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23/06/2006

Les députés, les citoyens - et le projet du "mariage gay"

medium_81772_1_.jpgEntre l'opinion et les élites politico-médiatiques, une fêlure apparait... 


 

 

 

Le 22 juin, juste avant la Gay Pride, le député Patrick Bloche a présenté, au nom du PS, deux propositions de loi : l'une ouvre le mariage aux couples de même sexe, l'autre permet aux "couples homosexuels stables" d'adopter et d'éduquer des enfants.  

Plusieurs  éléments sont à noter.

1.  Selon un sondage TNS Sofres pour le Nouvel Observateur, 51% des Français (contre 45%) se disent opposés au mariage homosexuel, et 60% (contre 36%) sont hostiles à l'adoption d'enfants par des couples gays. Jusqu'ici, la rumeur voulait que l'opinion soit favorable à ces deux projets. Une fêlure est-elle en train d'apparaître dans ce domaine aussi, entre les élites (partisanes du "mariage gay") et la France-d'en-bas ? Quelle en serait la cause ? Faut-il y voir un symptôme supplémentaire du recul de l'influence des médias français, comme lors du référendum de 2005 ? Affaire à suivre.

2.  Si la prochaine législature vote le projet PS (ou un autre, semblable mais patronné par la droite), il deviendra de plus en plus difficile, pour ceux qui critiquaient l'idée du mariage homosexuel, de continuer à exprimer cette position. Leur avis deviendra illégal, voire passible de poursuites. Cette perspective concerne essentiellement les catholiques. Mais elle vise aussi les juifs et les musulmans.

09:30 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (8)

Commentaires

> Le ralliement de la quasi-totalité des partis au "mariage gay" est en vue. C'est d'ailleurs logique : sur quoi s'appuieraient-ils pour le contester ?

Thomas Valuin

Écrit par : Valuin | 23/06/2006

[de : Sylvia]

> Je suis tout à fait d'accord avec une grand partie de votre analyse. Il me semble cependant qu'il ne faut pas trop noircir le tableau (pour le moment). Le divorce est reconnu par la loi ainsi que le remariage ; cela n'empêche pas les catholiques d'exprimer leur désaccord sur ce point.


[De P.P. à S. - Certes... Mais n'oubliez pas la tendance judiciaire à pénaliser, sous le nom d' "homophobie", les critiques envers l'homoparentalité ! Aucun dispositif semblable n'existe pour "protéger" les articles du code civil sur le divorce.]


Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : sylvia | 23/06/2006

[De Qwyzyx : UNE PROPOSITION RADICALE ]

> Sylvia soulève le fond du problème. Quand un catholique parle de mariage il évoque un sacrement religieux. Quand un homosexuel revendique le droit de se marier il évoque l'institution juridique et les conséquences patrimoniales qui y sont attachées (droits de succession, impots sur les revenus par ex)

L'adoption d'enfant par des homosexuels est une revendication beaucoup plus marginale, qui me semble-t-il, a été rejetée par la cour européenne des droits de l'homme, et dont le débat sur les conséquences psychologiques d'une éducation homoparentale sont encore très partagées.

L'adoption par des homosexuels, si elle n'est pas explicitement consacrée par le droit français, n'est pas impossible. Il existe déjà des couples homosexuels en France qui élèvent des enfants. Je me demande aussi quel est l'enfant le plus à plaindre entre celui qui est élevé entre deux parents homos, et celui battu par un père alcoolique ou une mère dépressive (ou l'inverse) ?

Le débat ne porte pas sur les homosexuels, mais sur la confusion entre deux engagements qui n'ont de commun que le nom, qui ne sont motivés par rien de commun - ou si peu (en ce que le religieux et le juridique peuvent avoir de commun) - et qui n'emporte aucune conséquence identique.

Ne faudrait-il donc pas souligner cette confusion qui est née lors de la Révolution ? Les travaux préparatoires du Code civil attestent déjà des critiques formulées contre l'emprunt de l'appellation "mariage" pour dénommer ce qui n'est qu'un contrat (cf. les devoirs et les obligations des époux, et les différents types de "contrats de mariage"). Je recommande à ce sujet le passage de la biographie de Portalis consacré à cette question.

En étant provocateur, et en m'inspirant de la pensée de Jacques Ellul, je dirai que le mariage civil n'est qu'une singerie bourgeoise du mariage religieux. Le mariage civil trouve son origine dans des considérations phallocratiques et pécuniaires. Un histoire de pognon. C'est d'ailleurs encore le fond du problème que pose le mariage des homosexuels. Ils revendiquent avant tout le droit de bénéficier des mêmes règles de succession et de transmission du patrimoine au survivant, quand l’un d’entre eux décède. Le PACS, à la différence du mariage, est d’ailleurs clairement un contrat comme le précise la loi. Mais il maintient une discrimination dans les taux d’imposition et de taxation. Drôle de manière d’affirmer l’égalité des homosexuels, puisque seuls les hypocrites continuent à prétendre que le PACS ne visait aucune catégorie particulière de la population. Le législateur a raté là une occasion de faire preuve d’une grande créativité et de résoudre définitivement la question. Il s’est crispé laïquement sur le mariage civil, symbole de la famille – non pas catholique – mais bourgeoise.

Les catholiques peuvent se distinguer de cette conception archaïque et étriquée en proposant qu’on établisse clairement la distinction entre le religieux et le juridique en matière de mariage. Le mariage civil n’est pas un mariage mais un contrat, il n’a pas droit à cette appellation puisqu’il n’en partage pas les objectifs. Sylvia le fait très justement remarquer en évoquant le droit au divorce, qui anéantit le lien matrimonial réputé indissoluble et perpétuel par la religion.


Les catholiques pourraient même revendiquer le caractère accessoire de l'Union civile par rapport au mariage, l’indépendance de ces deux engagements. Quand on aime on ne compte pas. Ils ne répondent pas aux mêmes attentes.

La revendication de cette distinction entre la conception religieuse du mariage et celle, pécuniaire, instituée par la Révolution, est primordiale pour permettre de bien identifier d’où peut venir la solution au problème qui se pose.

Il s’agit d’une part de désacraliser définitivement ce qui n’a jamais été sacré, à savoir le mariage civil.
Le droit du mariage a consacré - jusqu'à une période très récente - la captation d'un patrimoine (celui de l'épouse, en général) plutôt qu'un élan du coeur en harmonie avec les préceptes généreux et désintéressés de l'Eglise (pour ceux qui se donnent la peine de les connaître). En instituant la dot au Moyen Age, l’Eglise a d’ailleurs plus fait pour l’égalité de la femme dans le couple que le Code civil, dont il a fallu attendre les années 1970 pour que la femme se libère définitivement de la tutelle de son mari !

Il s’agit d’autre part de rappeler que l’Eglise n’est pas un prestataire de services pour cérémonies familiales.

La confusion dans une appellation unique permet en effet d’entretenir des apparences au profit de personnes qui n’ont pas de conscience religieuse. L'Eglise doit s’interroger sur l’utilité et sa crédibilité à se prêter aux jeux des hypocrites qui viennent la fréquenter seulement pour le décorum. Elle ne peut pas ensuite revendiquer légitimement le respect d’un sacrement qu’elle brade elle même. Ce que fait l’Eglise de France ne se vérifie pas ailleurs. On ne marie pas les gens à l'Eglise en Italie, s'ils n'ont pas reçu tous les sacrements, s'ils ne vivent pas en accord avec la religion catholique.

Il s’agit enfin pour l’Eglise de se libérer de la déréliction de la société civile et de retrouver sa place qui se trouve au dessus de ces contingences matérielles dont le monde moderne a fait des priorités.

Il appartient donc aux catholiques de proposer quon établisse la distinction entre le religieux et le juridique, puisque le second - comme le fait justement remarquer Sylvia - ne respecte déjà pas le premier par le droit au divorce.

Qu'on reconnaisse enfin (depuis 200 ans que ça dure) la nature exclusivement contractuelle du mariage civil, en l'appelant Union civile, par exemple, et qu'on ne réserve le titre de mariage qu'aux cérémonies religieuses.


La question majeure du débat que vous soulevez se place à mon avis sur l'affirmation de cette distinction.


L'avantage de l'appellation "union civile" est aussi de neutraliser les crispations de l'Eglise, qui voit dans cette affaire une atteinte à un de ses sacrements majeurs. Cette appellation distincte lui permettra d'adopter une position plus neutre dans ce débat qui porte plus sur une affaire d'argent que de conscience. L’inversion des priorités du débat en plaçant l’accessoire – les homosexuels et le mariage – devant l’essentiel – le droit pour tous d’être fiscalement à égalité – égare les esprits. Cette inversion n’est pas innocente. Elle permet au défenseur de l’ordre bourgeois un peu fatigué (la crise des banlieues le prouve) de maintenir l’illusion de leur idéal social (matérialisme, progrès, sécurité, apparences) auquel contribue le mariage civil, comme une vieille potiche peut embellir un guéridon.

La question majeure du débat que vous soulevez se place donc à mon avis sur l'affirmation de cette distinction. L’Eglise doit réaffirmer que le mariage est avant tout un sacrement et que ce que le droit organise n’est qu’un contrat. L’appellation "mariage" pour ce contrat n’est qu’un abus de langage. La position de l’Eglise est en ce sens équivoque actuellement. Ses positions, sans se prononcer sur cette confusion terminologique, peuvent faire croire qu’elle soutient une société qui la combat et la dénonce tant qu’elle peut. Alors qu’il ne s’agit pas du tout de la même chose. L’Eglise défend une question de conscience là où d’autres s’attachent désespérément à sauver des apparences.


Des couples hétérosexuels vivent en concubinage, tout en refusant le PACS, parce qu'ils refusent cette intervention de l'Etat dans leur vie privée. Ils souhaitent se marier religieusement pour consacrer leur engagement et leur amour conformément à leur foi. Le droit français l’interdit, en en faisant même une infraction, qui peut exposer le prêtre qui s’y livre à la Cour d’assises, en 2006.

Il est tard, excusez moi d'avoir été aussi long.

Très cordialement


[De P.P. à Qw. - 1. Votre analyse est non-conformiste, et d'une radicalité à la mesure de la situation réelle d'aujourd'hui ! La solution que vous proposez aurait aussi l'avantage de replacer les chrétiens dans leur rôle (sur)naturel, qui est d'être pionniers au lieu de jouer les arrière-gardes ; et de trancher leurs derniers liens avec les grosses machines politiciennes, où les croyants n'ont à gagner qu'avanies, compromissions et perte de temps !

2. L'Eglise en France demande aux futurs époux de suivre une préparation catholique au mariage, composée : (a) d'une série de rencontres entre eux et des couples mariés depuis dix, vingt, trente ans. (Il s'agit de faire saisir l'enjeu de la durée, ce qui a une grande valeur pédagogique à une époque où les gens cassent tout dès que le premier enthousiasme diminue...) - (b) de rencontres avec un prêtre qui leur explique le sens sacramentel du mariage, et sa dimension dans l'éternel et la Rédemption. - En principe, aucun couple n'est admis au mariage religieux s'il n'a pas suivi ce cycle de préparation. L'Eglise veut n'être plus considérée comme une "prestataire de services" par des gens dénués de préoccupation religieuse.]


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Écrit par : Qwyzyx | 24/06/2006

[ de : Ch.V.]

> Il existe quelque de très surprenant dans notre société de plus en plus "gay friendly". C'est l'homophobie latente de ceux qui défendent le mariage gay et l'homoparentalité ! Cela peut paraître contradictoire, mais mon expérience personnelle me montre que dans les partis et les structures qui se sont "ralliées" à la cause gay, pour raison électorale forcément, l'homophobie n'en a pas moins diminué. Mais elle est cachée et ne porte pas sur le fond du problème, c'est à dire la problématique de l'homosexualité. Elle porte sur l'homo lui-même, en un mot il n'est plus du tout respecté comme personne humaine et son orientation sexuelle est utilisée pour le tourner en dérision.

Ce phénomène est beaucoup plus répandu qu'on ne le croit et il est révélateur de notre société contemporaine. En effet, refuser les "lois gays" et la banalisation de l'homosexualité, comme l'Eglise le fait, n'est pas de l'homophobie mais un raisonnement solide s'appuyant sur un humanisme intégral.

En revanche, cette mode gay friendly ne s'appuie sur rien d'autre que la permissivité. Et des considérations électorales. Dans ce cas, plus de place à l'humanisme et donc au respect et on abouti au cocktail surprenant "gay-friendly et homophobe en même temps".

Mais comment en sommes nous arrivé là ?

Écrit par : Charles Vaugirard | 24/06/2006

[de : Marc]

> N'est -il pas temps de réagir? Les citoyens de bonne volonté se laissent dicter leur comportement par l'intelligentsia parisienne et les média qui n'ont aucun rapport avec "la France d'en bas". L'expérience montre que parlementaires et élus sont très très sensibles aux réactions, alors écrivez, à N Sarkozy , à votre député et à votre sénateur, à votre maire et à votre conseiller général, pour lui dire la vérité : vous ne voterez pas pour ceux qui bradent la nature humaine et qui, tels les tyrans de "1984", disent blanc pour noir et faux pour vrai

Écrit par : Marc | 26/06/2006

[de : JCF]

> Bonjour,
Nous sommes à un an de la présidentielle. Le camp pro-gay s'agite, fait du bruit, revendique, menace... et - est-ce illusion de ma part - "en face" rien ne s'oppose à lui. Rien ne semble s'organiser. Je suis très pessimiste. La droite française, si justement qualifiée de plus bête du monde, est tétanisée à l'idée de paraître ringarde sur ce sujet comme sur tant d'autres. Je ne serais donc pas étonné si les revendications gays finissaient par être satisfaites par la droite elle-même ou par un large consensus gauche-droite. Dès lors, le seul roc de raison restant opposé à ces folies sera l'église et la haine à son endroit ne pourra qu'augmenter puisqu'elle sera alors LE grand "épouvantail", le dernier. Puisse-telle ne jamais céder. La cathophobie a de beaux jours devant elle mais je doute qu'on s'en occupe dans les tribunaux...
Jean-Christophe CHARVET

Écrit par : CHARVET | 26/06/2006

[de : Têtuniçois]

> Le lobby homophobe soutenu par le Vatican a toujours été contre la moindre amélioration du sort des homosexuels . Que ce soit en France contre le Pacs ou à l'ONU . Le Vatican fait pression sur les pays catholiques pour qu'une résolution condamnant l'homophobie ne soit pas votée à l'ONU . Ce lobby catholique reçoit le renfort des pays .....islamistes !
L'Onu condamne le racisme et les discriminations religieuses mais ne condamne pas l'homophobie ( merci le Vatican )
Concernant la France d'en bas , je signale que si UN sondage donne 51% CONTRE le mariage des homosexuels , deux sondages ( un pour LE FIGARO l'autre pour TETU ) donnent plus de 60% POUR le mariage des homosexuels . Les chiffres sont plus importants encore en Espagne où même la droite change d'avis . Le président de droite de la région de Galice a même assisté à un mariage d'un ami homosexuel .
Pour ma part je suis contre une union civile à l'anglaise c'est du COMMUNAUTARISME .
Oui au même mariage pour les couples homos ou hétéros , c'est conforme à la tradition française d'Egalité des citoyens .


[De P.P. à T. - Pour préciser les choses, pouvez-vous définir ce que vous appelez "homophobie" ? ]


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Écrit par : Têtuniçois | 13/07/2006

[de : Têtuniçois]

> Comment quelqu'un comme vous ne sait pas ce qu'est l'homophobie ?
L'homophobie c'est la haine des homosexuels ( relire le LEVITIQUE 20 ) . Cela va de la simple insulte " pédé " à la pendaison en Iran . Il y a eu les bûchers de l'inquisition , les déportations en Allemagne avec expériences pseudo médicales ( lobotomie , castration ...) . Déportés homosexuels allemands qui furent non pas délivrés à la Libération mais envoyés en prison pour certains car même après la guerre l'homosexualité était considérée comme un délit en Allemagne . Sortir d'un camp pour entrer en prison ...
Les exemples d'homophobie ne manquent pas cela passe par exemple par le Sentier Lumineux au Pérou qui tuait tous les homosexuels des campagnes , les goulags en URSS ou à Cuba ...La peine de mort pour les homosexuels en Iran , Mauritanie , Soudan , Arabie Saoudite , Yemen .
Une résolution de l'ONU n'aurait peut être pas sauvé des vies mais au moins fait comprendre que cela est contraire aux droits de l'Homme .
L'ONU condamne le racisme et les persécutions religieuses mais pas l'homophobie . Trouvez vous cela normal ?


[De P.P. à T. - Donc nous avons, vous et moi, exactement la même définition de l'homophobie. Et je trouve (comme vous) anormal que l'ONU ne fasse rien.
Mais si l'homophobie est ce que vous dites - et je suis d'accord avec vous -, il n'y a aucun rapport entre elle et les positions de l'Eglise moderne. L'Eglise, au nom de sa foi religieuse, invite simplement les croyants (hétérosexuels ou homosexuels) à la chasteté ; on peut trouver cet idéal ridicule, mais on ne peut pas le comparer à des atrocités. N'êtes-vous pas d'accord avec moi sur ce point aussi ?]


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Écrit par : Têtuniçois | 13/07/2006

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