suivants :

- L’ethnologie comme art de vie
Comment le village de Sar Luk devient le lieu d’un terrain ethnographique, décrit avec émotion et subjectivité par Georges Condominas.

- Les villageois de Sar Luk
Une véritable galerie de portraits qui rend compte des traditions vestimentaires et de l’environnement des habitants de Sar Luk.

- Brûler la forêt de la pierre-génie Gôo
Les rites agraires, les semailles, la moisson, sont primordiaux dans cette culture marquée par le rythme des saisons.

- Le sacrifice du buffle
La cérémonie qui préside à la mort du buffle, les rites, les offrandes qui y sont associés nous sont montrés et relatés à travers des documents d’une grande richesse.

- La maladie et la mort
Les rites de guérison dont Georges Condominas exalte « la profonde beauté » et les funérailles qui permettent au défunt de rejoindre ses ancêtres, sont ancrés dans la tradition de ce peuple..."

Écrit par : Phiph | 28/06/2006

[de : PRMélon]


> Pour la République laïque, une bonne religion est une religion morte dont on muséifie officiellement les "superstitions" (comme aurait dit Voltaire).
Gageons que dans cent ans, la religion catholique aura aussi son musée (dans le Sacré-Coeur désaffecté?), hommage ému et culturellement correct de "l'apport considérable de l'ancienne religion dans la constitution de l'identité républicaine".
Chirac n'est pluss à une apostasie près. On n'a pas assez souligné l'incongruité de son hommage officiel aux musulmans morts pour la France. Voilà un communautarisme correct ! Moi qui croyais que la République avait engendré des citoyens-soldats chimiquement purs... Alors à quand une pelouse sacrée pour les soldats homosexuels, une crypte pour les métis agnostiques ou un caveau pour la communauté des piqueurs de fût morts pour la France ?

Écrit par : PRMélon | 29/06/2006

[de : Authueil]

> Je trouve votre position très singulière et pinailleuse. Le musée du quai branly ne se présente absolument pas comme un musée religieux, mais un musée des arts et civilisations. La religion fait partie de la civilisation, mais c'est à titre accessoire et parce que dans beaucoup de civilisations, les seuls objets d'art et surtout les seuls qui sont restés sont religieux.

Les musées de la républiques sont remplis de tableaux à sujets religieux, dont certains se trouvaient auparavant dans les églises. Pourquoi ne pas appliquer votre raisonnement à certaines salles du Louvre...


[De PP à A - Parce que les salles de Branly, espace public bourré ostensiblement de signes religieux, ont été ouvertes par le même chef de l'Etat qui interdit les signes religieux "ostensibles" dans... l'espace public. Si vous traitez mon raisonnement (et celui de Qwyzyx) de "pinailleur", permettez-moi de qualifier le vôtre de "refus d'obstacle".]

Écrit par : authueil | 05/07/2006

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