26/06/2006
Sommes-nous brouillés avec le réel ?
Lire l'article dans la note du 3.07, ou sur :
http://www.libertepolitique.com/public/decryptage/article.php?id=1613
Et dans cette note-ci, des réactions de lecteurs :
Du P. Alain Bandelier (transmis par Liberté politique) :
" Pouvez-vous transmettre un merci particulier à PP pour son commentaire plus pertinent que jamais sur la phobie actuelle de la vérité-réalité ? C'est une (la) faille essentielle de notre (dé)culture. "
D'Hélène Julien :
"Après avoir lu votre article, je ne peux m'empêcher de vous écrire, afin de vous remercier d'avoir si bien établi les faits de la manipulation dont nous faisons actuellement, et depuis longtemps, l'objet. J'avoue avoir été touchée également par votre référence finale, volontaire ou involontaire, à mon auteur préféré, Henry James... Mon interprétation toute personnelle de ce roman rejoint votre article, les deux ailes de la colombe pouvant être l'Espérance et la Miséricorde, dont le monde a tant besoin... Il est important que cette manipulation soit désormais rendue consciente, et il me semble que les jeunes, blessés par les excès, sont prêts à y réfléchir. Cependant, il leur reste le choix, de dire oui ou non, et notre liberté a été très réduite, à cause de ces excès. Des oeuvres cinématographiques ou artistiques pourraient donc servir notre cause.
En effet, nous disposons de lucarnes dans notre "Caverne"... Je pense au film Matrix, par exemple. Ce film m'a parlé directement au coeur, en ce qui concerne sa description terrible de la manipulation. Tout d'abord, Neo subit son sort, mais "quelque chose" lui souffle qu'il est plus que ce simple pion, et le pousse à chercher le sens de sa vie. Ensuite, on lui propose de faire un choix entre deux pilules, la rose ou la bleue. Ce n'est pas précisément le mensonge ou la vérité, cela serait peut-être un peu trop facile, mais il peut s'agir de la représentation de la liberté ou de l'aliénation : "je te propose la mort ou la vie, choisis donc la vie", dit Notre Seigneur, à chacun de Ses enfants. Je me souviens de ce passage du film, ou l'un des "avertis" choisit, en toute conscience, de repartir dans l'illusion, pour un morceau de bonne viande rouge. Le mensonge et l'aliénation sont donc souvent les choix malheureusement de notre humanité, par manque de courage.
Tout cela pour remarquer que nous pourrions nous servir de cela pour rendre consciente, aider à reconnaître, l'idéologie qui nous baîllonne. En effet, on ne peut plus débattre avec passion, il faut être objectif, c'est à dire parler d'un sujet qui nous tient à coeur, en faisant abstraction des convictions qui nous sont chères, il faut être tolérant, c'est à dire accepter comme bon une chose qui nous est mauvaise, il faut accueillir comme évidents, des intérprétations de notre Histoire, uniquement parce qu'elle convient à l'idéologie qui préside à toutes autant d'aliénations de notre liberté... Et pourtant, plus personne ne veut des Lumières, nous voulons simplement être éclairés... C'est pour cela qu'il me semble que nous avons le devoir d'être heureux, d'être comblés, afin que tous, nous trouvions ce courage de la Vérité. Témoigner avec radicalité que nous sommes heureux par et avec la Vérité, qui nous rend libres. Etre nous-même lumière. Merci d'oeuvrer, et avec autant d'humilité, pour notre liberté, particulièrement celle des jeunes. Continuez à nous éclairer !
Hélène Julien "
De Philippe Z. :
Oui, admettons le, ces jeunes « techniciens formatés à l’air du temps » sont frustrants avec leur contestation systématique de toute « vérité absolue » ! Patrice de PLUNKETT défend ainsi le principe de l’argumentation rationnelle, qu’il oppose- en se référant au père André Gouzes - à « l’affectif et à l’émotif qui envahissent l’esprit » et qui laissent libre champ à la manipulation des esprits ! Mais le cher Patrice devrait savoir que toute société gérant une matrice culturelle, cultive, formate, manipule les esprits, que ceci nous plaise ou non ! Il ne suffit pas de dénoncer le caractère irrationnel de la société matérialiste, de consommation et de divertissement, pour réhabiliter le bon sens…qui peut conduire à la « vérité ». Nous avons cinq enfants adultes, mariés ou en compagnonnage, et dix petits-enfants de 17 à 1 ans ! Si les faits vérifiés d’une enquête sont « rejetés », et si « vérité », « réalité » et « dogme » se confondent dans les esprits, c’est parce que toute affirmation institutionnelle, d’où qu’elle vienne, est a priori rejetée, à tort et à raison peu importe, comme un acte d’autorité unilatéral, venant du haut de la pyramide, donc irrecevable. Que les faits viennent étayer un propos… n’a « plus de sens » pour ces jeunes en quête d’amour et d’amitié, d’authenticité et de transparence, ici et maintenant ! De mon dernier fils Luc, 31 ans, de qui je suis proche, avec qui nous avons partagé des temps forts de foi dans le cadre du Renouveau charismatique, qui faisait régulièrement retraite à SOLESMES, et à qui je faisais suivre un article de votre revue la semaine dernière, voici un extrait de sa réponse (Luc partage sa vie depuis 5 ans avec une jeune fille agnostique) : « Cela ne veut pas dire que je ne crois pas en l'amour de son prochain, bien au contraire ! Cela ne veut pas dire non plus que je rejette en bloc l'Eglise chrétienne. J'ajouterais que ce que JE pense - surtout au niveau spirituel, n'est pas nécessairement lié à ce que pense Maeva. Nous sommes libres de croire chacun à ce que nous voulons et nous partageons en l'occurrence des valeurs communes universelles et humanistes. Nous pensons que ces valeurs sont plus importantes que la manière dont les hommes cherchent à les matérialiser (un Dieu pour les chrétiens, les musulmans ou les juifs, des Dieux pour les indous ou les bouddhistes, une Terre Mère pour les incas ou encore une énergie pour bien d'autres formes de croyance). Est-il forcément nécessaire de vouloir y donner un nom, y associer une histoire que personne ne peut démontrer et que beaucoup cherchent pourtant à imposer ? Pourquoi s'astreindre à y coller des dogmes subjectifs (ne pas manger de porc, porter un voile, etc.) ? Pourquoi vouloir imposer "son Dieu champion" au prix de la guerre (en Irlande, au Pakistan, en Palestine, etc.) ? Comment imposer le 'in God we trust' et pratiquer la peine de mort ? L'important n'est-il pas plutôt l'amour de son prochain que nous (Maeva et moi comme d'autres) cultivons, la compassion dont nous pouvons faire preuve et surtout la manière dont nous nous comportons ? » Si « le discours échoue à réfuter l’image », il faut se rendre à l’évidence, et admettre que le discours est décalé par rapport à l’image. En analyse transactionnelle, la source de vie, l’énergie, est au cœur de l’ENFANT (qui ressent), non pas au cœur de l’ADULTE (qui raisonne), ou du PARENT (qui établit les règles), mais bien de l’ENFANT, l’univers spontané de nos sentiments, le siège de nos émotions, de notre imagination, et de notre capacité à créer. Eric BERNE disait « Si Dieu existe, Il est au cœur de l’Enfant ». La rationalité, la puissance du raisonnement ne doivent ils pas être au service de l’Amour du Créateur pour sa créature ? Le « bon sens » que je passe mon temps à réhabiliter à travers mes coachings de dirigeants « en difficulté personnelle », s’il doit servir les constructions humaines de mes champions, ne doit-il pas d’abord « les réconcilier avec eux-mêmes » ?14:15 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : idées, ultralibéralisme
Commentaires
[de : Nous]
> ça soule, c'est que autour de la religion....moarf.
[De P.P. à Nous - Je dirai même : fnord]
Réponse au commentaire
Écrit par : Nous | 26/06/2006
[de : B. Leroy]
> Monsieur,
Le titre et la conclusion de votre bref article paru sur le site de Liberté Politique rejoignent le petit travail personnel que je m'impose et qui je l'espère débouchera sur un article.
L'épidémie d'irrationnel que vous dénoncez et, qui plus est, épidémie intolérante, a paradoxalement lieu dans une société technologique et hyper rationnelle. Comme si cette hyper rationalité débouchait par excès sur l'irruption de l'irrationnel. Il est évident que la réponse consiste en l'alliance de la raison et de la foi. La raison, laissée à ses seules forces, soit se désespère de ne pouvoir comprendre la totalité du réel, soit s’enorgueillit dans une tentative d’enfermer tout le réel dans une pure rationalité. Elle court alors le risque de sombrer dans la fantasmagorie de l’irrationnel. Seule la foi permet d’ancrer la raison dans la réalité, dans la ‘res.’ Cette res qui finalement pour l’homme n’est accessible que par mode sacramentel.
L'irruption de comportements archaïques et irrationnels dans une société technologique n'est paradoxale qu'en apparence. Science et magie font bon ménage et ce depuis la connexion maintes fois établie de l'alchimie et de la chimie. La technologie sans la foi retrouve ses vieux démons alchimiques. Nous en sommes malheureusement à ce stade de décomposition de la raison.
Je vous conseille pour en prendre la mesure d'aller voir le site Internet de la société Flamel Technologies, société de recherche dans le domaine des polymères, cotée au NASDAQ. Le nom provient du célèbre alchimiste Nicolas Flamel, on trouve sur ce site 4 pages concernant son histoire au demeurant fort intéressante.
Je tiens à votre disposition, si vous le souhaitez, les quelques pages que j'a écrites sur ce sujet.
Merci pour votre travail.
Bertrand LEROY
[De P.P. à B.L. - Oui, c'est très intéressant. Je vous lirai volontiers. Pouvez-vous me les envoyer en pièce jointe ?]
Réponse adressée au commentaire
Écrit par : Bertrand LEROY | 26/06/2006
[de : Qwyzyx]
> Le problème de perte du sens critique provient de la disparition des repères que propose entre autre l'Eglise (l'étude des lettres classiques et modernes comme de l'histoire semblent être de plus en plus reléguées voir négligées, ce qui permet de s'interroger sur ce qu'il va rester pour forger le sens critique).
La société technique, "l'homme mathématique" (le mythe de l'homme prométhéen) a "ringardisé" la conscience (qui se réfère à la religion ou à la philosophie). On a remplacé la notion de "conscience" trop douteuse pour ses références par celui de "libre arbitre". Le problème est que cela ne veut rien dire, C'est le règne totale de la subjectivité. Chacun a le sien. L'effet des Lumières est de placer tous les libres arbitres sur un pied d'égalité c'est-à-dire que celui de la brute équivaudra à celui du sage.
Voilà pourquoi on mélange aujourd'hui un peu tout et n'importe quoi. La liberté de conscience a été substituée par le droit de se tromper, de "penser ce que je veux ! (on est libre non ?)" dans l'esprit de beaucoup de gens.
Je trouve qu'il existe un lien entre la réflexion de B. Leroy et l'interrogation que posait Henri Laborit dans l'introduction de "la Colombe assassinée". Il s'inquiétait de savoir ce que peut donner un comportement irréfléchi dans un monde technique. Il résumait ce problème sous l'appellation très parlante de "l'automobiliste du Néanderthal".
http://olivier.hammam.free.fr/imports/laborit/colombe00.htm#PART01
Écrit par : Qwyzyx | 26/06/2006
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