19/06/2006
L'évêchesse du Nevada
Une femme évêque à la tête de l'Eglise épiscopalienne (anglicane) des Etats-Unis ! Cette nouvelle déclenche, dans les médias, les commentaires auxquels on pouvait s'attendre...
Elle s'appelle Katharine Jefferts Schori, elle a 52 ans, elle est docteur en océanographie. Mme Jefferts Schori est mariée. Elle est la maman d'une grande fille qui est officier dans l'aviation de guerre américaine.
Mme Jefferts Schori est aussi "évêque" : elle préside le diocèse du Nevada de l'Eglise anglicane des Etats-Unis, dite "épiscopalienne" : 2,3 millions de membres.
Il faut donc l'appeler Monseigneur(e) Jefferts Schori.
Elle a été élue le 18 juin - quoique péniblement et à une très courte majorité - primat(e) de l'Eglise épiscopalienne des Etats-Unis.
On imagine les commentaires que cette info déclenche de la part de nos médias : "l'Eglise épiscopalienne US montre le chemin", "Une fois de plus l'Eglise catholique est à la traîne", etc, etc.
On note aussi le communiqué enthousiaste, le 18 juin 2006, du mouvement Integrity USA, enchanté de l'élection de Mme KJS : "Nous sommes impatients de continuer à travailler en étroite collaboration avec l'évêque président vers la pleine inclusion des fidèles gay et lesbiens dans le Christ" (dixit, selon l'AFP, "la révérende Susan Russel, responsable de ce mouvement").
Cette info appelle six commentaires :
1. On ne voit pas le lien entre "les gays et lesbiens" et la mère de famille qu'est Monseigneure KJS.
2. L'élection de KJS (faite à l'arraché et dans la controverse) divise les anglicans du monde entier, dont la majorité ne voient pas pourquoi rompre avec la tradition bimillénaire du christianisme.
3. Cette élection, de même que toutes les nominations de femmes "prêtres" et a fortiori "évêques", nuit gravement au dialogue oecuménique : en effet les catholiques et les orthodoxes réservent la prêtrise aux hommes - et ceci, non par machisme (!), mais pour une raison théologique essentielle.
4. Voici cette raison : le prêtre (catholique ou orthodoxe) est "un autre Christ". Jésus-Christ aurait pu confier aux femmes le soin de consacrer le pain et le vin pour qu'ils deviennent son corps et son sang (définition de l'eucharistie) : il était entouré de femmes. Ce sont même elles qui se sont montrées courageuses à la Passion, alors que tous les hommes - sauf Jean - avaient fui... Mais le fait est là : il n'y avait que les Douze, tous des hommes, à la Cène. Qui sommes-nous pour décider que Jésus-Christ a eu tort, et pour rectifier ce qu'il fit ce soir-là ? Si nous le faisions, nous dirions ainsi que peu importe ce qu'il fit, que peu importe ce qu'il choisit d'être en s'incarnant : un homme, entre autres ! "Ceci est mon corps" est une parole qui n'a de sens que par rapport au corps de celui qui la prononce ; or il s'agit d'un homme : c'est le corps de Jésus-Christ, et de nul autre... Nous sommes la religion du Christ incarné, et il se trouve que le Christ s'est incarné en homme, non en femme. Comme Dieu, il n'est évidemment ni homme ni femme ; comme humain incarné, cependant, il est homme. L'Evangile nous le dit clairement. Si nous décidions de changer l'Evangile, cela voudrait dire que nous ne croyons plus, ni en la réalité de l'Incarnation, ni en la fiabilité du récit évangélique. Ce qui serait assez nul, de la part de chrétiens... Et, de fait, on entend certains chrétiens dire que le récit de la Cène est douteux, "les évangiles ayant été conçus très tard, cent ans ou deux cents ans après". (Ces chrétiens-là sont ainsi d'accord avec le célèbre exégète Dan Brown, de l'Ecole biblique de DisneyLand. De fil en aiguille, les chrétiens partisans de prêtresses & évêchesses se retrouvent ainsi... hors du christianisme. Bonjour à Gaia, la Grande Déesse Mère !).
5. On voit ainsi pourquoi les communautés chrétiennes (ou postchrétiennes) qui nomment des prêtresses & évêchesses, sont des communautés qui ne croient pas dans la présence eucharistique du Christ. Y aurait-il une semblable absence de foi, de la part de ceux des catholiques qui revendiquent - eux aussi - des prêtresses, cédant à la pression de l'air du temps ?
6. Car les arguments que l'on entend en faveur de "l'ordination des femmes" ne sont jamais théologiques, ni même religieux. Ils sont purement médiatiques, publicitaires et émotionnels. Y compris parfois dans la bouche de... prêtres catholiques !
P.P.
09:25 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
[De : Qwyzyx]
> Je m'interroge sur l'approche que vous faites de la communauté homosexuelle.
On ne peut tous les amlgamer dans l'image que donne la petite minorité extremiste qui revendique et choque les esprits en permanence.
Nombreux homosexuels vivent leur homosexulaité sans éprouver le besoin de l'afficher caricaturalement.
Ceux qui crient et qui geticulent ne sont pas représentatifs. Imaginez qu'on ne retienne de la France que le vote FN. Je crois même que le pape en a bien conscience.
L'ordination des femmes relève de la dérive qui caractérise notre époque. On s'attache plus à la forme qu'au fond. Les apparences l'emportent sur la conscience. On se dispute la possession d'un lampe, peu importe qu'elle fase de la lumière ou non... Cette tendance des consécrations prouve que l'ambition de l'homme moderne est d'être gardien de cimetières.
[De P.P. à Qw. - Relisez les 16 lignes où j'aborde la question : vous n'y trouvez pas une approche de "la communauté homosexuelle" (est-ce d'ailleurs une communauté ?), mais simplement la mention du communiqué d'UNE SEULE organisation, qui ne représente qu'elle-même. Elle a néanmoins réussi à s'imposer dans les dépêches d'agence en tant que "première réaction" à l'élection de Mme KJS. Loin de tenter quelque "approche" que ce soit (ni de généraliser quoi que ce soit), je me borne à demander quel lien il pourrait bien y avoir entre le militantisme "gay & lesbien" radical et Mme KJS... Je n'insiste pas sur cet exemple-type du confusionnisme actuel. Après quoi je passe à la suite, qui est (vous l'avez noté) le principal.]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Qwyzyx | 19/06/2006
[de : PRMélon]
> Les prétendues "avancées" (toujours le renversement du sens) féministes jusqu'au sein de certaines églises chrétiennes hérétiques (appelons un chat un chat) procèdent d'une vision sociologique et non théologique, idéologique et non féale. Bref, une vision a-thée.
On en est là...
Écrit par : PRMélon | 25/06/2006
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